Leekid, je soutiens que les études coûtes cher, dans le sens où le temps que l’on consacre à faire du fric pour les payer est nécessairement limité. C’est donc un choix et un investissement.
Je suis parfaitement d’accord sur l’anticipation et l’organisation. Ce sont effectivement les maîtres mots pour réussir avec de faibles ressources. J’ai d’ailleurs constaté que je n’avais jamais été aussi efficace dans mes études que lorsque j’avais augmenté le temps consacré au travail rémunéré. Je passais moins de temps sur mes cours pour en retirer au final plus qu’avant.
"Les études, c’est pas gratuit" : çà, j’en sais quelque chose : lire mon témoignage plus bas.
"sérieusement des petit boulot a la pelle c’est combien et quoi par rapport au nombre d’etudiant". Il n’y a pas vraiment de quantification. C’est opportuniste et ce n’est pas de "la propagande officielle".
Personnellement, à l’époque, je n’ai jamais vu de listes d’entreprises offrant des boulots étudiants. Les emplois étudiants sont plus faciles à trouver dans le sens où l’entreprise sait qu’il y a une limite de temps à l’engagement (il ne faut pas confondre le marché de l’emploi avec les jobs étudiants). Pour en trouver en été, j’ai fait des démarches actives (aller dans les entreprises), et j’ai surtout trouvé grâce à un réseau de relations. Donc des jobs, il y en a, il faut se bouger et pour les trouver et parler autour de soi. Les conditions ne sont pas toujours simples : une fois, j’ai trouvé un job loin de chez moi (je n’avais pas de voiture, seulement un vélo). J’ai eu un entretien avec un entrepreneur. Cela a été probant. Je lui ai dit qu’il me fallait trouver de quoi loger pas trop loin. Il m’a répondu "Ce n’est pas mon problème. Si vous voulez le job, soyez là demain matin à 8 heures". Il était 17 heures. Je me suis démerdé et j’ai eu le job. Ce n’est pas évident, mais il faut savoir ce que l’on veut.
En étant étudiant, il y a également la possibilité de faire du soutien scolaire à des lycéens. Ca rémunère bien si on le fait en direct, beaucoup moins bien si on le fait dans des structures (j’ai fait les deux). Ca, c’est facile à trouver. Si on est sérieux, le bouche à oreilles fait la pub.
Lorsque je suis sorti des études, je suis arrivé en pleine crise dans mon (futur) secteur d’activité. J’ai répondu a des annonces sur la France entière, me suis rendu à des salons de l’emploi à Paris. Rien n’y a fait : trop loin et sans expérience. Ma motivation n’avait pas d’importance.
J’ai finalement utilisé la même méthode que pour les jobs d’été : parler autour de moi. Quelqu’un qui connaissait quelqu’un savait qu’une entreprise cherchait près de chez moi. On m’a dit d’écrire en fournissant le nom de la personne que je ne connaissait pas. Cela m’a permis de décrocher l’entretien. La première question que l’on m’a posé, c’est : comment va la personne en question ? J’ai dit la vérité et on a embrayé sur l’entretien professionnel. Vu mon profil, le responsable savait que je finirait par chercher autre chose que ce qu’il avait à proposer et donc que je n’était pas le bon cheval sur qui investir. J’ai démenti, mais il avait raison et il le savait. Je lui ai demandé s’il connaissait des noms de personnes dans des entreprises susceptibles d’être intéressées : il m’a proposé de leur téléphoner directement. C’était plutôt sympa. Cela m’a permis d’être engagé par l’un de ces contacts pris à la volée. Donc : il faut se bouger et oser.
Avant ce 1er emploi, j’ai connu quelques mois de chômage. Cela m’a permis de constater que l’ANPE n’était pas vraiment une structure pouvant m’aider (absence de classification sur mon secteur, peu d’annonces, et quand il y en avait, après avoir fait 1 heure de queue, le poste était pourvu via une autre agence).
Concernant l’aspect culturel que vous abordez dans votre commentaire, désolé, vous vous trompez de structure. L’enseignement supérieur, lorsqu’il est financé par l’état pour raison sociale ou pour toute autre raison, n’a pas pour vocation l’enrichissement culturel de la personne, mais vise à offrir l’opportunité de faire un métier. Est-ce regrettable ? Peut-être. Mais savez-vous qu’il y a des problèmes de finances publiques dans le pays ? Actuellement, s’il y a des sous, il vaut mieux les donner à des personnes dans le besoin (petites retraites, etc.) plutôt que de financer des études de confort !
Olivier, je ne revendiquais pas. J’ai montré qu’il était possible malgré de faibles ressources et sous certaines conditions que l’on pouvait faire des études, les réussir et ne pas trop souffrir, même si l’accès a toute école n’est pas possible dans ce cas, soit pour des raisons de localisation géographique, soit en raison du ticket trop élevé. Une amélioration intéressante consiste à pouvoir cumuler une bourse et un emploi déclaré. J’ai montré également, que les effets de seuil peuvent vraiment mettre un étudiant en difficulté.
