****** En plus des lames, vous signalez ici les piques, et votre nouvelle les met également en scène :
c’est comme au tir à l’arc : les premières fois, on atteint rarement le cœur de la cible ! Question d’expérience.
Et vous évitez le substantif « flèche »... en le remplaçant par « on », puis vous trahissez votre phobie de l’objet qui pourrait pénétrer sous votre peau... on atteint rarement le cœur... (de la cible !)
Qui a dit que « notre inconscient est structuré comme notre langage » ? Le plus mal aimé des philosophes du XXe siècle, Jacques Lacan.
Pourtant, à y regarder avec toute l’attention requise, écouter la parole du parlant conduit assurément au cœur de son inconscient. Et c’est finalement ça qui produit la « littérature » : celui qui parle à celui qui écoute. Ou le contraire, selon que l’on est tour à tour lecteur ou écrivain. *****
Votre remarque pertinente m’inspire un commentaire digressif par rapport au papier (qui me laisse indifférent)
Il y a, dans le sport, le phénomène de la ligne d’arrivée. Vous le savez tous, si, dans les dernières secondes, on déplaçait la ligne d’arrivée d’un seul mètre, le coureur hurlerait l’injustice.
Il a tellement mis d’effort pour produire un fait pertinent qu’il n’a plus la force d’envisager à une autre pertinence.
Je tiens ça, je livre vite ça
C’est suffisamment pertinent pour établir la pertinence de mon entreprise
(Un type serait porté par la retenue plus que par la précipitation, il refuserait de livrer au monde un biplan monomoteur et attendrait d’avoir trouvé l’Airbus)
Avec notre Moi devenu plus indépendant (ce qui ne veut pas dire systématiquement autoritaire) nous sommes devenus des résultatistes-vite de moi
« Je (tout seul, indépendant) dois produire un résultat démontrant la pertinence de Moi-seul et cela le plus vite possible »
Chacun, aussi bien le coureur que le public que le journaliste commentateur, court à produire un résultat soliste (parfois groupe-public de salle), pertinent, rapide.
Mais l’utilité profonde du franchissement de la ligne en 10 secondes....où est-elle ?
Oui, l’athlète a couru les 100 m en 10 secondes, c’est un fait indéniable (et qui est lui-lui)
Oui le public a livré immédiatement ses applaudissements (qui est Lui-Lui)
Oui le commentateur a livré une performance journalistique indéniable (qui est lui-lui)
Mais ces trois livraisons très pertinentes en termes olympiques ont quoi de méta pertinent ?
(Surtout, si l’on repense qu’à la limite Coubertin ne nous aurait relancés dessus rien que pour nous détourner de la guerre)
Doit-on, en tant que journaliste détecteur de faits saillants, se précipiter vers le micro pour annoncer « Il a fait 10 secondes’’
Ou doit-on dire »Il a fait 10 secondes dans le contexte qui....bla bli bla blo dans le méta contexte qui bla bla bla blo « . Ce qui exigerait bien plus de temps ?
Il serait par exemple possible de dire que l’athlète l’a fait devant des concurrents névrosés de la performance physique ; devant des spectateurs qui attendaient une élégance de course, une éthique sportive ; en considérant sa famille fière de lui ; en considérant son peuple fier de lui ; en considérant le Coubertinisme ; en considérant l’écologie ; en considérant le cosmos ; en considérant tout ce qu’il peut faire de positif pour tout ça
(au seul détriment de ses concurrents)
Il serait également possible de dire, si on en perçoit des arguments, qu’il n’a eu en tête que de planter un certain concurrent qu’il jalousait ; de se prouver que... ; de prouver à son père que ...
Au fond, les motivations du performeur sont insondables (Ce n’est pas ce qu’il en dira au micro qui en feront le tour). La seule chose de sûre qu’on puisse dire c’est la performance et son effet sur nous à qui il offre de la constater.
Etant alors entendu que cet effet sur sa mère n’est pas le même effet que sur moi.
A qui écrit Fergus ?
A nous, qu’il ne fréquente pas ?
Il n’écrit que pour des personnes qu’il connaît en chair et en os et qui jouent dans sa vie privée
Ses élisions de flèche et de peau démontrent surtout qu’il ne veut choquer ni ces personnes ni nous, en ce papier et sur ce sujet du percement.
Sur un autre papier, il visera d’autres personnes et aura peut-être envie de les choquer
Mais s’il ne bouscule personne sur le percement des chairs (tant chacun conviendra que le sujet lui est sensible) peut-être bouscule-t-il quelqu’un sur un autre thème ?
Il y a forcément quelque chose dans ce qu’il a dit qui bouscule quelqu’un quelque part
A quoi servons-nous alors, nous les inconnus qui le lisons ?
D’interlocuteur prétexte et validateur.
Comme la validation est importante face aux fantômes à qui il s’adresse, il se débrouille pour dire ce qu’il a à dire de toujours choquant, de toujours renversant, de toujours bouleversant aux yeux de ces fantômes mais pas trop pour nous, les anonymes, afin que nous validions la communication
Ses élisions servent à ne pas nous heurter afin que nous sympathisions, afin que nous validions
Mais tout en ne bousculant personne, ni nous ni ses fantômes sur le point hyper commun du percement de la peau, il y a quelque chose dans ce texte qu’il m’est impossible de voir qui sert à bousculer ses fantômes.
