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Le mystère d’Outreau

L’affaire d’Outreau n’est pas une erreur judiciaire comme les autres : ici, pas de coïncidences miraculeuses ou de complot machiavélique ! L’innocence des accusés relevait tout simplement de l’évidence : c’est là que réside le vrai mystère.

Au fil des dévoilements, qui avaient déjà commencé depuis longtemps mais qui atteignent leur paroxysme avec la commission d’enquête, le mystère s’épaissit : une enfant encore vierge aurait été violée simultanément par trois personnes... Mais c’est impossible : le plus élémentaire bon sens suffit pour en être certain. L’abbé Wiel aurait abusé de deux enfants au milieu d’un jardin potager... Mais c’est impossible : il suffit de se rendre sur les lieux pour le voir d’une façon indubitable. Une orgie regroupant trente personnes, dont des enfants, aurait eu lieu à telle adresse... Mais c’est impossible : il s’agit là d’un studio où l’on ne tient pas à plus de dix, etc.

Cette affaire aura eu au moins un mérite : les plus humbles d’entre nous se prennent à rêver d’être policiers ou magistrats... Comment ne pas être effaré par ce manque de professionnalisme ? Les plus élémentaires vérifications ne sont pas faites, les distributions de baffes au commissariat tiennent lieu d’investigations, les faux témoignages sont suscités, etc. Incurie se doublant d’un manifeste manque d’éthique : mépris manifesté par l’avocat général faisant des graffiti durant la plaidoirie d’un avocat de la défense... Cruautés, avec ces moqueries et ces ironies faciles : « J’ai quatre ans pour instruire, vous aurez vingt ans pour réfléchir. » Et puis cette obstination, presque jusqu’à maintenant !

Que pense la hiérarchie judiciaire du travail du juge Burgaud ? Après le procès en première instance, et alors qu’on pouvait déjà avoir de sérieux doutes sur ses capacités professionnelles, le juge Burgaud est promu (eh oui ! vous ne rêvez pas !) comme substitut du parquet antiterroriste de Paris (brrr...) avec une prime de mutation considérée, à l’époque, comme de 8% plus élevée que la norme en vigueur ! Un mystère de plus au pays d’Ubu ! Et puis, médias aidant, on le retrouve maintenant discrètement muté comme obscur juge d’application des peines... Le moins qu’on puisse dire, c’est que la hiérarchie ne donne pas, non plus, une grande impression de sérieux.

On parle toujours des « acquittés d’Outreau. » Il me prend l’envie de chercher autre chose, un titre derrière le miroir, puisque le procès a changé de camp, un titre qui contienne une explication : « Les diaboliques d’Outreau » ou bien « Les fainéants d’Outreau », ou encore « Les nullités d’Outreau »... Peut-être « Les fous d’Outreau » (Roselyne Godard, la boulangère parle de placer des « garde-fous »...)

La commission parlementaire m’aidera-t-elle à choisir ? Car enfin soyons sérieux : il s’agit ici d’une affaire d’hommes, et non d’institution. La seule question est la suivante : les magistrats et les policiers en charge de l’enquête sont-ils des imbéciles, pour avoir résisté obstinément à toutes les évidences, ou bien sont-ils des criminels qui ont envoyé en connaissance de cause des innocents en prison ? Au-delà des motivations, il apparaît que l’unique cause de ce désastre est tout simplement un travail mal fait, un ramassis de « fautes professionnelles graves », comme on dit. Il s’agit bel et bien une affaire d’incurie.

Imaginons la situation suivante : un pilote d’avion se pose saoul et en tripotant l’hôtesse. Un crash se produit, mais le pilote survit miraculeusement. Doit-on le sanctionner durement, ou bien lancer des études afin de fabriquer un avion susceptible d’être piloté par un tel personnage ?

