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Accueil du site > Tribune Libre > CPE : première embauche ou permis d’éliminer ?

CPE : première embauche ou permis d’éliminer ?

Une période d’essai de trois mois est parfois vécue comme un peu longue pour les deux parties. Alors, que penser d’une période d’essai de deux ans... La période d’essai va-t-elle être désormais vidée de sa substance ?

La proposition faite par notre gouvernement de créer un nouveau contrat de travail instaurant une période d’essai de deux ans dérogatoire du droit commun semble, curieusement, ne pas trop choquer dans sa forme.

Elle est combattue sur le fond par les étudiants, les syndicats ouvriers, de nombreuses associations, les partis politiques non sarkozistes, et d’autres groupes encore, sans compter la multitude des personnes privées qui s’indignent de cette permission de tuer l’emploi. Leur attitude est logique. Leurs arguments sont rationnels. Leur refus est l’expression d’une solidarité fraternelle avec les jeunes travailleurs, qu’ils soient employés ou cadres.

Or, si je me place, en la circonstance, dans la peau d’un cadre dirigeant, chef de service ou équivalent, je me sens blessé, meurtri, méprisé.

Dans ma vie professionnelle, j’ai eu souvent la responsabilité de recruter. Et je sais ce qu’est au quotidien la réalité d’une période d’essai. C’est un moment privilégié, dans la relation avec le nouveau collaborateur, où l’on fait tout pour l’écouter, le former, l’aider à s’intégrer, tout en acceptant son originalité, pour réussir son embauche, car on en sait et le coût et la nécessité, et qu’elle est donc investissement.

Trois mois pour décider si l’idée de faire un plus ou moins long bout de chemin ensemble est viable, c’est déjà beaucoup de temps de réflexion. Souvent, les contrats "sur mesure" prévoyaient une progressivité raisonnable de cette période d’apprivoisement mutuel. Rarissimes étaient les renouvellements, qui impliquaient contractuellement l’accord formel du collaborateur.

Notre gouvernement, dans sa grande ignorance de la réalité des liens affectifs et sociaux qui s’établissent entre un patron et son nouveau collaborateur, pense qu’une période d’essai peut durer deux ans...

C’est faire injure aux capacités ordinaires des cadres ordinaires, qui n’ont pas besoin d’autant de temps pour valider une décision d’embauche. J’espère que les syndicats de cadres ne vont pas hésiter à stigmatiser ce jugement négatif porté sans nuances sur la capacité de celles et ceux qu’ils représentent à tenir avec succès une des responsabilités majeures de leur propre poste.

J’attends avec intérêt qu’un, un seul, des députés qui voteront cette disposition, prouve l’utilité d’une période d’essai de deux ans.

Je veux bien que le législateur tente d’imposer, contre toute logique de la motivation et de l’engagement, de l’honneur allais-je dire (que Philippe d’Iribarne me pardonne ce détournement de titre), le droit de mettre fin à un contrat de travail, endéans les deux ans, sans avoir de justification à apporter. Mais qu’il habille ce droit de tuer l’emploi en usant d’un vocabulaire tel que « durée de la période d’essai » relève, à mon avis, d’un autre abus : l’abus de terminologie.


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23 réactions à cet article    


  • Elegy (---.---.26.107) 28 janvier 2006 15:14

    Dans la pratique, c’est vrai que ce CPE n’est ni plus ni moins qu’un CDI avec periode d’essai de 2 ans. Et c’est vrai aussi que 2 ans est une duree ridicule pour une periode d’essai. Entierement d’accord avec ca.

    Par contre, je pense que, pour apprecier les eventuels cotes positifs du CPE, il ne faut pas le regarder sous cet angle.

    Prenons simplement le CPE comme une tentative de rendre l’embauche attractive, sans risque. Je vois tres mal un patron se debarasser d’un employe performant, juste parce qu’il en a le droit. Pourquoi l’avoir embauche alors ?

    En bref, dans ce debat autour du CPE, je suis contre ceux qui sont contre. Par principe. J’ecouterai, parmi ceux qui sont contre, ceux qui ont une autre idee a proposer a la place. Ou du moins, ceux qui cherchent une autre idee. Ou allez, encore, ceux qui pensent que chercher une idee serait une bonne chose. Ca elimine deja pas mal de monde...

