J’ai une poutre dans l’œil
Critiques de la Ve République.
Aucun gouvernement de la Ve République n’a suscité autant de critiques, pour rester courtois, bien que certains n’hésitent pas à être très directs. Je ne dirais pas que ces critiques sont injustifiées, car nous avons l’impression de vivre dans une comédie burlesque. J’ai écrit quelques mots à ce sujet, mais je ne pense pas qu’il soit utile d’y revenir plus longuement. Cela dit, j’ai apprécié l’article de Nabun, intitulé « Eh bien dansez maintenant… ».
La Presse Politique et les Gouvernements.
La presse politique ne manque pas de critiques, aussi bien sur la forme que sur le fond. La situation s’y prête, et à moins de chercher une alliance avec le RN, nous risquons d’assister à une valse des gouvernements d’ici juillet 2025, comme l’écrit Nabun. À moins, bien sûr, que Macron décide de partir, ce qui amènerait son successeur à dissoudre le Parlement. Mais ce n’est pas là mon propos.
Critique de la Politique Actuelle.
Si je participe à la critique d’une politique que je ne partage pas en étant socialisant, je m’en prends au président et à ses gouvernements, non pas en tant que personnes, mais en tant qu’agents d’application d’une politique pour laquelle les citoyens se sont prononcés au second tour des élections présidentielles. Même si cette élection s’inscrivait dans une logique du « moindre mal ». Ils ont ainsi pris leurs responsabilités pour cinq ans, et, sauf circonstances exceptionnelles, il n’y a aucune raison que le président démissionne.
Détournement des Élections.
Les élections européennes, comme c’est souvent le cas des élections municipales, cantonales et autres, ont été détournées de leur objectif initial. La politique nationale y est souvent introduite, et les appels à la démission, suite à la victoire de l’opposition dans des élections locales, ont toujours fleuri. C’est un jeu politique de mauvaise qualité, source d’instabilité, comme l’idée de Mélenchon de vouloir destituer un président qui ne respecterait pas ses engagements programmatiques. Ce n’est plus des hommes politiques qu’il nous faut, mais des devins, comme Nostradamus ou Baba Vanga.
Réalités Géopolitiques et Ajustements Politiques.
Cela me donne l’impression d’être dans une cour de récréation, mais ce qui est dit est dit. Je suis conscient que ce que j’écris peut être désagréable. Mais qui peut aujourd’hui garantir que, sur une période de cinq ans, la situation géopolitique restera la même que celle qui a permis d’élaborer un projet politique ? Tout projet politique doit pouvoir être ajusté en fonction des réalités existentielles. Cela ne signifie pas renoncer, mais ne pas dégrader une réalisation réformatrice par dogmatisme.
Influence des Médias et Abandon de la Citoyenneté.
En précisant cela, je parle bien sûr des acteurs sociaux et économiques qui, en grande majorité, abandonnent leur citoyenneté sous l’influence et la manipulation des médias, qui façonnent leurs opinions. J’enfonce une porte ouverte. Tout le monde se rend compte que nous sommes dans des combats de communicants. Cela me rappelle qu’en 1990, j’avais proposé à mon secrétaire général de créer une télévision, car le combat se jouait dans les médias, pas dans les tracts. L’avenir m’a donné raison : les organisations syndicales sont désormais quasi inexistantes pour établir un rapport de force, faute d’adhérents, qui ont subi le matraquage médiatique. Qu’un salarié ose maintenant dire qu’il n’a rien à devoir aux syndicats !
La Stigmatisation des Politiques.
Dans ce jeu politique, il est facile de s’en prendre à ceux qui se sont mis en avant pour briguer des responsabilités politiques. Ces dernières années, orchestrées par le FN et maintenant le RN, ont véhiculé l’idée qu’il n’y avait que des « pourris ». Cette idée s’est imposée sur des cas particuliers, généralisés par ceux qui avaient des raisons légitimes de ressentir de la rancœur et ont utilisé la politique comme exutoire, en rendant responsables les hommes politiques de toutes leurs déceptions personnelles, qu’elles soient dues à la peur, à la faiblesse ou à toute autre cause.
La Thématique Sécuritaire.
Il est indéniable que la thématique sécuritaire a servi de liant psychologique pour maintenir la population dans la crainte, amplifiée par les médias, qui entretiennent une vision constante de l’augmentation de la violence. Depuis quarante ans, on entend dire que cette violence augmente, et pourtant, si c’était vrai, tous les citoyens devraient être en prison.
