Les buts de Lanzmann : montrer l’antisémitisme congénital des polonais,
qui sont clairement devant leur juge, et de provoquer sur plus de 9 heures l’empathie du téléspectateur.
Quelques questions de Claude Lanzmann, la plupart ridicules, entre mépris et pathos au delà de
l’indigestion :
« Et ils regrettent les juifs ? »
« Et elle est bien belle votre maison »
« Est-ce qu’il peut nous décrire le silence »
« Et le plus dur c’était en hiver ou en été ? »
Au SS interviewé : "Et comment va votre coeur ? Vous vous sentez mieux aujourd’hui ? Tant
mieux"
Les passages prouvants l’antisémitisme des polonais est à double tranchants :
d’après les villageoises, les juives étaient les plus belles car, étant riches,
elles ne travaillaient pas. Les juifs avaient le capital en Pologne et ils
étaient malhonnêtes et exploitaient les polonais et fixaient les prix. Ce sont des poncifs
antisémites, on apprend cela depuis le berceau. Le problème est que si ce qu’ils
disent est vrai, ce fait sociologique de l’époque expliquerait bien mieux leur manque d’empathie que l’illusion collective dont on les accuse ; la réalité est bien plus forte que les fantasmes, quoi qu’on en dise.
Le pourquoi du comment n’intéresse de toute façon pas Lanzmann. Le but est
de provoquer chez le spectateur de l’empathie et cela s’arrête là. Ce film n’a
ni queue ni tête, un moment à Treblinka, ensuite à Auschwitz, retour à
Treblinka, en passant par plusieurs endroits au nom que j’ai oubliés agrémentés de travellings sans fin. Il a voulu nous laisser dans
un flou artistique qui m’a laissé un grand sentiment de frustration. Une chose m’a
quand même frappé : il a fallu attendre 4 ou 5 heures de film pour qu’enfin l’arme
du crime fasse son apparition : le Zyclon B !!! Je crois qu’aucun des
rescapés n’en parle vraiment dans le film. Bref Lanzmann parle tout le film d’une
chose qui n’apparait jamais dans son film.
De toute évidence on est loin du travail journaliste et historique. Il faut
quand même savoir que Lanzmann a tourné 11 années !!! On peut dire qu’il a pris son
temps et que le l’état Israélien qui a financé ce film n’y regardait pas à la
dépense. Il aurait au moins pu prendre 2 heures pour faire un montage digne de ce nom.
Avec un tel budget, Lanzmann aurait pu faire un film béton qui ferme définitivement
la gueule aux révisionnistes. Là au contraire, j’ai bien peur qu’il leur donne du grain à moudre. Il
avait certainement dans l’idée de pousser le pathos au maximum pour empêcher
les questions, qui, de par leur indécence, ne saurait de toute façon être digne de recevoir une réponse, et qui vouent dans le même temps leurs auteurs aux gémonies. Faire d’une pierre deux coups quoi.
Pas sûr que ce soit une très bonne idée.