    Alors avant de critiquer une initiative, essayons de proposer quelque chose nous aussi. Mais voila, en France, proposer quelque chose c’est s’exposer. Donc on ne tente rien. Et on en arrive a des situations extreme qui exigent des tentatives ridicules comme le CPE. Cela dit, je crois honnetement que le CPE fera plus de bien que de mal. Mais je ne pense pas qu’il sera la panacee, qu’il n’aura pas beaucoup de consequence. Juste un petit coup de pouce ephemere a l’emploi. Par contre, une fois que les gens auront compris qu’il n’a pas produit le cataclysme predit par les syndicats, peut-etre qu’il fera des petits, et que d’autres personnes pourront oser proposer leurs idees.

    La panacee serait une bonne fois pour toutes de laisser tranquille ceux qui ont envie de tenter des choses. De proposer avant de critiquer.

    Une loi contre la critique gratuite, systematique et immediate : voila ce qui pourrait faire du bien au pays. Mais bon je vois d’ici le tole general des critiqueur professionels, au nom de la liberte d’expression et de la liberte tout court. Pauvre liberte d’expression. Dans certains pays, elle est un luxe, inabordable. Dans ce pays, on ne l’invoque que pour dire des niaiseries.


    • Christophe (---.---.58.18) 28 janvier 2006 19:03

      Par contre, je pense que, pour apprecier les eventuels cotes positifs du CPE, il ne faut pas le regarder sous cet angle.

      Que ce soit sous l’angle de la création d’emploi ou sous celui de la précarité, il me semble difficile de croire à une bonne mesure.

      Avant toute chose, excepté pour le CDD, la période d’essai n’est pas prévue par le législateur ; en fait, elle doit apparaître sur le contrat individuel de travail. Les périodes d’essai maximum sont fixées par les conventions collectives de branche et sont le résultat d’une négociation entre les syndicats et le patronat de chaque branche.

      Donc reprenons la problématique posée sous l’angle de la précarité : Un CDD peut aller de 15 jours à 1 mois de période d’essai (selon la durée du CDD). Un CDI peut aller de 1 mois à 3 mois. Quoiqu’il en soit, la précarité journalière n’excède pas 3 mois.

      Par contre, abordons la précarité (non journalière) d’un CDD. Un CDD peut atteindre au maximum une durée de 18 mois (3x6, 12 + 6 ou 18). Au bout de 18 mois, c’est soit un CDI, soit un retour vers la recherche d’emploi.

      Si un CDI n’est pas possible, quelle peut en être la raison au bout de 18 mois. La corrélation entre compétences et besoins me semble déplacée dans ce contexte car un employeur n’a nullement besoin de 18 mois pour juger de cette corrélation ; ce serait faire offense aux employeurs que de le penser. Qu’est-ce donc ? Sans doute qu’un engagement durable (durée indéterminée) pose un problème d’engagement à long terme. Le CNE / CPE ne solutionne pas cette problématique, même au bout de deux années d’essai.

      Sous l’angle de la création d’emploi, soyons sérieux. Si aujourd’hui, un employeur ne peut, après une période de CDD de 6 mois, 12 mois ou 18 mois offrir à un collaborateur un CDI, il serait utopique de penser qu’il le ferait au bout de 24 mois.

      Soyons honnête. Il existe un besoin d’ajustement des entreprises ; problèmes ponctuels de charge, remplacements ponctuels, ... donc il y aura toujours une part de précarité dans le monde du travail.

      Le CNE / CPE introduit une notion de contrat journalier sur deux ans (contrat journalier existant dans toute période d’essai). Mais rien, absolument rien ne garantie un débouché contractuel in fine qui ne dépend que du besoin en ressource d’une entreprise. Si cette ressource n’est pas nécessaire sans CNE / CPE, elle ne sera pas plus nécessaire avec CNE / CPE.

      On réforme, on change, pour un but précis, on ne fait pas une réforme pour faire une réforme ... ce serait sans intérêt.

      Dire j’y suis défavorable sans analyse, nous sommes d’accord, ne sert à rien. Par contre dire y être favorable sans en connaître les objectifs ne me semble pas être une démarche plus intellectuelle.

      Donc quel en est le but ?