Au sujet de la polémique, tous comptes faits, je vais en faire un peu.
Les chiffres que tu décris ressemblent un peu au nombre de manifestants vu par la police face à celui exprimé par les syndicats (pas le tien, bien sûr). Je reconnais implicitement que tu as raison de chercher à corriger le tir, si le trait a trop été forcé dans l’autre sens. Mais comment être sûr de la validité de ceux-ci dès lors qu’ils sont annoncés par une organisation qui affiche une appartenance politique ? C’est également vrai pour les mêmes chiffres vus par l’Unef par exemple.
J’ai souvent vu les syndicats à l’oeuvre au cours de mes études. Quels qu’ils soient, les discours sont aussi tendancieux que ceux des partis politiques qu’ils soutiennent : pour l’Unef, ce que fait la droite c’est mal, ce que fait la gauche c’est bien. Pour l’Uni, c’est la même chose, mais dans le sens inverse. Il suffit de faire un tour sur les sites des deux organisations pour le vérifier. De ce point de vue, rien n’a changé depuis que j’ai quitté la fac.
J’aimerais voir des syndicats non politisés ou capables d’être critiques même si une proposition a été faite par un gouvernement du même bord. Préoccupés avant tout par le sort des étudiants et non par une implication idéologique. Capables, de droite comme de gauche, de se mettre autour d’une table pour discuter des désaccords et faire des contre-propositions pour améliorer les choses. La plupart des lois servies par les gouvernements (et l’actuel n’est pas le dernier sur ce point) sont mal ficelées. Pour autant, je trouve idiot de les rejeter en bloc ou de les approuver en bloc. Le chahut sur la loi Pécresse a bien montré ce que j’affirme. Tout le monde, à droite comme à gauche, est d’accord pour dire qu’il faut réformer l’université. La plupart du temps, l’université est hors compétition par rapport aux écoles d’ingénieur et ce n’est pas normal. De plus, il est désormais indispensable que les diplômes obtenus soient reconnus internationalement. Les syndicats étudiants de gauche (plus radicaux en l’occurrence que les partis politiques) ont cherché à la rejeter en bloc. Les syndicats étudiants de droite l’ont approuvée massivement.
J’aimerais plus d’objectivité, moins de politisation, plus d’esprit constructif. Un exercice intéressant, tiens ! Pour changer, que l’Uni examine la loi Pécresse, trouve et expose en argumentant les aspects négatifs de la loi. Que l’Unef fasse la même chose dans l’autre sens. Je serai curieux de voir le résultat. Copie vide dans les deux cas ? Ou simple rejet de la proposition ?
Je ne vais pas entrer dans la polémique que soulève l’auteur et me contenter d’apporter mon témoignage et quelques réflexions.
J’ai fait partie des étudiants pauvres. Les ressources de mes parents ne leur permettaient pas de financer mes études, mais ils n’ont jamais cherché à m’en détourner. J’ai commencé à travailler l’été en usine à 16 ans (au SMIC et au black évidemment) et j’ai recommencé tous les étés, de la fin des cours d’une année au début de l’année suivante. J’ai conservé une partie de l’argent pour l’après-bac, l’autre partie pour me faire plaisir. Le travail d’été était insuffisant pour tout financer (logement, nourriture, fournitures, livres, sans oublier quelques sorties avec les potes, parce que quand même, il n’y a pas que le boulot dans la vie). Les ressources de mes parents me permettaient d’avoir une bourse. Bien sûr, à l’époque, toute augmentation des ressources se faisait au détriment du montant de la bourse et pour cette raison, j’ai continué à travailler au black. Le coût de la vie a fini par augmenter plus rapidement que les ressources que j’ai décrites et j’ai donné des cours à des lycéens en semaine et certains week-ends pour compléter.
Au final, j’ai obtenu mes diplômes. J’étais motivé aussi bien par mon désir de faire le métier que j’avais choisi que de ne pas faire ad vitam aeternam ce que j’avais pu expérimenter l’été. Cette période m’aura appris très tôt à gérer mes ressources et mes priorités (j’ai toujours mis un point d’honneur à ne jamais jouer sur des découverts), et à être efficace dans ma façon d’apprendre pour dégager du temps dans le but de travailler ou de m’aérer.
Ai-je été heureux sur la période ? Hé bien oui. J’ai fait mes choix et je les ai assumés. Cela ne m’a pas empêché de faire la fête de temps en temps et de rencontrer plein de gens intéressants. Le souci constant était l’absence de marge de manoeuvre financière en cas de pépin. Ca, c’était inconfortable.
Il faut cependant constater que 1) J’avais une bourse. 2) J’avais droit à la cité universitaire. 3) J’ai fait mes études en province. Si mes parents avaient eu des ressources légèrement supérieures à la limite, la somme à réunir aurait été bien plus importante en raison de l’effet de seuil. Et là, je pense que j’aurais moins rigolé. Il y a des étudiants sont dans ce cas. Peu importe la proportion, ils existent. Etant donné l’augmentation des loyers ces dernières années, il y en a même forcément de plus en plus.