Une démonstration au programme
Un ministre pris au piège au cours d’une émission télévisée. Vous fûtes coincé Monsieur le ministre de l’Education nationale ! Calculateur ou non Xavier Darcos ?
Agrégé de lettres classiques réduit à l’impuissance face à « un passé antérieur », telle était la situation du ministre de l’Education nationale lors d’une récente émission de télévision. Ce « passé antérieur », paraît-il nécessaire au socle commun des connaissances, doit être acquis avant l’entrée au collège selon les termes du projet de nouveaux programmes pour l’école primaire.
A propos « vous fûtes coincé », passé antérieur ou non.
Laissons là cette première anecdote pour mieux appréhender les réels enjeux d’un enseignement.
Le projet de nouveaux programmes constitue une somme de connaissances à acquérir par le biais « d’entraînements systématiques ». Tels des athlètes, les élèves devront donc muscler leur cerveau par des répétitions d’exercices. Tout le monde connaît ou imagine la durée de la carrière des athlètes. Passé un certain âge, les performances diminuent et s’estompent au point de disparaître et c’est bien normal.
Alors M. Darcos est-il un ancien athlète de la conjugaison ? Ses performances lointaines sont déjà oubliées ! Le passé antérieur était au programme des classes élémentaires en 1958, année de son passage probable en sixième. Il n’a toutefois pas encore manqué de montrer sa mauvaise foi en déclarant : « J’avais compris futur antérieur ! ».
Le ministre a bien involontairement démontré qu’une notion abordée, même ayant fait l’objet d’un apprentissage par cœur, sans objectif de pleine appropriation, peut être aisément oubliée. Ceci n’est très nouveau : Montaigne a écrit « Savoir par cœur n’est pas savoir ». Propos à retrouver dans des cours de « lettres classiques ».
L’enseignement doit se préoccuper de l’utilité et de l’usage de son contenu. Il doit également viser avant tout une appropriation des connaissances par les élèves pour une réutilisation à bon escient. Appropriation au sens de compétences acquises durablement et non passagères pour satisfaire à une évaluation à un moment donné (évoquerai-je là un quelconque bachotage ?). Il faut du temps aux enfants pour parvenir à l’appropriation, ils doivent consentir à d’indispensables efforts pour atteindre la satisfaction de la réussite, ils se doivent de connaître les notions et donc les apprendre après les avoir construites seul ou collectivement.
Bien évidemment, chacun a pu retenir le message du gouvernement qui dans sa communication a annoncé « un retour aux savoirs fondamentaux et à une exigence accrue ». Qui peut ne pas être en accord avec une telle déclaration ? Personne bien évidemment, mais la rédaction actuelle des programmes ne va pas dans ce sens pour la totalité des élèves. La division par trois du nombre d’élèves en difficulté n’est pas assurée. La place de l’enfant « chercheur » s’amenuise.
Les programmes précédents de 2002 revus en 2007 nécessitent probablement des réajustements, mais ne doivent pas être abandonnés au profit d’approximations et de réflexions manquant de réelle profondeur.
A propos « vous fûtes coincé », passé antérieur ou non : c’est non, il s’agit du passé simple à la forme passive.
Xavier Darcos a aussi été recalé à l’épreuve de mathématiques proposée par l’animatrice de l’émission de télévision. Le ministre a immédiatement exprimé ses craintes en entendant « un règle de trois » à résoudre. Non seulement, il n’a pas su résoudre le problème posé, mais il n’a pas compris la première explication qui lui a été fournie.
A propos, Monsieur le ministre, 7,5 milliards d’économies correspondent à 10, 15, 5 ou 40 % des 150 milliards d’économies évoqués par le président de la République lors du lancement de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) en juillet 2007. Ce problème est posé sous la forme d’un QCM, formule envisagée pour le passage du baccalauréat.
Pour résoudre ce simple problème, la construction d’un tableau de proportionnalité apparaît plus simple à concevoir qu’une application mécanique d’une règle de trois. Règle obscure pour la plupart et en tout cas écartée de son sens pour beaucoup au point d’en oublier au plus vite son principe, n’est-ce pas Monsieur le ministre ? Quand vous oubliez le tableau noir de l’école, vous maniez les pourcentages avec une déconcertante aisance au moment de décrire les suppressions de postes dans l’Education nationale.
Enseigner ou gouverner un pays nécessite une méthode. Il en existe plusieurs, certaines directives et abruptes aboutissent à l’inefficacité et créent des inégalités de chance et d’espoir en l’avenir.