    • Jean Ploi (---.---.222.126) 28 janvier 2006 23:02

      « La panacee serait une bonne fois pour toutes de laisser tranquille ceux qui ont envie de tenter des choses. De proposer avant de critiquer. »

      Alors proposons. Je propose que les salariés se rassemblent autour des organisations syndicales (tiens le 7 février par exemple) et ne se limitent pas à contester le CPE. Ils pourraient aussi décider d’actions en vue de faire monter le prix de ce qu’ils ont à vendre : la mise à disposition de leur force de travail. Pas mal comme proposition, non ? J’espère que vous n’allez pas la critiquer....


    • (---.---.96.59) 28 janvier 2006 16:58

      Prenons un exemple bibon. Un emplois ou aucune qualification n’est requise. La restauration par exemple.

      Pourquoi prendre un CPE ? parce ce que moins de 27 ans c’est l’age ou les filles sont les plus jolies pour faire le service dans la restauration, mais attention le racollage est interdit par la loi.

      moins de 27 ans c’est surtout des étudiants qui ont besoin de sous. alors ils acceptent un peu tout. meme un CPE.

      Et si jamais ils réclament le payement des heures sup, ils se feront virer ?

      Et s’il reclament le respect des consignes de sécurité ils se font virer ?

      S’ils font grêve (ce qui est rare dans le privé) ils se font virer ?

      Et s’il ont un accident du travail ils se font virer aussi ?

      S’ils sont malades ils se font virer ?

      S’ils refusent le harcelement, ils se font virés ?

      Si elles refusent de coucher avec leurs patrons elles se font virer aussi ? (j’ai un exemple en stock au besoin et ça se passe dans un cabinet d’avocats)

      Que dire à l’entretient si on ne sait pas pourquoi on a été viré (la vraie raison) ?

      Et puis comment accepter un tel contrat ? Parce que c’est une discrimination en fait c’est accepter qu’à moins de 27 ans un jeune vaut moins qu’un vieux... Moi je n’accepterai pas qu’on me dise, « tu sais coco, le droit du travail c’est pas pour toi »...

      Acceptez pour les autres. Puis acceptez le pour vous ! Wait and see...

      Le fameux argument... « vous critiquez mais vous ne faites rien ». Parfois il faut mieux se taire que dire des conneries. Parfois être inactif protège de faire des conneries. Parfois le politique doit réfléchir : le droit du travail n’est pas l’obstacle à la creation de poste.

      Dire que le CNE cree des emplois est bien beau. Il parait qu’un grand nombre d’emplois crées est déjà décrée. c’était bien la peine... et je suis sur que je nombre de CDD signés à diminué d’autant dans la même période.

      Et j’imagine que le banquier de l’auteur trouvera un risque supérieur à prêter à un CPE vis-à-vis du CDI. Pourquoi ? Et la fuite des cerveau ? un étudiant coute cher à former... si on lui propose un sous-droit alors pourquoi ne n’exilerai pas ?

      Mon premier cour de droit commencait ainsi : « Entre un fort et un faible, la liberté opprime et le droit protège »... Ya toujours des cas ou ça se passe bien dans l’entreprise, maisdans ce cas le recours est inutile.


      • Gio (---.---.162.36) 31 janvier 2006 23:11

        Vous avez en vous de la graine de syndicaliste obtu !

        Au lieu de jouer les monsieurs Niet, essayer de dire oui au moins une fois. Il sera toujours possible de revenir en arrière dans 1 ou 2 ans si celà est nécessaire, non ?


      • Emmanuel (---.---.204.118) 28 janvier 2006 18:06

        D’abord je suggère que l’on définisse la soupe de lettres d’alphabet qui apparaissent dans ces articles et opinions. Notre nouvelle terre est plate et restreinte. Les Chinois regardent les Corses par leur fenêtre grâce à cet internet merveilleux. Les lecteurs de Californie regardent au dessus des épaules des Parisiens sur cet écran. Qu’est-ce qu’un(e) CPE, un(e) CDI ? Je crois que la forme souhaitée serait d’écrire de toutes lettres le nom de ce que vous voulez présenter suivi des initiales entre parenthèses. Apres cela, et seulement après cela, vous pouvez abréger les titres et phrases communes.

        Deux ans ? Trois mois ? Pour quoi faire ? Avoir le droit de renvoyer quelqu’un ? Un patron devrait-il subir pendant deux ans son erreur de ne pas découvrir le mensonge du postulant ayant quelque peu amélioré son curriculum ? Un patron devrait-il subir pendant deux ans un employé qui ne s’entend pas du tout avec le reste de l’équipe qu’il avait créé aux cours des années ?