(Et je pourrais pour ma part être bouleversé pour x raisons par d’autres choses dites ici et complètement hors-objectifs de Fergus, qui en serait alors tout étonné et contrit)
Si je ne suis pas son fantôme, je ne peux pas voir l’objet réel de ce papier
Comme je ne suis le fantôme d’aucun des auteurs de ce site, je ne vois jamais les objectifs profonds des auteurs et je ne suis que leur faire-valoir.
Ce qui complique l’affaire, c’est que nos fantômes ont peut-être souvent une première consistance physique mais notre imaginaire et notre talent à projeter en produisent des avatars sous des formes plus nuageuses »Tous les fachos, tous les profs, tous les croyants, toutes les grandes gueules« parce que, c’est l’énorme avantage sur les fantômes originels, ils peuvent vraiment entendre et vraiment répliquer
Ici, il y a vraiment des profs, vraiment des fachos, vraiment des patrons qui peuvent être bousculés et réagir (mais devant les témoins que sont les autres).
Il y a interpellation d’avatars et prise à partie des autres comme témoins
Il y a un triangle
Cette avatarisation qui fait qu’un auteur finit par interpeller les avatars vraiment dialectiques qu’il produit, fait que je deviens, moi, anonyme de passage, possiblement celui qu’il interpelle.
Si un texte ne me bouscule pas, tel celui-ci, c’est que son auteur n’a pas avatarisé ses fantômes en des personnalités dans mon genre
Si un texte me bouscule, c’est que son auteur a avatarisé ses fantômes en des personnalités dans mon genre
Ainsi les réponses des lecteurs, quand elles dénotent d’un bousculement, et le dialogue qui s’ensuit éventuellement avec l’auteur, sont des dialogues entre avatars de fantômes (car les lecteurs commentateurs procèdent des mêmes biais de communication)
Des avatars imaginairement construits causent à des avatars imaginairement construits
Il existe une autre manière de jouer à cela
Vous la connaissez mais ne l’avez peut-être pas pratiquée
Elle tient du cercueil volant katangais
On se met à trois ou quatre autour d’un guéridon (le mobilier prouve nos procédés de communication)
On écrit des lettres de chiffres de base sur la table
On pose un coeur de bois monté sur trois punaises arrondies afin qu’il glisse bien
Chacun pose son index dessus
La grande gueule qui a organisé la séance convoque des morts
»Bonjour tonton Marcel, tu es là ?«
Le coeur commence à bouger sous l’effet de la fébrilité et du désir de tous, surtout du maître de séance, qu’il s’ébranle
A peine l’un deux force un peu plus dans la direction du Oui que les autres suivent enchantés. Chacun croit poser la force suffisante pour suivre le mouvement sans le déranger mais la somme des mini forces le fait filer vers le Oui
C’est bon, le fantôme est là
Suivent mille questions
Ce principe permet de dire, de réifier une pensée bousculante (bousculant parfois un des témoins) devant des témoins, de la faire valider, sans en porter la moindre responsabilité même in petto. Car on a constaté que notre idée -que nous avons forcée avec nos muscles- a été suivie, acceptée, par d’autres.
»J’ai certes eu l’initiative de poser cette idée mais j’ai bien fait puisque les autres n’en pensaient pas moins. Je ne suis pas spécialement responsable de ce qui a été dit devant tous"
J’ai participé à ces coeurs volants
Je retrouve le même principe sur ce site
D’ici, quelqu’un peut lancer l’idée qu’il faut pendre DSK par les couilles
Cette idée peut faire florès, peut aboutir si d’autres y ajoutent leur index
Son initiateur ne s’en verra aucune responsabilité, plutôt une fierté
Comme l’idée ne s’est pas concrétisée, je reste confiant sur la capacité nomique de chacun
Le cercueil volant kantangais atteint toujours une maison parce qu’il n’y en a que quatre qui le portent. Le reste du village acte le fait et le légalise mais n’agit pas
Si la cible pouvait participer au portage, le cercueil ne se dirigerait pas vers sa maison
Si tout le village le portait, le cercueil n’irait que vers le cimetière
Ce forum est un cerceuil volant katangais porté par tout le monde. Il commence chaque matin par filer vers une maison mais finit dans les nuages
Il permet le vidage des rancoeurs mais chacun les tamponne en s’en tamponnant et il ne produit aucun effet tangible
Ça reste jusqu’au bout une arène où ne se bousculent que des avatars
C’est hyper intellectuel, ça nous névrose d’intellectualités, ça nous fait perdre le sens des réalités physiques mais ça ne fait pas couler une goutte de sang
Les blogs, sans être interdits aux quatre vents, sont plus nettement fréquentés par des gens ayant le même projet, tous poussant dans le même sens et là, ça peut déboucher sur des actions concrètes (mais menées par ce seul groupe de coagulés)
Ici, chaque stand (auteurs qui tiennent leur place tous les matins, comme sur un marché) vire au blog, chacun avec sa clientèle, mais le brassage est large, tous les vents y passent, il n’en sort jamais rien de concret.
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