Aucun système judiciaire ne peut fonctionner sans des fonctionnaires de haute qualité, à l’éthique et à la rigueur exemplaires. C’est, d’évidence, ce qui a cruellement manqué ici. Peut-être serait-il temps de mettre un terme à l’impunité (de fait) dont jouissent les brebis galeuses de la magistrature et de la police, aidées par de puissants corporatismes. Ainsi, quelques fonctionnaires « défaillants » jettent le discrédit et l’opprobre sur leur profession et leurs collègues, et nuisent en tout impunité, et parfois gravement, à leurs concitoyens. Peut-être serait-il temps, aussi, de reconnaître que le problème ne se pose pas seulement pour la police et pour la justice. J’en parle d’autant plus à l’aise que je suis moi-même fonctionnaire. Mais je m’égare : il est bien connu que « tout le monde fait un travail formidable » !

Pour la suite : la tournure des événements ne me donne pas grand espoir. La commission ne sera probablement qu’un défoulement collectif avec, éventuellement, un rite sacrificiel à la clé (là, rien n’est encore joué), et puis tout ce beau monde retournera ronronner dans la plus parfaite quiétude, s’empressant d’enterrer une nième réformette.

Y a-t-il vraiment un mystère d’Outreau ?


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16 réactions à cet article    


  • Michel Desmoulin (---.---.136.88) 20 janvier 2006 18:08

    Il faut sauver le soldat Burgaud

    Il est encore temps, quelques heures avant son audition par la Commission d’enquête parlementaire, de donner quelques ultimes conseils à ce jeune juge d’instruction. Au lieu de se présenter, droit dans ses bottes, le code de procédure pénale à la main, convaincu qu’il est victime d’une injustice, que tout est de la faute du Législateur, qu’il n’a rien à se reprocher puisqu’il « a rempli sa mission honnêtement et normalement, » le Juge devrait poser tous ses ouvrages de droit, derrière lesquels il se sanctuarise, et se diriger vers sa bibliothèque. Etudiant brillant, sorti d’une grande Ecole, il découvrirait très vite qu’il a fait trop de droit et oublier ses humanités. Il est évident qu’il n’est pas responsable de tout. Il y a dans cette épouvantable affaire de nombreux responsables. A l’école nationale de la magistrature, le programme ne doit pas consacrer suffisamment de temps à construire un magistrat, à construire un homme. Dans LA GUERRE ET LA PAIX de Léon Tolstoï, le Juge trouverait ce que le Prince André Bolkonski, qui rentre épuisé physiquement et moralement de la guerre contre Napoléon, dit, en français, à son ami Pierre Bézoukhov : « Je ne connais dans la vie que deux maux bien réels : c’est le remord et la maladie. Il n’est de bien que l’absence de ces maux. » Vivre pour soi, en se bornant à éviter ces deux maux, voilà toute ma sagesse actuelle. » Pierre découvre à quel point l’horreur de la guerre et le décès de sa femme, pendant son absence, ont brisé cet homme, son ami. Il cherche en vain à le convaincre qu’il fait fausse route, que le bonheur ne peut être à ce prix, qu’il ne peut pas penser ce qu’il dit. Le remord, la conscience d’avoir mal agi, n’est pas une notion juridique, c’est un sursaut de morale. Si la conscience d’avoir perpétré une mauvaise action ne se traduit pas par un sentiment de malaise, de regret, de culpabilité, le risque est grand de quitter la famille des « hommes de bonne volonté » pour entrer dans une catégorie où l’on trouve toutes sortes d’individus que l’ Histoire a marqué au fer rouge. Si le juge pense comme certains que le remord fait le malheur du monde, que c’est un tueur de bonheur, d’énergie et de réalisation, alors il ne sera pas possible de sauver le soldat Burgaud. S’il pense que pour continuer sa carrière, rebondir, il doit se débarrasser à jamais du remord, se pardonner à lui-même et surtout oublier, oublier, oublier..., cette recette du bonheur sera de courte durée. Il découvrira tôt ou tard, que ses convictions de l’instant, son sursaut d’orgueil, laisseront place à une douleur atroce qui vous tourmente toute votre vie. Pour l’honneur de la France, de la Justice, et pour la paix de sa conscience, il faut souhaiter que le Juge trouve les mots à l’adresse des victimes, de sa hiérarchie, de la représentation nationale, pour sauver ce qui peut encore être sauvé. Le président du syndicat des magistrats l’a bien compris. Hier soir, devant les caméras du dernier journal de France 3 , il avait changé de ton. Il réclamait toujours de nouvelles dispositions législatives, comme à chaque affaire qui tourne mal, mais il n’était pas aussi sûr de lui que devant Christine Okrent, quelques semaines auparavant. Il a compris l’étendue des dégâts pour le Pays et pour l’image de la Magistrature. Qui pourra encore dire, au début d’une procédure : « J’ai confiance dans la Justice de mon Pays ? A l’évidence, les magistrats sont mal formés. Que le juge Burgaud ose le dire, c’est sa meilleure défense. Les formateurs doivent, comme l’avoué Derville dans « le colonel Chabert » de Balzac, enseigner à leurs étudiants que les cabinets de juges d’instruction « sont des égouts qu’on ne peut pas curer. » Les magistrats ne sont pas formés comme le sont les soldats français, pourtant confrontés, le cas échéant, au devoir de donner la mort. Les explications fournies par l’Etat-major, ces dernières semaines, dans l’affaire de Cote d’Ivoire ont convaincu, si besoin était, que la place de l’éthique, de la morale figure aujourd’hui en bonne place dans les devoirs du soldat et la valeur de leur serment. Avant de refermer sa bibliothèque, je conseille au juge Burgaud de relire le poème de Paul Eluard que Georges Pompidou avait récité à la fin de sa première conférence de presse en réponse à Jean Michel Royer qui lui avait demandé ce qu’il avait fait et pensé après le suicide de Gabrielle Russier. « Comprenne qui voudra ! Moi, mon remord ce fut la victime raisonnable au regard d’enfant perdue, celle qui ressemble aux morts qui sont morts pour être aimés. »