        Les contrats de travail devraient être créés et gérés par les entreprises et non le gouvernement (sauf si votre employeur est le gouvernement). Les entreprises payent assez d’impôts au gouvernement pour avoir le droit de gérer ses propres affaires, c’est le prix qu’elles payent pour être indépendant.

        Avec 65 employés je connais bien la routine et du coût pharamineux de les remplacer ici en Californie. Il nous coute une équivalence de 70 a 100 heures de travail pour engager quelqu’un (calculé sur la base de salaire de la personne à engager) et de vérifier leur données, y compris recherche du passé par le truchement de leurs empreintes digitales.

        Je ne suis pas d’accord avec l’idée d’ « apprivoisement mutuel » : je ne suis pas aller chercher mon nouvel employé, je ne suis pas allé frapper à leur porte. J’ai reçu des candidatures et j’ai choisi. A eux de se faire a l’idée de nos méthodes et directions. Nous pouvons éduquer et former n’importe quel postulant sauf pour une discipline : leur attitude. Et ca, ca se decouvre à l’entretien préliminaire.

        Je suggère à la France la solution du « Department of Labor [DOL] » (Ministère du travail) de Californie : DOL a déclaré la Californie un état « at will » (à la discrétion) qui donne le droit au patron de virer quelqu’un sans raison ou d’un employé de partir sans donner de préavis. C’est la responsabilité d’un bon patron d’être assez créatif pour garder ses employés et a l’employé de rester dans les normes de la compagnie.

        Si l’employeur peut prouver que l’employé était négligeant ou malfaisant pour la compagnie, l’employé ne recevra pas d’allocation chaumage. Ca ne veut pas dire qu’un employé ne pourrait pas ensuite se plaindre a DOL d’irrégularités et d’essayer de récupérer son chaumage.

        Ce qui m’amène aux trois mois ou deux ans : Si vous avez le mot « période d’essai » que nous appelons « probation » ici dans vos documents d’engagement, n’importe qui après ce temps la (trois mois ou deux ans) a le droit de se sentir engagé pour toujours. J’ai travaillé dans des entreprises qui avaient cette « probation » de trois mois et nous avons perdu tous les arguments avec DOL même s’il y avait malfaisance ou refus de travail de la part de l’employé.

        Laissez les patrons décider et ne promettez jamais un essai. Apres l’essai, les avocats seront à votre gorge pour avoir déclaré un contrat de consentement. Ce n’est que mon opinion.


        • andré (---.---.161.36) 29 janvier 2006 04:27

          D’accord sur tout mais pourquoi dire que dans la restauration aucune qualification n’est requise ?

          Pensez vous que peut devenir cuisinier ou maitre d’hotel le premier venu sans aucune qualification,diplome ,connaissances et expérience dénote de votre part une crasseuse méconnaissance du sujet,d’où pourrait germer l’idée ,sans doute fausse ,que votre capacité d’analyse est limitée

          Attention donc à vos jugements à l’emporte piéce Pour le reste je suis totalement sur la meme ligne


          • paslyon (---.---.225.158) 29 janvier 2006 13:52

            j’aimerais connaître l’âge des personnes ayant posté des commentaires sur cet article

            Pour ma part, j’ai 23 ans. Et l’anpe, l’assedic, la débrouille, les petits boulots au black...je connais. J’ai pourtant bac +3 et comme la majorité de mes amis, je bataille pour trouver un emploi dans mon secteur. (Et encore g la chance de ne pas subir la discrimination , en deux mots je ne suis pas d’origine étrangère et je ne suis pas obèse..) Pour moi, a l’heure d’aujourd’hui tt est bon pour trouver un travail, même le CPE. Après, le problème est de savoir ce que l’on est prêt à sacrifier. Mais il faut assumer. Le monde du travail ne rime pas avec sécurité. Je connais une personne de 55 ans qui s’est retrouvée du jour au lendemain au chômage, d’autres qui ne supportent plus leur taff, certains qui ont attendu avec illusion un CDI...


            • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 29 janvier 2006 14:53

              Le CPE, au vue de la situation actuelle qui est la pire qui soit (stages non rémunérés, CDI à répétition , intérim et..) mérite d’être expérimenté ; je ne comprends du tout l’attitude des syndicats qui exigent de ne rien changer au code du travail actuel, alors que ce code favorise ceux qui ont un emploi stable aux dépebd des précaires.

