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Accueil du site > Tribune Libre > Bergson : la critique du mécanisme et du finalisme dans l’Evolution (...)

Bergson : la critique du mécanisme et du finalisme dans l’Evolution créatrice

 

Bergson, mécanisme et finalisme (texte extrait de l'évolution créatrice) - Le blog de Robin Guilloux

L'oeuvre : L'Évolution créatrice est un ouvrage philosophique rédigé par Henri Bergson en 1907. Dans ce livre, Bergson développe l'idée d'une " création permanente de nouveauté " par la nat...

http://lechatsurmonepaule.over-blog.fr/2018/01/bergson-mecanisme-et-finalisme-texte-extrait-de-l-evolution-creatrice.html

En philosophie, le mécanisme est une conception matérialiste qui perçoit la plupart des phénomènes suivant le modèle des liens de cause à effet. Cette conception rejette l'idée d'un finalisme, selon laquelle les phénomènes ont un but (une fin), objet d'étude de la téléologie. 

Le finalisme est une théorie qui estime plausible l'existence d'une cause finale de l'univers, de la nature ou de l'humanité. Elle présuppose un dessein, un but, une signification, immanents ou transcendants, présents dès leur origine. Le finalisme se retrouve souvent dans l'évocation de processus d'évolution biologique, dont le but serait par exemple l'apparition de l'espèce humaine. Cette perspective est aussi dite téléologique.

La question des causes finales à l'œuvre dans la nature touche de près à celle de l'existence de Dieu. Le finalisme s'oppose au mécanisme.

Selon Bergson, le mécanisme et le finalisme sont des "points de vue", c'est-à-dire des opinions qui ne saisissent pas la réalité elle-même, qui lui reste extérieurs. 

L'esprit humain a été conduit à interpréter les phénomènes naturels tantôt suivant le modèle de la cause et de l'effet, tantôt sous la forme d'une "cause finale" par le "spectacle du travail de l'homme".

Hannah Arendt a remarqué que la pensée grecque se référait constamment au travail de l'artisan. Par exemple Platon, dans le Timée explique que le monde a été crée par un "démiurge" (démiourgos), à partir de la matière informe, les yeux fixés sur les Idées pures comme un potier façonne un vase avec de la glaise.

Aristote distingue de son côté quatre sortes de causes et prend, lui aussi, l'exemple de l'artisan. Selon Aristote (philosophe grec, - IV ème siècle av. J.-C.), tout objet produit par l'homme (et non par la nature) est déterminé par quatre causes (aïtias) : la cause matérielle : la matière dans laquelle l'objet (par exemple une coupe) est fait (par exemple l'argent), la cause formelle : la forme que l'artisan (en l'occurrence l'orfèvre) va donner à l'argent (celle d'une coupe), la cause finale : ce à quoi la coupe va servir (faire des libations) et la cause efficiente : le travail de l'orfèvre.

La technique est l'ensemble des règles permettant d'ordonner ces causes dans un art donné ; une règle technique nous explique comment travailler telle matière, quelle forme lui donner, comment adapter des moyens à une fin.

Selon Bergson, nous avons tendance à vouloir interpréter les phénomènes naturels sur le modèle des objets techniques et à comparer la Nature à un Artisan en ramenant l'inconnu au connu.

L'entendement explique les phénomènes qui ne sont pas fabriqués comme s'ils l'étaient, le schéma de l'explication étant calqué sur le procédé pratique de la fabrication. 

Du fait de leur origine commune : le spectacle du travail humain utilisé comme métaphore explicative des phénomènes naturels, finalisme et mécanisme ne sont opposés qu'en apparence. Elles relèvent toutes deux du schéma de la fabrication car elles sont toutes deux des actes de l'entendement.

L'une et l'autre expliquent les organismes par l'assemblage de parties ; la seule différence qui les sépare, c'est que le mécanisme s'arrête à la représentation de cet assemblage, au lieu que le finalisme, adoptant le schéma de la fabrication, suppose le plan ou l'idée selon lesquels les parties auraient été assemblées.

C'est pourquoi le mécanisme n'échappe pas à l'anthropomorphisme : un assemblage aveugle, sans idées et sans plan, reste un assemblage.

Note : L'anthropomorphisme est l'attribution de caractéristiques du comportement ou de la morphologie humaine à d'autres entités comme des dieux, des animaux, des objets, des phénomènes, voire des idées. Le terme a été crédité au milieu des années 1700. Des exemples incluent notamment les animaux et les plantes, ainsi que des forces de la nature comme le vent, la pluie ou le Soleil sont décrits comme des phénomènes à motivations humaines, ou comme possédant la capacité de comprendre et réfléchir. Le terme dérive du grec ancien ἄνθρωπος / ánthrôpos (« être humain »), et μορφή / morphế (« forme »).

Bergson se demande dans quel sens il faut dépasser ces deux points de vue. 

Le mécaniste est frappé par l'extrême complication d'un organe (par exemple l’œil), le finaliste par la simplicité extrême de sa fonction (voir). 

Selon Bergson, la simplicité appartient à l'objet : la vue, alors que la complexité appartient à des éléments d'ordre différent : la composition de l'objet. C'est pourquoi l'étude de la complexité d'un organe ne rend pas compte de la simplicité de sa fonction.

Prenons l'exemple de l’œil humain. Celui qui adopte un "point de vue" "mécaniste" sur l’œil va s'attacher à le décrire dans ses moindres détails anatomiques : la cornée, le cristallin, la rétine, l'iris, l'humeur aqueuse, le nerf optique.

Le point de vue "mécaniste" va avoir tendance à comparer l’œil à un objet fabriqué par l'homme, par exemple une caméra ou un appareil photographique.

