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Corinne Colas Corinne Colas 19 février 2015 21:25
« Pourquoi pas tout de suite ? » J’ai eu la même réflexion (bonjour Alinea) en découvrant les bonnes résolutions de Luc-Laurent. Peut être besoin d’un an pour franchir doucement les étapes : omnivore à végétarien puis végétalien ? Sans doute plus raisonnable qu’une déclaration de type « demain, j’arrête » de picoler, de fumer, d’engloutir des gâteaux etc. 
 smiley

Notre cerveau a besoin de temps et de nombreuses répétitions pour mettre en place une nouvelle habitude, et celle-ci doit être facile, agréable... durable ! La vie est trop courte pour être malheureux(se). Avant mes cinq ans, je me suis trouvée par hasard dans un abattoir et l’on m’a retrouvée pleurant dans un parc à moutons, essayant de les sauver... la relation avec le contenu de mon assiette a été comprise dans son horreur très tôt. Ce fut un combat à contresens dès mon enfance pour prendre l’habitude d’être omnivore malgré mon rejet et d’autres mauvaises expériences comme les lapins et poulets tués et « préparés » à la maison.  

Chacun est différent. Pour moi, ce fut une délivrance de devenir végétarienne (sans gluten sans produits laitiers de toute façon). Ne me séparait du végétalisme que l’usage des œufs. Lorsque ma dernière poule (sauvée comme ses copines d’un élevage) a rendu l’âme de sa belle mort dans son sommeil, la transition avec le végétalisme était déjà acquise sans peine. 

« nous sommes des êtres d’habitudes et lorsque nous renonçons à l’une d’entre elles, quelle qu’elle soit, c’est une part de nous-mêmes qui meurt. » 

Lorsqu’on remplace une mauvaise habitude par une bonne habitude, c’est tout notre être qui revit car alors le corps et le mental sont en harmonie.

Difficile de juger une approche juste par un article mais je frémis (bon j’exagère mais on est dans le Sud) en lisant : « nous sommes prêts à beaucoup de sacrifices pour pouvoir continuer à penser que nos proches voient en nous une personne pleine de qualités ; une personne qui a, notamment, le courage et la détermination de se tenir à ses décisions quoi qu’il en coûte »... Hé oui, j’ai quand même le sentiment que tenter de devenir adulte, c’est justement vouloir échapper à cette faiblesse. (En plus, peser ce qu’il en coûte, c’est bien aussi   smiley )

S’il y a sentiment de sacrifice et non de plaisir à entamer une nouvelle vie en accord avec sa conscience, il y a un problème. En plus, la démarche aura du mal à tenir dans le temps si l’on ne s’accepte pas : « mouton noir »’. Par expérience, comme tous les végétaliens/végétariens le diront, j’ose affirmer que sortir de l’omnivorisme, ne fait plus de nous, des « personnes pleines de qualité » aux yeux des « proches » les plus ouverts (les conjoint(e)s sont plus solides mais le temps d’adaptation est souvent rude). Devenir végé, c’est même le plus sûr moyen en général pour être détesté de façon irrationnelle tant le sujet de la bouffe touche à l’intime (lire plus haut).

On entre alors dans une surenchère de mauvais exemples : les uns se servent des personnes malades pour critiquer, les autres citent des gens célèbres, souvent des sportifs, pour justifier leur régime alimentaire.

Jusqu’où irons-nous pour prouver que nous ne sommes pas plus bizarres que les défenseurs de l’exploitation animale ? 


Au-delà de la santé (que l’on vante un peu trop comme si on avait peur d’évoquer l’éthique), adopter un régime végé a un impact direct sur l’environnement bien plus que tout autre choix de vie. Cependant avoir le choix justement dans la façon de réagir à tout ce qui nous est imposé, fait si peur que l’on s’invente plein de mauvaises raisons pour justifier notre inaction. Là tout à coup, en étant végé même sans prosélytisme, c’est quand même une trahison pour tous ceux qui pensent comme vous... mais qui ne vont pas aussi loin que vous. 

