c’est ma première microcontribution à ce salutaire site d’information qu’est Agoravox, et je dois dire que j’ai été surpris par le ton assez décontracté qu’on s’y permet.
S’il s’agit d’un site d’information, comment peut-on tolérer des interventions aussi peut respectueuses et prudentes que celles du type « l’islam est une merde » ou « vive les blancs » ?
Elles n’ont aucune valeur informative, et relèvent de l’incantation, et c’est assez déroutant quand on sait que ces non-sens sont écris par des « membres de »LA« civilisation de la raison » ou les « ennemis des forces obscures ».
Pour ce qui est d’Emmanuel Todd et de son dernier livre, j’ai hâte de m’y coller. Je rejoins ceux qui le trouveraient un peu péremptoire. Mais il me semble que ses façons sont en grande partie en réaction à l’uniformité inconsistante des analyses proposées dans les grands médias à propos des questions tournant autour des relations orient/occident, et notemment à propos de l’Iran.
Il me semble, après avoir lu « l’illusion économiqe » et « Après l’empire », de Todd, que ses analyses, qui paraissent souvent manquer de pluridimensionalité, tombent plutôt juste. Je citerais plusieurs points :
- le déclin américain (forte montée des inégalités, économie réelle peu fière, espérance de vie en stagnation, stagnation des revenus de 95% de la population etc.)
- Dépassement inaproprié des états-nations par la construction européenne et fantasme européen post national, autant de constructions mentales confectionnées hier par des élites aujourd’hui désemparées devant les séparatismes démultipliés (Belgique, balkans, mais aussi malèses identitaires internes, comme en France, où on assiste me semble-t-il a une véritable réaction culturelle). L’état-nation était et reste peut-être une force d’équilibre et d’harmonie pour construire autre chose qu’un ordre mondial ultra-libéral et mutilant pour les cultures et sociétés qui subissent les secoussent de l’ordre géopolitico-économico-financier mondialisé (bon j’avoue, c’est un peu pompeux comme paragraphe).
- En son temps (fin 70’) le diagnostique de la débandade soviétique, et le pronostiqu du début de sa fin.
Ce qui m’intéresse, ce n’est pas qu’il ait ou non des talents de devin ou de pronostiqueur, mais bien qu’il me semble que les faits lui donnant souvent raison, on pourrait se demander si l’approche démographique, en ce qu’elle intègre des paramètres ayant une incidence lourde sur le contexte économico-culturel (typiquement, le taux de fécondité, l’espérance de vie, ont des implications massives en économie, et en matière culturelle, surtout la fécondité (couplée à al mortalité infantile etc.)), ne constituerait pas une des bases solides nous permettant de mettre en perspective l’ensemble des tendances se dégageant du contexte actuel.
Notemment, il me paraît immensément simpliste de baser un raisonnement géopolitique sur le discours d’Ahmadinejad où il dit qu’il s’agit de raser Israël de la carte. Un débile mentale pourrait vous rétorquer que le seul pays à avoir utilisé la bombe sont les états-unis...et donc ?
Alors qu’il me semble que la démarche d’E.Todd nous invite à prendre du recul, et à ne pas se dérober à la possibilité d’une autre tendance : celle de la marche vers une société plus libre en Iran.
Il s’agit a priori pour moi d’un élément d’analyse géopolitique parmi d’autres, mais il me sembe (toujours apriori), nettement plus inspiré que les crispations unilatérales qui seules filtrent pour l’instant des grands médias.
Quel dommage que j’ai raté l’occasion, j’habite à 500 mètres de la librairie Mollat...