Bonsoir COLRE,
Vous ouvrez des perspectives
drôlement intéressantes à ces débats. J’ai bien tout compris ce que vous me
dîtes et figurez-vous que je me pose à peu près les mêmes questions et je dois dire
qu’en venant poster ici mes articles, vu la qualité de certains contradicteurs,
petit à petit...
Sur votre
pessimisme, et votre constat qui en découle : bien évidemment, comme vous
le dîtes, c’est pas gagné !
J’en ai bien conscience. Je me refuse cependant
à baisser les bras sans rien tenter à ma petite échelle, d’autant que j’ai
encore beaucoup à dire sur le sujet et que je n’ai pas abordé le point le plus
important à mes yeux. C’est peut-être insignifiant ou inutile, je l’ignore,
mais à vrai dire, je ne me pose même pas la question et j’avance par à pas en
gardant le cap que je me suis fixé.
Pour ce qui est de la banalité du langage
et de sa perversion, oui forcément je répondrais à cela dans le post que j’adresserais
à Loup Rebel, car il a inséré une citation de Pierre BOURDIEU qui est
particulièrement éclairante. C’est ce qu’avait constaté déjà à l’époque Alfred
KORZIBSKY lorsqu’il a inventé la Sémantique Générale.
Je m’y réfère assez souvent dans mes commentaires.
Votre question sur la
connexion que j’opère entre « novlangue » et psychopathe est fort
judicieuse. C’est même bien pour cela que j’ai mis des guillemets à
« novlangue » pour l’associer à psychopathe (sans guillemet pour ce
dernier terme, bien que ça « géographie » recouvre un vaste domaine).
Si vous avez lu mes articles, vous constaterez que je fais même un usage
« excessif » des guillemets dans mes articles. Les guillemets ne sont
pas placés au hasard et ont un sens bien défini, mais je constate finalement que peu de commentateurs en comprennent l’intérêt dans le « clavardage ».
En fait
le langage des psychopathes est un langage « novlangue », mais avec
la particularité d’être unique à chaque personne comme l’a très bien relevé
Loup Rebel. Cela rajoute donc un sens supplémentaire au terme
« novlangue » qui serait celui de son « unicité individuelle ». Et là,
il est évident que ça se discute : c’est à cela que sert le débat.
Par ailleurs,
au sujet de l’emploi du mot psychopathe ou pervers, le plus gros problème c’est
qu’il recouvre tous plusieurs dimensions qui ont cependant la particularité d’accueillir
la désapprobation (« répulsion » ?) de l’opinion publique. Ce
sont des termes très négatifs, mais pour être plus explicite voici ce qu’en
pense ici
Savério TOMASELLA. C’est assez instructif. J’ai fait une liste de mots ou d’expressions
qui « nomment » tout ou partie de cette problématique : elle est
affolante. Si je cherche bien, je devrais parvenir à recenser près d’une
centaine de référents et tout autant de descriptions.
Quel est le terme, le
mieux approprié ?
C’est une vraie question qui mériterait un vrai débat
parmi les instances professionnelles concernées par cette problématique. Pour la HAS, comme je l’ai indiqué
dans un précédent billet, l’expression retenue est OPEP pour Organisation de la Personnalité à
Expression Psychopathique ou alors PLEP pour Personnalité Limite à Expression
Psychopathique. Cette question soulève également de nombreuses autres que je
ne peux développer ici faute de temps et de place.
« Le langage est si
puissamment polysémique et ambigu qu’il faut justement des facultés d’empathie
pour vouloir déchiffrer le code sémantique de l’autre »
Oui et c’est
pour cela que je dis souvent que nous ne traversons aujourd’hui qu’une seule et
même crise : une crise paradigmatique en raison de nos modes de pensée qui
ne nous permettent plus de concevoir la complexité du monde tel qu’il est
devenu aujourd’hui (cf. le post de Loup Rebel et la citation de Pierre
BOURDIEU).
Sur la mutation que vous constatez… aïe, aïe, aïe !!!
Malheureusement, je la vois venir grosse comme un porte-avion et cela depuis
longtemps déjà, c’est pour ça que je ne me résigne pas à tenter « quelque
chose » à ma petite échelle. C’est vraiment pas une mince affaire que
cette problématique, mais comme le dis l’adage, « pour vivre heureux vivons
caché ».
Faut-il pour autant devenir un reclus ?