              Les syndicats qui ne représentent que 3% des salariés du privé devraient au contraire accepter l’expérience quitte à demander au gouvernement plus de garanties d’accompagnement et de formation et à exiger une justification motivée au licenciement.

              De toute façon, à moins de deux ans des élections, le gouvernement a une obligation de résultat.

              Mondialisation et libéralisme


              • Christophe (---.---.58.18) 29 janvier 2006 18:50

                Première erreur, les syndicats n’ont jamais dit qu’ils étaient défavorables à une revue du code du travail ; il sont contre sa disparition ; cela me semble différent. Par ailleurs, sachez qu’il y a une foultitude de négociations chaque mois pour tenter, entre syndicats et organisations patronales, de trouver des solutions aux différents problèmes qui se posent.

                Pour les problèmes liés à la durée des périodes d’essai ; ils sont établis, pour les CDI, par les organisations syndicales et les organisations patronales depuis toujours. Un accord est justement une recherche de compromis pour lequel, même les organisations patronales sont favorables.

                Si vous ne comprenez pas les syndicats, c’est sans doute parce que vous ne les connaissez pas.


              • Neuromancer (---.---.25.218) 29 janvier 2006 15:09

                Le CPE, s’il favorise la création d’emploi, aura réussi son pari. Son hypothèse est libérale, puisqu’il suppose qu’un dérèglement du droit du travail va favoriser l’embauche. Laissons faire le marché, propose le gouvernement.

                Personnelement, je suis encore étudiant, mais une telle décision ne me dérange pas. Certes, je serai exposé au risque de me faire virer n’importe quand, pour presque n’importe quoi. Seulement, si j’ai un job grâce à ce risque, et bien je suis prêt à le prendre. On sait très bien que les entreprises ne sont pas des associations caritatives. Ce sont des structures de pouvoir, des cellules écomiques d’influence. Elles imposent de nombreux sacrifices.

                La contrepartie, bien sûr, c’est qu’il ne faut pas s’attendre à ce que les employés aient de l’égard pour leur boîte. On utilisera les mêmes armes qu’eux, ont les lâchera pour n’importe quoi, n’importe quand. On vendra nos services, et on trahira nos boîte ; nous n’aurons pas de scrupules.


                • Christophe (---.---.58.18) 29 janvier 2006 18:42

                  Faux. Si une entreprise peux vous « trahir », vous ne pourrez jamais le faire. En effet, puisque vous dites que la disparition du code du travail ne vous gène aucunement, vous aurez toutes les contraintes nécessaires sur votre contrat individuel de travail qui assurera à l’entreprise que vous ne puissiez la trahir. Vous acceptez les conditions ou bien, on trouvera un autre ; des hommes et des femmes qui cherchent ne manque pas. Vous avez une vision très « naïve » des relations du travail ; mais on ne peut vous en vouloir.

                  Par ailleurs, même si le code du travail est considéré comme une entrave par certains employeurs, il n’empêche que c’est une législation qui a fait avancé la société. Le jour où l’on vous proposera, sur votre contrat individuel un salaire de référence qui fluctura en fonction de la fluctuation des cours boursiers par exemple, vous pourrez toujours vous rappeler de l’époque de Germinal ; puisque vous le revivrez à votre époque.

                  Je ne dis pas que le code du travail doit rester tel qu’il est si problème il y a, mais si vous souhaitez que le monde d’entreprise devienne la loi du plus fort (plus riche) et que vous pensez pouvoir tirer votre épingle du jeu, c’est plus que de l’utopie !


                • Christophe G. (---.---.52.133) 29 janvier 2006 18:23

                  40 ans, un travail cadre stable bien rémunéré dans une grande entreprise privée, je suis fondamentalement de gauche. Pourtant, flexibiliser bien davantage le travail dans le secteur privé pour augmenter l’emploi me semble la bonne piste, parce que la logique économique est implacable : une entreprise qui n’a pas besoin d’un salarié ne le gardera pas. Le CPE n’est pas je crois la bonne manière, car il fragilise une catégorie de salariés par rapport à une autre. Ma proposition : supprimer tous les contrats particuliers et maintenir un seul type de contrat de droit privé, le CDI, mais laisser l’employeur complètement libre d’embaucher et débaucher en fonction de ses besoins économiques (avec préavis bien sûr). En contrepartie pour le salarié :

                  => une rémunération bien supérieure, de façon à pouvoir supporter un « trou passager » en cas de perte d’emploi, qui sera plus fréquente nécessairement.