La pupille, explique par exemple le Dr. Laniger, ophtalmologue, est une structure constituée de l'espace libre au centre de l'iris. ce dernier comprend deux groupes de muscles : l'un composé de fibres radiaires qui élargit la pupille, l'autre, comportant des fibres circulaires , qui la rétrécit. Leur action modifie le diamètre de la pupille et régule la quantité de lumière entrant dans l’œil, tout comme le diaphragme d'un appareil photo détermine le diamètre d'ouverture de l'objectif.

Selon Bergson, les métaphores explicatives du fonctionnement d'un organe comme l’œil : l’œil est comparable à un appareil photo, appartiennent à un ordre différent. L’œil est un organe naturel, alors que l'appareil photo est un objet artificiel, fabriqué par l'homme. Ils sont "incommensurables", ils ne sont pas de même nature.

Pour illustrer sa thèse, Bergson a recours à l'exemple de l'art : "Un artiste de génie a peint une figure sur une toile..."

Bergson imagine que quelqu'un cherche à imiter ce tableau avec des carreaux de mosaïque multicolores. Il va lui falloir utiliser des carreaux très petits, très nombreux et très variés de ton, un peu comme des "pixels". Mais plus il cherchera à se rapprocher de l'original, plus il va lui falloir multiplier les carreaux, les nuances, etc.

Il n'en aura jamais fini de multiplier les nuances, les carreaux de mosaïque, pour essayer d'imiter l'original, pour s'en rapprocher sans jamais y parvenir totalement.

Ce qui, pour l'artiste (et pour nous) est une chose simple que nous saisissons d'un seul regard (par exemple La montagne sainte Victoire de Cézanne), est devenu une chose très compliquée. Une "intuition indivisible" s'est transformée en composition mécanique infiniment divisible.

Bergson imagine ensuite que notre intelligence soit faite de telle sorte que nous ne puissions pas nous empêcher de voir dans le tableau de l'artiste de génie un effet de mosaïque. 

Nous serions alors amenés à percevoir le tableau comme un assemblage d'un très grand nombre de petits carreaux et nous serions alors dans une interprétation "mécaniste" du tableau. Notre intelligence, notre perception du monde coïnciderait avec le point de vue mécaniste. Nous verrions le monde comme une juxtaposition de minuscules éléments simples ("microtatos"), en nombre virtuellement infini.

Si nous nous interrogeons sur l'intention du peintre de génie : comment a-t-il peint la montagne sainte Victoire ? Quelle idée avait-il dans l'esprit quand il a pris ses couleurs et ses pinceaux ?... alors nous penserions en finalistes.

Nous imaginerions la toile de Cézanne à l'image d'une mosaïque, d'une idée préexistante que l'artisan se serait contenté de réaliser concrètement, détail après détail, en disposant les touches de couleur comme des petits morceaux de mosaïque, les uns après les autres, à une place préalablement déterminée sur un plan.

Mais ni notre perception de la réalité, ni la réalité elle-même ne sont "mécanistes". Pour comprendre la production des organismes et des œuvres d'art, il faut cesser de vouloir saisir le monde par l'entendement qui intervient toujours après coup quand les choses sont déjà faites et présentent au regard la complexité de leur composition. Il faut coïncider avec le geste créateur simple. Pour apprécier vraiment un tableau, il ne faut pas se contenter de considérer de l'extérieur le résultat obtenu, mais éprouver de l'intérieur l'intention de l'artiste.

Le travail d'un grand peintre n'est pas un travail de mosaïque, laborieusement composé par un tâcheron sans génie, mais une intention réussie. L'acte de vision n'est pas le résultat de l'arrangement des cellules de l’œil, l’œil n'est pas un assemblage infiniment complexe, mais l'intention de voir se dotant de l'organe de la vision.

En opposant la complexité à l'infini de l'organe et l'extrême simplicité de la fonction, l'intelligence ne parvient pas à comprendre comment une intention ou une fonction aussi simple ont pu se réaliser par un "travail" aussi compliqué.

En admirant les œuvres d'art et les êtres vivants avec les yeux d'un tâcheron, on ne comprend rien au génie et à la nature.

 


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28 réactions à cet article    


  • Gollum Gollum 16 janvier 2018 15:25

    Selon Bergson, la simplicité appartient à l’objet : la vue, alors que la complexité appartient à des éléments d’ordre différent : la composition de l’objet. C’est pourquoi l’étude de la complexité d’un organe ne rend pas compte de la simplicité de sa fonction.

    J’aurai plutôt dit que la simplicité appartient à l’acte de connaissance. Ce qu’évoque ici Bergson me fait penser à la structure absolue de Raymond Abellio.

    Abellio postule 2 axes, fruits d’une dialectique quadripolaire, dans l’étude d’un champ de connaissance, un axe « matériel », quantitatif, et qui est le lieu de la multiplicité, qui descend, et un axe « spirituel », qualitatif, unitaire, ascensionnel, et qui est le lieu de la connaissance elle-même.

    Voir en effet est simple. Tout comme n’importe quel acte de perception. Même si cette perception est habitée par du multiple.

    La Connaissance veut l’Unité. On voit là tout le décalage avec les connaissances scientifiques qui devraient plutôt s’appeler des savoirs. Ces savoirs sont de plus en plus nombreux et éclatés s’écartant toujours plus de l’Unité. L’unification d’ailleurs de la physique ne se fait pas, comme si il s’agissait là d’une quasi impossibilité ontologique, inhérente même au domaine étudié.

    Seule la Connaissance peut accéder au Un. Une Connaissance intuitive qui serait la fusion de nos cinq sens. On ne peut s’empêcher de penser ici au poème de Baudelaire qui fait des liens entre parfums, sons et couleurs.

