Le 19 septembre Michel Tarrier faisait paraître un texte intitulé : « …La Nature ne fait pas de cadeau ! ». Cela m’a inspiré le texte suivant que je vous livre aujourd’hui.
L’expression « Loi de la jungle » est un concept très occidentalo-centré et qui provient d’une vision anthropocentrique de la Nature, vision qui est propre non pas à l’homo-sapiens mais à ce que j’appellerais « l’homo-sapiens occidentalis ». Cette variété d’homo-sapiens qui, il y a très longtemps, a abandonné progressivement un mode de vie en harmonie avec son milieu environnemental, au sein duquel il se vivait comme étant un élément de la Nature, avec tous les autres éléments composant celle-ci…
A partir de là, la Nature n’était plus la « mère nourricière » mais l’ennemi qu’il fallait combattre, dominer, maitriser, aménager… La Nature devenant un objet extérieur : Il y avait l’homme dominant d’un coté, la nature, à son service, de l’autre. L’homme s’autoproclamant le propriétaire de celle-ci et la considèrant entièrement à sa disposition, il en est le maître, il détermine ce qui est « bon » et ce qui est « mauvais », ce qui est « utile » et ce qui est « nuisible » pour son seul profit… Je veux signaler que cette évolution vers l’anthropocentrisme a entraîné, et certainement par les mêmes causes, l’apparition du patriarcat et de la misogynie. Cette volonté de domination et de puissance s’est faite au détriment de la femme, mais aussi au détriment des autres cultures et civilisations. Je ne peux développer cela dans le cadre de cet article il faudrait écrire plusieurs textes pour montrer ce phénomène du développement conjoint de l’anthropocentrisme, du patriarcat et de l’occidentalo- centrisme.
La Nature étant devenue l’ennemi, pour justifier la guerre qu’on lui fait il faut la diaboliser : la nature est « sauvage », violente, brutale, elle ne fait pas de cadeaux, elle exige que l’on s’en défende sans pitié, car elle est un danger permanent, elle fait peur !!! En son sein régnerait « la loi de la jungle » c'est-à-dire la loi du plus fort… Contrairement aux sociétés humaines qui seraient, elles, très policées et où règnerais la justice et la paix !!!
En regardant la Nature comme un bloc monolithique et comme si elle était une entité pensante et consciente, l’homme occidental ne peut qu’avoir une vision fausse de celle-ci, une vision anthropomorphique projetant sur celle-ci sa propre construction imaginaire du monde.
Mais qu’est-ce que la nature ? C’est un ensemble d’entités, de phénomènes très différents mais tous reliés et dépendants les uns des autres… Il y a l’extrême complexité du monde vivant : les végétaux, les animaux et du monde non vivant : les montagnes et les plaines, les océans, les fleuves et l’humble ruisseau, les déserts et les sols riches en humus… Mais cela ne s’arrête pas là : il y a les planètes, les étoiles, les galaxies et le vaste univers. Le monde est si complexe qu’il est difficile de prononcer un jugement simpliste à son encontre !
Ces composantes de la Nature fonctionnent chacune avec leurs lois propres, cas particuliers des lois régissant l’ensemble du monde.
J’ai dit que tous les composants de la Nature étaient reliés et en dépendance ce qui signifie qu’il y a des lois qui régissent ces liens et auxquelles nous sommes tous soumis, l’humain également, même si ça le dérange dans sont orgueil de se vouloir au dessus de tout ! Ces lois on peut les appeler « ‘lois de la Nature » si l’on veut. Citons en deux toutes simples et évidentes : la loi de la pesanteur, l’obligation de se nourrir pour les êtres vivants… Si un loup dévore l’agneau, ou si un humain dévore une cuisse de poulet, il n’y a rien d’immoral, de violent ou cruel c’est seulement la loi naturelle qui opère. Il est idiot d’y projeté notre obsession moralisante…
Il est intéressant de se pencher sur le point de vue bouddhiste. Les trois religions monothéistes sont très anthropocentristes : voir par exemple le Livre de la « Genèse » dans la Bible qui place l’homme au dessus de tout et au centre de tout : il est le maître de la nature que Dieu met à sa disposition (Genèse 1/28). Cette vision a très fortement influencé la pensée occidentale. Dans le Bouddhisme on n’a pas cette vision anthropocentrique, l’homme n’est qu’un élément du cosmos même s’il est un élément très important (voir les « six destinées dans l’existence » selon cette doctrine). Pour le Bouddhisme tout l’univers, dont le monde vivant, est régi par deux grandes lois fondamentales.
1] L’impermanence désigne le caractère transitoire et périssable de tout phénomène. Tout phénomène qui apparaît est destiné à disparaître, tout ce qui né est destiné à mourir, il porte en lui les causes de sa disparition. Tout ce qui existe dans l’univers, au niveau physique, biologique, psychologique, spirituel est ainsi impermanent. La nature même de l’existence et de la Vie est ce flux d’apparitions et disparitions, naissances et morts. Cela rejoint le premier principe de la thermodynamique : « Rien ne se perd, rien ne se crée tout se transforme ». L’impermanence concerne tous les phénomènes qui composent l’univers, y compris ceux qui nous paraissent faussement stable à l’échelle du temps humain. Malheureusement « l’homo sapiens occidentalis » refuse l’impermanence il se voudrait immortel et voudrais que tout soit stable et éternel, du moins ce qu’il aime ou désire, ce qui cause au font de lui une profonde insatisfaction qui peut expliquer en partie sont comportement envers la Nature.
