Pour compléter votre commentaire, il convient de dire aux lecteurs habitués au Manu Larcenet de Fluide Glacial qu’il ne se limite pas aux aventures délirantes de Bill Baroud.
En gardant un sens de l’humour indéniable, cet auteur a démontré sur plusieurs séries une sensibilité remarquable et un questionnement aigu sur des thèmes comme la transmission et l’identité. Outre le Combat Ordinaire, à la fois engagé, poignant, véridique, intime et digne, je recommande également Le temps de Chien.
Merci à l’auteur de l’article de m’avoir informé de cette nouvelle série qui retiendra toute mon attention.
Cordialement.
Excellent article.
Ce qui énerve Revel, c’est que Taddei propose une émission qui fonctionne sur le principe d’Agoravox. C’est à dire que l’on laisse les invités être acteurs du débat sans mettre systématiquement son grain de sel dans un débat d’opinion.
L’équipe d’Agoravox ne vient pas contredire toutes les thèses défendues dans le respect de la loi. Elle laisse les commentateurs d’opinions différentes enrichir un débat argumenté.
Cela explique peut-être l’aversion profonde des commentateurs « légitimés » pour le net. Et la stérilisation de la réflexion dans nos médias.
@ Vincent Bernard
Merci de votre réponse.
La titrisation me préoccupe sur deux points.
Tout d’abord, la question de la création monétaire par les banques. Ceci constitue selon moi une prérogative exorbitante qui n’a pas en soi déclanché la crise, mais qui a abouti au credit crunch que nous avons subi. Les ratios prudentiels qui l’encadraient sont très facilement contournables par titrisation. Je pense que les banques ne devraient pas pouvoir trop « diversifier leurs risques », justement. Leur métier consiste précisément à l’apprécier, et en cela elles jouent un rôle essentiel dans notre système et justifient leurs profits ainsi.
Deuxième point contre la titrisation, à rapprocher de la question de l’appréciation des risques, est le niveau très élevé d’asymétrie d’information concernant les titres. Je crois que la puissance publique a un rôle à jouer ici aussi.
Le marché bancaire présente de fortes barrières à l’entrée et est extrêmement imbriqué dans le reste du tissu économique. En outre, c’est un secteur stratégique. C’est pourquoi les mécanismes classiques de responsabilité civiles et pénales sont certes essentiels, mais insuffisants : on ne peut pas se contenter de laisser couler les fautifs et de punir les responsables en attendant qu’un autre acteur prenne rapidement le relai.
Je suis bien conscient de tous les mécanismes de contournement des législations qui sont ouverts aux entreprises, en particulier dans une économie ouverte et relativement peu régulée internationalement. Il n’en demeure pas moins que l’état actuel des choses n’est pas satisfaisant.
"Conclusion : retrouver les bases libérales du droit
Faillite, principe de responsabilité personnelle pour faute, et jugement sans concession de l’honnêteté des actes passés : ce sont les bases de la régulation libérale des marchés.«
Je suis tout à fait d’accord avec cette remarque. C’est la moindre des choses. Et je pense également que vu les moyens exorbitants de contournement des mécanismes de régulation à disposition des entreprises, c’est aujourd’hui le levier prioritaire sur lequel nous devrions fonder notre politique économique.
Ceci dit, lorsqu’il considère qu’une intervention pour sécuriser le reste de l’économie passant par un échange »capital contre résorption des dettes« , je comprends »nationalisation". Et cela, c’est un autre levier politique de régulation que la simple régulation marchande.
Enfin, je pense que les mécanismes de contournement de la loi doivent être réduits en limitant drastiquement les possibilités offertes aux financiers, dont la titrisation. C’est le préalable indispensable à une régulation plus complète. En attendant, les mécanismes de responsabilité civile (réparation, à envisager au sens large), pénale (peine de prison, interdiction d’exercer une responsabilité économique d’envergure et politique) et économique (faillite) doivent jouer à plein.
Loin de moi la prétention de pouvoir juger le fond de cet article, mais je vous remercie de nous avoir donné un peu de grain à moudre.
