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Commentaire de Elliot

sur Ô bella ciao, histoire brève d'une chanson…


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Elliot Elliot 1er mai 2018 14:51

Quelles que soient l’origine lointaine ou plus récente des paroles ou de la musique, il s’agit d’un chant révolutionnaire et c’est le plus important et, en outre, il est entraînant, ce qui n’est pas surprenant pour une mélodie transalpine.

Je l’entendais, jeune homme, dans les cantines des immigrés italiens lorsque je me promenais dans les quartiers avoisinants.
Ces immigrés des Abruzzes, d’Émilie, de Sicile ou d’ailleurs furent très longtemps cantonnés par les sociétés minières dans les anciens camps bâtis par les Allemands pour leurs prisonniers et dont ces derniers furent à la défaite les occupants momentanés avant de devoir faire place à la main d’œuvre immigrée..

Ce chant était une lueur d’espoir dans l’océan de misère qui accablait en ces temps-là ces immigrés – mal vus par la population car supportant le poids de l’alliance des fascistes avec les Allemands -

Il fallut l’action énergique des syndicats ouvriers aussi bien socialistes que chrétiens pour qu’enfin au milieu des années cinquante fût rendue à ces pauvres hères et à leur famille en guenilles la dignité prolétarienne.

Ils prirent progressivement place dans le paysage, quittèrent leurs baraquements et s’intégrèrent avec leur joie de vivre à une population qui découvrait enfin et parfois non sans réticence d’autres couleurs, d’autres odeurs, d’autres sonorités qui finirent par imposer leur place dans le folklore populaire : les premières trattorias succédèrent aux bistros à l’usage des Italiens et la cuisine italienne submergea la gastronomie.

Aujourd’hui, intégrés, ils occupent toutes les strates de la société et se font même un nom au niveau politique qu’applaudissent aujourd’hui ceux dont les parents se défiaient et n’auraient en aucune manière consenti à frayer avec eux.

« Bella ciao » me remémore le combat difficile de ces paysans italiens venus – au titre de dommages de guerre – travailler dans nos mines pour redresser le pays et les premiers succès de l’unité syndicale à l’aube des « Golden sixties » parce que l’unité des sans-grade, des bouseux, des ouvriers venus de leur campagne proche ou lointaine pour s’épuiser dans les mines ou la sidérurgie fit progresser le niveau de vie général dans des proportions inconcevables jusqu’alors.


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