2] L’interdépendance : c’est l’ensemble des mécanismes d’interaction mutuelle qui régissent l’apparition des phénomènes. Non seulement tout est impermanent et en incessantes transformations, mais tout les éléments qui composent l’univers, y compris les êtres vivants, n’existent pas par eux même mais par relations réciproques d’interdépendances. C’est à dire par un ensemble de causes et d’effets qui dépendent de conditions : « Ceci étant, cela vient àexister », disait le Bouddha. Ce qui veut dire que les phénomènes sont des effets issus de causes et de conditions spécifiques elles-mêmes impermanentes et les effets devenant à leur tour des causes…Par exemple la plante qui naît de la graine et développe pousse, tige, feuilles, le bouton, la fleur, le fruit ; si les conditions de terre, eau, chaleur, air, espace et temps sont réunies. Autre exemple : celui qui écrit ces lignes n’existerait pas si deux gamètes ne s’étaient pas rencontrés un certain jour, s’il n’y avait pas l’air qu’il respire, le soleil qui le chauffe, la terre et son humus qui produit les aliments, les paysans qui les cultivent, etc., etc. Donc nous existons en fonction de causes et de conditions, rien n’existe sans causes… Tout phénomène, tout être vivant n’existe qu’en relation avec tous les autres phénomènes. Nous ne pouvons être sans les « Autres ». Pour le Bouddhisme les « Autres » ce sont tous les êtres vivants, et aussi toute chose… Chaque élément, forcément éphémère, est indispensable au maintient de tout le reste car relié et dépendant, de l’humble bactérie à la plus lointaine galaxie.
Finalement on voit que par ces deux lois de l’impermanence et de l’interdépendance le Bouddhisme rejoint l’écologie qui est la science qui étudie les interactions entre les différents éléments qui composent la Nature, et ne sont pas en contradiction !
Le monde vivant n’est donc pas soumis à la « loi de la jungle » mais à des lois bien précises comme manger lorsque l’on à faim, ou comme la pomme qui tombe à terre lorsqu’elle est arrivée à maturité, soumis à la loi de la pesanteur…
Mais, paradoxalement, s’il existe une « loi de la jungle » c’est bien dans ce monde dominé par « l’homo sapiens occidentalis »où prévalent ces contre-valeurs que sont : la puissance, le pouvoir, la démesure, l’arrogance, la compétition, l’individualisme, la richesse…
Au sein du monde animal l’espèce animale humaine est la seule où ses membres s’entretuent allègrement (Assassinats, guerres, génocides !...), alors qu’au sein des autres espèces cela est extrêmement rare… Les occidentaux ont conquit la terre entière et imposé leur civilisation avec arrogance et violence en détruisant les autres cultures et civilisations, exterminant les peuples qui ne voulaient pas se soumettre. L’histoire de ce monde n’est faite que de génocides, de guerres, de massacres avec les viols et les tortures qui vont avec, d’oppression de minorités qui s’enrichissent au dépend de la majorité, de destruction de l’environnement, les forêts rasées, les fleuves et les océans pollués, l’air empoisonné, les espèces qui disparaissent, etc., etc. L’homme occidentalisé est le seul être vivant qui détruit son biotope, le seul qui prend plaisir à tuer (la chasse), à torturer (la corrida). J’arrête là, mais il y aurait tellement à dire encore...
Voici quelques citations montrant que certains peuples avaient d’autres relations à la Nature.
« Les communautés indigènes ont un rapport étroit avec la nature qui les entoure. Selon leur vision de l’univers, tous les êtres vivants, le cosmos, les plantes, l’eau, les animaux sont intimement liés et forment un tout indissociable. Chaque être vivant n’existe qu’à travers le maintient de cette relation (…) Les peuples amérindiens d’Amazonie expriment la compréhension de cette relation avec la nature à travers leurs peintures corporelles, leur rituels et leur vie quotidienne qui consiste à puiser sans épuiser… (Catherine BOURGEOIS pour « Terre Sacrée »).
« Le destin des Peaux Rouges est tragique au sens propre du terme : est tragique une situation sans issue qui résulte non pas d’une cause fortuite, mais du heurt fatal de deux principes. On pourrait définir ce drame immense comme la lutte non seulement entre une civilisation marchande et matérialiste, mais aussi entre la civilisation citadine – impliquant une idée « d’artifice » et de « servilité » - et le règne de la nature, considérée, elle, comme le vêtement majestueux, pur, illimité de l’esprit divin. Or la nature, dont l’Indien se sent comme l’incarnation et qui est en même temps son sanctuaire, finira par vaincre ce monde artificiel et sacrilège, car elle est le Vêtement, le Souffle, la Main du « Grand Mystère ». (Joseph Epes Brown)
« Nous ne considérions pas les grandes plaines ouvertes, les superbes collines ondulées et les méandres des fleuves comme « sauvages » C’est pour l’homme blanc seulement que la nature est une « jungle » et la terre infestée de « sauvages », hommes et animaux. Pour nous la terre était généreuse, et nous étions entourés par les bienfaits du « Grand Mystère ». (Standing BEAR, chef Sioux Oglala)
« Qu’est-ce que la vie ? C’est l’éclat d’une luciole dans la nuit. C’est le souffle d’un bison en hiver. C’est la petite ombre qui court dans l’herbe et se perd au coucher du soleil ».
CROWFOOT (Chef des indiens Blackfeet).
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Mais l’expression « loi de la jungle » n’est qu’une image à ne pas prendre au premier degré, pas plus que cette autre : « L’homme est un loup pour l’homme ».
On sait bien que les loups ne se mangent pas entre eux : l’homme est bien pire qu’un loup pour l’homme, et la loi des marchés est incomparablement plus cruelle que les lois de la nature.
les hommes s’entretuent, même quand il y a abondance !
Une loi à retenir :
- en période de grand danger, c’est sauve qui peut. - en période de vaches maigres, la solidarité est de règle, sauf pour les salauds, évidemment. - en période d’abondance, c’est chacun pour soi.
Soit ! Cependant l’explication est très simple selon moi. C’est facile de dire « la nature ceci cela » ... mais imagines toi vivre dans la nature, sans rien. Juste ta peau sur les os ... Tu va voir si la nature est si amicale ! Dans les iles ou il fait beau oui. Mais partout ailleurs, l’homme n’est pas adapté (il s’est aventuré trop loin de son petit cocon d’origine) ... et donc inversement la nature ne lui est pas amicale. Pour survivre, l’homo sapiens doit faire des efforts collosaux, beaucoup plus que n’importe quel autre animal.
On a peut-être tendance a l’oublier aujourd’hui derrière un ordinateur. Va passer un mois en forêt sans rien, et on en reparle.