    • ivtchik (---.---.8.27) 20 janvier 2006 18:57

      Ma question est simple :

      si vraiment il était évident que l’enquete avait été baclée et que toutes ces personnes étaient innocentes, comment se fait-il que leurs brillants défenseurs n’aient pas réussi à démontrer leur innocense ni avant le procès, ni lors du premier procès ?

      Pour moi, le juge d’instruction n’est pas le seul à mettre en cause, il me parait évident que les avocats de la défense ont aussi été lamentables.


      • Bernard RUELLE 20 janvier 2006 20:53

        Les avocats qui sont intervenus dans cette affaire ne cessent de répéter, et personne ne le remet en cause, qu’ils ont signalé aux différents juges, et à maintes reprise, l’absurdité de certaines accusations ainsi que la façon innommable dont l’instruction était menée. Mais, ni le juge d’instruction, ni le parquet, ni les autres magistrats n’ont l’obligation légale (à ce stade) de tenir compte de l’opinion des avocats, ni même de les écouter. Ils le font si ce sont de « bons » magistrats, conscients de la responsabilité que la société leur confie. Ce n’était apparemment pas le cas.


      • ivtchik (---.---.8.27) 20 janvier 2006 21:18

        Je ne suis pas d’accord avec vous. Un premier procès à eu lieu. Peut etre n’ont ils pas été écouté lors de l’instruction... mais rien ne permettra d’expliquer qu’ils ne l’aient pas été lors de ce premier procès... sauf qu’ils aient été tout autant que le juge d’instruction en-dessous de tout et particulièrement nuls.

        Aujourd’hui personne ne remet en cause leur attitude parce que l’objectif est de descendre le juge d’instruction et rien ou personne d’autre.

        Quand à dire que personne n’est obligé de tenir compte de l’avis d’un avocat, ou meme de l’écouter... à quoi servent ils donc ???

        Je suis seulement d’accord avec votre conclusion : on est parti pour un autodafé... qui finalement ne donnera rien ! Sauf si dans cette affaire il y a un objectif caché...


