Le coeur de la considération de Spitoven se situe à mon sens ici :
***** Nous sommes dans une société où les normes ont été conçues sur mesure pour le point de référence de la société patriarcale : l’homme hétérosexuel (de préférence blanc et de genre masculin). Toutes les normes, les droits, les habitudes et les modes de vie se sont construits de la façon la plus adaptée à l’homme hétérosexuel. Et aujourd’hui, à quoi assistons-nous ?
Nous voyons, depuis plus de quarante ans, les féministes tout faire pour calquer le mode de vie des femmes sur celui de ces hommes, sans même exiger de ces derniers une modification de leur propre mode de vie pour le rendre plus neutre et donc plus accessible – ce qui serait déjà une démarche plus juste, bien qu’erronée malgré tout, nous y reviendrons plus tard. *****
Il serait temps de l’examiner ce coeur.
Pourquoi nous sommes-nous mariés ?
Pourquoi les Mosos de Chine ne se marient-ils pas ?
Je ne vais pas faire le malin en prétendant répondre à cette question.
Je vais seulement poser deux trois considérations qui me viennent à l’instant.
Partant du cas des Mosos, je vois poussé à chercher la réponse en termes de patrilinéarité par le mâle géniteur. Ce dont les Mosos se tapent
Je me vois poussé à chercher pourquoi certains êtres humains ont vu un intérêt à la patrilinéarité par le géniteur.
Je ne vois rien de particulièrement saillant. Je ne pige pas.
Pédalant dans la semoule, je me vois partir d’une situation de type meute avec mâle dominant et je vois que cette situation engendre trop de tensions, trop de ruses assassines. Quand on devient intelligent, des ruses on en déploie constamment. Il faut donc convenir d’un modus vivendi fixateur de situation d’accouplement. Suzanne avec Marcel, Hélène avec Léon et on ne bouge plus de cela.
Chez les bestioles où joue le principe du mâle dominant, les batailles entre mâles ne procèdent, il me semble, que de force. Je ne vois guère de grosse combine de ruse pour tuer le dominant. Je vois même assez peu de coalition musculaire des mâles frustrés contre le dominant.
Chez l’homme, le développement de la ruse est tel qu’aucun costaud ne peut survivre plus d’une semaine face à une bande de frustrés. Chez l’homme, nul ne peut tenir une position dominante seul.
Si j’ai à peu près juste, nous nous serions mariés pour éviter de nous entretuer
Voilà ce qui expliquerait le mariage officiel. Lequel mariage pour solennel et public qu’il aura été, se sera complètement passé de toute religiosité pendant des millénaires. Si ça se trouve, c’est même la religiosité qui serait née du mariage
Et une fois un couple marié devant la tribu, la tribu se forme vraiment. Et surtout, les enfants surgissent comme ayant un géniteur désignable.
Surgit le père.
Pendant des millions d’années la mère a existé. Pas le père.
Le père surgit du mariage, de la fidélité.
Surgit aussi du mariage la possibilité d’hériter (de gamelles, de couteaux) de la part non seulement de la mère, mais aussi du père.
Pourquoi les Mosos ont pu se passer du mariage ?
Je ne vois qu’une vague réponse possible :
Ils vivaient surtout de commerce lointain. Quand on est sédentaire mais qu’on aime commercer au lointain, le plus simple est que les femmes restent à la maison à entretenir le jardin pendant que les hommes, plus solides aux attaques des voleurs, se barrent tous ensemble au-delà des montagnes
C’est peut-être ce côté village laissé aux seules femmes + hommes tous partis en même temps qui offre une paix naturelle entre eux. Lorsque les hommes rentrent, tous ensemble, après des mois d’absence, chacun drague une femme et a son content avec elle. Il n’y a plus de raison de se disputer et de harémiser
Les Mosos auraient tout de même pu s’attitrer, se marier officiellement.
Bin non. Ils ont dû trouver tellement plus excitant de pouvoir revivre des flirts, une nouvelle distribution des cartes lors du retour des hommes, les femmes surtout auraient trouvé ça si regénérant, qu’elles -qui tenaient le village donc les trésors, les réserves et la thune- auront décidé qu’il n’y aurait pas de mariage
Du coup, alors qu’ils ont pourtant des maisons (que construisent les hommes à leur retour) , comment se transmet l’héritage ?
Bin par la seule mère (puisque les pères baisant dans tous les sens, ils étaient rarement repérés comme pères des gosses (encore que par saison, ils semblaient fidèles. Fidélité annuelle disons)
Et qui construit la maison où vit la femme ?
Bin son frère. Parfois assisté du concubin du moment de sa frangine. (Il y a des cas de concubins qui restent presque toujours avec la même femme)
Or les Mosos savaient très bien que d’autres peuples se mariaient . Qu’ailleurs les enfants savaient désigner leur père.
Les Mosos ont donc eu l’idée de considérer comme père, le frangin de la femme, celui que nous appelons oncle.
Les pères Mosos sont des oncles de notre point de vue.
Les hommes Mosos ayant une frangine pleine de gosses, ils sont tous pères mais de gosses engendrés par nul ne sait qui. Du coup, il n’y a pas de crânerie familiale, pas de fierté patrilinéaire et l’ambiance est paisible. Le cousinage (en tant que sentiment) est absolu.
Autant préciser que le brassage génétique est beaucoup plus fort que chez nous. Et qu’aucune couple n’a à subir la misère de faire tout le temps des enfants infirmes ou malformés comme cela peut se produire chez nous.
Les mères Mosos ont probablement une sorte de sentiment de propriété envers leurs enfants mais les hommes n’ont envers leurs enfants (neveux chez nous) que des sentiments de responsabilité. Au global, on y est bien plus responsable des autres que propriétaires des autres.
C’est une société de devoirs familiaux et collectifs, non de droits individuels.
Voilà ce qui devrait nourrir notre réflexion sur notre situation fort différente.