Il est certain que relâcher une poule dans la nature, c’est la condamner à une mort certaine. la faute à la nature, où à la poule, animal domestiqué incapable de s’adapter à un univers qui lui sera devenu hostile. Le chat lui, arrivera mieux à s’en sortir. On le sait, les chats, on ne les possède jamais tout à fait. D’ailleurs on n’est jamais parvenu à faire des chats policiers. La question est donc de savoir si l’homme tient plus de la poule que du chat ? A voir la politique du logement des grands ensembles, la réponse est de suite trouvée.
Levi-Stauss,dans « tristes tropiques », ce chef d’oeuvre écrit
dans les années trente, nous a montré que les sociétés tribales, en
Amérique du sud, étaient bien loin d’être de bons sauvages, incultes,
qu’il convenait de civiliser. ( Seulement nous avons besoin de les
diaboliser, de les caricaturer pour nous en débarrasser sans
culpabiliser, les romains avaient fait pareil envers les gaulois) Leur
civilisation, à eux, même s’ils ne connaissaient pas l’écriture, mais
pour autant des modes de transmission, de communication tout aussi
complexes ( tatouages, danses, masques, rites) était d’une grande
complexité, et fonctionnait avec une intelligence en rapport étroite
avec la nature. Donc de
vrais cultures, très complexes, dans le sens d’un entremêlement
harmonieux , et dont on s’est bien gardé de comprendre ou d’analyser la
complexité, dans notre volonté rapace d’accaparement.
J’ignore dans quel contexte michel tarrier a pu dire " la nature ne
fait pas de cadeau" et je instrumenterais pas de procès à son encontre
pour une expression toute faite.
C’est un cliché
ethnocentrique, révélateur d’une pensée projective, où l’homme conçoit
la nature comme une sorte de force mauvaise, qu’il faut donc combattre. il est vrai que nous même faisons de moins en moins de cadeau à cette nature.
En tout cas, les gens qui ordinairement disent « »la nature, la mer,
ou la montagne, ne fait pas de cadeau !" sont souvent des gens qui la
connaissent très bien. Des professionnels éclairés, des gens de la région, dont la modestie et l’expérience leur servent de prudence. Et leur réflexion s’adresse a ceux qui
bafouent les règles, se croient plus malins que les autres, sont dans la
toute puissance, se retrouvent ensuite en grand danger, et appellent à
l’aide.....
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cet article.D’abord, sur l’impermanence bouddhiste :
Quote " Il est intéressant de se pencher sur le point de vue bouddhiste. Les
trois religions monothéistes sont très anthropocentristes : voir par
exemple le Livre de la « Genèse » dans la Bible qui place l’homme au
dessus de tout et au centre de tout : il est le maître de la nature que
Dieu met à sa disposition (Genèse 1/28). Cette vision a très
fortement influencé la pensée occidentale. Pour le Bouddhisme tout l’univers, dont le monde vivant, est régi
par deux grandes lois fondamentales.1] L’impermanence désigne le caractère transitoire et périssable de
tout phénomène.« »Malheureusement »l’homo sapiens occidentalis » refuse l’impermanence il
se voudrait immortel et voudrais que tout soit stable et éternel, du
moins ce qu’il aime ou désire, ce qui cause au font de lui une profonde
insatisfaction qui peut expliquer en partie sont comportement envers la
Nature.«
Ouais, il est aussi dit dans la Génèse (3, 19) »Souviens-toi que tu es né poussière et que tu redeviendras
poussière« . Quand aux bouddhistes, je connais bien le Vietnam, et je peux vous assurer que tout bouddhistes qu’ils sont, les vietnamiens ont autant peur de la mort que n’importe quel autre humain. Écrire, lire, philosopher c’est une chose, mettre en pratique s’en est une autre.
. Quote »L’histoire de ce monde n’est faite que de génocides, de guerres, de
massacres avec les viols et les tortures qui vont avec, d’oppression de
minorités qui s’enrichissent au dépend de la majorité, de destruction de
l’environnement, les forêts rasées, les fleuves et les océans pollués,
l’air empoisonné, les espèces qui disparaissent, etc., etc. L’homme
occidentalisé est le seul être vivant qui détruit son biotope, le seul
qui prend plaisir à tuer (la chasse), à torturer (la corrida).«
Si l’Histoire n’était faite que de ça, on ne serait pas aussi nombreux. Quant à l’homme occidentalisé machin, je suis désolé mais les chinois sont pas super cool avec leur biotope non plus.
Enfin, cet article ne remet pas en cause la loi de la jungle, il la positive, ce qui n’a pas valeur d’invalidation. »Si un loup dévore l’agneau, ou si un humain dévore une cuisse de poulet,
il n’y a rien d’immoral, de violent ou cruel c’est seulement la loi
naturelle qui opère. Il est idiot d’y projeté notre obsession
moralisante…« Si le loup dévore l’agneau, ce n’est pas seulement parce qu’il a faim, c’est aussi parce qu’il choisi toujours la proie la plus faible. Les loups, à l’instar de tous les prédateurs, cherchent toujours la proie la plus faible et la plus grasse possible. Jamais un loup ne se dira »tient, je vais laisser cet agneau tranquille, il vient juste de commencer à vivre, je vais aller taper cet élan de 2m, là au moins il y aura du sport« . Le profit du plus fort qui s’en prend toujours au plus faible, c’est un comportement que notre morale humaine réprouve (occidentale ou pas), alors que c’est une norme usuelle dans la »jungle". Vous pouvez y voir quelque chose de positif ou de neutre, mais ça ne change pas le fait que c’est ainsi que la nature fonctionne. Après, les fleurs, c’est joli quand même.
Certes, mais on dit aussi que ce qui est général n’est jamais particulier. Si tout le monde est occidentalisé, alors personne ne l’est vraiment, c’est juste la nature humaine.