                  => une égalité des droits des salariés au regard de la société : les banques, ou propriétaires louant des logements doivent fondamentalement changer de comportement, et l’accès aux prêts ou à la location ne doit pas être conditionné à la détention d’un emploi stable à long terme, mais au pouvoir d’achat réel.


                  • Christophe (---.---.58.18) 29 janvier 2006 19:00

                    Il ne faut pas oublier de poser l’hypothèse que l’économie est partout.

                    Donc, flexibilité, OK, mais hausse des salaires, hors de question et demander une prise de risque économique aux banques qui sont, avec les assurances, de grands actionnaires me parait utopique.

                    Je suis moi aussi cadre dans une entreprise privée ; et la flexibilité, nous la constatons chaque jour. Le chômage et la galère de recherche d’emploi, nous l’avons aussi connu ; ce n’est pas nouveau. Il fallait compter environ 5-6 ans avant de pouvoir penser à se stabiliser dans le monde du travail afin de pouvoir stabiliser sa vie ; car il y a corrélation directe.

                    Donner toute liberrté dans des grands groupes comme le mien, c’est accepté d’aller travailler en Chine (clause de mobilité dans le contrat individuel) ou ailleurs avec les droits sociaux chinois ou d’ailleurs, sinon vous dégagez ! Lorsque l’on parle de stabilité, c’est quand même relatif, même aujourd’hui !


                  • Adamantane-Freemen69 Adamantane 31 janvier 2006 22:48

                    Merci à vous tous, commentateurs, pour m’avoir par vos questions et échanges, même si parfois vous n’avez pas mâché vos mots, renvoyé une image de mon « billet d’humeur » qui en élargit bien les contours.

                    Pour reformuler les questions qui sous-tendent vos réflexions , je retiens :

                    - pourquoi ne pas essayer cette formule, au lieu de la dénoncer au nom d’a-priori idéologiques ou conceptuels ?

                    - faut-il que l’État intervienne à ce point dans le détail de la relation employeur/salarié ?

                    - la réalité n’est-il pas pire encore que l’idée que nous nous faisons de cette disposition une fois mise en oeuvre ?

                    Je note au passage la remarque d’un visiteur Californien qui relève notre prédisposition à habiller de sigles abscons nos créations culturelles ou législatives et nous enjoint de penser aux lecteurs qui ne baignent pas dans ces eaux à temps plein. Son apport comparatif sur des pratiques différentes, que je résume un peu sommairement en « faire d’abord régulièrement, négocier ensuite si besoin » a aussi de quoi faire réfléchir.

                    Pour baliser le contexte dans lequel je me suis laissé aller à pleurer sur le non-sens d’une période d’essai de deux ans, et m’interroger ainsi sur la pertinence du CPE, je précise que :

                    - à plusieurs reprises, j’ai expérimenté la coopération avec des institutions syndicales : une union locale CFDT de banlieue quand j’étais secrétaire d’une section PSU, la CFE-CGC à laquelle j’ai adhéré pendant plusieurs années étant membre du comité de direction d’une entreprise de transport, et pendant mes études supérieures l’UGE où j’avais fait inscrire l’association des élèves que je présidais ;

                    - de 1966 à 1992, il a été dans mes responsabilités de recruter des cadres à profil rare, d’abord ingénieurs, puis de toutes formations, dans des entreprises où une erreur pouvait coûter cher, et où la période d’essai n’était donc pas une formalité ;

                    - il m’a été donné (enfin, j’ai obtenu...) de partager certaines préoccupations de syndicats patronaux, par exemple le mouvement Éthic, ou encore feu-le CNPF à travers ses clubs Progrès du Management ;

                    - j’ai connu personnellement deux périodes de précarité professionnelle : d’abord quelques mois de chômage après avoir été démissioné, au motif de mes activités politiques locales, d’un poste au sein d’une filiale d’une entreprise nationale, puis une année comme consultant vacataire rémunéré à la journée, dans l’antichambre d’un cabinet international qui finit par me titulariser et me coopter comme associé ;

                    - et enfin l’activité de la petite entreprise dont je fus créateur et gérant eut à absorber entre autres chocs les conséquences de la décision prise de dénoncer sans préavis tous contrats de consultance par le patron d’une Société Nationale, patron venu d’ailleurs et dont le passage fût éphémère, puis celle annoncée un beau matin d’automne par mes interlocuteurs au sein d’un conglomérat de la métallurgie de réduire unilatéralement de 10% le montant des prestations pour ...réduire leurs coûts.

