Les Australiens ont la réputation d’être un peu plus racistes que les ressortissants d’autres pays. Dans le cas présent, ils n’avaient pas plus de raisons d’en vouloir à ces jeunes françaises qu’à n’importe quel étranger, ces jeunes françaises ayant seulement commis le crime de chanter en français. Ce qui appelle à mon avis deux réflexions, qui sont liées l’une à l’autre. Le racisme ou la xénophobie qui s’exprime de cette façon n’est seulement possible que parce que le climat le permet, quand il ne le favorise pas. Il n’est pas inutile de réfléchir à la notion du politiquement correct qui n’est pas à mon avis un objectif mais une aspiration en cela qu’il oblige au moins à revisiter certains préjugés et réflexes, qui ne sont que cela, des réflexes.
La deuxième est que le phénomène de meute devient un corollaire de cette volonté d’exclusion, qui amène des gens parfaitement « normaux » à se conduire comme des monstres potentiels.
Pour finir, je ne sais pas si j’ai de la chance, mais cela fait 28 ans que j’habite dans un pays qui n’est pas la France. En 28 ans, j’ai été confronté une seule fois à un sentiment anti-français, à l’arrêt d’un bus, pour être passée devant les autres qui attendaient, ce qui dans ce pays ne pardonne pas. Le reste du temps, je n’y pense même pas. Je suis chez moi, même si je suis française avant tout.