Johan
@ tzecoalt
"Cela reste un transfert de la création ex-nihilo du privé au public. Au final, on risque d’écoper d’un système public hypertrophié et privilégié. Et c’est sans compter sur l’avantage de la monnaie créée par le privé, à savoir l’allocation dynamique de ressources, au lieu de la mine d’or virtuelle que représenterait l’état. "
Je préfère donner à l’Etat le rôle de la création monétaire et la gestion de l’épargne aux banques. Elles alloueront dynamiquement ces ressources, et celles uue les prestataires de l’Etat gagneront en rendant service à la collectivité. C’est vrai que limiter la création monétaire par l’Etat pourrait le dissuader de dépenser à tout va, mais je ne le trouve pas beaucoup plus responsable depuis la loi de 70 qui lui interdit d’enprunter directement à la banque centrale. Au contraire : le dialogue nationalisation et privation de Chirac et Mitterand ont eu lieu après cette loi, comme les politiques de stop and go et autres scandales autour de l’argent public (ELF par exemple).
"Si l’on arrive à canaliser les excès entourant les émissions d’emprunts (titrisation, spéculation), on peut imaginer conserver notre système monétaire actuel, en le complétant par une dotation aux états européens de la somme des intérêts des emprunts émis par le secteur privé qui non pas été monétisés (donc 126000 milliards de dettes - 9000 milliards de monnaie = 3600 milliards pour les dettes publiques des 15 de l’eurozone). "
Ca se tient. J’y avais pas pensé. Mais c’est chaud de "canaliser les excès entourant les émissions d’emprunts (titrisation, spéculation)", non ?
En fait mon idée n’est pas de faire un jeu monétaire à somme nulle, mais de laisser la création monétaire à l’Etat. Je vois pas pourquoi nécessairement ça ferait monter le prix des matières premières.
"La vente à découvert a certains avantages d’accélérer la vérité des cours, ça fait vite très mal, mais l’embellie est également plus rapide, évitant de transférer dans le temps des situations que l’on peut qualifier de pourries. Mais il y a évidemment des effets pervers. "
Ca renforce énormment la volatilité des titres. Au point qu’étant donné les mouvements grégaires, globalement les dérivés ne rendent pas le marché plus efficient, bien au contraire. La régulation marchande cède le pas aux mouvements grégaires, browniens à court terme.
Avec votre système de taux zéro sur la monnaie crée, ne faudrait il pas quand même limiter la création monétaire en volume ?
@ tzecoalt
Merci de votre réponse.
La crise financière, en limitant la confiance que les banques portaient les unes par rapport aux autres, a limité l’effet de création monétaire par les banques (qui ont en fait deux leviers de création monétaire si j’ai bien compris : un par rapport à l’argent emprunté aux banques centrales et un sur leurs dépôts issus de la création des autres banques). Au début de la crise financière, la BCE a émis de la monnaie à court et moyen terme avec des taux forts. Ca me semblait pas trop mal d’assurer un besoin de liquidité (le temps que les banques se fassent de nouveau confiance) tout en faisant payer aux banques le prix de la crise.
Il me semble que les banques gagnent en effet moins d’argent qu’avant la crise, mais c’est à mon avis moins en raison de la baisse des taux que d’un manque de liquidité à prêter (effet de création monétaire freiné par la confiance moindre des banques les unes envers les autres).
"Mais bon, Madov qui vendait des produits financiers avec des rendements de 10% peut aller se rabiller : les banques percoivent en marges nettes 25% d’après Forest Ent (si mes souvenirs sont bons) de leurs fonds propres sur l’émission d’emprunts (assorti de la fameuse réserve fractionnaire), le tout le plus légalement du monde."
Aux Etats Unis, 6 des 7 entreprises les plus rentables sont des banques. En effet, Madov peut aller se rabiller, du moins, tant qu’il n’aura pas leur pouvoir de création monétaire
"Le fait qu’une banque centrale pratique un taux de zero sur sa création monétaire est une chose, cela n’implique que les banques sur leur propre création monétaire le fasse. Pour l’heure, c’est une victoire du raisonnement de l’inanité de l’intérêt sur la création monétaire, mais dans la pratique c’est un échec, je vous l’accorde. "
C’est clair que les banques ne se privent pas de toucher de gros intérêts sur leur propre création monétaire. Le vrai souci n’est il pas avant tout ce pouvoir de création monétaire confié à des organismes privés ? Couplé à la possibilité de titriser, on est en plein dans l’absurde. Maurice Allais a depuis longtemps point cette question, qui commence à avoir un certain retentissement.