Jamais un loup ne se dira "tient, je vais laisser cet agneau
tranquille, il vient juste de commencer à vivre, je vais aller taper
cet élan de 2m, là au moins il y aura du sport".
si le lynx le fait une lionne a meme adopter 2 fois de suite une gazelle, dans la nature
Oui, l’empathie existe chez les animaux. Et l’intelligence la plus vive. L’homme, mis à part quelques rares espèces, dont certains signes, dont le capital ADN est très proche, est le seul à manger ses congénères et à les tuer, ne se privant pas non plus de les torturer au passage....
A vrai dire, nous sommes des animaux, non pas des êtres pensants supérieurs d’une autre espèce, mais la seule espèce d’animaux qui pensent qu’ils ne sont pas des animaux.. . Ce qui semble autoriser beaucoup à la cruauté, déniant aux autres espèces le moindre droit. En fait toutes les recherches actuelles révèlent l’intelligence des animaux, différente de la notre en on convient, puisque nous sommes devenus plus ou moins des animaux domestiques, privés de sens, coupés de la nature, dépendant des uns des autres.
On a vu des corneilles tenter d’aider leur congénère blessé à se mettre à l’abri ou à s’envoler. Pareil pour les éléphants, les loups, mais là ce sont des mammifères. Où c’est vrai notre code de comparaison est sans doute plus adapté, et moins surprenant quand les comparaisons sont troublantes, dans le sens que l’on s’aperçoit que les comportement altruistes existent.
L’homme en tout cas s’est situé tout seul en haut de l’arbre de l’évolution. Ce qui est assez ridicule. Peut -on être juge et partie, et établir un palmarès sur des bases où nos compétences propres, et notre vision du monde seront valorisées sur les autres. Nous n’avons pratiquement plus d’organe olfactif, par exemple. Et nous sommes privés de toute un continent de sensations, ainsi.
C’est vrai que si nous prenons en compte la technologie, il n’y a pas photo. On est les champions, on est les champions.......Sauf qu’on peut inverser la logique, et se demander si toute cette batterie de machins et de trucs ne sont pas en fait des prothèses.
Pour le sens de la destruction et de la tragédie, en tout cas, là personne ne nous arrive à la cheville. Même la terre semble notre ennemie
Quelques références :« La peur de la nature » et « La civilisation anti-nature » de« François TERRASSON, Maître de Conférences au muséumn National d’Histoire Naturelle.
Et : »Pieds nus sur la terre sacrée" de Teri MAC LUHAN.
« »« Quand aux bouddhistes, je connais bien le Vietnam, et je peux vous assurer que tout bouddhistes qu’ils sont, les vietnamiens ont autant peur de la mort que n’importe quel autre humain. »« »
Il y a en tout organisme vivant, une libido vitalis qui lui fait craindre ou refuser la mort avant d’être très vieux.
Et chez l’homme, cette crainte naturelle et universelle, appelle des raisonnements et théories.
Quelle que soit notre raisonnement, religion ou croyance, en dépit de notre libido vitalis, nous parvenons plus facilement à accepter une mort prématurée lorsque nous sommes sans attaches.
Alors, toujours en sus de notre libido vitalis, nous utilisons toutes sortes de croyances pour soit nous attacher fortement à quelque personne (physique ou morale) soit nous détacher plus que de moyenne.
Il y a donc des croyances qui nous enjoignent à aimer très fortement notre conjoint ou nos enfants et d’autres qui nous enjoignent à ne jamais entretenir de relation étroite avec quiconque. Mais toutes savent basculer d’une position à une autre de manière opportune.
Le Bouddhisme ne fait pas exception. Il fait partie de ces croyances qui savent aussi bien nous orienter vers l’amour et l’attachement envers des proches (et quand ils décèdent on passe alors à la tristesse ce qui implique que la mort soit à éviter, même la nôtre) que vers le détachement (Dès qu’on entre en Za zen, on ne reconnaît plus ses géniteurs)
Thích Quảng Đức était ce bonze qui s’était immolé à Saigon. On peut considérer qu’il avait embrassé la mort par détachement envers quelque proche ou considérer qu’il l’avait fait par attachement à sa croyance en la Croyance (Le président Diem, catholique, persécutait les bouddhistes qui partaient alors en campagne contre lui)
Dans « Des dieux et des hommes » on peut observer tout le dilemme qui se pose aux moines chrétiens. Eux aussi, comme les bonzes, se sont interdits de liens étroit avec des très proches. Mais, toujours au-delà de la libido vitalis, ils étaient tout de même attachés les uns autres en leur monacat et ils étaient également attachés aux villageois qu’ils aidaient. Tout compte fait, quoique détachés de leur famille, ils étaient attachés à plein de choses et de croyances
Aucun Christ, aucun Bouddha, aucun Moulin, aucune d’Arc, aucun Danton ne s’avance vers la mort de gaité-gaieté de coeur
Les suicides purs ? C’est l’incroyable cas où la croyance originelle (qui domine la libido vitalis par le raisonnement) passe en décroyance-déception (qui domine tout autant la même libido vitalis) Si on demande aux gens pourquoi ils préfèrent vivre, la plupart répondront soit qu’ils ne le savent pas bien, soit livreront des lieux communs. Alors qu’un suicidé sait très bien pourquoi il préfère mourir et ce qu’il expose comme raison est toujours très singulier, très personnel.
"Au sein du monde animal l’espèce animale humaine est la seule où ses
membres s’entretuent allègrement (Assassinats, guerres, génocides !...),
alors qu’au sein des autres espèces cela est extrêmement rare…«
C’est une blague ? Soit vous ne connaissez pas le monde animal et végétal, soit vous n’avez pas compris le sens de »loi de la jungle« / »loi de la nature« .
Je ne suis pas d’accord avec vous, si vous constater que l’homme fait du tord à son environnement, vous vous méprenez sur les raisons. L’homme n’est qu’un animal parmi les autres. Il a simplement plus de »pouvoir« .
Au sein des autres espèces, les conflits sont régulier, la mort présente. Pas seulement des espèces dominantes vers les autres (chaine alimentiare), mais aussi entre individus ou regroupement d’individus de la même espèce.
