Le chômage - et tout ce qui va avec, les fins de mois délicates, l’isolement, le bourdon - est d’autant plus difficile à supporter quand autour de soi, on a le spectacle de milliers de gens qui n’ont pas l’air d’être affectés par la crise, jamais.
On est là au supermarché, on hésite entre les coquillettes premier prix ou au blé complet (parce que c’est important la santé) et on voit une élégante demander du quasi de veau sans même regarder le prix. On tâche de réparer soi-même sa Clio de 1995 parce que le garage c’est chérot, et on voit passer sur la route trois 4x4 et une Audi rutilantes. On passe des heures sur internet pour finalement opter pour la semaine en gîte à Trifouillis les Oies, et on voit à la télé tous ces gens qui râlent à Roissy parce que leur avion pour la Réunion a 3 heures de retard.
On finit toujours par se demander où on s’est planté au juste, et comment ça se fait que les autres ont été plus malins, ou ont eu plus de chance.
Pour couronner le tout, il y aura toujours des abrutis planqués pour leur asséner aux chômeurs leur vérité vraie à longueur de forums (pas celui d’AV) et les démolir encore plus : « les chômeurs, monsieur, c’est bien tous des fainéants, des assistés, des profiteurs (profiteurs de quoi mon dieu ?), et avec mes impôts en plus - mettez-moi tout ça à ramasser des feuilles, à torcher les vieux, à aligner des briques, à nettoyer les tags - hors de ma vue ! »
Les chômeurs, c’est pas de l’idéologie politique, c’est un drame humain.