@non666
Vous citez ici les "gaullistes sincères" en évoquant le non. C’est un terrain glissant. Quelle était la base de la philosophie gaullienne ? La doctrine "des circonstances" doit primer sur la doctrine "a priori", le tout au service de l’intérêt supérieur de la France.
Charles de Gaulle a appliqué ces principes à une époque où le poids de la France, alors encore l’une des nations les plus puissantes au monde, était bien plus élevé sur la scène internationale qu’il ne l’est aujourd’hui. L’isolation est le luxe des grands. Aujourd’hui, mettriez-vous votre main à couper qu’il jugerait bon d’isoler le pays et de le placer dans une position de recul face à une construction européenne à laquelle il a lui-même grandement contribué, et dans l’engrenage duquel il est impliqué jusqu’au cou ? Moi pas. Il est donc très délicat de se réclamer du gaullisme pour justifier une opposition ou une approbation à l’état actuel de l’avancée européenne. Les circonstances font que la France a davantage à perdre qu’à gagner à jouer une telle stratégie. C’est en tout cas l’opinion des dirigeants de nos grands partis, qui ne sont pas prêts eux, qu’il s’agisse du PS ou de l’UMP, à prendre un tel risque.
La seule condition possible d’un revirement politique à cet égard serait la production d’un rapport complet, objectif et précis, qui ferait valoir point par point qu’il serait davantage dans l’intérêt économique et social de la France de se retirer du processus européen que d’en rester un des moteurs. Tant qu’un tel rapport, s’il existe, ne sera pas entre les mains des pouvoirs publics, soutien populaire et massif à l’appui, les opposants à l’Europe fédérale en seront pour leurs frais et pour leurs divisions d’opinion, parce que ceux qui détiennent les clés du pouvoir (confiées par le peuple, il faut le rappeler) continueront à voir l’issue européenne comme seule et inéluctable.