      • Bernard RUELLE 20 janvier 2006 21:49

        Si vous n’êtes d’accord qu’avec ma conclusion vous pensez-donc que le juge et ses collègues ont fait du bon travail. Qu’auraient-ils dû faire pour que vous trouviez à redire ? Et quant-aux avocats, les juges ne les écoutent effectivement pas : il suffit d’assister à quelques audiences pour s’en convaincre. Cela a été le cas en première instance, mais pas par mauvaise foi : on voulait condamner et on a comdamné. On n’allait pas laisser tout le monde s’en sortir quand même ! Ca aurait eu l’air de quoi... Et quant-aux pauvres jurés qui délibèrent en présence du Président, le plus souvent écrasés par le décorum et l’expérience du meneur des débats, que pèsent-ils ? Pour moi, cette première instance a été une forfaiture corporatiste. Preuve en est de l’attitude des magistrats en appel (c.f. la plaidoirie du procureur Général). N’était-ce pas les mêmes avocats à la défense ?


      • (---.---.0.208) 20 janvier 2006 19:46

        Il faut éviter que la légitime remise en cause de l’appareil judiciaire et policier ne débouche sur ... rien,comme certains commencent à le souhaiter tout haut.Il y a eu une atteinte inadmissible à la liberté,à la dignité,et,pour l’un d’entre eux,à la vie de citoyens innocents. Dans le même temps,un criminel récidiviste comme Pierrot le fou était libéré avec anticipation et retuait 3 personnes de plus ! Par ailleurs,on apprend qu’un autre serial killer(Fourniret) a sans doute tué la petite fille de Marseille pour le meurtre de laquelle un innocent a été le dernier guillotiné français ! Nous ne sommes donc pas protégé par les fonctionnaires que nous payons,mais leurs victimes.Il y a de la félonie dans l’air !Il est temps que les fonctionnaires véreux paient leurs crimes,que la détention provisoire soit réservée aux terroristes,et que la présomption d’innocence soit respectée,sous peine de sanction,de même la dignité et l’intégrité de la personne en garde à vue comme en prison,et que les perquisitions aient lieu en présence d’un avocat et soient filmées.D’autres affaires mal jugées sont encore à rejuger.Un homme croupit en prison depuis 10 ans sans rien avoir à se reprocher(josacine),puisqu’apparemment il s’agissait d’une négligence.D’autres comme p.dils ont passé 10 ans en prison et ont été maltraités avant d’être reconnus innocents.Si l’institution et ses brebis galeuses réussissaient à s’en sortir,il faudrait que les citoyens récupèrent leurs droits fondamentaux et les mettent en oeuvre directement.Peut être une privatisation du système judiciaire et policier serait une bonne chose.En tout cas,la cprochaine élection présidentielle devrait voir émerger un mouvement de citoyens(un vrai)désireux de prendre leu destinée en main.


        • (---.---.46.195) 21 janvier 2006 18:35

          Sont-ils vraiment innocents ?


        • (---.---.216.67) 22 janvier 2006 20:57

          Prouvez-moi que vous l’êtes vous même !


        • Augias (---.---.255.63) 22 janvier 2006 08:10

          Parfaitement d’accord avec vous.

          Vous avez oublié d’autres irresponsables totalement immunisés contre tous risques de devoir rendre des comptes et d’être sanctionnés : les experts psychologues.

          Il n’existe pas d’instance du type de l’Ordre des Médecins pour les psychologues bien qu’il existe un Code de Déontologie de la profession de Psychologue. Néanmoins, ces derniers sont libres de ne pas l’appliquer, car actuellement il n’est pas légalement contraignant. L’absence de contrainte légale les rend également libres de refuser que la Commission Nationale Consultative du Code de Déontologie des Psychologues examinent s’ils opèrent de façon éthique et « techniquement » correcte.

          Ils sont donc libres de choisir la technique d’expertise qu’ils souhaitent (ex : Outreau : Dessins de musaraignes, de martiens, d’ours etc) et d’interpréter ces dessins en fonction de leurs propres phantasmes ! (A titre d’exemple cette méthodologie (dessins) n’est pas acceptée dans les expertises judicières réalisées dans d’autres pays (Allemagne)).

