Il est bon de rappeler que la censure existe officiellement à Monaco et comme les habitant de ce refuge pour milliardaire y sont en quelque sorte habitués, ça ne choque finalement personne. Moi, en revanche, ça me choque toujours.
En règle générale, comme pratiquement aucune publication n’est imprimée en Principauté de Monaco, l’interdiction de paraître ne peut s’appliquer. La coutume consiste généralement à « racheter » tous les exemplaires de journaux ou magazines qui contiendraient des propos « désobligeants » envers les membres de la famille princière.
Car il faut le dire clairement, la censure monégasque ne vise qu’à protéger l’image des Grimaldi et plus particulièrement celle du prince souverain.
La censure a récemment frappé de façon plus sournoise à l’encontre d’un autre type de média : internet. Un petit plaisantin s’est amusé à monter un site satirique brocardant sur un ton humoristique une brochette des personnages politiques les plus caractéristiques, voire les plus pittoresques, en les représentant tous affublés d’un nez rouge de clown. Rien de méchant vu de l’extérieur. Mais il faut croire que ça n’a pas plus à tout le monde et comme règne à Monaco un monopole des télécommunication, le site a été « blacklisté » pour être (théoriquement) inaccessible. En pratique, il est toujours accessible, même depuis Monaco, en passant par un proxy.
C’est juste pour dire que ce n’est pas la peine de montrer du doigt le Turkménistan, la Chine ou la Russie. Commençons par regarder à l’intérieur même de l’Europe dite « moderne » et « occidentale ». Avant de regarder la paille qu’il y a dans l’oeil du voisin, il faudrait d’abord enlever la poutre qu’on a dans son propre oeil. Monaco, minuscule enclave indépendante dans le sud-est de la France demeure un exemple où règne la censure et où les gens qui veulent dire « certaines vérités » sont obligés de se cacher, au risque d’avoir de sérieux ennnuis. Car, vous ne le savez peut-être pas, mais à Monaco, le crime de lèse-majesté existe toujours. Au XXIe siècle, ça fait sourire.
Ça n’a pas fait rire quelqu’un qui, il y a quelques années, s’est retrouvé en prison ferme pour avoir traité le prince (le précédent, Rainier III) de clown.
Pourtant Monaco est un pays paradoxal puisqu’on y trouve facilement Charlie Hebdo, le Canard Enchaîné. A l’heure d’Internet, pas facile de tout contrôler...
Pour ceux qui n’auraient pas vu le site « interdit », voici :