@ Monsieur Blondel,
Je vous remercie, Monsieur Blondel, d’avoir soumis aux lecteurs d’AgoraVox votre version
de « l’affaire de votre chauffeur-garde du corps » qui motive votre mise en examen
et votre comparution aux côtés de M. Chirac dans l’affaire plus générale dite
des « emplois supposés fictifs de la mairie de Paris ».
I - INTÉRÊT DE VOTRE ARTICLE
Il est intéressant et utile d’apprendre de
votre bouche :
1- que « c’est à la suite de pressions
des Renseignements Généraux et de la police que (votre)
organisation syndicale a envisagé que (vous soyez) accompagné d’un garde du corps » ;
2- que « les circonstances (vous) ont conduit à entretenir le maire de Paris, en l’occurrence
Jacques Chirac, de cette situation et (que vous lui
avez) demandé d’embaucher un proche (syndicaliste
d’origine sénégalaise, judoka confirmé, il a fait les jeux olympiques) et de le
détacher » ;
3- que « cette pratique est courante
et basée sur une législation précise, pour les fonctionnaires et les salariés
des collectivités locales, (qu’) elle n’a rien
d’illégale. »
4- que « l’erreur fut que le maire
de Paris avait demandé à ses services de placer le garde du corps comme
conseiller de cabinet. »
II- LA PRUDENCE DE MON ARTICLE : LA
NÉCESSITÉ D’UN JUGEMENT
Vous aurez remarqué que j’use du conditionnel
pour évoquer les faits qui vous
sont reprochés, et que surtout je termine ainsi mon article : « La
relation entre M. Chirac et (M. Blondel) illustre
bien cette rencontre fructueuse entre une offre de clientèle d’un côté et une
demande de faveur de l’autre. Rien que pour savoir si cette révélation est
fondée, le procès intenté à l’ex-président
Chirac et à ses neuf compagnons de fortune dont fait partie M. Blondel, mérite
d’être conduit à son terme. Il permettrait
d’ouvrir les yeux, si les faits sont établis, sur une conception de la politique
qui aurait corrompu par le clientélisme la vie politique et syndicale française
depuis 40 ans sinon plus. D’un mal peut naître un bien. Qui sait ? Un
syndicalisme nouveau qui refusera le chantage du clientélisme, peut un jour
voir le jour. »
III- LE DANGER DE NE POUVOIR OBTENIR
JUSTICE
Il est à craindre qu’avec l’invention de la
QPC (Question Prioritaire de Constitutionnalité) qu’un de vos co-accusés a
soulevée, votre procès n’ait jamais lieu si les hautes cours décident d’estimer
que les faits reprochés sont désormais prescrits, puisque la loi prévoit qu’en
matière d’abus de biens sociaux, ils le sont trois ans après leur commission et non après leur découverte, comme la
jurisprudence de la Cour de cassation en avait décidé.
Voyez, Monsieur Blondel, le danger que
représente pour la démocratie et la paix civile, une institution judiciaire qui en vient à ne pas pouvoir
juger. Un citoyen présumé innocent comme vous l’êtes de droit, risque de voir
peser le soupçon, en l’absence de tout jugement.
Vous n’ignorez pas que depuis César, « la
femme de César ne doit pas même être soupçonnée ».
Ce qui vaut pour le pouvoir, le vaut encore plus pour le contre-pouvoir qu’est
un syndicat. N’est-ce pas ce qui devrait inspirer la conduite d’un syndicat
responsable ? Paul Villach