Le 11 septembre français rattrape Michèle Alliot Marie
C'est un reportage hier soir de TF1 qui l'annonce : cette fois, il y a bien du neuf dans une sombre histoire dont je vous avais fait part ici-même dès le 1er décembre 2008. Celle de la catastrophe de la Caravelle effectuant le trajet Ajaccio-Nice. Elle s'était abîmée en mer,le 11 septembre 1968, provoquant la mort de 95 personnes. On avait alors soupçonné un tir de missile de l'armée comme étant responsable de la catastrophe. Cette affaire n'a jamais été jugée, un procès venant juste d'être repoussé en ce début de mois, plus de 43 ans après les faits. Pire encore, puisqu'en 2004, on retrouvait quelqu'un de connu affirmer sans sourciller que "l’accident de la Caravelle ne peut être imputable aux forces armées qu’il s’agisse de la marine, de l’armée de l’air ou de la Délégation générale de l’armement ou de toute autre force ou unité", alors que tous les regards se tournaient vers l'ïle du Levant où les militaires expérimentaient à l'époque des missiles (des Masurca). Ce soir, donc, sur TF1, au JT de Laurence Ferrari un homme, malade, présenté comme condamné, et voulant soulager sa conscience, Michel Laty, à l'époque secrétaire aux armées, est venu faire des aveux de taille. Au "chapitre 13" de la messe de Ferrari, à 26 minutes du début, il affirme bien que l'avion a été victime d'un tir de Masurca. Et ce sans aucune hésitation, affirmant qu'il a lui-même tapé un rapport décrivant l'erreur de cible faite par les soldats, un rapport jamais rendu public. Des aveux qui renvoient les militaires devant leurs dénégations qui ont duré quatre décennies. Car celle qui avait affirmé qu'il n'y étaient en aucun cas mêlés, vous la connaissez bien : elle s'appelle Michèle Alliot-Marie, qui a donc commis un parjure manifeste en 2004, qui devrait donc lui valoir logiquement au tarif actuel cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende...
Le témoignage terrifiant de Michel Laty relance en effet toute l'enquête, pour laquelle des gens tels qu'Etienne Bonnet, témoin visuel de l'accident ou Mathieu Paoli, représentant des victimes, ou encore Jean Michel Verne et Max Clanet, les auteurs du livre sur la question se battent depuis toujours, épaulés par les avocats des familles de victimes, Paul Sollacaro et Stéphane Nesa, tous motivés pour que la vérité se fasse jour. Mathieu Paoli, et ses frères Louis et Jacques, avaient perdu leurs parents, Ange-Marie et Toussainte, alors âgés de 61 et 59 ans, dans la catastrophe de la Caravellle F-BOHB. Cela fait bientôt un demi-siècle qu'ils se battent pour que l'Etat, et l'armée, reconnaissent les faits. Le témoignage qui arrive par surprise est une véritable délivrance pour eux, et toutes les familles endeuillées par ce terrible drame. Il tombe à pic. Le 2 mai dernier encore, dans l'indifférence totale des médias, le procès tant attendu devait en effet débuter. Il avait été repoussé au 12 décembre prochain, avec la désormais plaie des tribunaux, la fameuse "requête en constitutionnalité", mais cette fois utilisée par les représentants de la partie civile qui craignaient qu'on leur repropose un rejet pour procédure trop tardive : très certainement ce qui a fait sortir Michel Laty de ses gonds. L'homme, sur TF1 a clairement expliqué pourquoi il n'avait jamais parlé avant : de peur des représailles. Il a eu peur de ce que pouvait faire l'armée, à son encontre, visiblement. Il n'avait pas tort, comme le fait remarquer la Provence : "en juillet 1970, le responsable de la commission d'enquête écrivait dans un courrier qui n'a été retrouvé qu'après sa mort : "On fait pression sur moi (…). Je commence à prendre conscience que je me heurte au pouvoir dont j'ignore les motivations dans cette affaire". "L'année suivante, il jurait même craindre pour sa vie", ajoute le journal... "Autant de raisons qui poussent Mathieu et Louis Paoli à demander que l'enquête soit reprise à zéro. "Ils sont presque considérés comme des accusés, alors qu'ils sont partie civile, déplore leur avocat. Ils cherchent à pouvoir faire leur deuil, pas à faire tomber l'Etat !". Une enquête démarrant à zéro, cela signifie par exemple de faire en 2011 ce qu'il était presque impossible de faire correctement en 1968 : de plonger et d'aller rechercher les morceaux, ce qu'on s'était bien privé de faire par 1000 m de fond. En espérant que l'armée n'y soit pas passé avant... Avec la décision prise pour la recherche des boîtes noires de l'Airbus tombé en plein milieu de l'Atlantique, cela prend une autre saveur : ce qu'on a fait pour certains, on doit pouvoir le faire pour d'autres : à l'époque, seuls 15 corps avaient été retrouvés à la surface.