30 réactions à cet article
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Loin de moi l’idée de vouloir défendre M. Darcos, et encore moins la politique de vaches maigres qui s’annonce, avec l’appui des experts -toujours formels, bien sûr...quoi d’autre ?- selon lesquels on enseigne "aussi bien à des classes de 30 qu’à des classes de 20". Puisqu’on vous le dit, ça a dû être largement testé et éprouvé ...
Cependant j’imagine qu’il doit être très facile de perdre ses moyens dans de telles circonstances, (mais c’est bien fait pour lui , il n’est pas obligé d’accepter les invitations de Denisot) . Par ailleurs, utiliser un temps et un mode de conjugaison hors d’une phrase est aussi stupide que de sortir un vers d’un poème. de même, comme vous le signalez bien, la fameuse "règle de trois", appliquée sous forme de recette apprise presque par coeur est ausi une stupidité : il y a longtemps qu’elle a été remplacée par l’emploi d’un "tableau de proportionnalité", faisant davantage appel au raisonnement logique, avec de plus un support visuel. Le petit trajet fléché d’Ariane semble plus un signe cabalistique qu’un moyen efficace pour sortir facilement d’un labyrinthe ...mathématique. Ceci dit, Darcos a eu l’honnêteté, d’emblée de reconnaître qu’il n’y connaissait rien, et le rapport de proportionnalité ne la’aurait sans doute pas plus tité d’affaire.
Mais alors, effectivement, pourquoi l’aborder dans ces classes ? A moins qu’on envisage de créer des filières précoces : ceux qui ont moins de dispositions pour les maths pourraient s’orienter, après le CE1, vers un CAP de minustre !..
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pardon, mon texte comporte quelques coquilles, dont une volontaire...
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Un ministre qui perd ses moyens lors d’une émission de télévision, vous y croyez vraiment !
Si c’est le cas, donnons raison à Sarkozy de ne pas trop laisser la parole au gouvernement.........
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Bien sûr que je crois ça possible, bien que là, je pense, comme vous, qu’il ne savait pas trop. Mais qu’on soit ou non ministre, ça peut toujours arrviver quand on est mis à l’épreuve et qu’on joue le jeu. A moins qu’on s’en tire par une pirouette du genre "je ne pensais pas que nous en arriverions si bas...Veuillez considérer que notre entretien est clos"
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Je clos le débat en laissant à votre réflexion cet extrait :
Extrait du « Contrat de législature 2007-2012 de l’UMP »Page 34
Avec les communes et les enseignants volontaires, nous expérimenterons
une nouvelle organisation scolaire consistant à recentrer l’école sur la transmission
des savoirs fondamentaux, ce serait « l’école du savoir », et à confier les activités
d’éveil, le sport, la culture, l’apprentissage de la vie civique dans toutes ses
dimensions (citoyenneté, écologie, sécurité routière, secourisme, alimentation…),
la découverte des métiers et le soutien scolaire aux municipalités, ce serait
« l’école de la vie ». Les infrastructures nécessaires sont en pratique déjà gérées
par les communes. Des bénévoles, des étudiants, des jeunes retraités, des
responsables associatifs, des professionnels pourraient participer à l’encadrement
des enfants.
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@ l’auteur,
"Appropriation au sens de compétences acquises durablement et non passagères pour satisfaire à une évaluation à un moment donné (évoquerai-je là un quelconque bachotage ?).
Vous appuyez exactement où ça fait mal en ce moment dans l’enseignement primaire : au nom de l’indispensable "acquisition des compétences", on en est arrivé à rejeter toute "acquisition des connaissances."
Reprenons votre exemple de la règle de trois du ministre embarrassé. Qu’a-t-il répondu pour s’excuser de ne pas avoir été capable de résoudre le problème qui lui était posé ? "Je pense que tous les adultes ont oublié la règle de trois en raison de l’utilisation des calculettes."
Je ne suis pas convaincu, il s’en faut de beaucoup. Il s’agit là d’une technique qui a été apprise, puis oubliée. La façon dont la présentatrice résout le problème est d’ailleurs...écrite sur sa fiche et date d’un autre âge. Pour autant, j’ai longtemps enseigné la proportionnalité, qui était parfaitement comprise au CM2, voire au CM1, avec règle de trois, calculs de pourcentages, fractions.
"Il faut du temps aux enfants pour parvenir à l’appropriation, ils doivent consentir à d’indispensables efforts pour atteindre la satisfaction de la réussite, ils se doivent de connaître les notions et donc les apprendre après les avoir construites seul ou collectivement."
La méthode expérimentale, le tâtonnement expérimental, c’est très bien, mais son principal ennemi est... le temps disponible à l’école.
