Je ne sais pas si Madame Fadela Amara est une femme libre ; il ne m’appartient pas d’en juger. Elle a fait le choix de participer à ce gouvernement, à elle donc de savoir si elle est libre et quelle est la marge de liberté dont elle dispose...
En tout cas, elle est parfaitement libre - et elle l’exprime et l’assume - de dire qu’une chose est “dégueulasse”, quand cette “chose” est dégueulasse : l’instrumentalisation des immigrés.
Je trouve effectivement “dégueulasse” de juger “dégueulasse” le fait de dire qu’une chose est “dégueulasse” quand on vous pousse, et utilise, à mettre en place quelque chose de “dégueulasse”. Dégueulasse, en soit n’est pas un terme si “dégueulasse” ; il fait partie de notre patrimoine linguistique. De plus, il ne condamne personne dans ce contexte précis ; il ne s’adresse à personne en particulier ; il renvoie simplement à “quelque chose” , une pratique, une politique qui est jugée “dégueulasse” par cette personne. Si les membres du gouvernement se sentent offusqués, c’est leur problème, non pas personnel - ce ne sont pas eux qui sont “dégueulasses” dans l’expression de Madame Amara-, mais politique, en tant que ce qu’ils se proposent de mettre en oeuvre est jugé comme “dégueulasse” par quelqu’un qui a peut-être vécu pas mal de choses “dégueulasses”, en lien avec l’immigration...
Ce qui me sidère dans cette histoire, c’est que c’est Monsieur Devedjian, grand ponte de l’UMP, du gouvernement Sarkozy, une figure emblématique donc, avec, normalement vocation à une certaine prise de distance sur les choses et à une certaine capacité de maîtrise de soi, qui se permet de juger un propos - visant une politique - “dégueulasse”, alors que, lui, il y a quelques mois à peine, se permettait de traiter Madame Anne-Marie Comparini de “SALOPE”... Ça laisse tout de même rêveur, non... ? On a donc quelqu’un qui se permettait, il y a peu, des propos proprement injurieux, adressés à une personne, avec toute la finesse que le mot “SALOPE” laisse deviner, qui se permet de jouer les “vierges effarouchées”, les « chantres du propos policé » face à quelqu’un qui se permet de juger “dégueulasse” ce que lui et un certain nombre de ses acolytes souhaiteraient mettre en place...
Qui des deux, selon vous, est le plus “dégueulasse” ?
J’ai bien ma petite idée...