"Emprunter pour alimenter un schema de Ponzi (bourse, marchés financiers) devrait simplement être interdit, car la promesse initiale des schemas pyramidaux finit toujours en débacle (d’autant plus qu’en finance, si la liberté est individuelle, la responsabilité est le plus souvent colllective, 500 000 banquiers américains font les cons, 6.5 milliards d’humaines en patissent). Et les erreurs passées (erreurs d’analyses économiques, crises) se doivent d’être prises en compte dans les législations, en opposition au laissez-fairisme libéral. "
Sincèrement, je crois qu’on ne peut pas vraiment réguler le fait que l’argent soit investi dans un système de Ponzi si on inclue la Bourse et les Marchés financiers dans cette catégorie. Pourquoi ne pas laisser emprunter pour acheter des actions d’une entreprise dans laquelle on croit, alors qu’il s’agit d’un investissement dans l’économie on ne peut plus réelle ?
Ceci dit, je pense qu’une énorme partie de l’argent placé en bourse l’est pour profiter d’un système de Ponzi : je place en bourse parce que de plus en plus de gens visent la plus value et non l’investissement, et que mécaniquement les cours augmentent du fait de cet appel d’air.
Je pense par contre qu’il est urgent de réguler la volatilité des cours, par exemple en obligeant l’acheteur à conserver son titre pendant un certain temps et en interdisant les produits dérivés (l’Angleterre a tout simplement interdit la vente à découvert).
"Mon indicateur phare est le ratio dettes/monnaie : des taux d’intérêts proches de zero (sur création monétaire) font que ce ratio s’approche de 1, situation où l’esclavage de l’économie physique envers l’économie financière est le plus faible. "
Si je comprends bien, ça signifie que votre objectif serait un taux d’intérêt de 0 pour la création monétaire, qu’elle soit publique ou privée. Dans ce cas je saisis mieux. Par contre, les dépôts des épargnants seraient rémunérés avec intérêt.
J’aurais plutôt tendance à interdire aux banques de créer ex nihilo de la monnaie. L’Etat injecterait de la monnaie dans l’économie en se faisant prêter de l’argent par la banque centrale et en payant les fonctionnaires et les entreprises responsables de marchés publics.
J’espère ne pas avoir dénaturé votre vision des choses. A bientôt.
@ Tzecoatl :
Pour une fois je ne te suis pas.
Mettons que les taux soient très faibles, cela ne va t il pas encourager une inflation galopante ?
Les banques empruntent à taux très faible, elles vont quand même (étant donné la faible concurrence qui s’opère sur le marché tous comptes faits) prêter aux entreprises et aux particuliers avec un taux d’intérêt exorbitant. Et en plus elles prêteront plus qu’elles n’auront emprunté (création monétaire par les banques). Au final, elles seules y auraient intérêt.
En plus, des taux si faibles alimentent les bulles spéculatives tant que celles ci sont plus rentables que le prêt aux entreprises (mais c’est un autre débat).
Selon moi deux taux très différents devraient être opérés : un taux assez fort pour les banques (mais inférieur à la croissance du PIB), y compris une banque nationale au moins, et un taux faible pour les Etats.
Mais si tu précises le fond de ta pensée, je pourrais peut être y voir plus clair...
"Dans 50 ans, il n’y aura plus de livres..."
Evidemment, ceux qui ont pris cette affirmation au pied de la lettre vont voter non à l’article.
C’est pourtant bien le rôle d’un écrivain de science fiction que de se projeter dans l’avenir, même si sa vision doit être alarmiste. Comme les utopistes, le but est évidemment de parler des tendances qui se dessinent.
Je suis tout à fait d’accord avec l’auteur. Le rêve est tué, l’imaginaire aussi. Enfin, une certaine forme de rêve. Le rêve aujourd’hui est de réussir vite et bien, en passant par la télé réalité, le chanson, le mannequinat... Le rêve de se sortir de là.
En ce qui concerne l’évasion, il s’agit d’un divertissement. Passer le temps sur Internet ou la TV, comme pour fuir une réalité angoissante. Ce n’est pas une projection ou une anticipation. Le présent est morose et l’avenir inquiétant.
La plus grande qualité de Bernard Werber, qui n’est pas le plus grand des auteurs d’anticipation (il est malheureusement difficile de se trouver une place dans l’anticipation en dehors du cyberpunk) est peut être sa capacité à créer du rêve. Le lecteur finit ses livres plus savant et plus conscient.
