Avant de situer ce travail dans le cadre de la théorie marxiste, il nous paraît nécessaire de récuser le mythe selon lequel le matérialisme historique et/ou dialectique et les courants de pensée qui en dérivent, constituent une science ou la science des faits sociaux. Ce mythe a été remis à la mode dans la sociologie marxiste récente, par le discours épistémologique de l’école althussérienne, centré sur la notion de rupture ou de coupure épistémologique. Selon ce point de vue, Marx aurait non seulement renversé les bases de la philosophie hégélienne qui lui servaient de point de départ mais il aurait mis en place les principes d’un mode de connaissance absolument nouveau et différent,susceptible de garantir la réflexion sur le social de l’erreur et de la méconnaissance. Qu’elle s’appuie sur Staline, sur Lénine ou sur Marx luimême, la croyance selon laquelle le marxisme est une science, une vérité, une anti-idéologie, etc., est toujours, en sociologie comme en politique, la source d’un dogmatisme paralysant et d’un terrorisme démobilisateur. En sacralisant la pensée de Marx, on la tue ; on interdit d’y puiser des éléments de connaissance utiles et dynamiques qui, combinés à d’autres éléments dérivés de la pensée non-marxiste (en philosophie, en sociologie, en économie, en linguistique, etc.) peuvent permettre de penser le monde dans lequel nous vivons : le passé qui nous est légué et l’avenir que nous devons inventer.
Par ailleurs, les liens qu’elle établit entre libéralisme et racisme sont troublants, d’autant que, comme je l’avais montré dans un autre post, on trouve pareille position chez divers liberaux purs et durs (genre Herman-Hoppe, même si sa position est particulièrement vulgaire)
Je n’ai jamais lu, par exemple chez Malinowski ou Radcliffe-Brown, cette tendance à vouloir tout ramener à la lutte sociale incessante pour faire valoir son droit de supériorité sur autrui.
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Les thèses fonctionnalistes ou libérales ont un lien direct avec une certaine forme de racisme, dans le sens où comme Bourdieu disait," il y a autant de racismes qu’il y a de groupes qui ont besoin de se justifier d’exister comme ils existent".
Les implications racistes de la théorie fonctionnaliste (ou libérales) de l’inégalité sont évidentes ; en postulant que la lutte assure le triomphe des meilleurs et que les meilleurs sont meilleurs par nature – par essence – on peut justifier, par l’argument de l’inégalité naturelle des individus et par conséquent, celle des groupes, des ethnies ou des races, toute forme de domination, d’exploitation et d’oppression à l’intérieur d’une société et entre les sociétés. Nous verronsd’ailleurs que Schumpeter, qui pousse le plus loin les conséquences de la théorie fonctionnaliste de l’inégalité, se réclame ouvertement des théories racistes et des théories de l’hérédité. Les autres théoriciens fonctionnalistes trouvent le moyen de s’arrêter au seuil d’affirmations racistes explicites mais nous pourrons facilement constater que la cohérence et la logique du système théorique qu’ils construisent, imposent que soit admis le postulat informulé del’inégalité de nature entre les hommes et entre les groupes humains.(Nicole Laurin Frenette)