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nacomeda nacomeda 10 avril 2012 17:07

Non, du tout sir Gordon.

La petite phrase finale que vous avez extraite de mon article dans votre avant dernier post n’est  pas une invitation à ce que ces gens dont je parle ici se transforment magiquement en se mélangeant à l’élan général des forces un peu brouillonnes du Front de gauche, ni la prolongation d’un cynisme général dont on pourrait m’accuser dans mes propos, mais une véritable constatation qui ne représente plus chez moi amertume.

Que ces gens puissent redécouvrir une autre façon de vivre et d’agir pour un monde meilleur, je leur souhaite vivement, car en réalité la plupart de ces gens ne sont pas très heureux. Mais connaissant bien leur façon d’être, de vouloir et d’agir, je sais aussi que ces gens cherchent à tirer profit de l’intelligence de ce mouvement, pour faire ce qu’ils ont toujours fait, le détourner à leur avantage, en cherchant à introduire une part réformiste de « Mélenchonisme » dans leur « Hollandisme » contraint.

Je n’ai pas voulu catégoriser trop précisément cet ensemble de personnes dont je parle, d’une part parce que malgré mes recherches, je ne dispose pas d’outils sociologiques très précis pour le faire, et d’autre part parce que la description de ce phénomène, qui est du essentiellement à la conjonction de l’embourgeoisement de ces personnes et leur démission vis à vis de l’intelligence critique, dépasse largement l’étude de ces gens dit « spécialisés » dans le social.

On peut y ajouter également une très grande partie des personnes travaillant dans l’enseignement, mais également des cadres du privé ou du public, dont les missions avaient beaucoup de points communs, et qui se sont à peu près tous abusés de la même manière.

Et ces gens sont encore très nombreux à être "en activité". D’abord parce qu’ils détiennent une part importante de la richesse de ce pays, ne serait-ce que d’un point de vue foncier, d’autre part parce que beaucoup travaillent encore, même bénévolement, enfin parce que beaucoup ont une action politique prépondérante dans un grand nombre d’officines et d’associations diverses qui composent notre beau pays.

Il est certain que ces gens aujourd’hui attirés par le front de gauche, le sont quelquefois simplement pour ne risquer aucun désaccord avec leurs enfants, certains de leurs amis ou membres influents de leur famille. Mais la plupart du temps c’est parce qu’ils n’ont plus rien à tirer d’une adhésion idéologique à un parti socialiste ayant ruiné toute radicalité critique, et s’étant complètement enferré dans un mensonge effrayant conjuguant les pires intentions libérales avec quelques pitreries caritatives.
Certains se sentent revivre, découvrant quelques petites ressemblances avec ce qui les avaient ému dans leur tendre années, sans souligner jamais les différences avec l’époque post-soixante huitarde, qui sont totales. Certains ne s’intéressent qu’à Jean-Luc Mélenchon, et collectionnent fébrilement les liens vidéo vers ses discours et interviews.
La plupart semblent avoir complètement oublié qu’ils ont détesté les communistes, quand dans les années 70, ils côtoyaient l’extrême gauche ou les baba-cools, ou plus tard quand ils partagèrent activement les visions rénovatrices du Parti socialiste.
Beaucoup font semblant aujourd’hui de découvrir ces ouvriers et ces petits employés qui n’étaient jamais leurs amis, et qu’ils avaient complètement gommé de la sphère politique en les considérant comme des indigènes condamnés naturellement à la disparition.
Et si certains raffolent des idées humanistes qui en ressortent, ils sont bien plus à l’aise en donnant 3 sous à amnesty international qu’à aider la Scop qui veut se monter au coin de leur rue.

En réalité, dans le joyeux bazar que représente le Front de Gauche aujourd’hui, et qui contient un bonne partie de nos bavardages de demain, les gens qui pourront se qualifier sont des gens capables de redéfinir techniquement et moralement les structures et les modes de production d’une société française complètement exsangue à force de s’être plié si longtemps au joug libéral.
Et je crains bien que parmi ces bobos sociaux, contraints aujourd’hui d’attraper ce train en route, et qui ont gardé si longtemps l’impression réconfortante d’être les seuls à comprendre ce monde et à pouvoir le transformer, beaucoup risquent de se prendre très vite, de jolies petites claques parfaitement méritées.


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