          Les 4 psychologues répertoriés dans l’affaire d’Outreau se sont TOUS trompés. Ils ont été : 1-Incapables de se dégager de la pression populaire qui inquiéte de la multiplication médiatique des affaires de pédophilie exige de désigner impérativement des coupables, et qui ne connait pas la culture du doute 2- Ils se sont comportés en militants de la « parole sacrée de l’enfant ». Certains d’entre eux sont instrumentalisés en se sens par des avocats qui se sont spécialisés dans la défence du droit des enfants. 3- Ils ont voulu se croire investi (par eux mêmes ?, par la justice ? leur cercle relationnel ?)de la mission de purifier la société en participant au nettoyage des « Ecuries d’Augias »

          L’incurie est donc généralisée mais il ne s’agit pas pour tous d’une incurie provoquée par l’incomptence et le manque de travail, car elle est pour certains dépendante de la volonté d’avoir voulu utiliser la tribune que repésentait cette affaire pour militer dans le sens de la sacralisation de la parole de l’enfant. Il s’agit là d’une incurie d’ordre idéologique, ce qui est encore beaucoup plus grave que celle liée à l’idiotie et à la paresse. Les idiots, les paresseux ou les idiots/paresseux se repèrent et peuvent ne pas se voir confier des fonctions délicates, par contre dans l’ombre de réseaux peuvent se cacher des militants actifs mais discrets. Un magistrat peut donc sans le savoir ou au contraire avec malice (s’il désire plus juger qu’instruire une affaire) désigner un militant psychologue pour réaliser une expertise judiciaire et non simplement un expert psychologue.

          A ce jour les experts psychologues de l’affaire d’Outreau n’encourent aucune sanction pour leur vertigineuse incurie et pourront recommencer demain à projeter leurs propres phantasmes sur des « expertisés » pour les envoyer en prison (sauf le Pr. Viaux qui a été radié de la liste des experts pour les propos non politiquement corrects qu’il a tenu devant la presse) si aucune procédure d’évaluation de la qualité professionnelle et du respect de l’éthique n’est mise en place de façon contraignante par la loi dans la profession de psychologue.


          • (---.---.216.67) 22 janvier 2006 20:56

            Merci pour avoir si pertinemment complété mon papier... Il y avait effectivement beaucoup à dire sur les experts... mais j’étais à bout de souffle.


          • christine 02 (---.---.206.140) 22 janvier 2006 23:10

            J’espere que la tenacite des acquittes d’Outreau donnera le courage necessaire a tous ceux qui subissent ce genre d injustice et que l’a oublies.


            • Richard Trigaux (---.---.228.188) 24 janvier 2006 13:06

              Merci Monsieur Ruelle d’avoir vu le vrai problème : ce ne sont pas les institutions qui sont mauvaises en soi mais des incapables ou des malhonêtes qui font n’importe quoi avec ces institutions.

              Votre comparaison avec le pilote d’avion est excellente, et je rappelerais que les pilotes d’avion sont soumis à des tests psychologiques et psychotechniques pour éviter tout comportement dangereux ou abusif de leur part. Même un conducteur de train ou de bus peut être immédiatement licencié pour simplement avoir été saoul à son poste.

              Pourquoi n’en serait-il pas de même d’un magistrat ? Pourquoi un magistrat ou un enquêteur incapable de penser rationellement, ou qui abuse grossièrement de sa position, ne serait-il pas licencié immédiatement ? La réponse est malheureusement qu’ils jouissent d’un privilège moyennageux, non aboli en 1789, celui de l’impunité et du pouvoir d’user de sa fonction comme il l’entend.

              Je ne connais que trop bien le problème, avec un cas précis de juges et d’éducateurs protégeant des personnes qui se sont livrées à des mauvais traitements évidents sur des enfants, avec des choses que je ne peut publier pour protéger les dits enfants.


              • Sylvain Reboul (---.---.188.242) 24 janvier 2006 21:43

                L’aveu de culpabilité devrait être récusé en tant que preuve de culpabilité : un tel aveu peut être extorqué ou la conséquence d’une crise psychologique personnelle ; l’aveu ne peut être qu’un indice ou témoignage subjectif, lequel doit être confronté à des éléments objectifs validés. Le fait est que la garde à vue a essentiellement pour but d’obtenir l’aveu, c’est pourquoi la présence active de l’avocat en tant que défenseur pour instruire à décharge n’est pas, à ce stade de la procédure, requise.

