A propos d’un commentaire qui m’accusait de mauvaise foi en voulant nous faire croire que la politique de l’emploi était largement régionalisé en France, je voudrais rappeler l’inverse avec propos d’élu régional à l’appui. Ce sont les mots de Alain Rousset, président (PS) de la région Aquitaine, en décembre 2005, devant l’Assemblée des régions de France (il l’a répété en d’autres termes depuis) : voici un extrait : "On
recentralise, on restaure les contrôles, on continue de doublonner les compétences des
collectivités tout en garrottant leur autonomie financière... Bref, on coupe l’herbe sous les
pieds des initiatives locales au nom du sacro-saint interventionnisme étatique !
Un exemple de cette manie bien française : le sort réservé aux pôles de compétitivité.
Au départ, la France était appelée, avec quinze ans de retard sur le Canada et l’Espagne, à
favoriser un environnement propice au développement des grands projets industriels :
entreprises, centres de recherche et universités étaient encouragés à élaborer des projets
innovants pour bâtir notre compétitivité économique à 10 ou 15 ans. Et cela a bien marché :
énergies renouvelables en Rhône-Alpes, biothérapies en Pays de la Loire, aéronautique en
Aquitaine et Midi-Pyrénées... De cette créativité, l’Etat aurait dû tirer une leçon essentielle :
l’émergence des pôles de compétitivité a d’abord été le fruit de l’animation locale, le plus
souvent grâce à l’impulsion des Conseils régionaux.
Loin de prendre en compte cette réalité, l’Etat a au contraire marqué sa volonté de reprise
en main des initiatives. D’arbitre, il a affiché son intention de redevenir opérateur, via les
ministères centraux, s’il vous plaît !
Non seulement les Régions ont été écartées de la gouvernance des pôles, mais l’Etat met
aujourd’hui si peu de moyens sur la table, coordonne si peu l’action de ses propres
ministères, que le doute s’est peu à peu installé dans la tête des industriels, au point que
Dassault menace désormais de quitter le pôle aéronautique porté par l’Aquitaine et Midi-
Pyrénées..."
Maintenant, je continue à prétendre que Bayrou est le mieux placé pour promouvoir le « fait régional ».
A bon entendeur...
Laurent Watrin