Vous entrez toutefois en contradiction avec vous-même en écrivant "connaître les notions et donc les apprendre." Et nous entrons là dans le flou peu artistique qui est de règle à l’école primaire depuis pas mal de temps.
Au nom de l’appropriation des compétences, on néglige totalement les connaissances et on fabrique à grande échelle des hémiplégiques de l’éducation. En quoi est-il difficile, après avoir fait découvrir à l’élève les résultats d’une table d’addition ou de multiplication, de la lui faire apprendre ?
Méthode archaïque, allez-vous me répondre. Dans ce cas, ne parlez pas de pédagogie de la réussite, car un élève qui sera "coincé" dans la résolution d’un problème parce qu’il n’a aucune notion de ses tables de multiplication et qu’il devra, soit refaire la découverte à chaque fois, soit utiliser une calculette sera, pour moi, en situation d’échec et non de réussite.
Je passe rapidement sur le vieux débat concernant la mémoire qui serait selon les uns susceptible d’un entraînement, et pas selon les autres. Il s’agit là d’un débat de neurophysiologie et non de pédagogie. Mais que penseriez-vous d’un chirurgien, parfaitement au summum de son art, qui vous répondrait : "je ne peux pas effectuer cette opération parce que je n’ai pas les outils nécessaires."
On veut que l’élève s’approprie des compétences, mais on ne lui permet l’utilisation d’aucun outil. C’est profondément stupide, dévoreur de temps, et dévalorisant, surtout à l’entrée en 6°, quand les profs considèrent que certaines techniques sont (ou devraient) être acquises.
Bref, ma question est la suivante : comment un élève peut-il acquérir des compétences sans qu’on lui fournisse le moindre outil ? Pour moi, ce n’est possible que s’il fabrique à chaque fois les outils nécessaires. Et, de cette façon, les 5 années passées à l’école primaire (du CP au CM2) sont trop courtes.
En outre, lorsque vous énoncez que "l’enseignement doit se préoccuper de l’utilité et de l’usage de son contenu", on peut dire qu’on ne se préoccupe plus de l’avenir de l’enfant, mais de son "bonheur" présent. Quel est l’intérêt de la poésie ? de la musique ? de l’éducation artistique ? de l’éducation physique ? On peut vous objecter que tous les élèves ne deviendront ni poètes, ni musiciens, ni peintres, ni sportifs, ni historiens, ni géographes, ni écrivains... Ce sont donc des disciplines qui n’ont plus rien à faire à l’école, car leur utilité reste à démontrer et que leur usage futur est très hypothétique.
Cela fait maintenant une quinzaine d’années que l’école primaire (sauf dans les classes où les enseignants ont pris le maquis) ne délivre plus aucun savoir, au nom du principe d’acquisition des "compétences". On voit le résultat aujourd’hui.
Il paraît que la culture générale, c’est ce qui reste quand on a tout oublié. Nos chères têtes, plus ou moins blondes, n’auront pas ce problème. Désolé pour ce constat navrant.
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Une pédagogie qui part de l’implicite ( connaître sans le savoir) pour s’orienter vers une analyse personnelle, en petit groupe, ou, plus collectivement, en passant par un reformulation des étapes de la démarche afin d’aboutir à une synthèse commune à l’ensemble des enfants d’une classe me paraît plus interessante et plus riche qu’une simple transmission de savoirs. Cette synthèse doit par la suite être apprise et retenue. Cela permet aussi à l’enfant d’avoir une représentation mentale de la démarche suivie pour y parvenir.
L’apprentissage n’est pas absent dans une telle pédagogie.
La mise en place de cette pédagogie nécessite de la part de l’enseignant une réflexion pour définir l’entrée dans l’activité sans jamais perdre de vue l’objectif final "savoir". Il doit veiller à ce que les enfants ne s’égarent pas dans leurs recherches en réorientant l’activité dès que nécessire.
Un exemple rapide : dire aux élèves "Constuisez des phrases commençant par "Il faut que..." en utilisant savoir écrire, savoir sa leçon........En menant des observations sur la forme du verbe, il sera simple d’annoncer après analyse que l’on vient d’utiliser le présent du subjonctif et que les phrases incorrectes ne sont pas à ce temps. La démarche est constructive et n’omet pas l’indispensable apprentissge pour fixer la notion abordée.
Quants aux aspects culturels que vous évoquez en niant leur utilité à l’école élémentaire : vous niez que l’ouverture à un large champ de connaissances et de pratiques soit la source d’un plus grand épanouissement favorisant l’estime de soi.
