Viande halal : Un déni du droit à l’information et à la consommation, un risque sanitaire et une mise à mal de la laïcité
Ca y est, on le sait grâce au gratuit 20 minutes, après les révélations faites par une Marine Le Pen en verve dénonçant la consommation par tout un chacun de viande halal à l’insu de notre plein gré. La Chambre d'agriculture d'Ile-de-France a confirmé ce mardi dans un communiqué que 100% de la viande abattue en Ile-de-France l'était selon les traditions musulmane et juive. « Aucun choix n'est donné aux éleveurs franciliens » qui doivent partir en province pour faire abattre leurs animaux, regrette la Chambre d'agriculture. Les animaux doivent faire des « centaines de kilomètres », les carcasses devant être rapatriées pour le conditionnement et la distribution en Ile-de-France, souligne l'organisme qui dénonce la « perte de temps et d'argent. »
Le droit à l’information et à la traçabilité bafoué derrière la généralisation de l’abatage rituel
On ne cesse de souligner du côté des grands médias, si relativistes lorsque cela les arrange, que les abattoirs concernés ne représenteraient que 2% de la consommation francilienne de viande. Mais on apprend aussi de la Chambre d'agriculture d'Ile-de-France qu’« En France on estime que 30% de la viande est abattue selon les rites musulman et juif alors que la demande ne représente que 7% ; 23% sont donc commercialisés comme de la viande "traditionnelle" ». On apprend même par le Point.fr que ce sont 75% des moutons qui sont abattus sans étourdissement, comprenez abatage religieux ! La Chambre de commerce regrette l'absence de choix par manque d’information pour les consommateurs... C’est le moins que l’on puisse dire face à ce scandale !
Tout d’abord, à aucun autre motif on n’accepterait pour d’autres produits de banaliser l’absence de traçabilité, en regard par exemple de la présence ou non d’OGM dans nos bonnes vieilles conserves, dont le caractère nocif pour la santé est largement battu en brèche alors que depuis dix ans les américains en mange dans leurs assiettes. Pourquoi donc faudrait-il l’accepter plus ici ? Si on vendait de la viande bio qui ne l’était pas, on crierait au scandale ou encore de la viande étiquetée halal qui ne le serait pas. D’autre part, l’abattage rituel comprend un mode qui est le contraire de celui normalement autorisé, à savoir, la loi française impose l’étourdissement de l’animal avant de le tuer sur un principe qui relève d’une humanisation de l’abatage, et c’est par dérogation que l’on autorise l’abatage rituel qui au contraire implique que l’animal se voit mourir en étant égorgé dans la direction de la Mecque.
C’est un sacré pied de nez aux organisations de protection animale européennes qui se
battent depuis quarante ans pour qu’aucune dérogation ne soit tolérée. Il faut dire que cette dérogation autorise aussi de sortir d’un protocole sanitaire qui n’est pas sans poser problème avec la viande halal, un problème qui pourrait bien dépasser largement la simple méprise du consommateur.
Viande halal et risques sanitaires : on est très loin du fantasme !
Michel Courat, vétérinaire de formation, membre d'Eurogroup for Animals à Bruxelles, nous révèle par l’entremise de « Le Point.fr » que « les vrais risques sanitaires apparaissent en cas d'absence d'étourdissement, car une partie essentielle du règlement est alors laissée de côté. Il s'agit du chapitre 4 paragraphe 7A de l'annexe 3 règlement 853/2004, qui dispose : "La trachée, l'œsophage doivent rester intacts lors de la saignée, sauf s'il s'agit d'un abattage selon un rite religieux". En effet, lorsque vous sectionnez ces parties, vous avez, notamment chez les moutons ou les ovins, un reflux du contenu des estomacs qui souille la coupe de la viande. Or c'est précisément ce sectionnement qui a lieu dans le cadre des abattages rituels sans étourdissement » le risque de contamination bactérienne est alors réel. Il explique encore que « la partie antérieure chez les bovins est en partie utilisée pour la viande hachée. Néanmoins, si la viande est bien cuite, on ne risque pas grand-chose. Et, généralement, les musulmans ne mangent pas cru. Mais en France, nous sommes nombreux à manger des steaks saignants... » Pour conclure, il souligne un drôle de paradoxe qui n’a rien pour prêter à sourire : « c'est un point de droit extrêmement paradoxal qui mérite que l'on se pose quelques questions : comment, par dérogation, peut-on procéder à un mode d'abattage qui contourne la législation en matière d'hygiène et augmente ainsi les risques ? Comment peut-on en toute légalité exposer tant de gens ? »
Alors, fantasme ou réalité ? Sur France-Inter, ce 21 février au matin le journaliste qui interviewait Marine le Pen pour contrer ses dires s’exclame, disant que la viande halal est une viande de qualité, une très bonne viande, que manger de la viande halal sans le savoir est ainsi sans importance. Ces journalistes qui, au moment de la vache folle nous prédisait la mort de millions de personnes, ce qui fut un des plus grands fantasmes médiatiques du 20e siècle, propre au catastrophisme ambiant induit par une écologie intégriste qui continue de faire fantasmer un petit monde médiatique, ne voient là concernant la viande halal aucun problème.