Quelques exemples : - Il arrive que la Mente religieuse femelle mange le mâle après l’accouplement. - Certains ovidés (les cerfs), certains félins (les lions), etc ... se battent pour être le représentant mâle régnant sur une communauté de femelles. Parfois ces combats entrainent la mort. - Concernant les lions encore, lorsqu’un mâle est battue, sa jeune descendance est tuée par le vainqueur pour permettre aux femelles d’être a nouveau en chaleur et prête a s’accoupler. - Un ours male qui rencontre un ourson sans sa mère n’hésitera pas a le tuer pour la même raison. - Les plantes ne cohabitent pas toujours en harmonie contrairement a ce que l’on pourrait croire. Dans une forêt, l’essence pouvant atteindre le plus haut point bénéficie des rayons du soleils, les autres espèces doivent s’adapter ou disparaitre (à l’ombre). Evidemment au fil du temps, cela créer un »écosystème« , donnant l’impression que toutes cohabitent paisiblement.
Quand on fait appel au terme »la loi du plus fort« c’est pour représenter cela. Que la »nature« est sélective, elle ne garde que les meilleurs éléments.
En tant qu’être humain nous avons la capacité de dépasser cela. Nous avons la capacité, mais pas la volonté, de nourrir toute la planète, de veiller sur nos malades, etc ... Mais il ne faut pas se leurrer, notre nature, n’est pas spécifiquement »humaine« elle est avant tout animale. Et comme pour ce qui est vrai pour les annimaux »dans la nature", en période de difficulté, ce sont toujours les faibles qui paie en premier.
Les tenants naïfs d’une Nature inspiratrice de l’Occident ont recours à deux syllogismes. 1) La Nature est bonne, l’homme vient de la nature, l’homme est bon.
2) La Nature est brutale et « injuste » et possède ses lois propres, l’homme descend de la Nature, donc l’homme est mauvais, brutal, injuste, etc.
C’est entre ces deux pôles que, depuis le café du commerce jusqu’à la Sorbonne, les opinions oscillent. Mais, placez hors de ces pôles les biologistes, les savants éclairés, et les philosophes.
« L’homme n’est qu’un animal parmi les autres. » Je suis entièrement d’accord avec vous. « Il a simplement plus de »pouvoir« . » Le seul pouvoir qu’il possède est le pouvoir de destruction massif. Mais que peut faire un homme à mains nues contre une bête sauvage ? Que peut faire l’homme contre la violence de la nature ? Il aimerait croire qu’il a plus de pouvoir...
« Oui, mais il a aussi une conscience, du monde et de soi, et il a un jugement et une morale. » En 15 000 ans sur cette bonne vieille planète, l’Histoire des hommes nous montre bien les limites de notre jugement et de notre morale.
« En empruntant une vision mécaniste et fataliste du monde, vous retirez à l’homme son libre-arbitre. » Ma vision n’est ni mécaniste ni fataliste. Pour la résumer, je préférerai la vision existentialiste de Sartre : « Dansla vie onne fait pascequel’on veutmaisonest responsabledecequel’onest. » Vous voyez ce n’est en rien le fatum de Nietzsche.
Par un des points que vous évoquez, vous soulignez les différences entre l’Occidental type et l’Autre type.
C’est toujours intéressant de remarquer et de dire les différences. Mais si l’on prétend dire tout, si l’on ne veut pas enfermer les types dans une réduction, il faut aussi dire leurs similitudes.
Pour ce que vous cherchez à dire ici, vous allez à dire que Gandhi est très différent de Jules Ferry mais d’autres -des hommes, des mouettes, des Martiens- peuvent les voir très identiques.
Je ne trouve pas faux de mettre en évidence que Louis XIV semblait prétendre aux commandes de la Nature. Mais n’allons pas plus loin que cette assertion. N’allons pas jusqu’à dire qu’il voulait vraiment contrôler la Nature ; on mentirait, on manipulerait, on utiliserait un fait en le déformant. Je ne trouve pas faux de mettre en évidence que Buffalo Bill avait tué énormément de bisons sans faire montre de gestion de la ressource. Mais n’allons pas plus loin que cette assertion. N’allons pas jusqu’à prétendre qu’il ne concevait pas le tarissement.
Je crois que même les Victor Hugo qui lançaient des injonctions du genre « Va jeunesse, va donc conquérir les espaces et ressources infinis de l’Afrique » semblant ne pas envisager le tarissement, avaient bien idée qu’un prélèvement sauvage conduirait forcément au tarissement. (Depuis le Moyen-Âge, on plante des chênes en France, tant on en prélève pour construire les navires et les cathédrales. 100% de nos forêts sont domestiques et il y en a plus aujourd’hui qu’en 1850)
Le tarissement est connu des hommes depuis toujours. Mais le connaître et en tenir compte c’est deux choses différentes.
Au même moment, au même endroit, en toute connaissance de la chose, deux Blancs agissaient différemment. L’un William E. Boeing exploitait des mines et des forêts (avant de faire des avions) en repoussant les problèmes du tarissement et de la pollution ou perturbation. L’autre, John Muir, déplorait complètement cette attitude et s’épuisait à sauver ce qui pouvait l’être encore.
J’ai choisi ces deux personnages, mais j’aurais pu composer bien d’autres paires de la sorte. Henry D. Thoreau / John J. Astor ; John Burroughs / John D. Rockefeller…
Les deux “camps” ou points de vue se connaissaient et s’affrontaient régulièrement. Et cela depuis la nuit des temps puisqu’on retrouve partout des traces du souci de la préservation et de la gestion des ressources. Simplement, il y aura eu ceux qui auront agi en « après moi le déluge (ce qui implique la connaissance du déluge) » et ceux qui auront eu le souci de préserver pour les générations futures (pour éviter alors ce déluge)
Il est aussi faux qu’abusif, de la part de certains écologistes d’aujourd’hui, de se croire, parce qu’ils viennent de saisir l’importance du problème et aussi parce qu’ils ont besoin de faire passer les autres pour des imbéciles, qu’ils sont les premiers du Monde à en prendre conscience. Mutatis mutandis des techniques et prélèvements, l’écologie, est une très, très ancienne question que les hommes se sont toujours posés. Ecologistes d’aujourd’hui, instruisez-vous certes de l’écologie mais aussi de son histoire. Vous comprendrez mieux vos adversaires et vous abuserez moins les masses.
