Tant qu’à faire, étant abonné à CI, je vous fais profiter de la fin du billet de Kagarlitski paru à Moscou
L’élection montrera lequel des deux camps (laquelle des deux Amériques) pèse le plus lourd. Mais le principal problème est que la boîte de Pandore de l’affrontement culturel a été ouverte et qu’il sera difficile de la refermer. Quels que soient les vainqueurs, les perdants se sentiront non seulement battus, mais profondément humiliés, à tel point qu’ils ne chercheront pas à dissimuler qu’ils ne se reconnaissent pas dans le pays sorti des urnes. La fameuse loyauté des Américains envers leur patrie et leur Constitution sera mise à mal. Et si le milieu cosmopolite des grandes villes est déjà habitué à traiter le patriotisme et les valeurs nationales avec une bonne dose d’ironie, ce n’est pas le cas des rednecks, qui subiraient un vrai traumatisme. Une occasion en or pour les organisations d’extrême droite et la résurgence de théories fascistes.
Pendant ce temps, la crise économique ne va pas disparaître. Le futur président, quel qu’il soit, ne tardera pas à découvrir qu’il est impuissant face au cataclysme qui se profile. Et ce sera bien plus grave qu’un problème de fossé culturel. Toutefois, il ne faut pas oublier que celui-ci n’est pas dangereux en lui-même, mais qu’il le deviendra dans un contexte de difficultés économiques et politiques. Les perdants, quels qu’ils soient, tenteront vite de prendre leur revanche, et il n’est pas du tout certain qu’ils respecteront les procédures habituelles, conformes à l’esprit de la bonne vieille Constitution américaine.