Il y a de quoi s’inquiéter de l’usage fait de notre droit à l’information qui se perd ici dans les méandres de la bienpensance qui identifie immigration, banlieue et musulman, en interdisant au nom de ne pas stigmatiser certaines populations, de se poser certaines questions qui pourtant concernent l’intérêt de tous. Il n’est évidemment pas question ici de prendre les musulmans en otage de ce débat mais de ne pas le taire sous prétexte qu’il a pour objet le commerce halal et donc l’islam.
Comme cela a déjà été souligné, « en légiférant sur l’abattage rituel musulman, l’Etat a implicitement reconnu l’existence d’un commerce de produits halal. Dès lors, que ceux-ci soient identifiés comme « religieux » ou pas, si les conditions réglementaires sont établies pour que ces marchés existent, ces produits devraient faire l’objet d’un contrôle de la ferme à la table. Ceci permettrait un développent équitable de ces marchés tout en assurant aux consommateurs la protection et l’information auxquels la France et l’Union Européenne leur donne droit »(1). Mais force est de constater que cela n’est absolument pas respecté, et c’est bien toute la question.
Pourrait-on malgré soi en mangeant à son insu halal financer le culte musulman ? Une question à laquelle il est essentiel de répondre dans une société démocratique et laïque !
Pourquoi la France a-t-elle accordé ce droit au culte musulman d’abattre sans étourdissement préalable, sans s’interroger, comme certains autres Etats européens sur la question de sa légitimité religieuse ? Pour des raisons propres à un clientélisme politico-religieux qui est non seulement en rapport avec ce que l’on désigne sous le vocable de communauté musulmane de France, mais aussi en raison des pressions sur les Etats des autorités internationales représentants cette religion, comme l’Organisation de la Conférence islamique ou l’Islamic Cultural Centre (ICC) de Londres, et du Muslim Council of Britain (MCB).
Pourquoi rien ne filtre sur les liens entre abattage rituel et financement du culte musulman dans ce débat ? Le statut privilégié des mosquées qui sont reconnues comme pouvant donner la certification halal telles que celles de Paris, de Lyon ou d’Evry, autrement dit l’agrément religieux pour habiliter des sacrificateurs autorisés à pratiquer l'égorgement rituel, s’inscrivent dans un processus économique qui a à voir avec un marché et des revenus financiers, au regard du marché intérieur mais aussi à l’export, qui ont partie liée avec le financement de ce culte.
Par exemple, quand un client achète un sandwich halal chez Quick, il donne de l'argent au restaurant qui, lui, achète sa viande chez un fournisseur halal. Celui-ci emploie un "sacrificateur", qui abat l'animal selon le rite musulman. Ce salarié est agréé par l’une des trois mosquées en référence, qui délivrent une sorte de permis à celui qui abat l'animal. Le sacrificateur paie 150 euros à la mosquée chaque année pour obtenir son habilitation.
La question de la place qu’occupe la viande halal sur le marché de la viande en France est donc de l’ordre au moins d’un triple questionnement, celui posant le problème de l’information et de la transparence, celui du risque sanitaire, et enfin celui de savoir si, en consommant de la viande halal sans le savoir on ne finance pas un culte malgré soi.
D’autant que, au regard du marché que représente le halal et le côté pratique pour les abattoirs de ne pas différencier le non hallal du hallal pour des raisons de rationalisation économique, il y a un risque que cela favorise un clientélisme économique à caractère religieux qui renforce le rôle qu’occupe cette filière dans le drainage de fond qui servent au financement de ce culte. Imaginons la réaction violente que cela déclencherait dans les mêmes milieux qui banalise le fait évoqué ici, s’il s’agissait de l’Eglise catholique !
La laïcité n’est-elle pas ici aussi bafouée et l’islam prosélyte encouragé par là à encore étendre son influence sur la société ?
