Le mal s’aggrave. La France se déchire à l’intérieur et se couvre d’opprobre à l’extérieur. Ces derniers jours nous sommes arrivés à un paroxysme de poissonnerie de quartier où tout le monde se met à hurler. C’est comme un incendie dans maison France on voit courir dans tous sens des brûlés en hurlant. Ayant pour seul ligne de conduite le pouvoir, comme seul objectif le bling bling et la gloire et comme seul moyen la communication-propagande Sarkozy a atteint le sommet du cafouillage et la termitière minée depuis le début de sa présidence craque de toutes parts. Ce qui devient plus lourd de conséquence c’est que les media - consciemment ou non - amènent cette pierre non à l’édifice mais à la destruction de notre pays. Nous voyons sous nos yeux notre pays s’enfoncer dans l’incohérence la plus totale, le Barnum désordonné où on aurait lâché les tigres sous la tente. Malheureusement il n’y a pas dans tout cela un pire mais des pires : l’incohérence de gouvernement, « l’attisement » par Sarkozy des affrontements des uns contre les autres, la dégradation immense de notre image, des faux contrats, le délitement total d’une nation. Nous savions que la presse subissait des pressions, nous savions qu’une certaine presse était complice par conviction, par lâcheté ou par intérêt, nous nous apercevons maintenant qu’elle paraît si fascinée par ce pouvoir qu’elle crée elle-même les conditions de l’annihilation de l’opposition en glorifiant ce pouvoir de sa technique magistrale de destruction politique de ses opposants. Cette affaire-là n’est pas anodine et porte en elle les germes d’un danger des plus grands. Le gouvernement n’est en ce moment qu’une fanfare municipale d’amateurs déboussolés qui font des couacs et sortent parfois du rang alors que l’UMP voudrait une escouade de la légion étrangère, au pas lent et puissant, défilant en tablier de sapeur un 14 juillet ensoleillé chantant la gloire du prince de voix chaudes et profondes. Où est la presse ? Dans la fanfare alors que son rôle est d’être à l’extérieur et de regarder cette compagnie dépenaillée avancée en désordre vers là où le chef les mène, c’est à dire vers le gouffre.
L’affaire extraordinaire - outre celle de la venue de Kadhafi aux lunettes de star de romans noirs avec contrats en papier de chiffon, petits mensonges entre amis etc. - c’est celle de Rama Yade. Au-delà des théories qui disent le partage de rôle entre l’ange blanc et l’ange noir (ce n’est pas une formule que j’ai inventée mais reprise à un journaliste), qu’en somme tout était arrangé d’avance permettant ainsi à notre lider Massimo de recueillir malgré tout les lauriers, ce qui me choque profondément c’est - et honte à ces media - la présentation des faits, la communication en somme. Quels sont les faits ? D’une part Rama Yade fait une déclaration fracassante dans les journaux et reprise ensuite à la radio. Dans le même temps différentes voix s’élèvent au moins aussi violemment parmi lesquelles Delanoe, Royal, Hollande, BHL (le maudit je sais), Bayrou tant dans la presse, à la radio, à la télévision, dans l’hémicycle que sur le terrain avec un acte symbolique de vouloir planter une tente devant le mur de la paix interdit par la préfecture. Que font donc ces media damnés ? Alors que l’opposition est présente, avec des arguments et des indignations forts, avec des gestes symboliques visibles, elle monte en épingle la sortie de Rama Yade la sur-développe au détriment des autres interventions, crée un sur-événement - bien sûr que ce n’est pas anodin, bien sûr que c’est important ce qu’a fait notre secrétaire d’état, mais pas plus que tous les autres réunis, moins, bien moins- et de cette excroissance injuste en fait la nourriture d’une théorie qu’elle aide à créer et à alimenter : l’opposition est au sein même du pouvoir et rend inaudible l’opposition réelle, l’ouverture permet les discussions et tout se passe finalement dans ce lieu clos. Exit l’opposition. Or ceci est aussi faux dans le fond que dans la forme. Ces media sont au milieu de la cacophonie gouvernementale sans aucun recul. Vu de l’extérieur, on ne devrait trouver cela que comme une immense pétaudière. Que font les media ? Ils renversent cette évidence en tactique subtile et efficace du très intelligent et très travailleur Sarkozy. Ce qui est un défaut majeur devient une qualité extrême. Ces media accréditent dans un même mouvement que notre Guide détruit l’opposition et pratique l’ouverture. Pour la destruction de l’opposition - alors qu’il disait qu’il était le président de tous les français et qu’il voulait donner sa place à celle-ci c’est intéressant comme démonstration du : « je dis ce que je dis mais je fais ce que je fais » - que l’omniscient s’y engage est une certitude. Il lance sa machine de guerre depuis qu’il est président, ce n’est pas nouveau. Mais que les media lui facilitent la tâche ainsi c’est nouveau. Ces media qui aident à créer un phénomène de destruction car ils en sont l’amplificateur-déformateur deviennent une honte. Alors qu’ils devraient analyser la situation et relever que ce désaccord de Rama Yade est surtout un couac de taille, un couac sans conséquence - sinon justement de faire désordre et superficiellement de bâtir la théorie des media - car Rama Yade avait auparavant serré la main tout sourire du cheik sanglant quand elle était en Libye, car elle est restée au gouvernement, car elle a ensuite modéré ses propos, car enfin cela n’a pas fait partir Kadhafi, ce n’est donc qu’une indignation temporaire sans aucune efficacité, ils font tout autre chose. Ils font l’analyse non du fait - et j’y reviendrai - mais des à-côtés communicants. En