                    Je poste vers AgoraVox un second papier, qui élargit le débat, et dont le texte est en ce moment disponible sur mon blogue à l’adresse :

                    http://adamantane.over-blog.com/article-1737230.html

                    Bien cordialement.


                    • andre (---.---.38.140) 7 février 2006 11:15

                      si une femme est enceinte, elle peut se faire virer parce qu’il va falloir la mettre en congé maternité.


                      • antoine (---.---.149.193) 8 février 2006 12:37

                        j’aimerai juste comprendre un truc : à quoi sert le CPE ? 2 ans d’essai, la boite voudrat que la personne soit productive en moins d’une semaine si c’est un emploi peu qualifié (principalement la chaine) et un mois ou peut être deux si on parle de travail requiérent des aptitudes particulières (et encore je suis large), donc ils vont vite le savoir si la personne fait l’affaire. si on avait dit la vérité le CPE permet à une société de fonctionner en flux tendu en fonction de la demande, au lieu de mentir en expliquant que c’est pour les jeunes bah oui c’est eux qui n’ont que peu d’expérience, donc qui sont le plus souvent sur les postes dépendant du niveau d’activité d’une entreprise (la prod.). de toute façons pour les autres postes on utilise des prestataires car une expérience en étude est neccéssaire (de même pour les essais , les méthodes et si on prend quelqu’un pour le former on le garde car c’est très long donc le CPE pour ce genre de poste n’a pas lieu d’être). ha j’oubliai, on pourrait utiliser des intérimaires mais il faut croire que le CPE va côuter moins


                        • Ludovic Charpentier (---.---.68.100) 8 février 2006 13:10

                          Déjà, je suis content de voir un cadre en entreprises critiquer le CPE. Ca change un peu des journalistes et des politiques, souvent à côté de la plaque (à l’image de cette andouille de Coppé).

                          J’ai 28 ans, j’ai un doctorat, et actuellement je suis en contrat à durée ’aléatoire’ pour une entreprise, en attente de trouver un poste CNRS/CEA/Universitaire, ou éventuellement de me faire recruter par cette entreprise. Autant dire que la situation du jeune en ’contrat aléatoire’, guidé par la carotte du CDI, je la connais, je la vis actuellement. Et ce n’est pas une solution. J’ai étudié 8 ans après le bac, mais il faudrait que je passe plusieurs années d’essais (au risque de me trouver au chômage - j’ai même connu le RMI, comme plusieurs jeunes docteurs) pour que je ’fasse mes preuves’ en entreprise. Ca veut dire quoi, faire ses preuves ? Travailler 10 heures par jour ? Opiner à un chef qui se contente de vous dire de continuer sans vous rassurer pleinement sur votre avenir ???? Je ne me suis jamais plaint, pensant que de toute façon, je pourrais toujours espérer me rabattre en entreprise privée. Mais maintenant, avec le CPE, j’ai un handicap de plus. J’ai 28 ans, j’ai beau avoir des diplômes, vais-je avoir autant de chances qu’un jeune de moins de 26 ans qui peut être embauché à risque réduit en CPE ??? Ou doit je m’orienter sur un CNE dans une petite entreprise de moins de 20 salariés où on va me dire : ’OK, vous avez des diplomes, mais il nous faut 2 ans d’évaluation pour savoir ce que vous valez...’.

                          Sincèrement, le CNE/CPE n’améliore pas ma situation. Il l’empire. Et c’est pour cela que j’ai fait partie des manifestants anti-CNE, pas au nom d’une bobologie ou d’un syndicalisme particulier.


                          • jerikojerk (---.---.43.86) 8 février 2006 20:34

                            hum je ne savais pas pour la graine de syndicaliste. Je mettrais de l’eau dessus pour avoir une belle start-up.

