La liaison au dollar n’est pas la seule raison. En ce qui concerne la Chine, le pays avait arrimé sa monnaie au dollar en 1994. Cela lui a permis de conserver sa compétitivité face aux US et de l’accroître face aux autres pays, donc de vendre et d’avoir une croissance extraordinaire.
En contrepartie, les US recevaient des produits bon marché permettant d’avoir un niveau de prix bas pour les consommateurs (la consommation est le moteur de croissance américain). Ce raisonnement finit par avoir une limite et il a été remis en cause en 2005 (indexation partielle sur un panier de monnaies, la majeure partie des fonds restant libellée en dollars), l’objectif pour la Chine étant de maintenir une croissance élevée pour maintenir l’emploi et financer les entreprises d’état. La conséquence est la fonte de la valeur des fonds libellés en dollars.
Pour autant, la Chine prendra-t-elle l’euro pour référence ? Vraisemblablement non. Comme le dit l’articles que j’ai cité la réserve chinoise est gigantesque (1430 milliards de dollars fin 2007). La simple annonce d’une réorientation vers des monnaies fortes a modifié le taux de change (1.3% en quelques heures).
Si la Chine vend massivement des dollars pour acheter des euros, la parité euro/dollar grimpera fortement, puisque ce sont les échanges qui déterminent cette parité. Cela signifie que l’essentiel des fonds, toujours libellés en dollars continueront de fondre.
De plus, l’Europe finira par être contrainte de réagir. Il n’y a pas d’accord européen sur ce thème pour le moment, parce que chaque pays ne regarde que les effets sur sa propre économie, ces effets dépendant de choix nationaux structurants qui ne peuvent donc pas être modifiés sur le court terme. Mais là encore, il y aura une limite. Si la parité euro/dollar continue à se détériorer rapidement, il faudra bien que les pays se mettent autour d’une table pour se souvenir que l’Europe ne peut pas être faite chacun dans son coin. Des compromis seront indispensables. Si de telles négociations aboutissent ou si elles sont nécessaires pour la survie de certains pays, cela pourrait affecter la vision que d’autres pays pourraient avoir de l’euro. Pour un meilleur équilibre international, il est donc préférable d’indexer les changes sur un panier de devises.
On a argué que l’euro fort a permis de lutter contre l’inflation importée. C’est vrai. Le prix du baril de pétrole s’est envolé de 220% aux US entre 2002 et 2007. Dans la zone Euro, la hausse n’a été "que" de 170%.
En contrepartie, dans la zone Euro, les exportations en valeur progressaient de 15% par an jusqu’en 2005. Elles ne progressent plus que de 2%. Cette détérioration se poursuivra avec l’envolée de l’euro.
Ce n’est pas le raisonnement qui est cyclique, mais les constructions financières qui produisent des cercles vicieux. Les explications et les remèdes ne sont pas vraiment simples.
Sur le premier point, vous avez dû lire un peu rapidement, car l’article répond. En résumé : effet de masse, économies liées au dollard, architecture financière globale. Cela est conforté par les données historiques rappelées par l’auteur. Le changement de référence est difficile car non neutre pour certaines économies. Sans compter que même après un changement de devise, on peut à un terme plus ou moins long retomber dans le même problème.
Concenant le second point, cela durera tant que le dollard conservera sa position dominante. Les US peuvent donc profiter de la situation actuellement. Il est vrai que la baisse du dollard par rapport à un ensemble de devises (pas seulement l’euro) fragilise la référence. La chine commence à envisager un réajustement de la part du dollard dans ses réserves (cf. article de ce jour)
Compte tenu de ces données, je rejoins Forest sur l’instauration un panier de devises permettant de limiter les effets de change liés à une seule économie, traduction sur le plan financier de la diversification géographique des entreprises.