    La démarche scientifique, si encensée aujourd’hui, est le fruit de la Raison, cette raison ayant été déifiée suite à Descartes, aux Lumières. Mais il n’y a pas plus aveugle que la raison celle-ci étant obligée de charcuter le réel, de le mutiler, pour pouvoir « raisonner » dessus.

    D’où les applications concrètes de la raison, la technique, qui se révèle destructrice du Vivant en général. Pour la bonne raison (!) que la raison est incapable de « voir » globalement. On parle de holisme aujourd’hui. La raison est incapable de holisme. Ne pouvant appréhender le Tout les fruits de la Raison, sont pourris. Sur tous les plans : techniques, politiques, industriels, etc…

    De toute façon cette civilisation est un cancer, une anomalie. À moins que cette « anomalie » ne s’inscrive dans une Unité plus haute qu’il nous reste à découvrir.

    Lire les anti-Descartes : Husserl, Abellio, Spinoza, Guénon.

    • Christian Labrune Christian Labrune 17 janvier 2018 10:32

      @Gollum
      Je m’étonne un peu que vous rangiez Husserl parmi les anti-Descartes. Tout ce que Husserl reproche à Descartes dans ses conférences données en 1929 à la Sorbonne et qui, remaniées, deviendront les Méditation cartésiennes c’est , en définissant le sujet de la connaissance comme « une chose qui pense », d’être passé à côté de l’intentionnalité.
      Husserl reconnaît justement à Descartes cette originalité d’avoir pour ainsi dire inventé le concept d’ego transcendental dont il a fait lui-même le pilier de sa phénoménologie.

      A la page 20 de l’édition Vrin, Husserl observe que la définition de l’ego cogito cartésien n’est pas totalement dégagée d’un certain nombre de « préjugés » hérités de la scolastique médiévale ; elle devient ainsi un « axiome » apodictique sur lequel on pourrait faire l’économie du doute.

      page 21 :
      « C’est ce qui arrive à Descartes, par suite d’une confusion, qui semble peu importante, mais n’en est que plus funeste, qui fait de l’ego une substantia cogitans séparée, un mens sive animus humain, point de départ de raisonnements de causalité. C’est cette confusion qui a fait de Descartes le père de ce contresens philosophique qu’est le réalisme transcendental ».

      Husserl entend par là que ce réalisme rationaliste s’accorde, dans sa fausseté, avec cette naïveté caractéristique des sciences de la nature, qu’il avait déjà très bien analysée dans les Recherches logiques. Naïveté qui ne s’embarrasse évidemment jamais de pratiquer la suspension de la thèse du monde (épochè).


    • Gollum Gollum 17 janvier 2018 11:42

      @Christian Labrune

      Descartes n’est pas passé à côté seulement de l’intentionnalité. Il est passé à côté de la subjectivité absolue du Je transcendantal. Descartes veut maintenir l’objectivité du monde. Husserl la met de côté, cette objectivité, en en faisant un simple contenu de conscience. Bref, pour Husserl, l’objectivité du monde, son extériorité aussi, ne font pas partie des données apodictiques.

      C’est quand même une sacrée différence avec Descartes. C’est pourquoi Husserl dit que Descartes ne s’est pas orienté vers la philosophie transcendantale véritable.

      Alors certes il se base sur Descartes mais c’est bien là tout ce qu’on peut dire. 

      Si on veut une analogie il y a autant d’écart entre Descartes et Husserl qu’il y en a entre Freud et Jung. 

      Alors on voit tout de suite le décalage avec les sciences modernes qui ne remettent pas en cause l’objectivité extérieure du monde d’où s’ensuit l’utilitarisme inhérent à de telles façons de voir..

    • Christian Labrune Christian Labrune 17 janvier 2018 13:21

      Alors certes il se base sur Descartes mais c’est bien là tout ce qu’on peut dire.
      ...................................................................... ................
      @Gollum
      Je ne suis pas d’accord : il n’y a aucune coupure entre les deux. L’un sert à l’autre de tremplin. Husserl a une telle admiration pour Descartes que, loin de lui reprocher une erreur, il enrage plutôt de le voir être passé si près d’analyses qui eussent pourtant coupé l’herbe sous le pied à Brentano et à lui-même.

      De Descartes et Kant à Husserl, il y a une continuité et un fil conducteur tout à fait évident, mais le style de pensée d’un Spinoza, par exemple, devait conduire à une tout autre branche de la philosophie.
       


    • Gollum Gollum 17 janvier 2018 13:51

      @Christian Labrune

      Je vois votre point de vue. Sans le partager. Bien sûr que si il y a coupure. Et nette même.

      Même si je vous rejoins quant à l’admiration de Husserl pour Descartes. Et bien évidemment qu’il enrage.. Et pour cause. Juste quelques siècles de perdus...

    • eddofr eddofr 16 janvier 2018 15:31
      Ce qui me fascine dans l’univers c’est qu’il peut être résumé tout entier par quelques phénomènes fondamentaux.

      La combinaison aléatoire de ces phénomènes, selon qu’elle s’avère pérenne ou pas, forme des systèmes complexes, eux même viables ou pas, qui se combinent également et ainsi de suite, pour finir par former les phénomènes les plus complexes, tels que la vie, l’intelligence, ...

      Ainsi j’observe la fourmilière constituée de fourmi qui, chacune prise individuellement, n’ont qu’un nombre extrêmement limité de modes d’action et de réaction. Et je suis émerveillé par la complexité de l’entité qui en résulte, par l’incroyable intelligence mise en oeuvre par la colonie dans son dessein de survie et d’expansion.

      Ainsi, je regarde l’atome d’hydrogène, et le soleil ... et les planètes ...


      • Christian Labrune Christian Labrune 17 janvier 2018 10:52

        @eddofr
        Vous n’êtes pas très loin du psalmiste qui dit à peu près que les cieux et la terre chantent la gloire de Dieu !

