Je réponds plus bas sur la rigueur de cet article, qui est surtout un concentré d’aveuglement idéologique et d’auto-conviction.
Sur le libéralisme (tel que défendu ici par l’auteur) : pourriez-vous le définir et expliquer en quoi il est par essence humaniste ? Mais de manière rigoureuse SVP, pas avec des slogans primaires du genre « Ils préfèrent fermer les yeux sur les réalités et les expériences efficaces, pour se complaire dans une idéologie destructrice et débilitante »
Histoire de s’amuser, fournissez-nous donc une « démonstration »...
Voici un texte typique d’une vulgate hélas trop répandue et qu’on appelle usuellement la pensée unique.
La première des rectifications à faire est terminologique. Vous évoquez une « loi d’élasticité des prix ». Cela n’existe pas. Il y a une formule, une clause de style, que ceux qui s’introduisent comme économistes appellent la « loi d’elasticité des prix », comme si cela avait le même sens qu’une loi de la physique, ce qui est une tromperie de premier ordre.
Il s’agit d’une terminologie hélas trop courante en économie, on parle de lois à tout bout de champ, en particulier en économie dite « politique » (sorte de science sociale qui pollue trop souvent les débats) alors qu’aucune des assertions ou formules ainsi pompeusement qualifiées n’est une loi démontrée et vérifiée par l’expérience.
Que la démonstration (je ne parle évidemment pas là de la branche des mathématiques appliquées qu’on appelle économie théorique, laquelle n’a qu’un lien très lointain avec la réalité économique de nos sociétés) ou la vérification par l’expérience soient hors d’atteinte ne doit pas surprendre : on parle là de modèles simplifiés, reposant sur des hypothèses très loin d’être vérifiées dans la réalité de systèmes aussi complexes que nos économies et, pour tout arranger, on ne peut pas fabriquer, organiser des expériences, seulement chercher à mesurer plus ou moins mal les systèmes économiques qui nous entourent.
Bref, le jour où on cessera de parler à tout bout de champ de lois en économie, comme moyen de faire croire aux gens que l’on détient une vérité scientifique, une vérité démontrée... le débat aura gagné en honnêteté.
Ensuite, au-delà de ce point, vous devriez veiller à la rigueur de vos raisonnements. Votre texte fourmille de bêtises telles que « Le promoteur devrait donc faire face à une concurrence accrue des constructions individuelles et des programmes de moins de 9 logements ». Comme si la question foncière ne déterminait pas dans les zones urbaines le nombre de logements que peut comporter une opération.. Essayez de faire un immeuble de 9 logements en région parisienne et de les vendre à 170 000 euros...
Que vous citiez ensuite des auteurs comme Stringham et Powel, caricatures de la pensée archaïque libérale ne doit sans doute pas étonner. Il existe des dizaines d’études au moins aussi convaincantes dans la forme que celle que vous citez, mais avec des conclusions opposées. Faut-il en déduire que cette politique marche bien ? Je serais plus prudent. Mais affirmer comme une vérité révélée que cela ne marche pas et que cela est démontré par une étude particulière du pape des libertariens américains, il faut oser en matière d’honnêteté intellectuelle. Heureusement que les disciplines scientifiques ne fonctionnent pas ainsi, sinon notre vie serait un enfer dans lequel rien ne fonctionnerait.
Pour conclure, j’ai autre chose à faire que de scanner toutes les bêtises proférées, mais la plus superbe est sans conteste :
« Le législateur local, avec l’appui des ayatollahs anti-étalement urbain des ministères verts, ayant tendance à vouloir limiter les ouvertures totales à la construction, pour des raisons parfaitement stupides et condamnables par ailleurs »
Il va de soi que comme tout un chacun sait, nous n’avons aucun problème en matière d’énergie et de transport dans les décennies qui viennent... Il va de soi que l’étalement urbain n’a strictement aucun lien avec la pollution et le gaspillage énergétique... Je suis d’ailleurs certain que vous nous trouverez quelqu’auteur de vos amis qui l’a prétendument démontré.
