@Philippe913
C’est un paradoxe ! Pour faire court (mais c’est quand même long à expliquer
), sur le marché de gros de l’électricité est apparu un phénomène nouveau : les prix négatifs, cad que les gestionnaires des réseaux électriques sont prêts à payer pour se débarrasser d’un surplus d’électricité.
Le cas typique : les éoliennes allemandes tournent à plein régime à un moment où la demande d’électricité est faible, or l’électricité issue des renouvelables est prioritaire sur les réseaux. Donc qu’on en ait besoin ou pas cette électricité « verte » est ajoutée au réseau. Le problème, c’est qu’à tout moment il faut maintenir un équilibre quasi-parfait entre consommation et demande, si l’équilibre est rompu, on risque le blackout. Les gestionnaires de réseaux paient alors les gestionnaires étrangers pour que l’électricité en surplus aille chez eux.
Le problème, c’est que les prix négatifs nuisent à la rentabilité des autres sites de production. En ce moment, de nombreuses centrales dites « de pointe » (celles qui fonctionnent au gaz notamment) ne sont plus rentables, justement parce qu’elles subissent une forme de concurrence des EnR. On pourrait se dire tant mieux, le problème c’est que ces centrales sont utiles, car il n’y a pas tout le temps du vent ou du soleil en quantité suffisante, il faut donc des centrales de ce type pour compenser. Faute d’être rentables, il faut payer de plus en plus cher pour les maintenir en état et les faire fonctionner.
De plus, le modèle actuel de soutien/subvention aux EnR (le prix garanti) fait que l’on paie plusieurs fois : on paie la subvention (prix supérieur au prix du marché), on paie lorsque l’on veut se débarrasser de l’électricité (ça, c’est plutôt les Allemands), on paie pour maintenir des centrales de pointe qui ne sont pas rentables mais tout de même nécessaires.
Autre point, le boum du gaz de schiste aux USA a remplacé le charbon dans les centrales électriques américaines. En conséquence, le charbon américain vient en Europe où il est moins cher que les autres énergies. Or, les énergéticiens européens (notamment en France) ont beaucoup investi ces dernières années dans les centrales à cycle combiné gaz (la solution la moins polluante lorsqu’il s’agit d’hydrocarbures), ces centrales sont beaucoup plus chères que celles qui fonctionnent au charbon. Les énergéticiens se retrouvent donc avec des investissements non-rentables, et c’est le consommateur qui est mis à contribution pour compenser. Notez tout de même que l’idée de base était bonne : réduire les gaz à effet de serre, mais la concurrence du charbon est redoutable (bas prix).
Donc deux niveau :
-le marché des professionnels de l’électricité (producteurs, distributeurs, fournisseurs) où les prix font des montagnes russes, et où l’on produit par moment à perte.
-la facture du consommateur final qui monte car les professionnels doivent maintenir des capacités de production suffisante même si c’est à perte (le consommateur paie la différence)