Merci donc pour son travail, indéniablement précieux, qui contribue à élever quand tout lutte pour nous rabaisser.
Car les livres sont une source de pouvoir, de moins en moins partagé. Mais quelques uns continuent de s’instruire, de planifier, et ont toujours un temps d’avance sur la majorité. N’en doutons pas.
Leur puissance s’accroit et les richesses sont réparties de moins en moins égalitairement.
Coïncidence ? Je ne pense pas :)
Bonjour,
Va t on réellement vers une régulation efficace ?
J’ai souvent entendu de la bouche de mes interlocuteurs que toute régulation est par trop répulsive, et que les capitaux vont voir ailleurs.
C’est sans doute vrai. Toujours est il que selon moi une économie a (presque) tout à gagner à se tenir loin des boursicoteurs court termistes.
Peut être que les zones les mieux régulées séduiront finalement l’investisseur durable et stable.
Mais les hommes politiques assumeront ils enfin leur rôle ? L’expérience de ces dernières années tend à prouver le contraire. alors que les répliques les plus importantes de la crise de 2007 ne s’étaient pas encore faites sentir, les USA ont de nouveau dérégulé en renonçant à certains mécanismes de contrôle.
Certes, notre économie va subir un fort ralentissement. Mais ce ralentissement n’affectera pas toutes les classes avec la même intensité. Les plus riches s’enrichissent, quitte à recourir à la redistribution indirecte comme en France (exonérations fiscales, paquet fiscal, niches, défaut de contrôle des fraudes fiscales).
N’est ce pas particulièrement sur ce critère que sont jugés nos hommes politiques ?
Ou sous Pompidou, lorsqu’il a fait passer en fin de mandat une loi interdisant à la Banque Centrale de prêter à l’Etat.
Aujourd’hui, c’est interdit par les statuts de la BCE.
Renoncer à la création monétaire est suicidaire. Car les banques et organismes de crédits n’hésitent pas, et la monnaie est aujourd’hui étirée et prête à lâcher au premier coup dur (ce qui oblige plus ou moins à nationaliser les pertes sinon tout s’effondrerait en un instant).
Marie,
Pas les mêmes dotations de l’Etat par élève non plus
Bonjour.
Vous parlez d’une hausse des frais d’inscription de 200 euros, tout en précisant qu’elle sera indexée sur le revenu des parents. Pourriez vous être plus claire sur ce point SVP ? 200 euros, est ce un minimum, un maximum, une moyenne, y a t il un seuil à partir duquel on est exempté des frais ?
A quelques centaines de mètres de l’IEP se trouve l’Ecole Supérieure de Commerce de Toulouse. Là aussi, des étudiants issus de classes moyennes ou moins aisés prétendent que les frais d’inscription sont un investissement rentable. Cependant, à plus de 8200 euros l’année, il s’agit d’un frein non négligeable, malgré la possibilité de pouvoir se faire financer par des banques.
A t on envie, à 20 ans, de s’engager sur 9 ans pour des montants de dizaines de milliers d’euros ?
Au final, malgré quelques rares exceptions, qui défendent effectivement farouchement les règles auxquelles ils ont du se plier, la sélection par l’argent s’opère. Quand on compare la difficulté à entrer en ESC en admission parallèle (c’est à dire après une licence) à celle des examens universitaires, on réalise à quel point le sésame pour une grande école relève plus de sa capacité à se l’offrir qu’à l’excellence de son profil.
Et ce n’est pas la majorité d’étudiants qui se plaignent de ne pas pouvoir sécher les cours, qu’ils passent de toute façon sur Facebook ou MSN, qui permet d’accréditer la thèse selon laquelle des études chères renforcent l’engagement dans celles ci.
L’IEP, déjà élitiste, voudrait imiter ces établissements ?
La loi de réforme de l’université de 2007 va bientôt ouvrir de nombreux débats similaires au votre dans les autres UFR. Et le recours au financement privé, indispensable quand on voit la sous dotation de nos universités, va susciter de nombreuses interrogations quand à l’indépendance des labos, chargés de recherches essentielles.
Bonne chance, donc, vos débats ouvrent la voie
Bonjour,
Imaginez un village où eux personnes disposaient d’un révolver. Petit à petit, d’autres s’en équipent, et laissent planer le doute sur le fait qu’ils ont une arme à feu, ou qu’ils n’hésiteraient pas à en faire usage. Tout change dans les relations entre les villageois.
