Après l’annonce par le quotidien de l’armée américaine Stars & Stripes et de l’hebdomadaire Army Times du déploiement de 4000 soldats américains sur le territoire national, pour faire face à des actes terroristes et à leurs conséquences, et notamment pour gérer « les troubles civils et pour contrôler les foules », la tension monte à l’intérieur des Etats-Unis. Le plan de renflouement des spéculateurs est inconstitutionnel et soulève la colère de la population dont la vie quotidienne devient impossible. Les populations sont face à une mise en garde contre le « danger que l’administration Bush et les intérêts auxquels elle est liée au niveau international puisse faire usage de la force militaire pour écraser cette résistance à leur politique. »
Alors que le Northcom et le Pentagone tentent de démentir les articles de Stars & Stripes et de l’Army Times, en prétendant un but exclusivement « humanitaire », la journaliste et animatrice de l’émission de radio Democracy Now ! Amy Goodman, dénonce dans une tribune publiée par le Seattle Post-Intelligencer le 1er octobre, la mise en place d’un arsenal destiné à être tourné contre la population américaine. Elle rapporte une discussion avec le Lieutenant Colonel Jamie Goodpaster du Northcom, qui lui a expliqué que « néanmoins, les forces militaires auraient des armes sur place, létales et non létales, stockées dans des contenaires. Ils auront principalement des véhicules à roues, mais auront aussi accès à des chars », ajoutant que la décision de se servir de cet arsenal se prendrait au moins au niveau du secrétaire à la Défense.
Elle souligne ensuite que l’administration Bush s’est octroyé le droit de passer au dessus des lois empêchant de tels déploiements : « La loi Posse Comitatus de 1878 interdisait la participation de militaires dans des opérations intérieures. Mais le John Warner National Defense Authorization Act de 2007 incluait un paragraphe permettant au président de déployer les forces armées pour « rétablir l’ordre public » ou réprimer « toute insurrection ». Si cette partie du texte a ensuite été abrogée par une autre loi, le président Bush y a attaché un « signing statement » disant qu’il ne se sentait pas contraint par cette abrogation. »
Puis, sortant des questions légales et regardant la dynamique d’ensemble, Amy Goodman poursuit : « Avec l’opposition entre Wall Street et la population, les discussions sur des troubles survenant dans les rues américaines sont omniprésentes. (…) Sous la pression de leurs électeurs, les membres conservateurs et progressistes du Congrès ont bloqué la première version du plan de renflouement. Si l’économie s’effondre, si les gens ne peuvent plus accéder à leur épargne ou retirer de l’argent au distributeur, il pourrait y avoir de graves « troubles civils », et les soldats en question pourraient être appelés à « contrôler les foules », plus vite que l’on ne l’imagine. »
« L’establishment politique et financier semble complètement agacé à l’idée que les gens s’opposent à leur plan de renflouement massif qui récompense les financiers joueurs. Dans cette période d’incertitude, les gens normaux se soucient de payer leurs factures, leur nourriture, leur essence, et leur loyer ou leur prêt hypothécaire. Personne ne leur a jamais proposé d’être renfloués. Le château de carte de Wall Street s’est effondré, et les riches banquiers ne recueillent pas la sympathie auprès des gens qui travaillent. (…) En décembre 2001, en plein milieu d’une crise financière qui empêchait d’accéder aux comptes bancaires, la classe moyenne argentine s’est levée, a pris la rue, détruit les devantures des banques et a fini par forcer le gouvernement à démissionner, alors que la répression policière était forte et que la tentative de contrôle des médias avait échoué. »