La Curée Médiatique.
Je ne me laisse pas prendre à la curée médiatique, que ce soit pour Sarkozy, Marine Le Pen, ou tant d’autres. Les saints, ça n’existe pas. Paul, dans la Bible, en est un exemple. Chaque jour, nous sommes confrontés à des drames rapportés par les informations, mais ils ne nous coupent pas l’appétit ; ils s’inscrustent dans notre conscience et produisent un effet multiplicateur, qui satisfait nos amitiés ou inimitiés politiques.
La Fatigue de la Critique Médiatique
J’avoue que cette information médiatique qui fustige les hommes politiques me fatigue. Non pas qu’elle ne soit pas utile, car ces personnes publiques s’engagent, mais elle est fausse, car elle ne rend responsables qu’eux de nos problèmes, comme si les citoyens n’étaient en rien responsables. Or ce sont nous, les citoyens, qui sommes responsables de la situation actuelle, puisque nous l’avons choisie à travers nos votes successifs. Ce n’est pas parce que les élus et les partis s’engagent à apporter des solutions que nous devons leur attribuer l’entière responsabilité. Cette vision que nous cultivons est erronée, car elle corrompt les analyses et nous fait oublier notre rôle de citoyens dans la vie sociopolitique.
La Responsabilité Citoyenne.
Quand seulement 7 à 9 % des citoyens s’intéressent au syndicalisme, ils se privent de moyens pour lutter contre les inégalités sociales, et pourtant ils demandent à ceux qui créent ces inégalités d’y remédier. La participation citoyenne ne se limite pas à « je vote, puis je pars en vacances politiques jusqu’à la prochaine élection ». Tout ce que nous vivons depuis 1984 est le résultat du vote des citoyens. Je ne vois pas pourquoi je les exonérerais de leurs responsabilités d’électeurs en accusant uniquement les élus. Si j’ai fait une parenthèse sur la sécurité, c’est parce que l’on invite les citoyens à se protéger de tout, et si un risque survient, de chercher un responsable à indemniser. C’est pour cela que les chirurgiens font signer des décharges, que des maires démissionnent, etc., et que les hommes politiques sont systématiquement ciblés.
Heureusement qu’il y a des citoyens pour assumer des responsabilités politiques.
Abandon de la Citoyenneté et Montée du Fascisme.
Heureusement qu’il y a des citoyens pour assumer des responsabilités politiques, surtout en cette période d’abandon de la citoyenneté par une majorité d’entre eux, qui dure depuis des années et a laissé place au fascisme. La déception, qui a suivi la chute de l’URSS pour la gauche, a laissé un vide que le PS n’a pas su combler en passant à la social-démocratie, abandonnant ainsi la lutte contre l’exploitation de l’homme par l’homme, représentée par le libéralisme capitalistique. Cela a conduit à la situation actuelle, où les citoyens veulent que l’on tienne compte de leurs opinions, mais ne vont pas dans les lieux où elles peuvent se formuler : syndicats, partis, ou autres associations d’intérêts citoyens. Ils se contentent de commenter les statistiques de l’opinion publique, réalisées par les sondeurs et diffusées par les médias.
L'Adhésion Syndicale et l'Échec des Gilets Jaunes.
L’adhésion syndicale est désormais perçue comme une simple carte d’assurance salariale, et la ferveur s’est éteinte. L’échec des gilets jaunes en est une démonstration. Seuls, sans structure, certains partis ont apporté un soutien, mais l’on finit par n’aboutir à rien. Les leaders ont disparu, rentrés dans l’ombre. Si les syndicats survivent, c’est par la volonté politique d’avoir des interlocuteurs représentatifs historiques.
Les Fonctions Électives : Carrière ou Conviction.
Alors, on peut rire du gouvernement Bayrou, même si on devrait en pleurer, mais il y a deux façons d’assumer des fonctions électives. Il y a ceux qui y trouvent une carrière à poursuivre et qui adoptent une vision carriériste, et ceux qui s’y engagent par conviction. Ces derniers n’en retirent pas moins une satisfaction personnelle, car sans elle, ils ne pourraient se dévouer à leur conviction. Mère Teresa, bien que sainte, devait retirer une satisfaction personnelle de ses actions, car ce n’est pas un choix conscient mais une nécessité inhérente à l’être humain.
Jugement des Hommes Politiques.
Ne côtoyant plus d’hommes politiques en exercice, je ne porte aucun jugement sur leurs personnes, tant il est difficile de juger sans connaître la place de chacun dans ce processus, notamment celle du conjoint, s’il y en a un.
