Par ordre chronologique des commentaires lus ci-dessus,
à torr-ben, à propos des psaumes :
Dans un récent courriel à un diffuseur de l’excellent livre de John Kiser sur les moines de Tibhirine j’ai écrit ceci : "
« » C’est un très beau livre sur des hommes courageux, confiants dans la bonté et la justice de Dieu, ainsi que dans leurs propres comportements. Pacifiques, tolérants, généreux, ouverts aux autres et cherchant sincèrement à les comprendre dans leurs différences, profondément inter-religieux, au meilleur sens du terme, ils sont ainsi amenés à vivre une vie difficile, dangereuse, dans la sérénité et le partage avec leurs voisins musulmans. Ils aiment et sont aimés. Ils sont exemplaires.
La page 175 nous montre cependant qu’ils n’échappent pas complètement - eux non plus ! - au fardeau spirituel porté par les croyants de toutes les religions : par fidélité à la tradition et à l’enseignement reçu de leur église ils adhèrent à la conception selon laquelle des paroles de haine (dans les psaumes) peuvent, tout autant que les appels à l’amour, être des paroles en provenance de Dieu. Ils se rassurent même de ce qui devrait les inquiéter : cette conception existe aussi chez les musulmans, puisqu’elle est aussi dans leurs textes sacrés !
Force est donc de constater qu’on ne peut pas trouver plus qu’ailleurs, chez ces moines exemplaires, le rejet de ce qui fait et consolide toute l’horreur religieuse et inter-religieuse, relancée dans notre époque comme elle le fut épisodiquement, à toutes les époques, depuis l’invention du monothéisme.
Il faudra donc encore attendre et chercher ailleurs la claire rupture avec la conception criminogène de Dieu. On ne la trouvera certainement pas dans le double discours papal qui, dans le nouveau catéchisme de l’église catholique, justifie et, en quelque sorte RE-SACRALISE cette conception, en un temps où il faudrait, dans toutes les religions, la DÉ-SACRALISER une fois pour toutes. Le passage 106 (entre autres) est sur ce point très explicite : dans les textes sacrés des chrétiens, le mal et les appels à commettre le mal sont bien AUSSI le désir de Dieu.
Ce n’est pas seulement triste, c’est désespérant. Quelle communauté religieuse, catholique ou autre va enfin, sur ce tragique problème, « mettre les pieds dans le plat » ? « »
J’ai été fortement réconforté quand à ce courriel l’écrivain catholique traducteur du livre, dont j’ai fait récemment la connaissance, m’a répondu par le même canal que c’est là « un commentaire très juste ».
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à Icks PEY, à jeanclaude, à torr-ben encore (qui ne m’a nullement blessé dans son nouveau commentaire) :
Je n’ai pas posé les questions que vous m’attribuez. Il est donc normal que vos « réponses » n’en soient pas, et que vous pensiez me contredire avec de nombreux arguments qui sont aussi les miens.
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à moebius :
A propos du discours de Ratisbonne... et au risque de me répéter encore (mais ça finira peut-être par ramener tous ceux qui s’en éloignent à la réalité de mon propos initial) j’ai, dans un texte proposé à une revue ce printemps 2007, écrit ceci :
« » Dans le catéchisme de l’église catholique à propos de l’Ancien Testament on dit ceci : « Dieu n’est en aucune façon, ni directement ni indirectement, la cause du mal moral » (311). Mais on y affirme également le contraire : « Dieu a inspiré les auteurs humains des livres sacrés. En vue de composer ces livres sacrés, Dieu a choisi les hommes auxquels il eut recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs moyens, pour que, Lui-même agissant en eux et par eux, ils missent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir, ET CELA SEULEMENT. » (106, c’est moi qui souligne). Une telle affirmation, répétée en plusieurs endroits, signifie clairement que c’est bien Dieu qui a voulu, exercé ou commandé toutes les horreurs qui lui sont attribuées dans la Bible, telles que l’extermination effective des Cananéens rapportée dans le Livre de Josué (un Livre, précise le catéchisme, resté aussi saint que tous les autres de l’AT). En tenant à réaffirmer que les catholiques doivent toujours croire cela le cardinal Ratzinger, président de la Commission de préparation du catéchisme et futur pape Benoît XVI, alimentait la guerre interreligieuse plus sûrement et plus durablement que dans ses propos de Ratisbonne. Il confirmait que la conception criminogène de Dieu reste bien une « valeur chrétienne », comme elle reste depuis 3000 ans une « valeur juive », comme elle reste une « valeur islamique » depuis la création de l’islam. « »
Bien cordialement à tous.