L’ennui est que c’est une vision, donc elle est autant biaisée que toute vision contradictoire que l’on peut faire contre cette article.
Notamment, le problème initial n’était pas une attaque contre le droit à la propriété, mais un refus de faire des concessions par la NLDC, ce qui est davantage un manque de réalisme et de culture du compromis de cette dernière, qu’une preuve qu’il s’agisse d’un exemple supplémentaire que le pouvoir publique est nul et que le marché travaille mieux. On serait tenté de dire que le marché est « naturellement » plus au fait de faire des concessions, ce qu’on peut douter quand on voit les soucis qu’apportent certains types de brevets ou droits d’auteur, qui sont après tout, des formes de propriété temporaire (au moins autant qu’une maison après tout. Une fois mort, votre propriété vous importe peu ^^)
Surtout, l’article a trop tendance à défendre un droit par l’intermédiaire d’exemples. J’aurai préféré une analyse philosophique, car je vois mal en quoi ce droit est synonyme de liberté par exemple.
Par contre, le fait d’indiquer que pour les ZAC, il y a foutage de gueule, est une bonne chose. Mais ce n’est clairement pas un problème lié à la nature même de l’action, c’est à dire publique au lieu de privée. En effet, car au final, même si « le terme « droit de propriété » n’évoque spontanément plus rien chez la plupart de mes concitoyens, [...] facilite grandement la tâche des politiciens qui veulent la violer pour leur profit personnel. », tout cela n’est pas un problème de « culture » mais un problème d’institutions. Il n’y a en effet pas beaucoup d’outils à la disposition des Français pour réfréner (ou encourager voir lancer) des initiatives publiques... Ce qui fait qu’on devrait même retirer le mot « publique », on parlera plutôt de « corrompus ».
On n’en a même pas contre des entreprises (les Class Actions qu’on a voulu imiter sont une farce)... Or, peu importe le niveau d’adulation du droit de propriété, si on n’a pas de gardes-fous pour tout type de situation, on risque les dérives, car on trouvera toujours des parasites qui privilegieront leurs intêrets privées au dépend de l’intêret général, aussi bien dans les pouvoirs publiques que dans le marché.
Il y a justement quelques raisons qui ont motivé à l’édition rapide de cette loi peu importe les effets. Pour la DADVSI, c’était la capacité de l’amendement « Universal » de permettre un procès aux éditeurs de P2P. Pour Hadopi, serait-ce en fait la disposition relative aux droits des journalistes ? C’est la seule qui pourra être sûr d’être appliqué de manière fiable après tout.
Concernant l’idée que « les majors ne sont pas le diable en personne prêtes à réduire le monde en poussière », c’est pourtant discutable. S’ils ne l’ont pas fait de masse à partir de 2006, c’est parce qu’il y a eu quelques procès dès le début mais qui ont donné que des petites amendes voir rien, donc la capacité d’exemple est réduit à néant, sans compter le délai et les coûts. Il fallait un système massif rapide et faiblement contestable par le « coupable », donc sur le papier, Hadopi est la solution, en plus on reste sur la logique de la peur du gendarme plutôt que d’avoir une bonne image de marque (plus dure à fabriquer). Donc les Majors capables de se saboter eux-même ? Personnelement, j’en suis convaincu.
Enfin concernant les remarques sur la démocratie, c’est probablement davantage parce qu’il s’agit d’une loi favorisant des intêrets privés sur l’intêret général, alors que les députés sont censé représenter le peuple qui lui télécharge... Sûrement de là d’où viennent ces remarques.
Concernant la question sur ce que ça pourrait changer, vous avez totalement raison : Ils vont le mettre en place (les locaux sont déjà loués), ils vont se planter, mais au prix de temps et d’argent pour les personnes qui vont contester, et au final ça ne changera rien.
Ce qui est regrettable, c’est que dès les premiers jours, cette conclusion était déjà connue. L’ennui, c’est bien qu’on voit le gouvernement mettre tant d’energie et de temps pour un échec déjà évident alors qu’ils doivent bien avoir des individus compétents pour leur expliquer... Sans compter les « aléas » bizarres qui se sont affichés durant les discussions au Parlement.
Une telle preuve d’incompétence (ou une croyance fanatique dans les capacités d’une loi) est la raison qui a permit à des adeptes des « théories du complot » de s’exprimer. L’idée d’un complot est d’ailleurs renforcé par l’échec de DADVSI qui était aussi prévisible, tellement que cette loi qui exigeait l’édition d’un bilan de son action après X mois de promulgation n’a jamais été faite.
Dépenser tant d’energie dans une chose inutile est impossible s’il n’y a pas une raison moins visible dérrière : C’est le principe de base de la plupart de ces théories après tout.
Sans être vexant, vous devriez prendre également un peu de recul pour récupérer davantage d’informations. Votre article est bon dans le sens où il est assez réaliste dans les conséquences, mais il montre aussi que vous n’avez pas compris la loi et sa cible, c’est ce qui gène le plus.
La cible n’est pas les téléchargeurs illégaux contrairement à ce vous indiquez, mais comme l’indique kyouty plus haut, une cible plus généraliste : Mr Tout le Monde, même Mme Michu, ménagère de 50 ans qui regarde TF1.
Un téléchargeur illégal est un contrefacteur, or la contrefaçon est DEJA couverte par la loi. Il est interdit de faire des lois supplémentaires pour un délit déjà répertorié, donc ils ont inventé un nouveau « délit » que même un administrateur réseau peut être accusé car la sécurisation réelle d’un réseau de façon sûre est impossible. On ne peut atteindre qu’un niveau de « sécurisation » raisonnable...
Techniquement il n’est pas difficile de passer par la connexion d’un autre... De même, les trackers publics bittorrent comme ThePirateBay ajoutent des fausses IP dans les fichiers torrent pour ennuyer les services anti-piratage (bon TPB a annoncé avoir stopper le tracker, mais il en existe d’autres), or il y a déjà eu des histoires où des éditeurs ont attaqué des imprimantes réseaux, preuve que l’IP n’est pas une donnée fiable... Un peu comme les boîtes postales d’ailleurs.
L’opposition ne se limite pas à dire que les artistes ne toucheront rien, mais aussi que les erreurs seront légions, que le « logiciel de sécurisation » n’existe pas ailleurs que dans l’imagination des votants de cette loi (d’où le « parefeu dans openoffice » très drôle de l’ex-Albanel), etc...
Les « conséquences » ne seront pas « terribles » certes mais suffisament élevés pour ennuyer suffisament de personnes pour... rien.