Pour conclure vous semblez imprigné du message "les enfants n’apprennent plus....., ils doivent tout découvrir..." :: heureusement, nombreux sont les enseignants qui ne suivent pas ce principe
En revenant à une simple transmission de connaissances, reviendra-t-on au collège d’avant 1975, celui que tous les enfants ne pouvaient fréquenter
Ou bien êtes-vous en pleine accord avec le contrat de législature 2007 2012 de l’UMP dans lequel on peut lire ;
Extrait du « Contrat de législature 2007-2012 de l’UMP »Page 34
Avec les communes et les enseignants volontaires, nous expérimenterons
une nouvelle organisation scolaire consistant à recentrer l’école sur la transmission
des savoirs fondamentaux, ce serait « l’école du savoir », et à confier les activités
d’éveil, le sport, la culture, l’apprentissage de la vie civique dans toutes ses
dimensions (citoyenneté, écologie, sécurité routière, secourisme, alimentation…),
la découverte des métiers et le soutien scolaire aux municipalités, ce serait
« l’école de la vie ». Les infrastructures nécessaires sont en pratique déjà gérées
par les communes. Des bénévoles, des étudiants, des jeunes retraités, des
responsables associatifs, des professionnels pourraient participer à l’encadrement
des enfants.
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"Quant aux aspects culturels que vous évoquez en niant leur utilité à l’école élémentaire : vous niez que l’ouverture à un large champ de connaissances et de pratiques soit la source d’un plus grand épanouissement favorisant l’estime de soi."
Ah, non, je n’ai jamais dit ça mais exactement l’inverse. Je suis parti de votre conception "utilitariste" de l’enseignement ("L’enseignement doit se préoccuper de l’utilité et de l’usage de son contenu") pour démontrer justement qu’en appliquant une telle théorie, on évacuait alors tous les savoirs qui n’ont pas d’utilité directe ou qui ne sont pas d’usage courant. N’inversez pas les rôles.
Pour ce qui est du « Contrat de législature 2007-2012 de l’UMP » il me paraît utile de vous poser auparavant une question : connaissez-vous beaucoup de professeurs des écoles qui soient capables d’enseigner les "fondamentaux", puis les bases de disciplines artistiques, sportives ? Je passe pour la notion de "citoyenneté" et autres couillonnades.
En ce qui concerne le "recrutement" prévu par not’ ministre, je lui souhaite bien du courage : prétendre que des bénévoles vont se présenter dans des classes pour se faire chahuter par les élèves ou leurs parents, ce sera sans doute possible. A condition de rémunérer ces bénévoles très grassement... ou d’aller chercher ces "bénévoles malgré eux" à l’ANPE.
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Je note notre concordance de vue sur la nécessité des activités à caractère culturel ( non saisie à la première lecture).Je les classe personnellement dans les "utilités" pour tendre à un usage....(ce dès la maternelle)
Votre remarque sur le contrat législatif est bien douce. Je me soucie davantage d’une potetielle disparition de l’aspect national de l’Education Nationale. Cela faciliterait assurément la mise en place d’une RGPP répondant à des objectifs budgétaires..... !!!!
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Entièrement d’accord avec ce point de vue : l’appropriation d’un savoir, cognitif ou méthodologique, passe par une phase explicative dans laquelle l’enfant comprend le but de la démarche. Ce qui a été ainsi "édifié" peut ensuite être exigé en apprentissage "par coeur". Qu’il y ait encore des partisans d’un retour à une pédagogie de la contrainte sans justification préalable me laisse perplexe.
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Votre remarque sur le contrat législatif est bien douce. Je me soucie davantage d’une potetielle disparition de l’aspect national de l’Education Nationale. Cela faciliterait assurément la mise en place d’une RGPP répondant à des objectifs budgétaires..... !!!!
Entièrement d’accord. J’irai même plus loin : la privatisation à plus ou moins long terme de l’Education Nationale est programmée, tout comme celle du secteur hospitalier.
Mais, est-ce vraiment une surprise ? A partir du moment où on décide que toute activité doit rapporter de l’argent, la fin justifie les moyens. Nous allons sans doute vers un système "à l’américaine", avec tout ce que cela comporte. J’espère simplement me tromper.
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@ 5A3N5D
je confirme. Entièrement d’accord. Les élèves n’ont pas tellement changé dans leur capacité d’écoute ni dans la durée de leur attention selon "l’intérêt" qu’ils portent à ce qui leur est proposé. Seulement, il n’y a plus maintenant la "crainte" du maître, qui était entretenue souvent par les parents de l’époque. Ca marchait mieux ? Pas sur, il y avait moins de de b... ça c’est vrai mais cette paix romaine reposait uniquement sur un rapport de force qui n’est pas envisageable aujourd’hui et c’est tant mieux. (Il est bon que le respect qu’on souhaite de la part des élèves soit réciproque). Par contre, les gosses qui décrochaient le faisaient sans se faire remarquer. ca rassurait.