        Je n’ai pas la moindre sympathie pour l’oeuvre de Montherlant, mais dans La reine morte, je crois bien me souvenir (j’ai lu ça il y a plus de quarante ans !), que Ferrante trouve au contraire le spectacle du monde d’une indigence lamentable. Même si je suis passionné par tout ce qui touche à la connaissance scientifique, je dois avouer que c’est aussi un peu mon sentiment.

        Bien avant Bernardin de Saint-Pierre s’émerveillant de la forme des melons où sont imprimées des lignes qui permettent de les diviser pour pouvoir plus aisément les manger en famille, L’abbé Pluche s’était pareillement passionné pour ces sortes d’explications finalistes, lesquelles illustraient à merveille le souci que la divine providence avait pris du bonheur de l’homme en ce monde. Evidemment, il y avait des questions embarrassantes : à quoi pouvaient bien servir les puces et toute une vermine bien empoisonnante encore au XVIIIe siècle ?
        Eh bien, les puces servaient à exercer la patience du chrétien.


      • Olivier 17 janvier 2018 10:33

        La critique que fait Bergson du mécanicisme et du réductionnisme dans la première partie de l’évolution créatrice est très juste. 

        Malheureusement il prétend aussi dénoncer le finalisme qui serait un symétrique du mécanicisme et tout aussi faux que lui.
        Le problème est qu’il n’y a pas de solution possible en dehors de ces deux options : soit la nature se crée elle-même, soit elle est guidée par une forme d’intelligence. Si l’on refuse l’un et l’autre on se condamne à l’incohérence, ce que n’a pu éviter Bergson. Le titre même de son ouvrage semble suggérer que c’est l’évolution qui se crée d’elle-même par une sorte d’élan vital aux contours des plus flous.

        • Gollum Gollum 17 janvier 2018 11:49

          @Olivier


          Le problème est qu’il n’y a pas de solution possible en dehors de ces deux options

          Non. Cela est faux. On peut se passer du finalisme, la philosophie de Spinoza est là pour le montrer. Et cela tout en gardant Dieu comme origine de ce qui existe.

          Seulement, pour Spinoza, Dieu ne crée pas les choses en vue de…. Il y a un univers, cohérent, parce que Dieu est parfait. Et c’est cette perfection qui engendre l’Univers, lui aussi parfait (parce que pour Spinoza Dieu se donne entièrement dans sa création).

          Bref, pour Spinoza, Dieu ne veut pas créer. Il crée en raison même de son être et de sa perfection.

        • Christian Labrune Christian Labrune 17 janvier 2018 14:41

          Il y a un univers, cohérent, parce que Dieu est parfait. Et c’est cette perfection qui engendre l’Univers, lui aussi parfait.
          ...................................................................... .......
          @Gollum
          J’ai lu l’Ethique, il y a longtemps, et j’espérais bien, par là, atteindre à la béatitude.
          De fait, ayant tourné la dernière page, je me suis senti extrêmement content d’en avoir fini et de pouvoir enfin aller voir ailleurs. N’était-ce donc que cela, la béatitude promise ?


        • Gollum Gollum 17 janvier 2018 15:23

          @Christian Labrune


          N’était-ce donc que cela, la béatitude promise ?

          Oui, m’enfin Spinoza ne fait que baliser le chemin. À vous de le parcourir après.

          Quand Spinoza dit qu’une passion (proposition 3 de la dernière partie de l’Éthique), dont on se fait une idée claire, cesse d’être une passion, il vous faut, à vous, essayer d’avoir suffisamment de vie intérieure pour débusquer les passions, les mettre en pleine lumière et ainsi les détruire.

          Notons que cette méthode est la méthode psychanalytique de manière générale puisque les rêves permettent de prendre conscience de nos obscurités et ainsi les anéantir.

          Le bouddhisme opère de la même façon. Notamment la branche Vajrayana qui ne jette pas le discrédit sur les passions car elles sont des énergies à transmuter (en claire lumière ou lucidité)

          Bien évidemment que le processus est long et difficile.

          Idem pour la phénoménologie d’Husserl qui demande une ascèse.

          Il s’agit, dans ces philosophies, de chemins à parcourir, et non pas seulement de doctrines intellectuelles, qu’il suffirait de lire pour être intégrées.

          Bref, pour faire court, c’est difficile.

        • Rounga Rounga 18 janvier 2018 22:32

          @Christian Labrune
          J’ai lu l’Ethique, il y a longtemps, et j’espérais bien, par là, atteindre à la béatitude.
          De fait, ayant tourné la dernière page, je me suis senti extrêmement content d’en avoir fini et de pouvoir enfin aller voir ailleurs. N’était-ce donc que cela, la béatitude promise ?

          ***
          L’Ethique n’est que la présentation générale d’un système, d’ailleurs fort bien ficelé, qui comprend Dieu, l’univers, l’homme. Mais le chemin vers la béatitude, c’est le Traité de la réforme de l’entendement qui le promet. Et effectivement on n’est pas déçus, car Spinoza nous explique que le plus important est d’avoir des idées claires, et annonce qu’il va nous expliquer comment les avoir, ces idées claires. Alors on tourne la page, fébrile d’impatience, et on lit : « l’ouvrage s’arrête ici ». Car Spinoza nous a fait la bonne blague de crever avant de nous révéler la réponse ultime. 
          En fait c’est un ouvrage que Spinoza avait commencé avec un optimisme qui saute aux yeux dans l’avant-propos, mais il s’est rendu compte peu à peu que la tâche qu’il se proposait était plus compliquée que cela. Il a donc reporté son projet, et ne l’a jamais achevé.
          Mais ce que je préfère chez Spinoza, c’est ce qu’il nous dit dans la proposition 23 du livre V de l’Ethique  : « Nous sentons et savons d’expérience que nous sommes éternels », qui prouve que sa façon de vivre et de ressentir la philosophie ne ressemblait pas à la forme d’exposition très artificielle qu’il avait adoptée.

