Je vois bien que l’on est d’accord sur le fond, mais sur la forme, non ce n’est pas cela la preuve formelle. Vous donnez l’impression de confondre validation du fonctionnement d’un logiciel et preuve formelle d’un théorème ou algorithme. La preuve formelle consiste à prouver que si les hypothèses sont respectées, le résultat est obtenu au bout d’un temps fini et est correct. Tout ce qui est en dehors des spécifications est également en dehors de la preuve formelle. On ne sais pas toujours le faire et/ou il est souvent inutile de le faire (car coûteux), mais on peut prouver qu’un algorithme respecte toute les propriétés que l’on a formulées.
Là où vous voulez en venir je pense, c’est que pour prouver formellement qu’un programme réponde à notre besoin, il faudrait être capable de formuler exactement notre besoin, et c’est cela qu’on ne sait pas faire. On peut prouver que certains programmes font ce qu’on leur demande de faire, mais on ne peut prouver qu’il « fonctionne » sans avoir défini ce que « fonctionner » voulait dire.
Dans le cas du bitcoin : - Le wallet repose sur un clef public/privée à ma connaissance on ne peut prouver par exemple qu’il est impossible de trouver la clef privée à partir de la clef public (+ un certains nombre de transactions). Au mieux on pourrait peut être prouver qu’il faut beaucoup trop de temps pour le faire pour que cela soit réaliste. - Mais même si on prouvait que le vol de bitcoin est impossible (sans vol de la clef privé), ça ne voudrait pas pour autant dire que c’est une bonne monnaie puisque l’on ne sait pas définir toutes les propriétés que doit avoir une bonne monnaie.
Désolé mais il existe bien des preuves formelles sur des algorithmes ou des automates à état finis. On ne peut pas prouver qu’un programme complexe ne contient pas de « bug », mais on peut prouver qu’un algorithme respecte certaines propriétés. Par exemple l’algorithme d’euclide qui permet de calculer le PGCD est un algorithme dont il est prouvé qu’il termine et qu’il est exact. Pour le problème des subprimes, le problème n’était pas les algorithmes que les hypothèses sur lesquels se basaient ces algorithmes. Votre compte en banque est géré par une algorithme qui fait des opération de retraits ou de dépots et je crois qu’il est évident qu’il y a beaucoup moins d’erreur que si c’était des personnes humaines qui faisait tous les calculs sans calculette dans un registre papier. Comme le dit Plilipe, « des algorithmes » en soit ça ne veut rien dire.
Pour s’interroger sur ce qui est légal où pas il faut qu’il y ait une autorité capable de fixé une loi (et qu’elle le fasse). Les banques de prêts n’ont pas plus le droit de créer de la monnaie papier qu’elles n’auront le droit de créer des bitcoins. Mais vu qu’il ne leur a pas été interdit de prêter plus qu’elles détenaient, elles l’ont naturellement fait. S’il n’y a pas de loi au dessus du bitcoin, il n’y a rien d’illégal. Et s’il y a une loi mais que ce qu’elle fixe est incontrôlable la loi est de toute façon inapplicable donc inutile. L’argument de la block chain permettant de connaître le ratio dépots+fond propre/prêts d’une banque est séduisant mais je ne pense pas qu’ils tiennent réellement. Déjà parce qu’aujourd’hui bien que l’on connaisse le ratio des banques, cela ne nous empêche pas d’y placer notre argent. Mais surtout parce que si l’on admet que l’on connaît tous les portefeuilles d’une banque et que l’on a les ressources nécessaires pour analyser toutes les transactions (hypothèse loin d’être négligeable je pense). Alors tout ce que l’on pourra déterminer c’est combien la banque possède de bitcoin. Mais en aucun cas on ne pourra pas pour autant dire combien elle a inscrit de dette de bitcoin sur les livres de comptes de ses clients... En fait finalement c’est tellement incontrôlable que ça évitera peut être justement la création d’une telle banque vu le risque de ce faire complètement arnaquer Cela si le bitcoin devenait une monnaie stable et qu’une banque reconnue de la monnaie classique venait à jouer sur le terrain du bitcoin à grand renfort de pub, je doute qu’elle ne finisse par trouver des clients.
Si les bitcoins restent une monnaie utilisée dans un cadre précis, soit comme placement spéculatif pure, soit comme liquidité de fond de roulement peut être. Mais si les bitcoins commençaient à remplacer vraiment la monnaie courante ou simplement devenait une monnaie stable, alors les gens feront de l’épargne avec des bitcoins. Dès lors les utilisateurs des bitcoins feront ce qui est dans leur intérêt et préféreront avoir des intérêts sur l’argent qu’ils épargnent plutôt que rien. Les objectifs moraux des utilisateurs de bitcoins ne peuvent être valable que tant que cela reste une monnaie marginale. Si le bitcoin n’est pas déjà utilisée pour l’épargne c’est parce qu’il est jugé trop risqué. Si rien n’interdit le prêt de bitcoin, si l’état n’intervient pas d’une façon ou d’une autre pour empêcher les « banques » de prêts de bitcoins pourquoi n’y aurait pas ? De même si on veut une monnaie propre, ce sera à l’état d’intervenir pour mettre en place une traçabilité des échanges monde « réel » <-> bitcoin, et interdire l’utilisation des sites de blanchiment de bitcoin.
En fait en poussant ma réflexion je pense que le bitcoin en lui même n’empêche pas la création d’argent dette basé sur lui. Pour l’instant les gens qui utilisent le bitcoin les gardent dans des portefeuilles virtuels qui leur appartient. Ces bitcoins représentent donc de l’argent qui ne « travaille » pas. Mais imaginons qu’il se crée de vraies « banques » de bitcoin. Ces banques proposeront que l’on place nos bitcoins chez eux, en échange d’un petit intérêt. Ces banques proposeront également des prêts et rien ne les empêchera de reproduire le schémas que l’on observe avec les autres monnaies et de prêter plus de bitcoins qu’elles n’en possèdent réellement. Et la on peut rejoindre l’auteur de l’article et s’inquiéter de l’absence d’une autorité ayant un pouvoir sur le bitcoin. Sans rejoindre l’aspect fausse monnaie, l’aspect « en dehors de tout autorité » du bitcoin évoqué par l’article est inquiétant. Finalement en dehors du risque qu’il soit cassé, le bitcoin c’est peut être le libéralisme poussé à son maximum. Il facilite et réduit les coûts des transactions mondiales indépendamment de leur nature et rend difficile tout contrôle sur celles-ci.