                            — > Moi j’accepterai un CPE parce que je n’aurrai pas le choix. Mais je préférerai qu’on fasse tout pour faire disparaitre les entreprises qui abusent des stagiaires. Comme ça les mêmes personnes aurai un job au lieu d’enchercher. ça serai plus cher et la boite coulerai mais bon...

                            — > Moi je préfèrerai un CDI à la place d’un CPE, mais je ne serai pas en position de force pour negocier ce genre de chose. surtout avant de moins de 27 ans.

                            — > moi je mettrai ma start up ci dessus mentionné quand j’aurrai fait suffisement d’experience et j’irai l’enterrer dans un pays communiste, ou l’ouvrier est à la base du systeme, syndicaliste que je suis. Ensuite je ferai de la concurence avec les jeunes francais qui se tue au travail mais je m’en fiche. Y avait qu’a choisir MEDEF à la place de FO.


                            • www.jean-brice.fr (---.---.143.181) 19 février 2006 12:43

                              La politique de M. VILLEPIN a quelques analogies avec celle de M. LAVAL en 1935 : elle finira d’ailleurs comme celle de son prédécesseur, car M. VILLEPIN prend le problème à l’envers. Le fait d’mposer le modèle anglo-saxon prouve le manque d’IMAGINATION de nos dirigeants...


                              • chris (---.---.4.24) 10 mars 2006 21:39

                                Il y a trop de contrats. Ce n’est pas cela qui va faire diminuer le chomage. Il faut supprimer le smic. Diminuer les charges sur le travail et les ajouter aux importations. Pourquoi quand on travail on payer 100% de taxe alors qu’un produit importé n’en a pas ? Les 100 % de charges c’est peut être plus il doit avoir des gens qui font la paye ici. Et les machines qui prennent la place des employés ils ne sont pas taxés non plus. Il faut un seul contrat de travail avec une période d’essaie raisonnable. Au fait une question est ce que l’employé pourra partir sans pénalité durant cette période d’essai ?


                                • (---.---.26.134) 10 mars 2006 21:45

                                  le cpe va tuer villepin au élection avec ses amis,bonjour la gauche toi qui fait du sociale


                                  • Raz Le Bol (---.---.178.150) 12 avril 2006 16:29

                                    Bonjour à nouveau Monsieur Adamentane,(Je passe en ce moment tous vos articles en revue, Rires)

                                    Je crois qu’il faut informer nos commentateurs, sauf erreur de ma part, que la notion de période d’essais n’existe que dans le code du travail français. Il existe par ailleurs une bonne vingtaine de types de contrat de travail dans notre pays, n’est ce pas.

                                    J’ai comme vous, plus de vingt ans de carrière en tant que cadre dans le secteur informatique. En fait, même si vous êtes en CDI, vous êtes en permanence en période d’essai !

                                    Indéterminé ne veut pas dire « perpétuel » mais seulement que la durée n’est pas fixée ! Il suffit d’une faute professionnelle, d’un passage à vide, d’une contre performance et vous êtes remercié ou remplacé ou « Cépéisé » n’est ce pas ?

                                    Ce qu’il faut dire est que le code du travail français est tel que, une fois la rupture du travail faite, nous nous retrouvons dans la même situation qu’un jeune qui arrive sur le marché de l’emploi, à moins que nous ne prenions le taureau par les cornes en créant notre entreprise.

                                    Un jeune dynamique le ferait aussi ! Je crois. Sinon, nous sommes tous dans la même galère pour retrouver un emploi, et il faudrait tater les CPE, CNE, Contrat Senior...

                                    Je suis convaicu de ceci :

                                    Un bon entrepreneur trouvera toujours des bons collaborateurs. Un collaborateur trouvera toujours un bon entrepereneur s’il a la volonté de le faire.

                                    Par contre, pour résoudre les problèmes, il faut un autre état d’esprit, l’acceptation de se remettre en cause, la possibilité de soutien, de prise en charge par la formation, en un mot, il faut ramer dans le même sens ! Sinon, quand un âne ne veut pas boire, on ne peut pas l’obliger à boire, n’est ce pas ?

                                    Un entrepreneur qui ne respecte pas le droit du travail sera montré du doigt et finira par fermer la porte si la majorité de ses collègues jouent le jeu ! ou alors il n’y a que des entrepreneurs truands dans notre pays ! Ce serait très grave , n’est ce pas ? Remarque similaire pour un collaborateur qui n’a pas la volonté de coopérer.

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