Appelé du contingent en ayant fait 12 mois en 1989 et actuellement personnel civil au ministère de la Défense depuis 12 ans, j’ai eu tout le loisir d’observer la disparition des appelés du contingent.
Si effectivement les candidats aux présidentielles comptent rétablir le service civil en le calquant sur le modèle du service militaire, ils vont droit à l’échec.
La mixité sociale était un leurre, le pistonnage en était le principal responsable. Celui qui nie qu’il n’y a a jamais eu de pistonnés au service militaire, je l’accuse direct de « révisionnisme ».
Pour ce qui est de la solde, j’ai toujours été choqué de constater que des appelés du contingent et informaticiens qualifiés étaient royalement payés 1000 balles pour faire le même boulot que le mien mais moi, j’étais payé 11 fois plus. Ces appelés déjà heureux de ne pas devoir ramper dans la boue étaient souvent sous les ordres de sous-officiers largement moins qualifiés qu’eux et pas vraiment aptes sur le plan sportif. Ce n’est pas vraiment le meilleur exemple à proposer à la jeunesse.
Pour les appelés moins qualifiés, bon nombre finissaient aux mess, plantons ou à faire de la peinture. Les ministres après avoir essayé de refouguer ces tâches ingrates aux personnels civils en place ont fait alors partiellement appel à la sous-traitance privée. (de qualité très variable au demeurant, il y a même des gardiens qui ne lisent essentiellement que de droite à gauche ...)
Quand à la déstabilisation professionnelle, elle est bien présente. J’avais gardé contact avec une camarade de promo à l’issue de mes études. Je peux vous assurer qu’elle a rapidement décollé, et elle nous a mis un an d’expérience professionnelle dans la vue. Je peux vous certifier que l’inégalité homme-femme était en faveur de ces dernières pendant un paquet d’années (en fait jusqu’au premier congé mater)
Enfin je pense qu’avec la jeunesse d’aujourd’hui, incontrôlable (novembre 2005), j’imagine le bordel dans les casernes. Les cadres pourraient gueuler autant qu’ils veulent, et ceux qui osereraient surenchérir face à ces « petits cons », se retrouveraient rapidement avec de très gros soucis.
Enfin pour les « comiques » qui pensent à l’apprentissage d’une langue européenne dans un service, je pense les générations d’appelés qui sont allés faire un « stage » linguitisque de 12 mois en RDA pendant 5 décennies pourront s’exprimer mieux sur l’apport culturel ...
Il faudrait un miracle pour obtenir des autorités une reconnaissance sans réserve de toutes les déviations qu’a connues le service national. Sans ce miracle, il me parait improbable de recontruire un service civil vertueux. C’est donc pour ces raisons, je pense que l’auteur de cet article a raison dans sa démarche intellectuelle.
JMC