L’Iran a probablement déjà une bombe. Le Président Chirac l’avait avoué à mots couverts, et comme lui, je ne pense pas que ce soit si grave, mais que la dissémination l’est.
La dissémination, c’est la possibilié de s’équiper durablement d’un stock menaçant. Comme vous l’avez justement fait remarquer, l’arme nucléaire et ses dérivés ne peuvent pas être utilisés sans impact lourd, ce qui est vrai pour les armes à l’uranium appauvri utilisées par les américains.
La prolifération est particulièrement préoccupante depuis la Guerre en Irak : en outrepassant le Conseil de Sécurité, les Etats Unis ont vidé de leur force l’ONU, qui a permis pendant la Guerre froide que "l’équilibre de la Terreur" reste un équilibre, dans un monde dualiste où deux superpuissance semblables se faisaient face. Malgré des oppositions idéologiques, le pragmatisme guidait ces deux acteurs dont les dirigeants étaient principalement préoccupés par une volonté de puissance.
Aujourd’hui, les conflits "asymétriques" sont la norme. La prolifération nous conduira t elle à moins d’unilatéralisme, ou la capacité de nuisance de nouveaux Etats nous fera t elle courir des risques inconsidérés, et donner une voix excessive à des régimes préoccupants ? L’unilatéralisme est il nécessairement néfaste, ou l’est il de plus plus en plus quand les puissances économiques ou religieuses dictent aux gouvernements leurs comportements ? Je me pose sincèrement la question.
Ce dont je suis sûr c’est que le traité de non prolifération doit être respecté par ses signataires. L’Iran en fait partie, et même si l’on peut légitimement se poser la question des risques induits par la capacité nucléaire d’Israël, ce dernier non.
Nous devons revenir à un monde de Droit, et les puissances occidentales doivent donner l’exemple. Sans Droit, sans organisation internationale faisant autorité, nous basculerons de la complexité vers le chaos. Et personne n’y trouvera son compte.
Bonjour B. Dugué.
Je trouve vos échanges avec Forest et Léon très intéressants. Je trouve que vos positions ne sont pas si contradictoires, plutôt complémentaires.
Il n’y aura pas la fin du capitalisme dérégulé, et de ses excès
On fera payer l’ardoise des joueurs au citoyen.
On continuera à préserver les banques et les champions nationaux.
Il y aura énormément de casse pour les PME, surtout les sous traitantes, car l’effondrement de la consommation crée des dégats.
Il y aura une aggravation de la fracture sociale.
Mais en même temps, la disparition de la classe moyenne n’est pas qu’une catastophe sociale. C’est aussi une catastrophe économique. Le consommateur est l’arbitre de l’économie. Si son arbitrage est faussé, l’économie est déréglée. S’il n’y a pas l’espoir d’une mobilité sociale, il y a désinvestissement des salariés (voir Pareto). Si la pompe a fric fonctionne trop bien, les banques facturent le financement des PME à taux majorés (c’est déjà le cas : on parle de prêts trois fois plus chers pour les PME que pour les grandes entreprises).
Bien sûr, les salariés ne perdront pas leur productivité. Bien sûr les usines ne seront pas obsolètes.
Donc je suis de votre avis : crise sociale, plan de rigueur prévu de manière sélective, plan de relance monétaire absorbée par les banques, plan de relance budgétaire à destination des plus riches (puisque selon le Gouvernement, les 14 milliards de cadeaux fiscaux, dont 7 milliards pour les 240 000 foyers fiscaux les plus riches est une "relance budgétaire anticipée").
Mais au final , une perte d’efficience sèche compromet les bénéfices de l’économie de marché. Sans résorber ses inconvénients sociaux.
Par rapport à 2000, date à laquelle on a appris à résoudre les crises financières par la relance monétaire, il y une nouveauté : le marché anticipe. Le dernier plan de relance de la FED a été un échec pour cette raison.
Autre nouveauté : l’Euro. Si la BCE a pour but de lutter contre l’inflation, si les banques des différents pays n’ont pas pris les mêmes risques, comment financer les Banques ? Difficile. Du coup, la Northern est nationalisée.
