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Raphaël Zacharie de Izarra Raphaël Zacharie de Izarra 12 décembre 2012 20:58

Le texte initial comportait quelques ereurs grammaticales, fautes de manque d’attention et omission, le voici corrigé :

 

 Eloge de la « vie virtuelle »
Les esprits sans profondeur opposent la densité, la richesse des occupations culturelles, intellectuelles ’’(ou mêmes plus simplement ludiques) des gens passant leurs journées sur INTERNET aux vaines agitations et vacuités de leur quotidien passé loin de la toile, persuadés qu’ils sont qu’une bonne grosse conversation sur le beau temps avec leur concierge vaut mieux que le visionnage d’une vidéo instructive ou la lecture d’un article de fond. Ils prétendent que la “vraie” vie c’est la vie sans INTERNET, comme si le NET équivalait à un songe...
La “vie virtuelle” telle qu’elle est perçue de façon péjorative par ces critiques n’existe pas : tout ce qui est expérience humaine est réalité.

Converser avec un ami en face à face n’est ni plus virtuel ni plus concret qu’échanger avec lui des mots par mails ou des paroles à travers une webcam. L’écran n’altère en rien la qualité ou la valeur des échanges.

Au contraire, certaines vérités peuvent même plus facilement sortir par écrans interposés. Les rapports sociaux rapprochés parasitent parfois le discours. Par exemple un esprit averti fera preuve de diplomatie -aux dépens de la vérité- face à un interlocuteur primaire, bileux ou violent, à qui il ne confiera pas toute sa pensée. J’ai souvent constaté la chose dans les relations sociales directes : la proximité des interlocuteurs n’est pas nécessairement un gage de probité intellectuelle de leurs échanges. Des facteurs humains, psychologiques, socio-culturels, affectifs interviennent, faussant la sincérité des propos.

Grâce à l’écran d’ordinateur, l’essentiel est perçu, le reste oublié. C’est peut-être cela qui insupporte tant ces gens : ils appellent les rapports strictement cérébraux ayant lieu sur INTERNET de la “NON VIE”. Peut-être parce qu’ils préfèrent l’artifice conventionnel et l’emballage social vides mais sécurisants des rapports humains directs...

Arabesques d’inanités plus confortables à appréhender que le froid, sec, vif tranchant de la lame purement intellectuelle... Il est en effet plus facile de papoter sur la météorologie avec la brave Madame Michu en nommant cela “la vraie vie” que d’admettre son incapacité à argumenter avec intelligence sur des sujets sensibles.

“Vraie vie”, voici en outre une parfaite illustration de ces termes passe-partout, vagues, abusifs, à forte connotation dépréciative et pour tout dire d’une incommensurable sottise que certains utilisent, sans jamais les analyser, en guise d’argumentation finale. Or ce concept demeure particulièrement inepte. “Vraie vie”, un paradoxe. Une notion dénuée de sens bêtement validée par les habitudes de langage de ceux qui confondent réflexion avec immatérialité ou “non vie” et qui justifie surtout leur existence paresseuse.

La vraie échappatoire n’est pas INTERNET mais la brave madame Michu.

Au vu de ces considérations, la vie “réelle” de ces esprits sans pénétration est beaucoup plus superficielle et futile que celle des internautes avisés.

Les âmes inconsistantes pensent que ce qu’elles appellent “le réel”, c’est à dire tout ce qui se passe hors d’un écran d’ordinateur, fait exclusivement partie de la vie, tandis que ce qui traverse l’écran, serait de la non vie ou pour être plus exact de la vie factice, donc sans valeur... Que je sache, écrire à la main sur une feuille de papier, contempler un paysage, écouter le son d’une rivière, envoyer un mail, regarder une photo sur écran, écouter de la musique issue d’un fichier mp3, tout cela fait partie de la vie humaine, de son expérience, de sa richesse.

Entre le sable sur lequel on trace un signe du doigt, la feuille de papier sur laquelle on écrit à la plume et l’écran d’ordinateur à travers lequel on envoie un mail, fondamentalement il n’y a aucune différence. Ca reste de l’écriture.

Sous prétexte que des idées volent d’un cerveau à l’autre en circulant à travers un réseau INTERNET (sans courts-circuitages ou déformations, interprétations que constituent les mimiques, odeurs, postillons) elles auraient moins de valeur ?
 
Qu’une image soit constituée d’octets informatiques ou d’ondes lumineuses, l’information, la beauté et la vérité de cette image demeurent les mêmes. Pour être parfaitement honnête les images en haute définition captées par des appareils de photos numériques sont bien plus intéressantes que celles perçues directement par nos yeux à partir de leur source naturelle... Difficile à faire accepter aux êtres primaires prisonniers de leur sens visuel, victimes de leurs préjugés !

Comme les lunettes corrigeant la vue faussée des myopes, l’écran d’ordinateur permet de voir plus finement les réalités de notre monde.

Prétendre qu’INTERNET ce n’est pas la “vraie vie” est aussi stupide qu’affirmer que les bigleux sont en permanence dans un monde irréel sous prétexte qu’ils portent des verres correcteurs ou qu’un astronome vit dans un univers imaginaire parce qu’il passe ses nuits à scruter le zénith à travers son télescope et ses jours à faire des calculs relatifs à ses observations ! Bien des gens prennent tout ce qui est abstrait -ou plus idiotement tout ce que leur oeil ne perçoit pas- pour du vent.

D’ailleurs dans les relations de proximité, il y maints écrans qui interfèrent avec les interlocuteurs, sauf que ces intermédiaires sont invisibles. Et pourtant ces écrans sont bien tangibles. La réalité des profanes se limitant à ce qu’ils perçoivent avec leurs seuls yeux et deux oreilles d’âne et non, plus subtilement, avec leur mental, leur intellect, voire leur sensibilité, ceux-ci sont incapables d’admettre, de détecter, de percevoir la présence envahissante de ces paravents dans leurs rapports sociaux “naturels”.

Un écran n’a pas nécessairement une forme rectangulaire. L’air qui véhicule les mots oraux que se communiquent deux concierges s’enquérant de la température de l’air n’est ni plus ni moins qu’un écran, une interface, un rideau palpable, réel, concret contre lequel est projeté leur petit film verbal.

Il y a aussi des supports mentaux : un conditionnement culturel peut tout bonnement constituer un voile opaque. Placez un Pygmée issue de sa jungle en face d’un Esquimau encore givré des perles de son igloo : on assistera à un non échange entre deux personnes se faisant pourtant face...

INTERNET est le prolongement cérébral, esthétique, philosophique, etc., de ceux qui par leur finesse, leur acuité, leur hauteur, leur évolution ont accédé à des activités subtiles, c’est à dire mentales, intellectualisées et même spiritualisées.

La “vraie vie” ou la “non vie”, la “no life” comme on dit, sont des absurdités.

Il y a juste la vie avec ses incroyables potentialités, ses éclats intérieurs et ses merveilles visibles, et puis il y a ceux, les moins éveillés, qui de manière fruste la bornent à leur environnement immédiat, strictement matériel, inconscients qu’ils sont de se murer dans leurs seules certitudes oculaires...
 
Raphaël Zacharie de IZARRA

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