        • Gollum Gollum 19 janvier 2018 14:03

          @Rounga


          « Nous sentons et savons d’expérience que nous sommes éternels »


          J’adhère à cette proposition. Ce qui fait que je vis dans une quiétude parfaite.

        • Christian Labrune Christian Labrune 17 janvier 2018 11:38

          Depuis Le rêve de d’Alembert de Diderot, les rêveries méta-scientifiques d’inspirations diverses ont proliféré, se recommandant toujours d’une exigence rationnelle, mais aboutissant souvent à des conclusions un peu farfelues. C’est que les meilleurs spécialistes d’une science donnée, trop instruits des difficultés qu’ils éprouvent à produire des résultats qu’ils savent partiels, se gardent bien d’extrapoler. Il faut être un poète ou un philosophe n’ayant qu’un accès indirect aux sciences pour oser se lancer dans de pareilles entreprises.

          Je suis en train de lire Le phénomène humain de Teilhard de Chardin. Le bonhomme était sûrement un excellent paléontologue, mais dès qu’il sort de son domaine de compétence, les choses deviennent extrêmement fumeuses. Je lis par exemple :
          Considéré à l’état prévital, le Dedans des Choses, dont nous venons d’admettre la réalité jusque dans les formes naissantes de la Matière, ne doit pas être imaginé comme un feuillet continu, mais comme affecté de la même granulation que la Matière elle-même.

          Si ces subtilités édifiées sur un sable conceptuel très inconsistant ont un sens, je serais très content qu’on m’éclaire ! Mais c’est tout le bouquin qui sort à peu près du même tonneau.

          Bergson lui aussi s’est beaucoup intéressé aux sciences, et c’est très bien, mais il semble, selon ce qu’en disent les spécialistes -je ne suis malheureusement pas en état de pouvoir en juger - qu’il n’avait pas très bien compris la théorie de la relativité.

          En tout cas, sa conception du mécanisme, comme celle de Freud à la même époque (autre rêveur pseudo-scientifique), est héritée de Laplace pour qui, lorsqu’on connaît l’état d’un système à un instant donné et les paramètres qui définissent son fonctionnement, on peut calculer son état à un autre moment, aussi bien dans le passé que dans l’avenir. Ces conceptions, depuis la naissance d’une physique attachée à la description des systèmes complexes et chaotiques, sont complètement périmées, mais elles l’étaient déjà pour les physiciens des années 30 qui avaient dû se frotter aux difficultés de la théorie quantique.

          C’est bien de vouloir donner au monde un sens, mais il n’est pas si évident que cela qu’il puisse en avoir un dont on puisse s’enchanter.


          • Gollum Gollum 17 janvier 2018 11:53

            @Christian Labrune


            Je suis assez étonné que vous lisiez Teilhard après vous être frotté à Husserl. C’est pas tout à fait la même rigueur. smiley

            Moi j’ai un Teilhard en vente sur Amazon.. Personne n’en veut. smiley

          • Christian Labrune Christian Labrune 17 janvier 2018 13:01

            Je suis assez étonné que vous lisiez Teilhard après vous être frotté à Husserl. C’est pas tout à fait la même rigueur.
            ...................................................................... .......................
            @Gollum
            C’est que le fait d’être athée ne m’a jamais empêché non plus de lire -trop peu- les Pères et les Docteurs de l’Eglise. Quand j’en aurai fini avec l’excellent bouquin d’initiation d’Abraham Cohen, je me propose quelques incursions dans le Talmud ; de relire aussi la Bible... et Karl Marx ! Malheureusement, le temps se fait court, et me voilà bientôt condamné, à peine né, à mourir idiot. La vie est une bien sinistre farce ! J’espère, pour Dieu, qu’il n’existe pas. Sinon, je lui ferais passer un bien mauvais quart d’heure.


          • Gollum Gollum 17 janvier 2018 13:57

            @Christian Labrune


            Je vous conseillerai plutôt la métaphysique indienne et les Upanishads. Ne perdez pas votre temps avec la Bible..

            Dans le monde chrétien je me suis régalé avec les sermons et les traités de Maître Eckhart. Si vous ne connaissez pas je recommande. Idem pour Angélus Silésius.

            Je suis d’accord avec vous. On n’a pas assez de temps. Mais je ne considère pas la vie comme une sinistre farce.

          • Robin Guilloux Robin Guilloux 18 janvier 2018 08:05
            Mon supérieur m’a autorisé à mettre le lien vers le Père Teilhard de Chardin : smiley


            • Gollum Gollum 18 janvier 2018 09:55

              @Robin Guilloux

              Avec Imprimatur j’espère ? smiley

              J’ai lu votre lien. Il ne casse pas trois pattes à un canard.

              Pour le Père Teilhard de Chardin, Les conceptions théologiques traditionnelles comme le paradis terrestre, Adam et Eve, la création en 6 jours…ne doivent être prises au pied de la lettre, mais interprétées de façon symbolique.

              Bravo ! Quelle clairvoyance.. Origène disait cela déjà à l’aube du christianisme. Malheureusement il ne fut guère suivi..

              D’autres, comme celle d’un Christ mourant sur la croix pour racheter par sa mort le péché d’Adam doivent être élargies. 

              Oui ? Mais encore ?