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On se dirige effectivement vers un discours de ce type :" Le service public n’atteint pas les performances dictées" alors "maintenant, faites selon vos moyens financiers"
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Personnellement, je trouve que toutes ces histoires de compréhension, de synthèse des savoirs, de participation à l’apprentissage sont des conneries sans nom. J’ai appris toutes mes tables par coeur, et je ne m’en sors pas plus mal. Je ne suis pas traumatisé, j’ai eu mon Bac C avec mention Bien, et je n’ai trouvé que des avantages à connaitre mes formules par coeur. Pas de besoin de chercher dans ma tête, juste à comprendre les problèmes à résoudre et savoir quelle était la bonne formule à appliquer.
Quant à la pratique du français, l’apprentissage du passé antérieur ne me semble pas nécessaire. Que déjà les élèves fassent la différence entre l’usage de l’imparfait, du futur simple et du passé composé et ce sera déjà pas mal...
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Vous faites partie des 25% qui peuvent parfaitement réussir dans un simple système de transmission de connaissances
Faut-il se satisfaire de ce pourcentage ou bien agir différemment pour donner à d’autres la chance de réussir ?
Bien évidemment il faut aussi mettre les 25% en situation d’efforts et et donc tendre à une pédagogie différenciée
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@ Némo,
J’ai appris toutes mes tables par coeur, et je ne m’en sors pas plus mal. Je ne suis pas traumatisé, j’ai eu mon Bac C avec mention Bien, et je n’ai trouvé que des avantages à connaitre mes formules par coeur.
Certes, mais pour être capable de mémoriser une formule "par coeur" comme vous le dites, il faut nécessairemet la comprendre.
Si ce n’est pas le cas, la mémorisation sera bien plus difficile et incertaine, et il est même possible que la "bonne formule" ne soit jamais appliquée dans un problème où elle devrait l’être.
En revanche, il n’y a pas à "comprendre" pourquoi 6 fois 7 font 42. C’est comme ça et il faut le savoir le plus tôt possible pour libérer le plus de temps possible pour le raisonnement.
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Il est effectivement impératif de savoir que 6 fois 7 font 42, de même que 36 c’est 6X6 et 4X9....
IL est cependant nécessaire d’en comprendre le sens avant même un "savoir par coeur", la multiplication avant d’avoir une technique a un sens
Savoir 6X7=42 et ne pas parvenir à résoudre " 6 palaces à 7€ chacune" n’apporterait rien
Par ailleurs donner un sens 6X7=42 c’est anticipé sur le sens de la division 6X ?=42...........
Bref, saisir le sens favorise la construction d’un mécanisme et l’acceptation de son application dès que nécessaire
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Savoir 6X7=42 et ne pas parvenir à résoudre " 6 palaces à 7€ chacune" n’apporterait rien... la multiplication avant d’avoir une technique a un sens.
Ouah ! Quelle découverte ! Vous devriez franchement écrire un ouvrage sur le sujet ! Je vous rassure : il y a 40 ans aussi, on faisait d’abord découvrir le sens des opérations bien avant d’apprendre de quelconque tables. Vous prenez franchement les anciens "instits" pour des cons ?
Mais est-il si difficile de comprendre le sens de la multiplication qu’on doive y passer 4 années scolaires ?
Vous tombez franchement dans la caricature et la mauvaise foi : qui vous a dit que les tables de multiplication devaient être apprises avant l’étude même de l’opération ? Où ai-je jamais affirmé une telle ânnerie ?
Par ailleurs donner un sens 6X7=42 c’est anticipé sur le sens de la division 6X ?=42...........
Oui. Et ... ? Il n’empêche que si l’enfant ne sait pas quel nombre il doit écrire à la place du point d’interrogation, il ne saura pas résoudre l’énigme 6 X ? =42. Votre enseignement repose sur l’ENIGMATIQUE. Pas étonnant que, dans certaines classes, les élèves s’ennuient au point de semer la panique.
Je vais cesser cet échange, car à l’évidence, vous cherchez à peu près tous les arguments possibles pour ne rien faire faire à vos élèves. Je sais, ce n’est pas agréable à entendre, mais vous êtes bien dans la logique de la fabrique de crétins à grande échelle, ce que l’école est devenue depuis maintenant une grosse décennie : 5 à10% d’enfants qui sont catalogués "dyslexiques" alors qu’on ne leur donne aucun goût ni méthode pour la lecture ; des handicapés du calcul parce qu’on leur a fait "découvrir" toutes les possibilités pour obtenir 36 à partir d’un multiple quelconque, démarche accessible à un grand ado, pas à un enfant qui aime plutôt résoudre des situations très concrètes !
