Quoi qu’il en
soit, je ne me suis pas jusqu’ici exprimé sur la rentabilité mais
sur la faisabilité de ce type d’agriculture qui ne bénéficie pas
encore du soutien accordé à l’agriculture traditionnelle (ainsi
l’arboriculture reçoit ainsi 4 fois moins de la PAC que les
grandes cultures) même si elle se développe très rapidement (+17 %
en 2018).
Reste que la
défaillance est toujours possible si le projet est mal calibré ou
trop optimiste, à l’instar de la plupart des activités
professionnelles humaines. S’il est courant de se sous-salarier
lors du lancement d’une entreprise ou d’une exploitation
(beaucoup rejettent la prime à l’installation trop contraignante)
, il est également notoire que les rémunérations agricoles sont
plutôt basses au démarrage dans bon nombre de secteurs. Et tant que
la qualité ne sera pas correctement valorisée à la vente, le
problème restera entier.
Je vous concède que
le terme monoculture peut paraître excessif, mais quand on parcourt
les immenses plaines de la Beauce ou de la Picardie où l’on a
supprimé haies, fossés et coupe-vents, on s’aperçoit bien vite
que la traditionnelle rotation des cultures a cédé la place à des
cultures répétitives qui ne permettent pas la régénération des
sols.
Quand à l’enrobage
des semences, il semble ne pas éliminer tous les risques pour les
abeilles et les insectes :
« Le retour des néonicotinoïdes dissimule un autre
problème fondamental »
On est aussi en droit de penser que l’agriculture productiviste
à outrance (ou agro-industrielle) qui se soucie comme d’une guigne
du vivant court droit dans le mur depuis depuis des années en
mettant tous ses espoirs dans les « solutions miracles »
des multinationales chimiques…
En passant, l’usage des néonicotinoïdes détruit non seulement
les abeilles mais aussi l’ensemble des insectes sur place, qu’ils
soient considérés comme utiles ou nuisibles !
Sur ce sujet, on nage en pleine désinformation : on parle de
souveraineté alimentaire alors que 50 % de la production
betteravière est exportée et que sur les 50 % restants une
partie est employée à produire des agro-carburants. Si des
exploitations verront une importante perte de production, de l’ordre
de 40 %, on parle en moyenne d’une perte nationale de 15 %
beaucoup plus gérable au plan d’une indemnisation éventuelle qui
permettrait de ne pas remettre en cause l’ abandon des produits de
synthèse les plus nocifs.
La littérature scientifique est abondante sur le sujet et
proscrit l’usage des néonicotinoïdes en raison de ses multiples
conséquentes néfastes pour l’humanité (outre la destruction
indifférenciée des insectes et des sols) : comment peut-on
encore parler de « néonicotinoïdes plus propres » !
Alors repenser la
PAC ne serait pas suffisant sans remettre en question le mode
productif (monoculture dévastatrice), amplifier la conversion vers
l’agroécologie et abandonner la ridicule focalisation sur l’export
dérégulé (« l’agriculture française doit nourrir le
monde » quel slogan absurde) que la multiplication des traités
de libre-échange vient de surcroît amplifier.
La France paysanne a
disparu (d’ailleurs le terme « paysan » n’est plus
employé remplacé par le roboratif « chef »
d’exploitation ou « chef » d’entreprise agricole même
lorsque l’on est seul) depuis que les industriels investissent ce
secteur (ferme des mille vaches). Son retour serait effectivement une
excellente chose !