Politique : le grand flou ! Bien vu !
Vous nous expliquez très bien que l’image des politiques est complètement brouillée, qu’il est actuellement assez peu possible d’identifier les valeurs liées à tel ou tel. Ce constat est correct.
Je vous propose de pousser l’analyse un peu plus loin : voyons un peu comment tout cela fonctionne...
Jadis, les valeurs de chaque camp étaient clairement identifiables. Or aujourd’hui, rien n’est moins facile, pourquoi ? J’aperçois deux raisons essentiellement :
1- Il n’y a plus vraiment de « programmes » de parti. Chaque homme politique ayant fait de la politique un métier, son ambition essentielle est de se faire réélire. Et pour cela, il lui faut toujours « coller » à l’opinion du moment. Son positionnement n’est plus conduit par des valeurs, mais par l’air du temps, très versatile comme chacun sait... C’est la raison pour laquelle les partis politiques n’en finissent plus de faire des sondages d’opinion pour essayer de savoir ce que les gens pensent et tenter d’y adhèrer au plus vite...
Exemple pour illustrer ce propos : au moment de la sortie du CPE, Mr Sarkosy se positionne immédiatement sur le créneau, les sondages indiquant qu’une majorité de français ont un à-priori favorable. Puis, changement d’ambiance, l’opinion commence à prendre conscience de l’ensemble des aspects de cette loi et des risques qu’elle fait courrir aux travailleurs. Que fait Mr Sarkosy ? Il adapte son positionnement de 180 degrés...
Un autre exemple : le positionnement de Fabius sur le TCE. Européiste convaincu, il en vient, pour se départager des autres présidentiables du PS, à adopter une position inverse à son discours jusqu’alors, et à oeuvrer pour le « non »...
Cette question du positionnement est devenue tellement prioritaire que les politiques n’ont plus à leurs côtés des gens qui les aident à écrire un programme, mais... des conseillers en communication !
2- La presse fonctionne plutôt bizzarement dans le « façonnement » de l’opinion... Je veux dire par là que l’on peut constater la bizzare propention qu’elle a à nous présenter des scénaris « clés en main », illustrés fort à propos de sondages de popularité, qui orientent le débat et laissent à penser que le choix du citoyen est limiter à ceci ou cela, et pas davantage.
Exemple d’actualité : choisir entre « Ségo » et « Sarko ». Qu’est-ce que cela nous apprends des positions et des programmes respectifs de l’UMP et du PS ? précisément : RIEN !
On remarquera au passage qu’on bascule par la même occasion sur le terrain des représentations chargées affectivement, pour que les promuts deviennent en quelque sorte des proches, des familiers : Mme Royal devient « Ségolène », puis « Ségo », la bonne copine, et Mr Sarkosy devient « Nicolas » ou « Sarko », le copain d’en face... Un registre qu’on avait déjà connu avec Mr Mitterand devenu notre « tonton »...
Quelle seront pour la presse, les prochaines étapes de ces stratégies de communication ? J’attends de voir avec impatience...
On se rappellera quand même du coup de maître qui a éjecté Mr Jospin en 2002 : le grand-père agressé à une semaine du premier tours, avec toute l’orchestration autour de l’insécurité...
CONCLUSION : on est peut-être pas prêt d’y voir plus clair. En plus, pour les partis, se risquer à écrire un programme en terme d’objectifs, c’est prendre le risque énorme à terme, de rendre son action évaluable...