Ayant été d’abord juriste avant de changer et d’enseigner je connais la différence entre l’application d’une loi ou le rendu d’une sentence et le sentiment de justice ou d’injustice que l’on en a. La justice n’a pas l’intention de satisfaire mais de décider si les éléments présentés sont de nature criminelle ou non. Comme juriste je suis choquée des manifestations de rue et de l’appel aux autorités politique. Comme femme je serais choquée si la sentence était injuste. Je n’ai pas eu accès au dossier, les jurés ont disposé de trois semaines et je suis tenue à prendre en compte leur décision. Qu’elle satisfasse ou non le public est indifférent en justice car comme je le disais plus haut la justice n’a pas pour intention de satisfaire. Je crains que la demande d’appel interjetée le soir meme du verdict après la vague véhémente de réactions ne soit faite pour plaire.
Pour la suite de l’article la réflexion sur le statut de victime n’est pas inopportun. Il y a des modes en justice et des argumentaires qui se systématisent par l’entremise des avocats ou de la presse. Les faits et les preuves à charge doivent toujours primer sur le sentiment. L’analyse doit etre rigoureuse et sereine. Le recours aux sentiments en cours d’audience ou en dehors nuit à cette sérénité. Je ne pense pas que c’est fait exprès et une victime a toujours tendance à exprimer son émotion plus qu’un compte-rendu neutre mais je n’exclus pas que dans certains cas l’émotion voudrait remplacer les faits et c’est très difficile à juger.