Des élus locaux avaient soutenu cette reprise de l'enquête, souligne la Provence : "le 3 mars, le président du conseil exécutif de Corse, Paul Giacobbi, a écrit au président de la République pour lui demander que tous les moyens soient engagés pour récupérer l'intégralité de l'épave de la Caravelle : "Il suffirait de localiser les débris et de vérifier s'ils présentent un point d'impact. Cette mesure technique peut être ordonnée en dehors de toute enquête judiciaire, et sans qu'il soit besoin d'attendre l'issue des procédures en cours". Concernant l'instruction menée dans les années 70, l'élu PRG parle d'"enquête baclée". Il note des "éléments troublants" et dénonce "le black-out" dont l'armée fait toujours preuve".
Les avocats aussi espéraient le 2 mai dernier que leur requête serait prise en cause, car pour eux la prescription ne tenait pas avec les éléments nouveaux apparus au fil du temps : "on nous rabâche la prescription des faits. Nous, nous dénonçons l’attitude du parquet dans cette affaire. Depuis 2006, nous avons apporté suffisamment d’éléments nouveaux pour la relancer. Aujourd’hui, les dossiers Agnelet, Colonna ou encore Grégory sont réexaminés. Pourquoi pas celui de la Caravelle ? », s’entête Me Sollacaro. C’est pourquoi les familles de victimes demandent de nouvelles investigations. Notamment sur ce qu’il reste de la carlingue qui repose toujours au fond de la Méditerranée. Et vérifier ainsi la thèse du réacteur détruit par un missile", précise Corse-Matin. Avec le témoignage accablant de dernière minute de Michel Laty, la justice est désormais pied au mur, et Michèle Alliot-Marie à nouveau dans de beaux draps.
J'avais expliqué que l'action menée par les parents de victimes était celle de la dernière chance : "aux dernières nouvelles, les familles ont donc déposé plainte contre X. C'était juste après la déclaration du procureur de la République de Nice qui a classé « sans suite » le dossier de la catastrophe de la Caravelle. « Les faits sont prescrits, il n’est pas possible de rouvrir le dossier d’un point de vue judiciaire », a précisé à la presse Éric de Montgolfier. L’information judiciaire avait déjà été close il y a fort longtemps, par un non lieu, en juin 1973 exactement, à la suite du rapport du ministère des transports au Journal Officiel du 14 décembre 1972, concluant à l'incendie accidentel. La prescription de l’action publique avait été déclarée en mai 1983. Pour l'état français, l'histoire est terminée". Avec le témoignage de ce soir, qui constitue bel et bien un fait nouveau de poids, ce ne l'est plus vraiment.
J'avais donc écrit et disséqué tout le dossier voici deux ans et demi déjà. Ici même en effet. A recevoir ici des posts injurieux, d'individus qui continuent pour la plupart à venir squatter ce site qui se veut démocratique. Je viens de relire leurs insanités, et suis désireux aujourd'hui d'en rappeler la teneur, outré par leur lamentable prestation. Entre un scaphandrier islamophobe venant dire " Sacrément raccoleur comme titre, la suite laisse à désirer.. ;" et un éternel ""Vous n’avez pas d’infos interessantes sur les attentats islamistes ?", provenant d'un fils de militaire, j'avais eu droit au post d'un autre ancien militaire, alors appelé Maxim, devenu Kitamissa depuis. Celui-là, il était venu défendre les siens et avait affirmé que "ce ne sont que des suppositions votre article ... déjà à l’époque ,les journaux et la rumeur faisaient allusion à un tir de missile, rien n’a été prouvé ...." Atavus, autre troll récurrent ici, qui s'est aussi appelé ici "Fuck Morice" (l'élégance même *) ajoutant un "à moins que l’accident que tu décris dans ton article est été commandité par des islamistes. Bref tu mélange encore tout et n’importe quoi.Tu prends des faits réels et tu les raccommode à ta sauce" qui en dit long sur leur trollisme en meute, chacun d'entre eux reprenant les idées des autres, ou plutôt les rumeurs et les diffamations des autres. Le thème des attaques étant bien sûr le même pour tous : "t'as pas encore compris ce que t’explique morice ? Tous les terroristes, ce sont des americains de la cia deguisés en talibans !!!" affirmait un "pirate" habitant dans le nord venu un soir crier son admiration pour la xénophobie et le "nationalisme".
