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Commentaire de Jean-Luc B.

sur Bioéthique 2021 (10) : à partir de quand l'humanité commence ?


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Jean-Luc B. 9 juin 2021 19:45
PMA : la nature a ses raisons que la raison ne connaît pas !

En paraphrasant l’adage de Blaise Pascal « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas », je porte volontairement l’attention sur le centre du débat concernant la nouvelle loi de bioéthique et notamment sur la question de la PMA. En opposant le cœur à la raison, Pascal distinguait ce qui a trait à cette sorte de perception d’une vérité profonde que l’on sait authentique sans nécessairement pouvoir la prouver d’une conception de la raison construite sur des justifications considérées comme rationnelles. Et si j’établis ici un rapprochement direct entre cœur et nature en substituant un terme par l’autre, c’est bien parce qu’il existe des liens profonds entre l’un et l’autre et qu’en y regardant bien, cœur et nature vont bien de pair.

Etre contre ou pour la PMA revient en quelque sorte à indiquer ce à quoi l’on donne la priorité : être sensible d’abord à ce que l’on perçoit comme issu d’un ordre naturel qui soit en-dessus de sa volonté propre ou de ses souhaits ou au contraire écouter les multiples justificatifs, idéologies que l’on entend à longueur de temps ou son propre ego. Ce n’est pas un hasard si l’un des principaux adversaires à ces nouvelles lois est l’Eglise Catholique. Car derrière ce débat se cache bel et bien une question de transcendance ou de sacré pour les uns et une raison suffisante de justification par des raisons sociales ou toutes personnelles pour les autres.

On parle de débat, mais sur ce sujet il serait plus exact de parler de l’impossibilité même de discussions contradictoires car la philosophie et la source des arguments des deux parties sont de nature tellement différentes qu’elles n’offrent sur le fond aucune convergence possible. Seules des compromis(sions) sont envisageables ou des ponts lancés entre les différents points de vue. La question au final se résume davantage en un choix personnel sur la base de ce que l’on considère comme important dans la vie.

La nature a ses raisons, est-ce que l’on n’oublierait pas ici que cela fait des centaines de millions d’années que la vie s’est développée sur Terre principalement grâce à la reproduction sexuée et ici par un texte de loi, élaboré durant un peu plus d’un an, on abrège et on met fin à ce qui est la règle qu’on le veuille ou non. Le clivage est on ne peut plus marqué et constitue un véritable bouleversement de fondements plus qu’ancestraux qui mériterait une prise de recul beaucoup plus important. Et il y a tout lieu de penser que l’on franchit ici allègrement une ligne rouge qui sera nécessairement lourde de conséquences sur le choix du monde vers lequel on se dirige.

Au moment où l’on voit les méfaits de l’humanité sur la planète et que l’on sait que l’on va vers une apocalypse probable si rien ne change, il y aurait lieu de davantage se questionner quant à la légitimité que nous pourrions avoir à ne pas respecter les limites et les règles de fonctionnement de la nature en lui imposant nos propres envies et cupidités. Et dans le cas de la PMA et d’autres lois bioéthiques, la nature c’est NOUS !

La société humaine fonctionne le plus souvent sur la base de lois. L’une des tâches des gouvernements consiste d’ailleurs à écrire et à voter des lois. Si cela est quelque chose de souhaitable et d’indispensable nous avons toutefois certainement tord de croire que tout puisse se résumer à des lois, quelles que puissent être leurs mérites et qualités. On peut à ce sujet regretter que les législations actuelles aient délaissé ce que l’on appelait la loi naturelle et les lois coutumières basées sur l’usage commun. La distinction est subtile mais néanmoins essentielle. La loi actuelle est quelque chose comme gravé dans le marbre, qui indique ce qui est faisable de ce qui ne l’est pas, qui définit les relations, etc. Mais du même coup elle acquiert la compétence de définir ce qui est la norme, qui distingue ce qui est normal de ce qui ne l’est pas.

C’est dans cette question légale que réside une autre difficulté de ces lois de bioéthiques, c’est justement qu’elles soient inscrites une fois pour toutes dans la loi (du moins jusqu’à leur éventuelle modification future) et prennent en même temps un caractère de normativité modifiant peu à peu la société toute entière et qui à son tour engendrera bien d’autres réformes légales en cascade que l’on n’aurait pas pu prendre autrement (cf. Le mariage pour tous)

Une réforme de la législation allant dans le sens d’une réintroduction de la loi coutumière en parallèle aux autres lois permettrait à mon avis une prise en compte beaucoup plus nuancée de la réalité en différenciant clairement ce qui fait partie de la norme de ce qui est admis à titre d’usage adapté à l’évolution sociétale. Mais ce point relève des juristes et je n’ai pas la compétence de m’exprimer à ce sujet.

Dans le cas de la PMA, on définit donc qu’il est normal, pour ne pas dire naturel, que deux femmes puissent engendrer un enfant, qu’une femme puisse être mise enceinte sans la participation d’un homme.

Pour finir sur une touche un peu plus « légère », j’imagine un conflit conjugal dans un avenir proche où madame vient dire à monsieur « Pauvre connard, tu ne me sers à absolument rien, même pour avoir un gosse je n’ai pas besoin de toi. Et en plus je peux avoir beaucoup mieux que toi, en choisissant sur catalogue le père idéal avec lequel je n’aurai jamais le moindre souci… ». Bien du plaisir en perspective…



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