              Pas de place pour le paradis terrestre, mais seulement pour le Christ que le paradis terrestre symbolise : « La béatitude du paradis terrestre, écrit Teilhard en 1922, c’est la salut, constamment offert à tous, mais refusé par beaucoup, et organisé de telle sorte que personne n’arrive en sa possession que par unification de son être en Notre Seigneur. »

              Là encore, beaucoup de bla-bla insipide qui ne débouche sur rien.

              on peut dire que c’est en grande partie grâce à lui que l’Eglise a désormais admis que l’idée d’évolution était compatible avec les grandes vérités de la Foi.

              Non. Tout simplement l’Église s’est rendu compte qu’elle avait perdu sa main-mise sur le savoir et en a tiré les conséquences. Il n’y aurait pas eu Teilhard on en serait au même point aujourd’hui. L’Église a fait profil bas car elle ne pouvait faire autrement..

              Teilhard, bien qu’il prétende donner des dimensions cosmiques à ses vues, ne le fait pas.

              Il évacue notamment la grosse, très grosse, et très gênante, problématique de la vie extra-terrestre.

              Quid de la « Révélarion » dans un tel contexte ? Bref, il reste très centré sur la Terre.

              Comment concevoir le péché d’Adam dans un cadre où des civilisations auraient existé des milliards d’années avant que la Terre ne fut créée ? Comment concevoir le « rachat » des péchés par le sacrifice « unique » du Christ (là aussi unique) dans un tel cadre ?

              Bref, dans un tel cadre, tout s’effondre, tout simplement.

              Il faudrait tellement élargir le sens habituel des dogmes que ceux-ci finiraient par éclater..

              Comment concevoir le Mal dans un univers perpétuel soumis à plusieurs Big-bang comme la physique moderne semble vouloir se diriger maintenant ?

              Car avec un seul Big-Bang cela allait encore, on était dans le cadre d’une Création, avec un début et une fin. L’Église d’ailleurs se régalait avec cette idée du Big-Bang.

              Mais avec plusieurs Big-Bang, plus de fin. Quid de la Parousie ?

              Par contre le modèle à plusieurs Big-Bang de la physique moderne se rapproche fort des conceptions hindoues..



            • Christian Labrune Christian Labrune 18 janvier 2018 11:56

              Non. Tout simplement l’Église s’est rendu compte qu’elle avait perdu sa main-mise sur le savoir et en a tiré les conséquences. Il n’y aurait pas eu Teilhard on en serait au même point aujourd’hui. L’Église a fait profil bas car elle ne pouvait faire autrement.
              ...................................................................... .................
              @Gollum
              Sur ces questions, je suis tout à fait d’accord avec vous : la cosmogonie et l’eschatologie chrétiennes sont depuis longtemps à ranger dans le même tiroir que la croyance au Père-Noël dont on amuse les petits enfants.

              Pie XII, au début des années cinquante, avait cru pouvoir récupérer la théorie du big bang, due au physicien Georges Lemaître qui, par chance était prêtre. On trouvera ici son discours :
              http://lesmaterialistes.com/pie-xii-discours-academie-sciences-1951
              La théorie du big bang s’accordait merveilleusement avec l’espèce de création ex nihilo du récit de la Génèse. Malheureusement, Lemaître avait fort peu apprécié cette production délirante de son chef, et lui avait demandé une entrevue pour lui remonter les bretelles. On observe que plus tard, dans d’autres discours sur ces questions face à des auditoires composés de scientifiques se réclamant néanmoins du catholicisme, le pape se garda bien de recommencer.

              Je me souviens qu’au début des années 80, une commission présidée par le Cardinal Poupard avait entrepris de revoir le procès qui avait abouti à la ridicule condamnation de Galilée. Je dis qu’elle était ridicule parce que lorsqu’on regarde les horloges astronomiques construites pour Versailles moins de cinquante ans plus tard, on voit très bien que l’héliocentrisme ne fait déjà plus de doute pour personne en dépit de la condamnation de l’Eglise. Au reste, Bellarmin lui-même, et plusieurs autres à Rome, étaient tout à fait disposés à admettre que la terre tournât autour du soleil. Le plus embarrassant restait évidemment l’espèce de matérialisme de Galilée, qui conduisait nécessairement à nier le dogme de la transsubstantiation.

              Eh bien, je me souviens d’une discussion fort drôle qui avait été diffusée sur France culture. Un cardinal (je ne sais plus lequel), pour atténuer la responsabilité de Rome, avait fait remarquer qu’on pouvait trouver dans les écrits de Galilée plusieurs développements qui, du point de vue de la « méthode scientifique » (dont Galilée est l’inventeur !) étaient un peu contestables. Voilà que l’Eglise des années 1630 devenait tout d’un coup l’arbitre même des exigences scientifiques ! C’était extrêmement drôle, et j’étais plié en quatre.

              Qu’il soit (et non pas qu’il « existe ») un dieu, pourquoi pas, et de toute façon, cela n’a pas plus d’importance que de savoir si on trouvera un jour un algorithme de détermination des nombres premiers. Que le dieu en trois hypostases du christianisme « existe » et muni de tout ce qui le caractérise et des dispositions qu’on lui prête selon la suite des conciles, on peut être absolument certain que cela ne tient pas debout. Au reste, il y a longtemps que ceux qui se disent chrétiens aujourd’hui ne croient plus aux dogmes qui constituent les piliers du credo chrétien. Je parlais plus haut de la transsubstantiation. J’ai souvent dit à des catholiques : comment pouvez-vous croire à la présence réelle ? Mais ce n’est qu’un symbole ! m’ont-ils presque toujours répondu - en parfaits hérétiques ! Ils récitent mécaniquement le symbole de Nicée-Constantinople sans y rien comprendre, mais ils ne croient pas à l’Immaculée Conception qu’ils confondent avec la virginité éternelle de Marie et doutent par ailleurs qu’on puisse faire des enfants par la seule opération du Saint-Esprit. Ils ne sont pas plus persuadés qu’Arius que Jésus était Dieu - Hérésie ! La résurrection les embarrasse, mais les miracles que Pascal présente encore comme des « preuves » les font autant rigoler que Spinoza dans le Traité théologico-politique. Pourquoi faire crever deux fois le pauvre Lazare, comme si avoir à mourir une fois n’était pas déjà bien suffisant ?