L’Occidental type et le non-Occidental type ont certes des différences de point de vue mais ils ont encore bien plus de traits communs. L’Occidental écologiste type et l’Occidental non-écologiste type ont certes des différences de point de vue mais ils ont encore bien plus de traits communs.
Ne nous séparons, ne nous trions pas trop ; assumons-nous les uns les autres plutôt. (Il y a probablement plus de différences de mentalité entre les garçons et les filles qu’entre différents garçons)
Par un autre point , vous visez à établir que l’Occident a été trop centrique de lui-même, qu’il aura trop voulu maîtriser la nature et qu’il en serait résulté le patriarcat et la misogynie. Rien ne me gênerait du point de vue des finalités.
Mais je ne vois pas bien où vous démontrez ces relations de cause à effet.
Sans mieux démontrer que vous, je dirais que c’est plus précisément le mode de vie citadine, que c’est le principe de la cité qui est lié (oeuf ou poule c’est à voir) au patriarcat. Et qu’une fois le principe de la cité installé, c’est pour subsister de la sorte que le garçon a inventé le concept de maîtrise -relative, il l’a toujours su- de la nature.
On pourrait, contrairement à moi, considérer que l’homme a d’abord voulu maîtriser la nature et qu’il s’en serait suivi les cités. C’est du reste la thèse la plus couramment soutenue par la science.
Je ne crois pas que la maîtrise relativer de la nature ait été le premier fantasme du garçon. Il me semble que les fantasmes du garçon sont allés d’abord à la gouvernance, au règne sur les autres.
(Même Edouard VIII, qui avait donné l’impression de renoncer à régner afin de pouvoir épouser Wallis Simpson, y avait surtout renoncé car être roi d’Angleterre ne permettait pas de gouverner. Or il tenait à diriger le pays vers un certain idéal, plutôt brun et peu parlementariste)
Je considère qu’avant les cités et donc la grégarisation, la nature « pourvoyait » suffisamment aux besoins d’un million de Terriens. Et qu’alors, certains trouvaient infiniment plux excitant de commander aux autres qu’à la nature.
Si l’on veut bien remarquer qu’en aucun cas Akhénaton et Louis XIV ne croyaient vraiment commander la nature et qu’ils ne s’en donnaient les grands air que pour mieux commander aux hommes, on rejoindra mon point de vue.
A mon sens c’est donc d’abord parce que certains garçons ont voulu commander aux autres garçons que sont apparues les cités puis la soi-disant maîtrise de la Nature
Ce serait donc au moment où il nous apparaissait de plus en plus clair que cette soi-disant maîtrise était vaine, que le patriarcat s’est en partie effondré. En partie seulement car le concept des cités reste intact. Quasiment personne ne le remt en cause. Le conept de chef perdure donc.
Le patriarcat avait atteint ses sommets lors du colonialisme. Mais ce dernier ayant montré assez clairement son grotesque, le Père qui le dictait s’est en partie effondré et la Mère a donc surgi sur la défaite du garçon-chef dont Franklin Roosevelt aurait été un des parangons.
Certes, dans le colonialisme, on entendait assez fréquemment le concept de maîtrise de la nature faite pour servir le destin de l’homme Blanc. Mais ce qu’on entendait bien davantage, c’était le rôle de Père supérieur que le Blanc comptait jouer auprès de tous les peuples infantilisés.
Colonialisme où il devenait alors nécessaire de faire ressortir que ce rôle de maître éducateur était une charge, un fardeau pour le Blanc. Cf Kippling. Pas une charge du point de vue écologique, non, une charge du seul point de vue du « progrès » des mentalités grâce à la civilisation occidentale incluant, accessoirement seulement, sa manière de gérer les ressources.
Père avant la mise en évidence du ridicule de la colonisation blanchiste ; Père déchu ensuite.
Déjà pendant le Directoire, délaissant les perruques, les garçons allaient à arborer des favoris abondants et s’appelaient lions (les femmes étant des léopards). Avec Murat, Louis-Philippe, François Joseph, Jules Ferry on a revu de plus belle cette allure de lion que les garçons voulaient avoir. Or un lion n’est pas là pour commander les nuages mais bien les êtres vivants qui le percevaient comme roi, donc les humains. (Ici, l’animal le plus souvent représenté devant les symboles de pouvoir était le lion alors qu’il n’y en a aucun en Europe)
Dès que le colonialisme s’est effondré par le ridicule, le garçon s’est rasé pendant que la femme a fait entendre sa voix en devenant couguar et en se surépilant (même les sourcils en 1960) ; Frida Khalo faisant alors figure d’ exception.
La « loi de la jungle » est une absurdité née de ceux qui tiennent à voir de la Loi partout. Et réalité, il y a la Nature, puis la Loi inventée par le garçon, qu’il soit Archimède, Moïse, Mahomet, César ou Newton.
« »« »« »« A partir de là, la Nature n’était plus la « mère nourricière » mais l’ennemi qu’il fallait combattre, dominer, maitriser, aménager… La Nature devenant un objet extérieur : Il y avait l’homme dominant d’un coté, la nature, à son service, de l’autre. L’homme s’autoproclamant le propriétaire de celle-ci et la considèrant entièrement à sa disposition, il en est le maître, il détermine ce qui est « bon » et ce qui est « mauvais », ce qui est « utile » et ce qui est « nuisible » pour son seul profit… »« »« »« »"
Ce que vous dites là n’est donc pas faux mais c’est tronqué et stigmatisant. C’est vrai mais ce n’est pas toute la vérité. C’est assez complètement vrai pour certains hommes (Blancs si vous y tenez) mais pas pour tous.
Resterait à déterminer si le monde tel qu’il est aujourd’hui résulte de l’entreprise des seuls hyper prométhéens ou conquérants des garçons ou s’il résulte de la lutte entre eux et les plus naturalistes des garçons. Reste à déterminer si, en dépit de l’entreprise très forte des garçons, les filles ont joué un rôle modérateur ou pas.