- il a fait plus que quelques déclarations consistant à dire en substance que la France est (en tant que nation) catholique et remettant en cause la laïcité (implicitement qualifiée de négative)
- on peut par exemple relever son acharnement à organiser un conseil national musulman, pour lequel il a tacitement accepté qu’il soit dominé par une association proche des fondamentalistes, bravo...
- il a poussé la signature d’un traité avec le Vatican sur la reconnaissance réciproque des diplômes, étendue de manière ahurissante aux établissements catholiques en France (qui dit traité international aurait dû impliquer que l’on s’intéressait aux établissement sis sur le territoire de l’autre partie... classiquement). Voir ce qu’en écrit un journal catholique :
Car le traité France-Vatican s’appuie sur un cadre international, le Processus de Bologne, datant de 1998. Les 46 États d’Europe qui en sont signataires – parmi lesquels le Saint-Siège – ont été invités à contracter librement entre eux pour organiser la mise en équivalence de leurs diplômes nationaux. Objectif poursuivi : l’unification de l’espace européen éducatif et la mobilité internationale des étudiants. Or, à la différence des accords équivalents qui ont été signés dans ce cadre avec d’autres pays européens, il ne s’agit pas ici de faciliter les liens avec des établissements étrangers mais avec d’autres établissements français, privés catholiques, qui délivrent des diplômes soumis au droit national. Ainsi, l’accord du 18 décembre apparaît comme un subterfuge pour faire évoluer, sans le dire, la situation des établissements confessionnels dans le paysage de l’enseignement supérieur français. Et si la question peut légitimement se poser, sa résolution par le biais d’un accord international crée la confusion. D’autant qu’elle exclut d’emblée du débat d’autres confessions, par définition inacces sibles au Processus de Bologne, faute de représentation diplomatique. Les synodes réformé et luthérien s’en sont d’ailleurs indignés, appelant le 23 mai à un « traitement équitable des diplômes de théologie des différentes religions et confessions en France ».
...
Mais il reste vrai que, dans son principe, ce traité confère un privilège au privé catholique. Et le symbole a son importance. Visiblement, Nicolas Sarkozy, fidèle à sa conception d’une laïcité qui donne de la visibilité au rôle joué par les religions dans la sphère publique, était désireux d’envoyer un signal positif – supplémentaire – au monde catholique.
Bref je vous trouve bien indulgent vis-à-vis d’un décideur bien léger dans ses improvisations et bien constant dans sa volonté d’élargir le champ du religieux dans la vie publique de notre pays.
Il
est exact que si les musulmans, au moins ceux de France, voire plus largement
ceux qui protestent (fût-ce à juste titre) contre le vote suisse dénonçaient
avec la même vigueur l’interdiction de construire une église en pays musulman
(interdiction millénaire), leur voix aurait plus de poids.
Il
est vrai aussi que la plupart des sujets qui fâchent sont liés à des pratiques
archaïques qui ne sont pas des accessoires indispensables de la pratique
religieuse, mais sont ostentatoires. J’en veux pour preuve que des responsables
musulmans ne leurs sont pas si favorables, que ce soit le recteur de la grande
mosquée de Paris qui déclare « La
burqa est marginale.
Mais elle signe la montée en puissance des fondamentalistes. » ou imam
d’Al-Azhar, mosquée centrale en islam, qui a ordonné à une collégienne d’ôter
son niqab en précisant que « le niqab n’est qu’une tradition » qui n’a « pas de
lien avec la religion ». Voirici.