              De cette incrédulité incurable des catholiques français, depuis bien longtemps « sortis du religieux », pour parler comme Marcel Gauchet, je ne me plaindrai certes pas. C’est ce qui fait la différence avec l’islam et c’est ce qui me permettra de me promener toujours tranquillement, fût-ce à Saint-Nicolas-du-Chardonnet ou à Saint-Eugène, sans avoir à craindre qu’un intégriste me sachant athée vienne me planter un couteau entre les omoplates en hurlant : « Jésus-Christ / Dieu est grand ! »


            • Christian Labrune Christian Labrune 18 janvier 2018 12:16

              ERRATUM
              Qu’il soit (et non pas qu’il « existe ») un dieu, pourquoi pas, et de toute façon, cela n’a pas plus d’importance que de savoir si on trouvera un jour un algorithme de détermination des nombres premiers.

              Mauvaise formulation ; j’aurais dû dire : « la loi de succession des nombres premiers »


            • Robin Guilloux Robin Guilloux 19 janvier 2018 09:22

              @Gollum


              Merci d’avoir lu le compte-rendu du livre de Gustave Martelet sur mon blog. Je suis d’accord avec vous sur l’insuffisance des analyses de Martelet sur Teilhard dont il fait un simple théologien plus ou moins « moderniste », dans la lignée exégétique de Schleiermacher, aujour’hui presque banale (mais il ne faut pas oublier qu’elle ne l’était pas à l’époque et qu’il existe encore des lectures littérales. 

              Tout ce qu’il dit sur le rejet par Teilhard d’une lecture littérale de la Bible est juste, ainsi que sur la nécessité, selon T de C. de l’Eglise d’admettre la théorie de l’évolution pour ne pas provoquer une nouvelle affaire Galilée.

              Mais je pense que Martelet ne va pas au cœur de la pensée de Teilhard qui est en fait une vision darwinienne du christianisme, une théorie de l’évolution depuis le début (matière inerte pour aller vers l’homme en passant par les organismes simples), une théorie de l’évolution entièrement refondue en termes judéo-chrétiens (création-révélation - rédemption - parousie) faisant intervenir un « dessein intelligent ». 

              Ça, l’Eglise ne pouvait pas et ne peut toujours pas l’accepter (la science non plus, en raison du « principe d’objectivité !), pas plus qu’elle ne peut accepter l’hégélianisme (cf à ce sujet les analyses de Karol Wojtila et le refus d’une »Phénoménolgie de l’Esprit), d’où l’extrême prudence de Martelet. 

            • Gollum Gollum 19 janvier 2018 13:38

              @Robin Guilloux

              il existe encore des lectures littérales. 


              Ben sur Avox ils pullulent… Tous ces milieux bigots attachés à la lettre de ce genre de lecture et ce afin d’être dispensés de réfléchir.

              une théorie de l’évolution depuis le début

              Oui mais de quel début parle-t-on ? De celui de la Terre uniquement. Or comme je l’ai dit, avant que la Terre ne fut, d’autres civilisations ont largement eu le temps d’arriver au bout de leur destin, notamment spirituel. Et ce, sans l’homme Jésus.

              Ça, l’Eglise ne pouvait pas et ne peut toujours pas l’accepter

              L’Église ne peut guère accepter grand chose des sciences modernes, elle se ridiculiserait.

              Entre les Big Bang à répétition qui se profilent, mettant à mal l’idée d’une création ex nihilo, une évolution des espèces qui déboulonne l’homme comme sommet de la création, l’éthologie qui montre une conscience du mal chez les animaux, au moins supérieurs, une capacité de ces mêmes animaux de se sacrifier pour leurs congénères (notamment chez les rats) ridiculisant quelque peu l’envie de l’Église de sur-naturaliser les capacités de don, tout indique que l’Église, et les religions issues de la branche abrahamique sont en voie d’extinction.

              Perso, cela n’engendrera chez moi aucun regret.

              Et pourtant Dieu sait (!) si je ne suis pas un agnostique.

            • Gollum Gollum 19 janvier 2018 13:56

              @Christian Labrune

              Eh bien, je me souviens d’une discussion fort drôle qui avait été diffusée sur France culture. Un cardinal (je ne sais plus lequel), pour atténuer la responsabilité de Rome, avait fait remarquer qu’on pouvait trouver dans les écrits de Galilée plusieurs développements qui, du point de vue de la « méthode scientifique » (dont Galilée est l’inventeur !) étaient un peu contestables. Voilà que l’Eglise des années 1630 devenait tout d’un coup l’arbitre même des exigences scientifiques ! C’était extrêmement drôle, et j’étais plié en quatre.

              Oui ça existe encore ce genre de débat. J’en ai visionné un sur Youtube récemment entre Étienne Klein et une protestante dont j’ai oublié le nom. Vérité scientifique et vérité religieuse. Klein l’avait emporté largement, notre protestante s’enfonçant sans même s’en rendre compte, sortant du placard des penseurs assez vieux comme Thomas d’Aquin.. Klein d’ailleurs avait du mal à cacher son agacement.

              Bon, je n’ai rien contre Thomas d’Aquin, mais ce qui me frappe c’est le peu de progrès dont furent capables les églises, même dans ce qui devrait être leur spécialité, à savoir la théologie. Toujours les mêmes banalités qui ressortent.