Attachement à la Démocratie et Perception de la Classe Politique.
Bien qu’une large majorité des Français reste attachée à la démocratie, cet attachement est mis à l’épreuve par la perception d’une classe politique déconnectée des préoccupations des citoyens. Pourtant, il s’agit là d’une assertion dénuée de fondement de la part de citoyens dépourvus de réactivité politique. Nous n’élisons pas des représentants pour qu’ils connaissent le prix du pain. La majorité des citoyens ne s’engagent ni dans les partis politiques ni dans les syndicats, acteurs essentiels de la vie sociopolitique. La démocratie, ce n’est pas simplement donner son opinion à travers des sondages, c’est aller débattre dans les partis, les syndicats ou toute autre association d’intérêts citoyens.
Développement de l'Individualisme et Boucs Émissaires.
La politique du développement de l’individualisme a fait son chemin, et faute de sentiment d’appartenance à une classe sociale, les citoyens se sont tournés vers leur famille. Ils ont demandé à l’État et aux entreprises de s’occuper d’eux, espérant qu’elles inventent demain. Dans cette voie, la déception, l’amertume et la haine ont conduit certains à trouver des boucs émissaires, comme les immigrés ou les abus sociaux. Comme si ces derniers étaient responsables du déficit public accumulé depuis 1976, qui justifie les mesures d’austérité depuis les accords de Maastricht.
Nécessité d’amender les Accords.
Comment peut-on croire aujourd’hui qu’un accord puisse durer toute une vie sans être amendé pour faire face aux événements qu’il a lui-même engendrés, limitant ainsi les moyens d’action de la communauté citoyenne ? Le monde évolue rapidement, et déjà dans les années 70, des décisions politiques prenaient six mois avant que leurs applications ne soient dépassées par l’évolution rapide de la réalité. Face à ces difficultés, des partis comme le RN se réfugient dans un nationalisme mortifère, là où il faudrait réformer nos institutions et libérer la monnaie au minimum.
Fin Inévitable des Programmes Politiques.
Rien ne dure éternellement. Tout programme, élaboré à partir de données passées et de prévisions estimées, connaît une fin inévitable. S’y accrocher par dogmatisme, c’est creuser son propre tombeau. Nous ne sommes pas à la hauteur des espérances qui découlent de nos connaissances et savoirs. Si la liberté a existé, elle n’a certainement pas eu lieu parmi les humains. C’est une notion qui est devenue un handicap à la réflexion. Aucune espèce vivante n’a de responsabilité sur son existence. Chacun répond aux sollicitations de son environnement géohistorique, auquel il participe comme acteur, agissant selon ce que son psychisme, sous le contrôle de l’inné, lui indique comme profitable.
Désigner un responsable.
La Liberté et la Responsabilité.
Désigner un responsable, c’est se priver de notre capacité à analyser l’environnement et de comprendre les choix imposés par celui-ci. La liberté et la responsabilité sont des reliques du vieux monde qui est en train de disparaître et qui risque de tous nous entraîner par ses armes de destruction massive. Nous n’avons pas su émanciper les populations, qui se sont engagées dans une régression intellectuelle. Trump en a fait une démonstration éclatante en se faisant élire.
Débats Injurieux et Régression Intellectuelle.
Comment peut-on se satisfaire de débats injurieux, comme ceux que l’on retrouve sur le Net, notamment parmi les militants du RN ? Des émissions comme Droit de réponse, Arrêt sur image et Ce soir ou jamais ont disparu du petit écran, symbolisant une régression de la pensée intellectuelle sans censure.
Importance des Partis Politiques.
Ceux qui entretiennent l’idée que les partis sont désuets se trompent. Ce sont des creusets où des hommes partageant les mêmes convictions les soumettent au vote, formant ainsi des candidats pour les responsabilités politiques. Le droit de chaque citoyen d’être un candidat éligible n’est pas une garantie de démocratie, mais le parti politique, lui, se structure pour participer au quotidien à la vie politique, ce que ne peut pas faire un citoyen indépendant. Il ne pourrait pas assumer toutes les réunions où se débattent et où se déroulent les prises de décision, et il y en a des milliers chaque jour.
La Maîtrise de l'Ubiquité.
Pour envisager cela de la part d’un citoyen, il lui faudrait attendre que nous maîtrisions l’ubiquité. En attendant, il vaut mieux s’occuper de la poutre qui nous éborgne.
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