Pour
autant, il est aussi vrai que les européens en général et les français en
particulier ont un peu l’idignation sélective. Je suis frappé pour ma part de
voir le développement des intégrismes et manifestations ostentatoires de
religiosité depuis un quart de siècle. Tout cela n’existait pour ainsi dire pas
au début des années 80. Depuis on a vu se développer l’intégrisme catholique,
récemment réintégré dans l’église par Benoit XVI, les sectes protestantes,
notamment évangélistes, les orthodoxes juifs, avec une floraison de kippa voire
de tenues de corbeaux etc. Tout cela est bien sûr le droit de chacun des
individus concernés, j’observe simplement que cette bigoterie ostentatoire s’est
fortement développée dans un cadre de communautarisation qui s’accentue.
Or
la république est laïque et une, ce qui veut dire que le développement de la
bigoterie affichée et du communautarisme sont profondément contraires à notre
identité nationale, quelque soit la communauté concernée, pas seulement les
musulmans.
"Sarko a commencé en vendant des fleurs pour payer ses études et il est
un fait qu’il connait sans doute mieux le destin d’enfant d’immigrés arrivé
avec pas grand chose en France et obligé d’en faire des tonnes pour s’en sortir
que l’auteur de l’article."
C’est une légende à la Cosette, que nous devons visiblement à
Robert Grossmann, élu alsacien RPR-UMP, dont Sarkozy nous dit lui-même qu’il
est un frère. Cela peut déjà donner un doute quant à la fiabilité du témoignage…
Pour mémoire Robert Grossmann a fondé dans les années 60 l’UJP, Union des jeunes
pour le progrès, organisation des jeunes de l’UDR puis du RPR (maintenant
devenu UMP) et il l’a dirigée jusqu’en 1972, rencontrant Sarkozy par ce biais.
Sarkozy a passé les premières années de sa vie dans un hôtel
particulier du beau XVIIe à Paris. Il faut dire que son père était riche
publicitaire, issu de la noblesse hongroise, et sa mère à l’origine avocate,
fille de chirurgien. Sa mère a repris
son métier d’avocate après le divorce, puis a déménagé à Neuilly. Neuilly était
déjà et de longue date un endroit de rassemblement d’une certaine classe
sociale, l’endroit le plus cher de France pour se loger… Dans le genre famille
dans le besoin dont les enfants doivent travailler pour payer leurs études… on
a vu plus flagrant…
Sarkozy a effectivement fait de longues études, puisqu’après
avoir passé son bac en 1973 il n’a finalement obtenu sa certificat à exercer la
profession d’avocat qu’en 1980 (en passant, il l’a eue de justesse avec 10/20, voir documents 1 et 2).
7 ans d’études (au lieu de 4 normalement) qu’il n’a certes pas financées en vendant
des fleurs. Il faut dire à sa décharge que pendant tout ce temps il consacrait
beaucoup de temps, l’essentiel, à faire de la politique, dans ses responsabilités
au sein des jeunes du RPR et dès 1977 comme conseiller municipal. Cela lui a au
moins permis d’éviter un service militaire trop pénible : affectation à
mi-temps à Paris qui lui a laissé le temps de faire de la politique à Neuilly.
On peut aussi reconnaître qu’il a perdu quelques années à essayer d’avoir un diplôme
de SciencePo, il aurait peut-être eu son certificat plus tôt sans cela.
Moyennant quoi, pour revenir au financement de ses études,
il a deux frères, un ainé Guillaume et un cadet, François, qui ont fait de plus
brillantes études en gros dans la même période de temps. Guillaume est devenu ingénieur
(ESTP) et François professeur de médecine. On n’a strictement jamais entendu
parler du fait que l’un ou l’autre aurait eu à vendre je ne sais quoi pour
payer ses études… Seul le politicien a trouvé
un intérêt à faire colporter cette légende qui sert son histoire fabriquée de
petit jeune de banlieue qui a eu du mal, a eu à se battre pour s’en
sortit. Alors qu’en réalité sa banlieue c’est le célèbre Neuilly de Neuilly –
Auteuil – Passy et qu’il n’a guère fait que de la politique depuis plus de 35
ans en se mettant successivement dans le sillage de Grossmann, Chirac, Pasqua,
Chirac, Balladur et Pasqua etc.