                Le paradoxe de l’aveu comme finalité conclusive de la procédure, dans le cadre d’une procédure inquisitoire, est qu’elle crée les conditions de cet aveu en un jeu de rôle pervers (qui détourne de la recherche de la vérité) dans lequel l’inculpé est incité à se déclarer coupable pour bénéficier de la clémence du juge.

                C’est très exactement une reprise de la démarche inquisitoriale qui exigeait l’aveu du péché mortel d’hérésie pour sauver la justice divine de tout soupçon et pour éviter au présumé coupable d’être condamné à être brûlé vif en place publique. Etant entendu qu’en faisant condamner des innocents, Dieu reconnaîtrait et sauverait les siens après leur mort pour avoir concourus par leur aveu à sa gloire.

                S’il n’ y a plus de Dieu, ni de salut post-mortem, le gloire de la république et de sa justice exige néamoins, pour être sauves, l’aveu en tant que la preuve de culpabilité par excellence. Ce par quoi la vision française de la république et de sa justice reste profondément religieuse.

                Outreau ou la république prise en faute


                • Richard Trigaux (---.---.36.8) 25 janvier 2006 17:08

                  Monsieur,

                  je suis entièrement d’accord avec votre fine analyse de l’exigence d’aveu. l’aveu dispense les juges de tout effort, de tout engagement, de toute responsabilité.

                  La comparaison avec l’inquisition me parait également pertinente, encore que comparer le petit forfaiteur Burgaud à de grands criminels contre l’humanité comme torquemada lui donne une importance à laquelle il ne pourra jamais prétendre.

                  Par contre votre conclusion concernant Dieu me paraît stupéfiante : je ne vois tout simplement pas le rapport, puisque l’inquisition était une pervertion de création purement humaine (dont les justificaions ne figurent dans aucun livre spirituel). De plus Dieu ne peut pas avoir existé hier et ne plus exister aujourd’hui.


                • Richard Trigaux (---.---.36.8) 25 janvier 2006 19:17

                  Il est une chose dont peu de gens parlent : il y a aussi des dizaines d’enfants victimes d’Outreau (et de milliers d’affaires similaires passées sous silence).

                  Afin de « fournir des preuves » des dizaines d’enfants ont été soumis à de lourdes pressions psychologiques, jusqu’à leur faire suivre des « thérapies » pour leur faire « sortir » des aveux. Interrogés des dizaines de fois sur des sujets scabreux, c’est une sorte de viol psychologique. Libres d’échanger dans la cour de récré, afin que les aveux se corroborent. Puis retirés à leur famille, livrés à des « éducateurs », dans des « centres », sans affection ni explications, leur scolarité ruinée, tandis que les noms de leurs parents s’étalent dans les journaux et à la télé en synomyme de honte...

                  S’est-on une seule seconde demandé les effroyables dégats que produiraient sur ces jeunes psychismes cette confusion entre la vérité et le mensonge, cette violence gratuite au nom de la société, ce qui en résulterait de confusion et de refus de la dite société...

                  Certes les principales victimes (les accusés à tort) ont souffert, mais elles se remettront, plus ou moins, avec leurs ressources d’adultes. Mais que deviendront leurs enfants, privés de toute affection, leurs parents diabolisés, l’affabulation et le mensonge présentés comme de bons comportements sociaux ???

                  Honte, honte honte à ceux qui ont fait ça !!

                  Je ne suis pas du tout d’accord à faire porter la responsabilité à seulement deux ou trois boucs émissaires. Il y a des dizaines de personnes qui savaient, qui ont participé, mais qui n’ont rien dit ou rien fait pour arrêter cette folie.

                  Je ne suis pas non plus d’accord pour s’en tirer avec une réformette. Ce qu’il faut ce sont des magistrats intègres, et ça ce n’est pas la loi qui peut le garantir, mais des tests psychotechniques, à l’embauche et en continu, avec la responsabilité des fautifs et la sanction des abus, la toute première étant le licenciement.