Mais le plus important peut-être dans cette affaire, n’est-ce pas de considérer comme contraire à nos droits fondamentaux dans la France du 21e siècle que nous soyons régulièrement amener, sans le désirer, à consommer une viande marquée par un rituel contraire à une laïcisation de l’alimentation devenue une valeur collective essentielle et durement acquise contre l’hégémonie de la religion catholique sur notre société. En laissant ainsi le halal envahir nos assiettes n’est-ce pas encourager à penser ceux qui voient en cette viande un des attributs de leur champ d’influence religieuse de pousser plus loin l’infraction du religieux dans la vie de chacun, comme un passe droit ? Halal signifie licite en arabe, autrement dit reconnu comme conforme sur le plan religieux au code islamique en la matière. Il y a du sacré dans la viande halal au sens que lui donne le mode d’abatage qui y convient, « un aliment destiné à une consommation musulmane ».
Dans un contexte de montée permanente des revendications communautaire, appuyées sur un retour à la tradition religieuse dont l’extension du voile est le marqueur d’un repli communautaire regrettable, avec en toile de fond la vague d’islamisation des pays arabo-musulmans que soutiennent largement les musulmans pratiquants et au-delà, comme l’a montré le vote massif des Tunisiens résidant dans notre pays en faveurs des Frères musulmans, cela ne devrait-il pas attirer l’attention des pouvoirs publics et faire rectifier le tir ?
Une situation qui n’est rendue possible que par une complicité coupable de l’Etat, d’ailleurs continue, cohabitation ou non. N’est-ce pas Lionel Jospin qui avait institué des relations régulières, sur les grands sujets de société, entre l’Etat français et les représentants des cultes et leurs Eglises ! Quant à notre cher Président, il a déclaré ce 21 février lors d’une visite de Rungis en réaction aux propos de Marine Le Pen sur la viande halal : "La polémique n'a pas lieu d'être. On consomme chaque année en Ile-de-France 200.000 tonnes de viande et il y a 2,5% de viande casher et halal" sur ce total, a fait valoir le président candidat. » Il devrait lire le journal 20 minutes et il en saurait au moins autant que nous, et pourrait vérifier que ses chiffres sont faux. On comprend ici le Président, candidat à sa succession, il ne faut effectivement pas heurter certains de ses futurs électeurs musulmans.
Les complicités politico-médiatiques avec l’islam communautariste, un sacré coup de main au national-populisme du FN
Le lien étroit entre culte musulman et immigration extra-européenne fait également un enjeu politique de cette question, ce qui devrait alerter ceux qui croient devoir banaliser cette révélation due à une Marine Le Pen transformée une fois de plus, par la complicité dont bénéficie l’islam communautariste du côté du système politico-médiatique clientéliste, en nouvelle Jeanne de la laïcité. Héroïne de la défense des droits des consommateurs comme de la dénonciation d’un complot du système, elle a une nouvelle occasion de justifier sa place tant contestée dans le décor de l’offre politique des prochaines présidentielles, et son national-populisme avec. C’est donner du carburant à cette idée sulfurique pour notre vivre ensemble de faire passer « les Français d’abord » portée depuis toujours par le FN, qui rompt violemment avec un principe d’égalité de tous devant la loi sans lequel notre laïcité n’est rien.
Une belle opération menée de main de maître par cette élite politico-médiatique toujours aussi lucide qui ne voit qu’islamophobie dès qu’il est question d’écorner d’une critique l’islam. Un sacré coup de main donné, façon grain à moudre, au combat du FN. N’est-ce pas ces mêmes journalistes qui nous expliquaient avec ardeur qu’il n’y avait rien à craindre de l’opposition armée en Lybie, qu’ils affublaient du titre de « Révolutionnaires » qui ont immédiatement après avoir pris le pouvoir imposé la … charia dans leur constitution, oups !
Du choix de manger l’hostie ou pas à la constitutionnalisation de la loi de séparation de 1905.
Ce contexte de complaisance n’est pas détachable d’un débat sur l’opportunité de modifier ou non la loi 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat, venue des plus hautes instances de l’Etat, de partis politiques, d’associations, de personnalités publiques et intellectuelles, entre autres afin de permettre un financement « contrôlé » du culte musulman et un rattrapage en termes de lieux de cultes vis-à-vis des autres religions, quitte à y laisser s’y perdre les principes fondamentaux de cette loi si essentielle au passage. Le candidat Hollande a été bien inspiré en proposant d’inscrire la loi de séparation des Eglises et de l’Etat dans notre constitution. Il faudra aussi s’il est élu qu’il se préoccupe de faire respecter cette liberté élémentaire en pays laïque de choisir de manger l’hostie ou pas.
Guylain Chevrier, historien, formateur en travail social.
1 : Florence Bergeaud-Blackler, L’Etat, le culte musulman et le halal business, Communication issue du « Colloque Droits, libertés et obligations du culte musulman » dans le cadre des Journées d’études « Islam et société » EHESS.
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