Quand on observe certaines femmes on irait à trouver qu’elles auront tempéré le prométhéisme des garçons. Quand on en observe d’autres, on irait à trouver qu’elles les ont excités voire concurrencés. Elles sont assez souvent et assez naturellement dans le no-limite pour leurs fils. La reine Victoria qui régnait sur le tiers du Monde n’avait fait qu’encourager le prométhéisme du garçon. Je connais mal l’histoire de Nicolas Sarkozy mais le peu que j’en sais m’indique que c’est de sa mère qu’il tient la conviction que tout lui est permis.
Sans le démontrer, je dirais que 100% des êtres humains ont influencé et influencent encore sur l’allure du Monde. Tueurs, tués, bourreaux, victimes, gentils, méchants, durs, mous, garçons, filles, sauvages, civilisés, instruits et ignares, orpailleurs, entrepreneurs et paresseux, voleurs et agriculteurs, tous les êtres humains ont fait le Monde tel qu’il est.
Même les Diogène, même les cénobites, auront participé à faire le Monde.
Merci pour ce long développement. Evidemment il n’y a pas que les différences qu’il peut y avoir entre les cultures, les peuples et les individus... Le Monde est fait de tout cela. Mais il faut bien comprendre que les différences qui existent entre les occidentaux et les autres peuples qu’ils ont soumis, par la violence, à leur propre culture qu’il considèrent comme supérieure et étant la seule valable,est une différence ontologique. Leur visions du monde étaient trés différentes pour ne pas dire opposées.On peut le comprendre à travers les citations que j’ai ajoutées à la fin de l’article. Voir qu’il n’y a pas que les différences est une chose, mais il faut comprendre quelle est la conséquence des choix que l’on fait sur les autres sur l’environnement et cela est très concret. C’est ce que dans le Bouddhisme on appelle « l’interdépendance ». Rien n’existe sans causes, tout est relié, et tout ce qui apparait a des conséquences qui deviennent des causes à leurs tour. Pour Bouddha il ne s’agit pas de choisir telle action, tel comportement comme cela, parce que ça me plait, mais ce qui est important c’est ce que je fais, comment je le fait, et surtout qu’elles en sont les conséquences.
Il y a peut-être encore des gens qui ne savent pas encore les différences entre l’Occidental et les Autres (encore différents entre eux)
Mais ici, sur ce forum, considérons que chacun les connaît par coeur ces différences. Ad nauseam même.
Et pendant ces trois derniers siècles où les plus outrés ont protesté contre cette différenciation, j’estime qu’il aura surtout manqué de similaristes. Car enfin, hormis les abbé Grégoire qui sont allés à dire que toutes les âmes ont la même couleur, qui aura exposé les mille et une autres similarités entre nous ?
Il y a certes eu les Freud qui, sans jamais être sortis de leur bouteille, sont allés à affirmer que leur théorie était universelle. Ces similaristes par le dogme ne m’intéressent pas. Je recherche les similaristes par l’observation rigoureuse, au point par point. Et bien il n’y en a jamais eu. C’est dingue non ?
Prenons par exemple l’impermanence de toute chose que le bouddhisme met en exergue. De là, nous aurions tôt fait de souligner qu’il se différencie donc de notre vision immuable judéo chrétienne.
Il n’est cependant pas du tout impossible de remarquer qu’au fond, aucun Occidental ne croit les choses absolument permanentes (a part le bon dieu lui-même mettons). En Occident, dans une boutique, on va certes aller à considérer qu’une chaise est permanente. C’est en tous cas en cette considération première qu’on va accepter de mettre 200€ dessus (Je passe sur la Joconde et la SLK). M’enfin, quel Occidental, creusé de la question, persistera à affirmer que sa voiture ou sa chaise restera telle quelle indéfiniment ? Et inversement, quel bouddhiste ira à prétendre qu’une chaise enfermée dans une pyramide tombera en poussière avant un temps proche de l’infini ? (Euh s’il n’y a ni humidité ni termites hein)
Ainsi, mis sérieusement devant ce fait d’un objet en bois trouvé dans un tombeau de 4000 ans, pas du tout abîmé, un chrétien et un bouddhiste seront tous deux d’accord : Oui, dans certaines conditions, une chose peut durer si longtemps qu’évoquer sa déliquescence alors que notre vie ne fait que 80 ans, c’est forcer le trait de l’impermanence.
Ce que vise le bouddhisme, c’est surtout de rappeler aux gens qu’ils ne vivront pas éternellement et qu’il n’y a donc pas lieu d’amasser plus que de mesure. Seule notre vie individuelle est plutôt impermanente, le reste, les masses surtout, tend davantage à la permanence.
Aucune religion ne s’adresse aux étoiles, aux canards et aux pyramides. Elles ne s’adressent qu’aux hommes et ce n’est que pour essayer de mieux les convaincre qu’elles introduisent la foudre, les déluges et les sauterelles. Allez hop, même sort pour tous et je te fais un prix de gros !
L’interdépendance bouddhiste ? Même topo.
Si la religion judéo chrétienne ne l’évoque pas, quel croyant d’ici ignore vraiment cette interdépendance ? Qui ici préconise de vivre isolé ? Qui,ici, ignore la collectivité, le partage des tâches, le commensalisme, le parasitisme, le mutualisme... ? Qui, ici, est vraiment exterminateur de quelque « nuisible » ? Ici, on va certes assez vite à la régulation m’enfin on ne va pas à l’extermination même des loups, sinon involontairement et parce que chacun en tuant son lot, on finit par les tuer tous.
J’estime qu’ici, on aura suffisamment dit les différences et qu’il serait temps de dire les similitudes entre tous les hommes. Mais pas de manière dogmatique pour autant. On doit les dire une à une, au cas par cas.
Il s’est produit des faits qui ont étonné les différencialistes . Alors que personne, absolument personne, n’avait préconçu des alliances entre les Français et les Indochinois, il s’est réellement produit des mariages, combinaisons et syncrétismes. Idem entre l’Espagne et les Maures.