somme Sarkozy fait très fort car il crée en son gouvernement la discussion et coupe l’herbe sous les pieds de ses adversaires qui deviennent inaudibles. Or s’ils deviennent inaudibles la faute à qui ? Justement à ces media qui sur-donnent la parole à Rama Yade, sur-commentent ses déclarations et surtout l’environnement et coupent la chique aux opposants. Ainsi font-ils eux-mêmes le travail en déséquilibrant les informations puis en disant que ces informations sont déséquilibrées grâce à la tactique géniale de Sarkozy. Ils sont donc acteurs et complices et surtout traitent plus de la forme que du fond. Il travaillent à l’œil, pris dans la fanfare, assourdis par les fausses notes et vont boire un bon coup au banquet offert par la municipalité. Au lieu de cela ils devraient en sortir, la regarder passer et réfléchir. Que verraient-ils ? Un : que c’est effectivement une véritable cacophonie et que la cacophonie n’a jamais était une harmonie qu’elle fût municipale ou orchestrale. Deux : que ces fameuses discussions, que cette fameuse opposition au sein même du gouvernement n’est qu’un pitoyable leurre. Une véritable opposition aurait empêché la venue de Kadhafi dans ces conditions. A quoi bon des cris d’orfraie si la chouette ensuite retourne dans la meute et suit le parcours imposé ? Car que voit-on ? Il y a des déclarations qui sont discordantes - et donc doivent être prises pour des couacs et rien d’autre - mais les musiciens amateurs qui les font sortent un peu du rang, lancent leurs fausses notes à coup de trompette, regardent la fanfare qui continue son chemin et courent à toute vitesse reprendre leur place. Qu’est-ce que cela a changé au cours des choses ? Rien. Strictement rien hormis le désordre. Cela n’a fait que du désordre. Que retiennent les media ? Le désordre ? La rentrée dans le rang ? La fanfare qui continue son parcours comme si de rien n’était ? Non ils applaudissent un chant de rossignol aveugle et inutile, flatte le courage de ce rossignol et s’ébaudissent du talent talleyrandesque de Sarkozy. Machiavel est de retour. Le prince nous gouverne et les media sont ses laquais.
L’ouverture selon Sarkozy est la suivante. Nous avons plusieurs compagnies de cars qui postulent pour une concession de transport avec leurs chauffeurs, leurs trajets et leurs tarifs. La compagnie des Uniques Mobiles Parfaits gagne l’appel d’offre selon un cahier des charges strictes : son parcours, ses chauffeurs et ses tarifs. Ses soutiens applaudissent, ils ont voté pour elle au conseil de la communauté urbaine. Bravissimo. Après une installation en « fanfare » (oui j’utilise souvent ce mot) comme régisseur, le conducteur en chef surprend une partie des administrés - les trahissant quelque peu - en mettant au rebut certains de ses chauffeurs qui en sont un peu aigris comme notre amateur de « salope », et va choisir dans les compagnies adverses des chauffeurs qui ont la moralité à l’épreuve de leur portefeuille. Une bonne place au chaud avec photo dans le journal et repas tous les mercredis chez le chef cela vaut bien de laisser la compagnie qui l’a formé et lui a permis d’être élu. Mais la suite on la connaît. La régie publicitaire clame que voilà c’est l’ouverture et les media très critiques clament que : « Oh qu’il est fort ce diable d’homme ! Il pratique l’ouverture et prend tout le monde à contre pied ! » Peu importe que ni les autocars n’ont changé, ni les tarifs, ni surtout ni les destinations et ni les trajets, ce qu’a déclaré avec force le fantôme de Matignon en prenant son poste virtuel. Alors à quoi bon ces conducteurs venus d’ailleurs ? A rien d’autre que de leur donner des livrées différentes avec des couleurs flashies, des grelots qui font bling bling quand ils bougent, un chapeau pointu avec une lampe phare dessus afin que tout le monde remarque qu’ils sont là. Ils servent à cela : être montrés. Mais ils conduisent le bus selon les directives du grand manitou. Et ces couacs me direz-vous ? Oui ces couacs, ce n’est rien d’autre que de petites crises d’alcooliques qui font tanguer le bus ici ou là et crier au conducteur quelques paroles fortes à la fenêtre contre la compagnie, mais quoi d’autre ? Rien. Le conducteur rentre la tête, le bus repart, suit toujours son trajet, s’arrête aux arrêts demandés, rentre sagement au dépôt le soir et à la fin du mois : bling la paye tombe. Voilà l’ouverture. Yama Rade et avant elle Fadela Amara ont ouvert la fenêtre, crié un peu fort en faisant faire un écart à l’un des bus présidentiels. Mais ensuite ? Rien. Pas plus pour l’une que pour l’autre. Elle ont repris leur petit bonhomme de chemin dans la caravane.
Le cirque Barnum reçoit sous son chapiteau la fanfare, et tout se petit monde se congratule et les media le lendemain d’un spectacle désastreux flattent Barnum comme grand clown blanc, savant stratège là où un français moyen voit un grand désordre et une belle escroquerie intellectuelle, et voit surtout que notre image est souillée, que la cohérence est devenu un défaut et que la gloire va au désordre, à la trahison, au mensonge et à l’infamie.
17/12 22:53 - Selmi
Sarco n’est pas un imbécile la preuve il a changé d’avis oh ma pauvre madame la (...)
17/12 17:33 - magicboss
Bon ... Vous le faites quand Ago ... ce dossier pour la présidence US 2008 ? ? ? Zut on a de (...)
16/12 18:41 - koton
16/12 18:37 - koton
16/12 18:33 - koton
cher chichil, quand je m’adresse à un cochon je parle en cochon et si tu sais pas bien (...)
16/12 12:15 - Chichile
Morice, franchement, le gars Koton, il ne brille tout de même pas par sa tempérance ni son (...)
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