Voilà en gros ce que privilégier l’acquisition des compétences sur celle des savoirs a donné ces dernières années : il n’y a pas à privilégier les unes au détriment des autres ; simple parti-pris de pédagogiste.
Bon courage avec la division au CE1, la règle de trois au CM2 (si vous voulez des fiches de préparation sur la proportionnalité (CM1-CM2), je suis à votre service.) Car si vous voulez poursuivre votre logique, on peut aussi, dès le CE, poser la situation suivante :
un bonbon coût 5 centimes. Combien côuteront 2 bonbons, 4, 5, 7, etc... Mais on peut poser aussi la question : combien de bonbons pourrai-je acheter avec 45 centimes ? 60 centimes ? et dresser un tableau de proportionnalité. Et là, on aborde du même coup la multiplication et la division, ce qui répond à votre éligmatique 6 X ? = 42.
Seulement, voilà : quand je vois une prof écrire :"Lorsqu’ils vont être confrontés à la division au CE1, ils vont f... le bazar" je comprends mieux qu’on cherche plutôt à n’enseigner que ce qui permettra de maintenir le calme dans une classe plutôt que de se poser la question : "comment vais-je faire passer telle notion sans ennuyer les enfants." Ce n’est pas la même démarche, j’en conviens.
Sur la dyslexie, voir cet artricle sur AV :
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=38209
On a tellement de mal à former les enfants à l’apprentissage des langues étrangères qu’on en vient à ... essayer de les éviter en les remplaçant par l’Espéranto. Pourquoi pas le Volapük ?
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Mieux vaurt en arrêter là et relisez ce que vous avez écrit et non pas ce que vous avez cru écrire
Sachez que je ne prends personne pour un con
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Je suis enseignante en primaire. Que Darcos participe à une telle émission est désolant mais c’est son choix. Les nouveaux programmes sont très pernicieux et je suis prête à parier mon chapeau (que je n’ai pas mais je vais m’en acheter un) contre une bille qu’ils vont -1)être inaplicables dans leur totalité. -2) aggraver les inégalités sociales s’ils sont partiellement appliqués. Je m’explique.
-1)Les élèves que nous avons dans nos classes ne sont pas les élèves des années cinquante. Ils ont l’habitude de zapper dès que quelque chose ne les intéresse pas et ils ne craignent pas de nous le faire savoir. Lorsqu’ils vont être confrontés à la division au CE1, ils vont f... le bazar. La pédagogie actuelle compte sur leur intérêt et sur leur compréhension pour leur faire acquérir les notions du programme qu’ils doivent mémoriser ensuite, souvent en leçons à apprendre à la maison. Déjà, dans 30% des cas cela n’est pas fait. Je ne m’étendrai pas sur les raisons qui amènent les enfants à ne pas apprendre leurs leçons.
2) De nombreux enfants ne seront pas aidés dans les familles pour parvenir à ingurgiter le programme. Les familles éduquées, bénéficiant de la possibilité de leçons particulières, intéressées par le devenir scolaire de leurs enfants feront le nécessaire pour que bon gré mal gré, les enfants parviennent à faire, sinon comprendre ce qu’on leur demande.
Je souhaite ajouter que même si les programmes actuels ne sont pas parfaits, du moins tablent-ils sur l’apprentissage de l’analyse et de la réflexion et ils participent de l’éducation des enfants et non pas de leur "programmation". J’en suis à me demander si le gouvernement ne cherche pas à formater des adultes qui seront plus faciles à manipuler. Les suppressions de postes iraient aussi dans le même sens puisque les classes nombreuses n’aident pas les plus démunis des élèves à progresser.
Bon, je vais chercher un chapeau... Les billes, ça va, j’en confisque de temps en temps...
Catherine
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@ Catherine,
Je pense que vous vous trompez si vous croyez que les élèves des années 50 étaient plus attentifs, plus dociles que ceux d’aujourd’hui. On en est très loin. La seule chose qui ait véritablement changé, c’est la crainte plus ou moins réelle du maître.
Demandez à des enseignants qui ont connu cette glorieuse époque où on passait encore son certificat d’études primaires avant de s’envoler vers la "quille" ce qu’ils en pensent : c’était épuisant.
"Lorsqu’ils vont être confrontés à la division au CE1, ils vont f... le bazar."