Les syncrétismes ont toujours surpris tout le monde et c’est donc en toute surprise que lors de référendum pour l’indépendance de l’Algérie par rapport à la France, ce n’est qu’une minorité absolue des Algériens qui avaient voté pour cette indépendance ; Etonnant non ? (On aurait fait voter les esclaves avant de se foutre dessus en 1861, on aurait été surpris de voir que beaucoup préféraient leur « mauvais sort » et on se serait évité une très meurtrière Sécession).
Ces surprises ou anomalies se produisent parce qu’il y a des points communs, parce que partout, il existe des volontés d’établir des ponts et des alliances « contre nature », du commerce par-delà les Rubicon diraient les séparatistes ou puristes.
A un moment de l’Histoire, Tseu Yi avait voulu la présence soutenue des Occidentaux pour mieux lutter contre les Boxers et ensuite ils ont été considérés comme indésirables. Le très jeune Nguyen Anh avait trouvé intéressant de dire oui à l’évêque Pigneau de Behaine pour solliciter l’aide de Louis XVI afin de chasser son rival et de devenir l’empereur Gia Long. Du coup les Français se sont intéressés au Vietnam, en ont fait leur Indochine et un jour, ils furent déclarés indésirables... Des exemples dans le genre, j’en ai relevé des dizaines et entre toutes les nations. Et je n’ai encore remarqué aucune bouderie absolue, nulle part.
Ce n’est donc pas parce qu’aujourd’hui des gens sont fâchés ou divorcés qu’il faut souligner leurs seules différences car ils s’étaient auparavant trouvés des points ou idéaux communs.
(Le caodaïsme sait parfaitement marier bouddhisme et christianisme)
L’interdépendance ne concerne pas seulement les relations au sein de la société, mais c’est surtout comprendre que rien n’existe par soi-même mais par relation de causes à effets et en fonction de conditions. Cela va bien plus loin que les simples relations humaines, mais s’applique au fonctionnement de tout l’univers.
L’impermanence ne s’applique pas seulement au temps à échelle humaine mais aussi au temps à l’échelle de l’univers. La planète Terre disparaîtra un jour, le soleil aussi, et dans des milliards d’années l’univers sera autre.
Bien entendu Guy, mais je répète encore que les religions (car ici vous insistez sur les particularités ou différences du bouddhisme) ne s’adressent véritablement qu’aux hommes. Elles évoquent le reste pour faire bonne mesure, pour avoir l’air d’avoit une bonne idée de Tout, pour avoir l’air d’avoir réponse à Tout.
Mais essentiellement, Guy, hors la théorie, où voyez-vous que les enfants de l’Eglise n’ont pas du tout conscience de l’impermanence et de l’interdépendance tant des hommes que de « tout » ?
Ou, autre question, en quoi est-ce primordial pour l’homme en ses relations aux autres et avec la nature, de déterminer très exactement si les étoiles sont permanentes et si oui à quel degré ?
Ne perdons jamais de vue que face à toute théorie (et les religions en sont) il arrive des questionneurs, disons des sceptiques. Et tout questionneur ou sceptique d’une théorie ne manque jamais de poser des questions limites. Du genre « Bon mettons qu’il y ait réincarnation. Mais quid alors du nombre croissant des êtres vivants ? » Ou alors « Et les anges, ils ont un anus ? » Ou « Et les Martiens, ils vont au même paradis que nous ? » Mille et mille questions limites étant posées aux théocrates ou exégètes des religions, ils en viennent à constituer réponse à tout au fil des siècles. Y compris aux questions modernes.
Laissons alors de côté ces question-réponses limites qui ne servent qu’à « valider complètement » une croyance aussi bien scientifique que religieuse et restons-en à l’essentiel qui va à la bête relation des hommes entre eux et avec leur environnement ordinaire, rats, chevaux et carottes pour les uns, kangourous, crapauds et riz pour d’autres.
Et bien dans ce bête contexte de l’ordinaire, hors les théories religieuses qui se prétendent différentes, les divers croyants ont tous la même approche des choses ordinaires. Peu importe les papes ou sorciers, partout les hommes savent que celui qui veut aller loin doit ménager sa monture.
Certes il y a l’huile et il y a l’eau. Certes on peut les voir opposées si on y tient. Mais la mayonnaise existe.
Face à la grande multitude des caractères et des situations qui se manifestent chez l’humain, il reste qu’il n’y a qu’un seul Monde.
Et chacun voudrait le façonner à sa manière. Pour soi, pour son groupe, pour son idéal, pour mille raisons.
Même la notion binaire de nature et de culture n’existe pas, si on en croit le petit livre de Marshall Sahlins : « La Nature humaine, une illusion Occidentale ».
« »« La Nature humaine, une illusion Occidentale ».« »«
Eh oui Jason !
Rien que »nature humaine« atteste du recours à un certain biais épistémologique. Le biais séparatiste.
Ici, je semble dire qu’il pourrait exister différents biais épistémologiques. Oui, il pourrait. Mais l’épistémologie, depuis Platon, ne s’est faite que par le biais séparatiste, analytique. Du coup, ici, il n’existe qu’une seule manière d’étudier les choses, en les séparant.
Ici, il n’y a qu’une seule épistémologie et elle passe par la systématisation.
Ailleurs, d’autres cherchent également à comprendre et parfois à dire les choses mais de manière plus synthétique et aussi plus aposématique (où l’on estime mieux comprendre en ignorant. Où il s’agit »d’intelliger" in petto les choses plutôt que de les comprendre et de les expliquer avec des mots forcément réducteurs, schématiques et manipulateurs)
Il y aurait donc un sophisme épistémologique. Position temporaire, révisable, pour comprendre certains aspects du monde.
L’autre forme de connaissance que vous évoquez se rapproche de l’intuition ? De la connaissance hors des langues naturelles et mathématiques, de cette connaissance qui est véhiculée par les arts ou les croyances non systématiques telles les mysticismes, la magie, l’imaginaire « débridé ».
En érigeant la Raison et l’explicable en dogmes, on obtient une épistémologie tournée vers elle-même, immanente. D’où la notion de raisonnement téléologique ou fallacieux. C’est là le point faible de cette épistémologie.