Nous sommes d’accord, beaucoup de personnes sont alarmistes sur la crise que nous traversons. Certains pour pérenniser du modèle qui leur bénéficie. D’autres pour marquer l’importance de corriger le système. Les premiers sont ceux que vous dénoncez dans votre article, je fais parie des seconds qui en premier lieu demandent que soient faits des exemples parmi les Banques : qu’elles assument les risques qu’elles ont pris.
Je pense que nos gouvernants ne renonceront pas à faire de l’Economie occidentale une pompe à fris à destination des plus riches. Le risque, c’est qu’une fermeture des frontières n’encourage à passer de la guerre économique à la guerre militaire. L’impérialisme trouve toujours un canal.
Et l’Occident s’est suffisamment désindustrialisé pour se trouver en situation de faiblesse, si cette hypothèse se réalise.
D’abord, oui c’est un très bon article.
Mais est ce les banques sont vraiment foutues ? Leurs clients ne sont plus capables de payer leurs emprunts. C’est pas grave car elles vont faire marcher leurs hypothèques et récupérer les biens. C’est parce qu’elles essayent de les revendre que le marché se retourne plus gravement.
Bientôt, elles auront assez de biens immobiliers entre elles pour créer une entente et monter les loyers. Et ce n’est pas le Gouvernement qui le en empêchera.
Depuis la crise argentine, on sait règler les crises financières : on fait tourner la planche à billets et on finance les banques avec des taux très bas. C’est à dire qu’on prète en dernier ressort à ceux qui ont pris tous les risques pour faire plus de pognon. ils seraient bêtes de ne pas en profiter. Ca déprécie la monnaie, mais qui est perdant ? Le salarié, le consommateur, le locataire. L’Etat américain se fiche peut être de baisser sa monnaie, vu le dumping monétaire que lui impose la Chine. Mais quand les chinois vont arreter de jouer, c’est à dire quand ils seront devenus la manufacture du Monde, et qu’ils vont faire payer plus cher leurs produits, ça va faire mal.
Autre problème : la titrisation. Les créances toutes pourries des banques se dispersent dans le monde, y compris en Europe. Sauf qu’en Europe, la Banque Centrale a pour objectif conventionnel de lutter contre l’inflation. Donc de faire tourner au minimum sa planche à billets. Alors si les banques européennes ne prennent pas toutes le même niveau de risque, comment on fait, vu qu’on a une monnaie unique, pour renflouer ces imbéciles ? On a recours au patriotisme économique, on compte sur le fait que l’Etat ne laissera pas en plan ses copains, comme on l’a vu lors de l’affaire de la Société Générale ou pour la Northern ?
Est ce que ça va nous mener à changer le rôle de la BCE ? A revenir aux monnaies nationales ? Ou est ce que la peur de se faire racheter par des fonds étrangers va responsabiliser nos banques ? quand est ce qu’on fera des EXEMPLES ?
Très bon article
1) Selon moi il n’y a pas de transparence, puisqu’il y a un coût non négligeable à relever et à comparer le prix des produits. France 2 a noté une grande différence entre les prix des mêmes produits de marque de deux grandes enseignes (Auchan et Casino si je me souviens bien). Ce qui prouve que les problèmes de seuils de revente à perte et de prix catalogue sont loins d’être les seules raisons de la fixation des prix en supermarchés.
Le rapport Attali vise à les supprimer rapidement (Châtel est d’accord avec lui sur ce point), ce qui ne suffira donc pas. Au contraire, la pratique des produits d’appel (quelques produits vendus pas trop chers pour attirer le consommateur, va s’intensifier).
Je suis donc plutôt réservé quant à cette réforme.
2) La généralisation des offres de fidélisation masque un petit gain de pouvoir d’achat. Les prix montent, mais il y a souvent des réductions ou des produits gratuits en échange de ses informations personnelles (problème démocratique) et de la captivité du consommateur (qui contribue à faire baisser la concurrence).
C’est pourquoi je pense que l’Etat devrait interdire ces pratiques pour les grandes surfaces de vente.
3) De l’aveu d’un cadre d’une grande enseigne, les consommateurs se rendent naturellement au point de vente le plus proche. Nous pouvons donc envisager la subvention de petits points de vente de proximité pour l’alimentaire, ou la réservation d’emplacements pour des enseignes se conformant à des exigences de prix. Rien ne nous l’interdit, et ce serait une bonne façon d’intensifier la concurrence.