Le scaphandrier concluant par "ouais, moi ça me permet de rester sur terre. Toi tu délires dans le cosmos. D’ailleurs tu ferais bien d’y rester toi et ta bande de paranoïaques. Moi je raconte la vie des gens et toi tu fantasmes, voilà toute la différence"... il s'était rendu célèbre ici, pour tout dire, grâce à un article sur la soupe aux croûtons... qui devait pour sûr "raconter la vie des gens"... Et tous les jours depuis, il vient, cracher ici sa haine du journalisme citoyen auquel il a participé lui-même, avec à vrai dire nettement moins de succés... venant nous parler de la "bienpensance" ou fustiger "ceux qui touchent les allocs chômage"... ou le RSA, quand ce n'est pas nous raconter que ce sont les "arabes" seuls qui "incendient les voitures". De ces posts d'extrême droite, de ce manque flagrant de pensée et du respect des autres, j'en ai assez à vrai dire. Avec les déclarations télévisuelles de l'ancien secrétaire de l'armée, ils sont tous, ce soir, passablement ridicules. Et tous passablement ridiculisés.
Ce soir également, les parents des 95 victimes, 43 ans après, peuvent enfin estimer un jour avoir la vérité sur ce qui s'est passé réellement. Certains y auront aidé et j'estime être fier d'avoir apporté ma petite pierre à cette édifice. Mais la véritable lapidation que j'ai dû subir de la part de ces trolls malfaisants venus raconter que ce que je pouvais dire était faux, ce soir, sonne pour Agoravox comme un coup de gong supplémentaire. La cloche du "ça suffit", là, maintenant. Un nettoyage certain a été fait des posts diffamateurs, vous avez pu le remarquer : ils se sont regroupés ailleurs ; où ils n'ont d'autre sujets que ce qu'ils continuent à lire ici. A en devenir grotesque : leur sujet de préoccupation demeure ma pomme, ce qui est tout simplement ahurissant de bêtise. C'est dire le vide sidéral de leurs connaissances et le niveau de leur réflexion, ou leur absence totale de toute pédagogie pour expliquer des faits ou des événements. Eux seuls les intéressent.. et encore ! Mais il en reste encore, de cette meute, qui viennent tous les jours tirer leur bordée, comme des chiens viennent marquer leur territoire. Quatre ans après, j'en ai assez d'effacer les tags : d'ailleurs, ce n'est même pas moi qui le fait, mais une modération qui enlève les tombereaux d'injures journaliers. A en devenir lassant, à force. Pour la modération comme pour moi. Dès qu'on écrit le mot "11 septembre", on y a droit à cette bordée, comme dès que l'on parle négationnisme ou état d'Israël. Le net a encore de sérieux progrès à faire, s'il veut concurrencer la presse ou la télévision : d'abord, et en priorité, faire cesser ces destructeurs de forum, ces individus sans idées cachés derrière leurs claviers. Ils ne s'aperçoivent même pas, eux les chantres de la liberté d'expression, qui cache de bien plus grandes turpitudes, qu'ils sont en train de devenir les fossoyeurs d'un média innovant, qui a démontré qu'il pouvait largement devancer les médias classiques. L'exemple de l'utilisation d'un hélicoptère furtif lors de la dernière opération américaine est en ce sens très révélatrice : aucune télévision n'a été capable d'analyser l'événement, alors que toutes les chaînes disposaient des mêmes éléments que ceux dont je me suis servi ici. En premier, oserais-je même dire.
PS : en 1968, le Ministre des Armées s'appelait Pierre Messmer. Michel Debré, son successeur, devenu Ministre de la Défense, écrira aux victimes le 26 septembre 1969 "q'un missile français ne peut pas être à l'origine de la catastrophe".
(*) voici ce qu'il avait un jour répondu à une autre posteuse : par "FuckMorice" (alias Atavus, alias Spy999, alias "Marion Anne Perrine Le Pen" ; alias Covadonga et alias aujourd'hui Convadonga 722) le 2 octobre 2008 à 11H01 " Olga, je ne suis pour rien dans la disparition des commentaires. Mon but à moi c’est de troller, s’il n’y a plus de commentaires mon trollage tombe à l’eau pour ainsi dire. Donc monsieur le modérateur veuillez arrêter sur le champ de saper le trollage des gens bien intentionnés qui se font un devoir de troller les articles de morice afin d’éviter qu’il ne propage ses idées mal vaillantes en vers nos amis américains et le bon peuple d’Israël. "
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