Dommage que je manque de temps cette semaine, car le thème du psychopathe et de sa « novlangue » m’intéresse particulièrement.
Juste un point historique de la vie de Freud qui me traverse l’esprit : il rapporte qu’un jour, à ses débuts de jeune médecin, il a décidé de noter chaque mot d’un homme interné dans un HP, considéré comme « fou ». Il s’est assis sur un banc à côté de lui, l’a écouté et noté ses propos. De retour chez lui il a pris le temps de chercher un sens à ce discours, fou aux oreilles « normales ». Jour après jour il a appris ainsi la « langue » de ce malade, et a commencé à lui répondre dans cette langue.
Après quelques mois de dialogues quotidiens, le « fou » est progressivement sorti de l’emprise du monde qu’il avait créé à l’adolescence pour se protéger du monde réel qui le terrorisait. Ses dialogues avec Freud lui avait permis de prendre conscience que d’autres subterfuges que la fuite dans un monde imaginaire pouvaient apporter des solutions mieux adaptées à ses angoisses (existentielles).
De cette expérience est née la psychanalyse sous la plume de Freud. Lacan a fait un pas de plus en recherchant les structures linguistiques du discours des « fous ». Le concept d’un inconscient structuré comme un langage est né sous sa plume.
D’autres courants de la psychanalyse se sont engouffrés sur la voie (voix ?) du langage non verbal, à l’instar des nombreuses variantes de la gestalt-thérapie.
Sur ce modèle du psychotique, le cheminement qui conduit à la psychopathie me semble répondre en tout point à cette notion de « novlangue », mais je parlerais de « novlangues » au pluriel, car chaque psychopathe crée sa propre « novlangue », à entendre dans le sens de passages à l’acte, sous l’angle gestaltiste.