4) Une méthode assez vicieuse pour lancer une guerre des prix serait de boycotter purement et simplement une seule enseigne afin que celle ci, piégée, se voit obligée de se lancer dans une guerre des prix avec les autres. Ce boycott aurait vocation à s’arrêter lorsque les prix seront redevenus raisonnables.
5) Les supermarchés font une marge importante sur les produits frais. Pourquoi ne pas encourager des distributeurs alternatifs, coopératifs, sur ce secteur ? Leur réserver des emplacements à proximité des grandes surfaces permettrait de pénaliser les intermédiaires.
6) Ceci étant dit, la régulation et l’incitation ont des limites, comme vous l’avez justement fait remarquer. La nationalisation ou la création publique d’une chaîne de distribution serait un moyen d’insérer dans un secteur oligopolistique un acteur jouant le jeu de la concurrence.
@ Lucrezia
60M est une publication de l’INC, l’institut National de la Consommation. C’est un organisme public. Le "bras armé" qui se cache derrière, c’est l’Etat.
Ensuite pourquoi avoir sorti cette enquête à 15 j des municipales. Et pourquoi pas ? Un rédacteur d’AVox faisait part de ses interrogations sur les conclusions d’UFC Que Choisir quand au prix de l’eau et disait qu’en les diffusant 3 mois avant les municipales, UFC cherchait à fausser le jeu.
Fausser le jeu, oui. C’est le but de tous les lobbies. On va faire de son point de vue l’élément le plus important possible dans la campagne. Ceci dit, que le candidat soit de gauche ou de droite, ça ne change rien. Je me souviens que les syndicats ont fait beaucoup de mal à la Gauche plurielle.
Depuis quand N. Sarkozy est il mal à l’aise sur le pouvoir d’achat ? N’a t il pas conduit une campagne dont c’était la colonne vertébrale ?
Il a donné ses raisons : il veut plus de temps. Pour certains, il a mal hiérarchisé, et n’a pas profité de l’Etat de Grâce pour faire les réformes les plus attendues. Pour d’autres, la programme de Sarkozy est vu tel qu’il est, et non tel qu’il avait été présenté. Enfin certains diront qu’il ne s’agit que d’une fronde contre la personnalité du Président, et d’un rejet de son côté "M’as tu vu ?".
Le MEDEF joue son jeu, les syndicats le leur, les associations de consommation, les associations d’industriels, le leur. Les hommes politiques sortent de cette tempête grandis ou diminués selon leur aisance sur tel ou tel dossier. Le candidat Sarkozy ne se serait jamais plaint du focus sur le pouvoir d’achat. Pourquoi le Président Sarkozy le ferait il ?
@ Bernard Dugué
Je trouve vos conseils de bon sens, et en bon étudiant ça fait plusieurs années que je les applique. Convenez qu’il est plus facile d’accepter de s’adapter aux périodes de vaches maigres quand on a connu des années grasses, et/ou qu’on est certain qu’on en connaitra bientôt de nouvelles.
On ne voit pas le bout du tunnel, quand on est né après 75. Je viens de m’inscrire à l’ANPE. Ma conseillère, Docteure en Eco (o_O) me dit qu’il faut 18 mois en moyenne à un BAC+5 pour trouver un premier boulot.
Sinon en ce qui concerne la concurrence et ses effets pour faire baisser les prix, on y est pas vraiment. Ce modèle économique suppose que les entreprise recherchent le profit, et non la rentabilité.
On est en situation d’oligolpole, avec d’énormes barrières à l’entrée du marché, et quand ses barrières sont surmontées, c’est par une entreprise qui veut, non qui doit, être pire que les autres pour arriver à être plus rentable.
On a une réglementation complètement absurde, qui a favorisé cette concentration, et qui n’a pas permis de dégager des marges sur lesquelles les distributeurs iront rogner pour se faire concurrence.
Le rapport Attali a soulevé de bonnes pistes. Reste à savoir comment elles seront suivies.
M. Riché,
La taxe pro est pourtant prise en exemple dans les Facultés de Droit. Les entreprises sont plus mobiles que les habitants ? Soit, créons des zones franches, mettons au service du privé des moyens publics, diminuons la taxe pro et augmentons les impôts locaux.
La préférence communautaire n’est pas un dogme. Elle ne suffit pas à elle seule, mais elle est cependant capitale. Tout comme équiper sa voiture avec des pneux plutôt que de la faire rouler sur les jantes ne suffit pas à la faire avancer, mais y aide considérablement.
Cordialement
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