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Commentaire de Renaud Delaporte

sur Le slogan pervers : « pour embaucher faut pouvoir débaucher ! »


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Renaud Delaporte Renaud Delaporte 18 juin 2015 14:54

Il n’est pas intéressé par ce que celui-ci va produire ni sa qualification, il est obsédé par la procédure finale, la rapidité, le coût de la rupture de son contrat. Un patron ca n’a rien de positif dans la tête, genre « je vais garder longtemps un salarié » ni genre « mon carnet de commande impose que j’embauche ».

Les choses ne fonctionnent pas comme ça.
Une « nouvelle commande » n’apporte pas, en soi, une activité pérenne à une entreprise. Cette activité s’observe avec des tas d’indicateurs : évolution du marché, place du produit et évolution possible sur son marché.
Créer un nouveau poste de travail ne peut s’envisager que s’il est viable sur une très longue période. Autrement, le licenciement peut coûter un gros multiple des profits espérés par la commande ! Lorsque cela est possible, l’entreprise fera appel à l’intérim mais les coûts salariaux plus élevés peuvent empêcher de tenir des prix face à une concurrence qui cherche du boulot. Du coup, et plus souvent souvent qu’on le croit, s’il est impossible de négocier des délais, refuser une commande vaut largement mieux que de procéder à une embauche.

Quant aux indemnité de licenciement, le plus souvent, elles assèchent complétement la trésorerie d’une entreprise : pour payer 3 ans de salaires quand on ne peut plus payer l’année qui vient , d’où peut-on sortir l’argent ? Vous savez d’où il sort ? En avez-vous la moindre idée ?
Il n’y a qu’une solution pour une PME/TPE : un apport personnel du chef d’entreprise qui se traduit 90 fois sur cent par un emprunt auprès de la banque, garanti sur ses biens propres. Et comme cet emprunt sature forcément toute la capacité d’endettement de l’entreprise, (parce que si l’entreprise en arrive là, c’est qu’elle a épuisé toutes les autres solutions) il supprime aussi toute la souplesse financière nécessaire pour faire face à de nouveaux investissements et reprendre de nouveaux marchés. Oh, il y a toujours des exceptions, mais le fonctionnement général est plutôt celui-là.

Alors qu’est-ce qu’il passe, après ? Eh bien, faut remettre des fonds propres, n’est-ce pas ? Alors
- soit la boîte est viable et elle est rachetée par un concurrent qui souvent la liquide et fout TOUT LE MONDE dehors (mais le proprio récupère sa baraque)
- soit la boîte n’intéresse personne et tout le capital ayant été asséché par les banques, elle mourra de sa belle mort en foutant TOUT LE MONDE DEHORS (et le proprio perd sa baraque, sa chemise et tout le reste mais cépagrave, ça fait un concurrent de moins).

Une entreprise sans capacité à générer de la trésorerie est toujours condamnée. Il arrive bien souvent que les frais de licenciements ne soient rien d’autre que des frais d’obsèques de l’entreprise et des emplois qui restent.

Mais comme les patrons faut pas les plaindre, ben, on se plaindra pas non plus du chômage que provoque ces liquidations, hein ! Des exemples autour de moi ? Allez, vite fait et sans chercher : trois entreprises qui ont subi ce schéma avec seulement 300 à 400 chômeurs.

On a gâââgné !


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