                  D’après mon expérience personnelle, il y aurait de nombreux magistrats à licencier en France. Et si on le faisait, je suis sûr que la justice marcherait plus vite et mieux avec ceux qui restent, ceux qui font leur travail consciencieusement.


                  • david françois (---.---.184.115) 3 février 2006 17:42

                    Je ne connais pas ce juge burgeaud et surtout je ne connais pas le dossier d’instruction, mais je pense qu’il est beaucoup moins simpliste que les francais et surtout les médias le pensent. Alors, je sais, qu’il est plus facile de trouver un bouc émissaire que de réfléchir sur un dossier de plusieurs milliers de pages, mais bon.

                    En marchant tout à l’heure dans la rue, je me suis posé une question simple.

                    Outreau est-elle vraiment une erreur judiciaire ? Je sais, la question peut choquer.

                    Pour moi une erreur judiciaire est de condamner un innocent en prison après un jugement devant la cour d’assise. Dans ce cas la, Outreau n’est donc pas une erreur judiciaire puisqu’ils ont été innocentés lors de leur jugement et relâché.

                    Le problème vient de la préventive. En effet devons nous mettre en prison une personne qui est innocent tant qu’il n’y a pas eut de jugement. Pour moi la vraie question est-la.

                    Bien sur on peut toujours dire, mais tous les juges sont parfaits, en effet grâce à leurs boules de cristal et leur super pouvoir ils peuvent savoir à l’avance si telle ou telle personne est coupable à 100% pour éviter aucun risque d’erreur. Je pense surtout que c’est hypocrite de la part de la société d’exiger une telle performance de la part d’un être humain, même magistrat.

                    En continuant à marcher, je me suis dit qu’il doit y avoir une solution quand même. En fait j’en ai trouvé 2 :

                    1) Pour être sur de ne mettre aucun innocent en prison, il ne faut mettre personne en prison.

                    2) La société doit faire un choix entre deux méthodes :
                    -  Méthode Fermée : C’est la présomption de culpabilité, c’est à dire de mettre toute personne dont on à un doute en prison avec le risque de mettre aussi des futurs innocents. (c’est le cas actuellement)
                    -  Méthode Ouverte : C’est la présomption d’innocence, c’est à dire de mettre toute personne dont on à un doute en liberté avec le risque de mettre aussi des futurs coupables dehors.

                    Mais ; la société doit accepter les erreurs et les assumer dans les deux cas. C’est le plus difficile.

                    La société est outrée lorsqu’un juge relâche une personne qui après va effectuer un délit, et la même société est outrée lorsqu’un juge emprisonne un innocent. La société attend d’un juge de ne faire aucune erreur, de prévoir l’avenir, bref d’être un sur-homme. Je pense que c’est impossible. Je ne suis pas croyant, mais un homme à dit il y a 2000 ans : Que celui qui n’a jamais fait d’erreur lui jette la première pierre ? Pour ma part je ne lui jette pas la pierre, d’une part je ne connais pas le dossier, je ne crois pas au méchant juge qui harcèle les honnêtes gens, je pense que c’est plus compliqué que cela, d’autre part, je me sens totalement incapable de prendre les responsabilités des magistrats.

                    Pour moi, le grand problème de la société est de répondre à des problèmes complexes par des réponses simples. Dans cette affaire, le juge est méchant, c’est lui le coupable. C’est simpliste, mais nous sommes contents de comprendre, et ce sans connaître le fonctionnement de la justice et le dossier.

                    Autre question, pourquoi le budget de la justice en France est le 23eme sur 25 en Europe, c’est pas terrible.

                    Bon, je continu à marcher.

                    Le juge est méchant, le politique est corrompu, les médias nous mentent. Bref c’est simple la vie. Pourquoi je me pose toutes ces questions ?

                    PS ; A M. Sylvain Reboul, le problène d’Outreau n’est pas l’aveu, mais l’accusation à mon sens.

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