              J’ai souvent dit à des catholiques : comment pouvez-vous croire à la présence réelle ? Mais ce n’est qu’un symbole ! m’ont-ils presque toujours répondu - en parfaits hérétiques ! 

              Perso, même à mon époque chrétienne je n’y ai jamais cru non plus. Je pense même que ceux qui proclament qu’ils y croient n’y croient pas en fait, dans leurs profondeurs ils savent très bien que c’est de l’auto-suggestion acceptée parce qu’ils sont incapables d’avoir une relation avec Dieu en dehors des églises. Je me souviens de ma belle-sœur (on ne choisit pas ses belles-sœurs) quand je lui suggérait que sa foi pouvait être fausse, un leurre, me répondre : mais vers quoi irions-nous ?..

              Je me suis répondu en moi-même : t’as qu’à te bouger grosse feignasse, on n’a rien sans rien...

            • Christian Labrune Christian Labrune 19 janvier 2018 19:38

              @Gollum
              J’ai essayé de trouver la video youtube que vous évoquez. Je crois bien avoir pu en marquer la page, mais je viens d’en voir une autre extrêmement intéressante sur l’incompatibilité radicale entre la science, qui n’est pas un discours, et les textes des religions.
              Sur France Culture, Etienne Klein m’agace un peu quelquefois, mais là, son exposé est d’une remarquable clarté. C’est là :
              https://www.youtube.com/watch?v=Y1tCzAsFV-0


            • Robin Guilloux Robin Guilloux 19 janvier 2018 20:11

              @Gollum

              Je crois me souvenir que le R.P. Antonin-Gilbert Sertillanges (dominicain, spécialiste de saint Thomas d’Aquin) dans son « catéchisme des incroyants » (que je vous invite à lire, mon fils ! smiley pose (très sérieusement) la question du salut d’éventuelles civilisations extra-terrestres. 

              Dans le cas où elles existeraient, Le « sacrifice » du Christ s’est-il produit plusieurs fois, sur chaque planète à « sauver », où bien une seule fois, sur la planète Terre, pour les Terriens et les habitants de toutes les autres planètes. Sertillanges opté pour un sacrifice unique sur la planète Terre... Ce qui est quand même plus sympa pour Jésus !

            • Gollum Gollum 20 janvier 2018 11:36

              @Christian Labrune

              Merci pour cette vidéo. Très bon Klein. Son un peu merdique dommage.

              J’en retire plusieurs choses. (Bon en fait j’étais déjà arrivé à ça avant). Qu’un penseur qui prétend penser, philosopher, ne peut se permettre d’ignorer la science, la démarche scientifique, et les résultats obtenus.

              Que la science a été impitoyable vis-à-vis de certaines données religieuses : Le déluge de Noé pouvait être encore admis éventuellement il y a quelques siècles, on sait aujourd’hui que ce « fait » n’a pas pu se réaliser, tout simplement, par impossibilité physique radicale. (Mais je connais des hommes de foi qui y croient encore malgré cette impossibilité ; pour moi cela ressort du psychiatrique lourd dans de tels cas) Idem pour une création vieille de 6000 ans, etc… et bien d’autres choses encore. Cela n’empêche pas des hommes de foi, Dominique Tassot par exemple, ingénieur (donc pas totalement un imbécile) de passer outre ces invraisemblances pour croire trouver l’exact contraire, des pressentiment de savoir scientifique avec son lièvre ruminant… Totalement ridicule mais il est le seul à ne pas le voir.

              Enfin, Klein nous dit que la science ne peut que donner ce qu’elle a et pas davantage.

              Libre à nous, après, si nous avons besoin de calmer quelque angoisse métaphysique d’aller chercher ailleurs.

              Ce dont je ne me prive pas. Je ne crois pas, en effet, que la raison soit l’outil adapté pour arriver à l’Origine pour reprendre le terme de Klein (je préfère parler de Principe)

              À partir de là libre à nous de prendre au sérieux certaines métaphysiques antiques (je pense à l’Indienne notamment ou la chinoise) ou pas. C’est question de tempérament. Ou d’expérience mystique personnelle. Et de pari quelque part.

            • Gollum Gollum 20 janvier 2018 11:53

              @Robin Guilloux

              La façon de raisonner de votre dominicain ne m’incite pas à le lire, mon Père ! (Z’êtes pas Dark Vador au moins ? smiley )

              D’autant que dans les deux options envisagées il prend la plus invraisemblable : que nous soyons nés sur cette terre sur le lieu unique qui a accueilli le rédempteur de l’Univers entier. Inutile de calculer la probabilité d’un tel événement, elle est quasi nulle. Sans doute l’aspect miraculeux d’un tel événement qui a séduit notre homme de foi, on se refait pas… Déformation professionnelle comme on dit.

              Mais même avec plusieurs Christ, cela pose un problème aussi (il n’y aurait pas forcément plusieurs Jésus ici, ne pas confondre l’homme historique avec la notion de Christ).

              Parce que cela nous ferait une quasi infinité de mises en croix et ce sur des milliards d’années. Une crucifixion perpétuelle en somme. Et je vous explique pas le tableau dans le cas d’un Univers perpétuel avec plusieurs Big-Bang...

              Je pense plutôt que la notion de rachat des péchés par la crucifixion est tout simplement une ânerie.
              Qu’elle est inutile, philosophiquement dangereuse, (pas le temps de développer)…
              D’autant plus que, comme Spinoza, je ne crois pas au libre-arbitre.

              La crucifixion comme exemple de jusqu’au-boutisme où l’être humain est capable d’aller afin de faire triompher une cause me semble plus judicieuse.

              Il est vrai que le Christ n’a jamais prétendu être venu verser son sang pour tous mais uniquement pour beaucoup...

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