Vous êtes en train de me dire que ce qui était possible en 1990 ne l’est plus maintenant ? En quoi l’apprentissage de la division (je parle du sens de l’opération) serait-il générateur de chahut ? J’avoue avoir du mal à comprendre.
"La pédagogie actuelle compte sur leur intérêt et sur leur compréhension pour leur faire acquérir les notions du programme qu’ils doivent mémoriser ensuite,"
Rien de nouveau sous le soleil. Il en a été toujours ainsi. A la fin du CE2, le sens de l’opération, voire son mécanisme parfois, étaient acquis. Et comme les tables de multiplication étaient apprises, on n’avait guère de difficultés.
"Je souhaite ajouter que même si les programmes actuels ne sont pas parfaits, du moins tablent-ils sur l’apprentissage de l’analyse et de la réflexion et ils participent de l’éducation des enfants et non pas de leur "programmation".
Vous savez, j’ai des enfants qui enseignent dans le secondaire. Si vous pouviez voir les copies qu’ils me ramènent parfois ! Si vous le pouvez, faites l’expérience. Prétendre que les programmes actuels tablent sur l’analyse et la compréhension me sidère : des gamins de 6° capables de "décortiquer" une phrase simple, il n’y en a plus beaucoup. Il est vrai que le jargon pédagogiste a aussi fait des dégâts, mais cela n’explique pas tout.
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Vous avez raison, moinssez autant que vous voudrez : cela ne changera rien au constat que tout le monde peut faire : 25% des élèves entrant en 6° ne maîtrisent pas la lecture, sont incapables d’aborder l’étude d’une langue étrangère faute de connaître la leur, ne savent pas effectuer un calcul simple de tête.
Selon une étude du CNRS, 5 à 10% des élèves seraient atteints de dyslexie, "maladie" en pleine explosion ces dernières années :
http://www2.cnrs.fr/presse/journal/1544.htm
Il est bien évident que les méthodes d’apprentissage de la lecture n’y sont pour rien (? ??)
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Et les nouveaux programmes constitueront à votre sens une solution, une aggravation. Marqueront-ils le retour au temps où tous les élèves n’allaient pas au collège ?
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Je vais répondre par une question : pensez-vous que les programmes actuels (je parle bien des programmes et non des résultats) sont adaptés à l’enseignement dispensé au collège ?
Je reviens à l’étude des langues : comment un enfant qui va aborder l’étude d’une langue pourrait-il le faire sans savoir analyser une phrase en français ? Je vais même aller plus loin, car ma femme était autrefois prof d’anglais : comment voulez-vous étudier cette langue lorsque vous n’êtes pas capable de faire la différence entre un "z" et un "y" en écriture cursive et que vous employez l’un à la place de l’autre ? Dans une telle situation, un enfant décroche en moins d’un trimestre et c’est parfaitement normal : il est en situation d’échec sur toute la ligne.
A titre personnel, je suis né "dans le ruisseau" et je n’avais pas beaucoup de chances de m’en sortir dans la vie autrement que par l’école. Je me souviens parfaitement qu’en anglais, par exemple, je n’ai jamais appris une leçon de toute ma scolarité : avoir entendu, compris, enregistré en cours me suffisait.
Mais, parallèlement, je faisais du latin. Et le latin, ce n’est pratiquement que du travail d’analyse.
"Et les nouveaux programmes constitueront à votre sens une solution, une aggravation. Marqueront-ils le retour au temps où tous les élèves n’allaient pas au collège ?"
Il n’y aura pas d’aggravation de la situation si tous les profs des écoles abordent les nouveaux programmes sans a-priori, sans y voir une charge de travail supplémentaire.
Pourquoi voudriez-vous que ces programmes marquent le retour de la "ségrégation" à l’entrée au collège ? Les enseignants du collège ne demandent qu’une chose : que leurs élèves disposent des connaissances fondamentales.
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réponse à 5A3N5D
Je ne dis pas que les enfants des années cinquante étaient attentifs de leur plain gré mais par la crainte du maître (et de leurs parents) et par respect pour l’éducation, ils ne pipaient mot.
Quant au chahut, je crois sincèrement que les élèves ne craindront pas de mettre le bazar si ils ne comprennent pas ce qu’on essaie de leur enseigner et c’est très facile à expliquer : ils n’écouteront pas, s’occuperont de leurs petites histoires avec leur voisin, regarderont leurs cartes de foot etc...Venez voir dans ma classe de CM la facilité des élèves de déraper dès qu’ils décrochent. J’enseigne la conjugaison, la géométrie et l’anglais. La seule matière où il est facile de capter leur attention est la géométrie car je fais surtout des constructions et les notions qu’ils acquièrent sont nécessaires pour arriver au tracé final. Comme il y a un coloriage à la clé, ils sont attentifs. L’anglais est enseigné surtout par des jeux et ils y participent volontiers mais ils n’apprennent pas le peu de leçons que je donne. C’est surtout en conjugaison que la classe part dans tous les sens car ils ne manifestent aucun intérêt pour l’apprentissage. Selon mes collègues et moi-même, l’attention des élèves est très fugace.
