Retranscrit toujours :
Guillaume de Moerbeke (vers 1215 - 1286) fut un érudit, traducteur de textes antiques et évêque latin de Corinthe (Grèce).
Il fut en contact avec bon nombre des grands esprits de son temps. Il fut le traducteur médiéval le plus prolifique de textes philosophiques, médicaux et scientifiques, les traduisant du grec ancien au latin. Ses traductions eurent une influence considérable à son époque alors que peu de traductions concurrentes étaient disponibles. Elles sont toujours tenues en haute estime par les érudits modernes.
D’origine flamande et membre de l’ordre dominicain par vocation, il devint l’évêque latin de Corinthe en Grèce, un poste difficile. Il correspondit avec le philosophe Thomas d’Aquin, le mathématicien Jean Campanus de Novora, le naturaliste polonais Vitello, et l’astronome Henri Bate de Malines qui dédia à Guillaume son traité sur l’astrolabe.
Après avoir séjourné à Nicée, à Thèbes (en 1260) et à Corinthe, Guillaume est nommé pénitencier à la curie papale de Viterbe où il eut accès au fonds grec. En 1267, son confrère Saint Thomas d’Aquin l’y rejoint. Il participa au Concile de Lyon (1274) et de 1277 jusqu’à sa mort il fut évêque de Corinthe, un évêché catholique fondé en Morée après la Quatrième croisade. Un petit village grec, Merbaka, entre Argos et Mycènes porterait son nom.
À la demande de Thomas d’Aquin, il entreprit la traduction complète des œuvres d’Aristote ou, pour certains morceaux, la révision des traductions existantes. Il fut le premier traducteur de la Politique (v. 1260). La raison de cette requête s’explique par le fait que les exemplaires en latin des œuvres d’Aristote qui circulaient à l’époque provenaient d’Espagne (voir Gérard de Crémone). Produits par les écoles arabes du rationaliste Averroès, ils avaient été traduits en arabe à partir de traductions syriaques. On imputait ainsi des erreurs philosophiques et théologiques à Aristote. Ces traductions ont eu une longue histoire. Elles étaient déjà des classiques au XIVe siècle quand Henricus Hervodius mit le doigt sur leur valeur : elles étaient littérales (de verbo in verbo), fidèles à l’esprit d’Aristote et dépourvues de fioriture. Le texte grec original de nombreuses traductions de Guillaume a désormais disparu : sans lui ces ouvrages auraient été perdus.
Dans le roman philisophico-policier Le Nom de la rose d’Umberto Eco, situé à la fin du XIIIe siècle, un débat surgit entre les moines au sujet de la Poétique d’Aristote (Deuxième jour - Prime). Jorge de Burgos condamne le livre, car il est parvenu à l’Occident par le truchement des « infidèles » Maures (comme une bonne partie d’Aristote). Cependant le personnage principal, Guillaume de Baskerville, sait que la Poétique d’Aristote venait d’être traduite de l’original grec en latin par Guillaume de Moerbeke.
Guillaume traduisit également les traités mathématiques d’ Héron d’Alexandrie et d’Archimède. Ses versions des Éléments de théologie de Proclus (1268) furent d’importance notable, car les Éléments de théologie sont une des sources fondamentales de la résurgence du mouvement philosophique néo-platonicien au XIIIe siècle.
Les collections vaticanes recèlent les traductions autographes de Guillaume de Moerbeke (1269) du plus grand mathématicien hellénistique, Archimède, avec les commentaires Eutocius. Guillaume consulta pour ce faire deux des meilleures versions des manuscrits d’Archimède, toutes deux ont depuis lors disparu.
Par Bill