Même si j’adhère en grande partie à votre vision de la situation, je me permettrais quelques remarques :
Vous dites : « Par ailleurs, comment le marché survivra s’il n’y a plus de prêts ? Plus important encore, mais intrinsèquement lié, par quels mécanismes créerons-nous de la monnaie ? »
Il y a prêts et prêts. Il ne faut pas mélanger les prêts aux entreprises et les prêts aux Etats, qui redistribuent (très inégalement, c’est le moins qu’on puisse dire) l’argent par le canal des dépenses publiques. La démarche du spéculateur qui emprunte pour faire des achats d’options dans le marché à terme de matières premières (alimentaires ou industrielles), ou de produits financiers (CDS ou assurance contre les défauts de paiement) n’est pas la même que celle des Etats ou de l’entrepreneur.
La création de monnaie est maintenant aux mains d’institutions privées et plus tant des Etats. Ces derniers se sont condamnés à dépendre de ces très puissantes machines extérieures. Par contre, les sources de revenus des Etats ne sont obtenues que par les impôts, taxes, et prélèvements divers grevant l’économie réelle D’un côté fabrique de monnaie extérieure par les marchés, de l’autre ressources internes à partir de l’économie réelle. Bien sûr, il faut prendre en compte la création de monnaie par les emprunts auprès des banques dans une économie, disons au niveau national.
D’où le phénomène d’étranglement auquel nous assistons en ce moment. Il y a une asymétrie colossale de moyens entre la finance mondiale et les Etats. Les uns créent beaucoup de monnaie, les autres très peu. Et ils ne le dépensent pas de la même façon.
Vous dites : « Au niveau de l’économie elle-même la finance survivrait toute seule sans l’intervention des Etats ? » Non, elle ne survivrait pas. Car l’Etat garantit la propriété privée et les procédures judiciaires, les (très faibles) règlements, etc. Par contre, si les Etats cessaient (hypothèse peu probable) d’emprunter sur les marchés financiers, ces derniers perdraient une partie de leurs ressources et leur influence politique, qui est énorme.
Chaun se tient par la barbichette, mais la poigne de la finance privée est énorme.
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