Je ne remets pas en cause les efforts de mes collègues d’antan mais les enseignants d’aujourd’hui sont aussi très professionnels.
Vous parlez de la fin du CE2 pour le sens de la division, or il est question de la mettre en place un an auparavant, au CE1.
Je suis d’accord pour rectifier mon commentaire sur les programmes actuels : même s’ils ne parviennent pas à donner un sens de l’analyse aux élèves, du moins y visent-ils. Sont-ils trop ambitieux ? En tout cas ils partent du postulat qu’il vaut mieux comprendre que de retenir par coeur ce qui correspond meiux à ce que je pense.
Maintenant, j’ai une question pour vous : A quoi attribuez-vous la baisse de niveau des élèves ? J’aurais tendance à faire porter le chapeau (encore une histoire de chapeau !!)à la TV, car de nombreuses familles ont la télé allumée en permanence et on y jette un oeil de temps en temps comme on jette un oeil de temps en temps à l’enseignant et qu’on lui accorde une oreille distraite.
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En recherchant un texte sur la baisse du niveau des élèves, j’ai retrouvé cette citation
« Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. À notre époque, les enfants sont des tyrans. »
Cette époque c’est celle de Socrate (auteur de la citation)
Le texte que je recherche est celui d’un philisophe de la grèce antique dans lequel il expose la façon dont on se plaignait en 400 avnt JC de la baisse du niveau des élèves
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@ Catherine,
Je suis furieux ! J’avais rédigé un très long post en réponse au vôtre et au moment de l’envoyer.... Login ! mot de passe !
J’essaierai de répondre ultérieurement.
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@ L’auteur,
Pensez-vous vraiment que la situation que nous connaissons actuellement ne s’est jamais produite auparavant dans l’histoire ?
« Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. À notre époque, les enfants sont des tyrans. »
Oui, nos chers petits sont devenus des tyrans, pour leur parents et pour leurs "maîtres". Ne leur donne-t-on pas ce qu’ils veulent à la maison, juste pour avoir la paix ? C’est certainement une capitulation des parents mais aussi des enseignants qui ne leur demandent plus aucun effort. On se contente d’un enseignement "a minima", sans aucune ambition.
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« Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. À notre époque, les enfants sont des tyrans. »
J’ai écrit que cette citation est de Platon il y a dons 2 400 ans. Je n’ai pas dit que ce n’était plus vrai.
Des enfants tyrans, il en existe mais ne généralisez pas. Bien des enfants sont éduqués en ayant des repères pour ne pas "se perdre" et parvenir à se "constuire". On se "construit " mieux avec des "non" qu’avec des "oui" assurés à tout coup.
Heureusement qu’il y a encore un grand nombre d’enseignants soucieux d’une certaine exigence et capables de transmettre les valeurs de l’effort. Ces enseignants sont bien souvent appréciés des élèves dès lors que le respect mutuel est de mise avec un principe que je peux résumer ainsi :" ferme mais souple et en tout cas juste"
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"Heureusement qu’il y a encore un grand nombre d’enseignants soucieux d’une certaine exigence et capables de transmettre les valeurs de l’effort. Ces enseignants sont bien souvent appréciés des élèves dès lors que le respect mutuel est de mise avec un principe que je peux résumer ainsi :" ferme mais souple et en tout cas juste"
Voilà au moins un point (s’il n’en existe qu’un) sur lequel nous seront incontestablement d’accord.
Contrairement à ce que croient beaucoup de profs / instits, les élèves apprécient ceux qui leur "font faire des choses." Et des choses variées et même difficiles.
Bref, quand les enfants ne s’ennuient pas, il n’y a pas de discipline à faire, et ils vous en savent gré, car le chahut, c’est toujours l’insécurité pour les plus "sages". Et le rythme et l’ambiance de travail s’améliorent rapidement.
Tout le monde, au cours de sa scolarité, a eu des profs qui se faisaient chahuter et d’autres pas. Sans doute y a-t-il également un charisme propre à ces derniers, mais je n’en suis même pas certain : quand un maître est exigeant avec ses élèves, il doit l’être tout autant envers lui-même. Le "secret" est peut-être tout simplement là. Il n’y a donc pas de secret.
Cordialement.
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