Or, depuis quelque semaine, un propos aussi nauséabond sur la France « laissée à l’abandon », la « trahison » des « élites » ou les responsables politiques « vendus », le tout mâtiné d’une bonne dose de racisme primaire et du rejet de certains catégories de la population, a resurgi de l’abîme où il végétait depuis bien longtemps. Le programme électoral du Maréchal Pétain, décrit dans son célèbre discours du 11 octobre 1940, nous a soudainement rappelé des déclarations récentes, jetées en pâture aux électeurs qui n’en soupçonnent pas toujours la filiation. Avec Pétain, on le sait, et Jacques Chirac l’a reconnu, la France s’est engagée dans la voie d’une collaboration dont l’ampleur a étonné les allemands eux-mêmes, comme l’a très bien montré l’historien Robert Paxton. Nulle envie chez moi de faire resurgir les vieux démons, mais trop de similitudes dans le propos m’inquiètent sérieusement. L’histoire nous enseigne aussi que le discours politique exerce une influence énorme sur les individus. Surtout lorsqu’il est répété, voire rabâché, à grand coup de formules simples, sinon simplistes. « Maréchal nous voilà », la célèbre chanson est de retour, déjà, encore quelques semaines et c’est ce que chanteront les gamins et gamines de la Star Academy pour accéder au titre suprême, c’est sûr. Pour aider à la compréhension, les phrases du Maréchal Pétain sont entre guillemets. Voici donc ce discours, dans lequel nous nous sommes permis d’insérer des déclarations récentes d’un présidentiable, qui ne se réclame pas pourtant au départ de la droite française extrême, de celle-là même qui, sous Pétain, fit du régime de Vichy ce qu’on en a connu, de ses résultats et de sa fin. L’expérience fait froid dans le dos. Afin de bien démarquer les propos, nous avons fait figurer les propos du Maréchal entre guillemets, les autres étant celles de... Nicolas Sarkozy. Nous pouvons, à la lecture sereine de ce mélange parler d’idéologie rampante qui voudrait bien refaire surface en nos temps bousculés. Nous ne nous attendions pas, en réalité à obtenir une pareille adéquation lexicale entre les deux personnages. Nous pensions la trouver davantage chez un candidat plus ancien, et davantage rompu à la dialectique de l’extrémisme.
mon illustration : la même que la vôtre....