Les antinomies et antagonismes que vous pointez sont très réels, mais je pense que vous n’êtes pas le premier à vous pencher dessus. Et il le faut car les visions binaires nous laissent sec.
Je pense précisément à l’arsenal philosophique de Bernard Stiegler : ces choses ambigues qui nous entourent sont comme les poisons-médicaments : des « pharmaka ». Et c’est la structure générale de toutes les « vagues » (« bulles ») que d’avoir un déterminant technique primitif qui attire (on va pouvoir faire ceci ou cela), par une « protention » assez simple, puis qui détourne de ses apparences, puis qui enfin apparait carrément nocif. Cela a été dit par Platon (ou Socrate) de l’écriture, on évitait de connaitre les choses avec l’écrit, c’est pas bien. Et eux même qui apprirent à raisonner « libre » , en faisant fi de la force idéologique des clans (si prégante dans l’antiquité) , furent piégés par les sophistes, des raisonneurs qu’on payait en drachmes pour qu’ils assurent des salons réussis, qu’importe la vérité de leur raisonnement.
Quant à la médiocrité, Stiegler parle de « misère symbolique », et je trouve ce choix assez juste ; perte de savoir-faire surtout patent à l’ère de la télé (dont le pic passe, il est vrai), de savoir-vivre, car il n’existe plus d’espace « bidirectionnel » où vos singularités se ressourcent auprès de celles des autres. Le marketing passe entre...
Vous pouvez peut être commencer par « En finir avec la mécroissance » de Ars industrialis, ça depend de votre gout pour la philo + ou - absconse...
dans le désordre : - Pozzuoli-Campanie : la cathédrale dans l’acropole interdite, avec les murs peints en baroques à moitié écroulés et derrière les colonnes grecques. Pour connaisseurs.
- Risque inhérent de toute organisation de déclencher des modes, les programmes de l’EN n’y coupent pas.
- Remède1= diversité , à condition qu’elle ait été bien cultivé. Or le temps disponible est bouffé (cf Ars industrialis aussi et B. Stiegler parmi d’autres) par supports de mémoires nouveaux (et leur milieu associé mp3 et al.) et industries culturelles qui les remplissent.
- remède 2= le mot grec « aidos », la peur/honte d’être ridicule, donc l’intériorisation qu’on a faite de la diversité des autres, ce qui idéalement éloigne la cuistrerie sans assécher la singularité de chacun
- d’ailleurs j’ai trouvé intéressant que dans l’interview de Finkielkraut de cette semaine dans Marianne, AF introduise l’« aidos », avec la thématique du miroir : autour de l’éducation et du tandem jeunes/vieux de notre transmission de savoir/savoir-vivre/savoir-faire, il y a intériorisation soit d’un des côtés (feu le côté de l’autoritarisme moral des Lagarde et Michard, suivant vous) soit de l’autre (le djeunisme, viagra pour tous et risque de déliaison des pulsions)
Bref, je rajouterais une pincée de neurones miroirs, un zeste (vraiment pas plus) du miroir à « aidos » de AF, et ensuite, on peut partir sur les flancs de l’information, montagne aux flancs si larges, mais pas très nutritifs.
Non, il y a quelque chose de plus que le café du commerce :
c’est l’impression de honte.
Bernard Stiegler, au café du commerce, recycle les mots grecs de « diké » (justice , a donné, syn-dicat) et « aidos » (la vergogne, si je me souviens bien).
Ces choses là sont bien notre moteur en politique, pas le seul raisonnement froid, ni la passion pure. C’est le moteur profond de nos « protentions », qui répondent à nos « rétentions », celui qui permet de « lier » nos pulsions, et de les sublimer.
Apprendre des choses comme Jean S nommé (quasi) à l’EPAD, cela désublime l’état dans ce qu’il a de liant. C’est grave. Je n’ai pas lu « la Dissociété », mais là on la touche, sur l’arête vive.