Notre pays compte moins de 2 % de végétariens (et encore moins de végétaliens) et pourtant, il y a une grande curiosité à notre égard, celle-ci se transformant vite en humour douteux malheureusement. 

Toujours se rappeler que les pionniers en humanité n’ont jamais fait l’unanimité !
Notre espèce s’est auto-proclamée « supérieure » mais l’esclavage des humains si combattu est encore d’actualité sous bien des formes défendues avec aplomb. C’est bien pour éviter une prise conscience identique à l’égard de l’esclavage des animaux et de leur massacre que la sentience chez les autres espèces soi-disant « inférieures », est volontairement passée sous silence dans l’argumentaire des omnivores. Et là aussi, on invoque sans pudeur un « ordre naturel » mais en remontant cette fois à la préhistoire. Cependant ceux-là même qui nous invitent à nous référer à l’époque où nos ancêtres vivaient dans des grottes, ne sont pas près à se séparer de leur téléphone mobile et de leur bagnole pour aller courir dans la prairie...

Bref, ces détracteurs se ramassent à la pelle : Hitler végétarien, la B12, le « gros » cerveau grâce à la viande (les lions sont contents), le bio qui est de la merde/les nappes phréatiques pleines... (tout va bien Mme la Marquise), les quenottes et les intestins des uns et des autres, le cucul aussi puisque le végé a le sien (trop ? peut être) propre (l’accusateur pense donc que son propre postérieur est sale), le végé est aussi « zinzin » (le pire étant la variante culinaire crudivore), « débile », « fasciste », « impuissant », « fatigué »... (commentaires sous l’article récent de Robert Gil qui ne méritait pas ça)

Parce que nous sommes polis (bien obligés sinon nous nous fâcherions avec tout le monde ou presque), il est bien pénible de faire toujours semblant d’entendre pour la première fois les mêmes blagues vaseuses et contrevérités diverses mais tourner le dos à un interlocuteur qui se croît drôle et original, le conforte dans son opinion car tout le monde sait que le végégarien/talien n’est pas un marrant mais un sectaire rébarbatif ! Bref quoi qu’on fasse, on a toujours tort de ne pas s’esclaffer des insultes pas toujours déguisées qui sont proférées à notre encontre... Comment s’étonner ensuite de l’agressivité de certains végés bien excédés ! Outre le fait qu’être végé n’est pas synonyme d’un certificat de sainteté, comme les omnivores qui n’ont en commun que leur goût pour les cadavres, un végé a lui en commun avec un autre végé : sa prise de conscience à l’égard de la souffrance animale, des dégâts environnementaux, voire de la malbouffe (pas toujours).... Certes, c’est déjà beaucoup mais cela ne fait pas de nous une entité vague à injurier globalement ! 

Moi qui suis végétalienne plutôt crudivore (avec entraînement sportif régulier et intense tout au long de la semaine), il m’a fallu tomber encore sur des insultes et des inexactitudes. Alors disons-le tout de suite à l’auteur, ce n’est pas d’arrêter de manger de la viande qui sera le plus difficile car c’est tout une nouvel art culinaire qui s’offre à lui en retour avec d’excellentes recettes pleines de saveur et sans sans souffrance animale sur la conscience. En revanche, apprendre à être indifférent aux accusations sottes, c’est un vrai travail...

... qui n’est pas gagné si l’on ne sort pas de ça : 

« l’image que nous avons de nous-mêmes est avant tout construite par l’intériorisation de la représentation que les autres se font de nous »


Les végés perdent leur temps à expliquer leur choix à ceux qui refusent toute argumentation. La démarche très intime ne convainc que les déjà convaincus engagés ou prêts à s’engager sur un autre chemin. Dans une société interconnectée mais sourde, cela n’empêche pas d’écrire pour eux car il est important de savoir que personne n’est seul à penser certaines choses au sein de la multitude...


Bon courage et tous mes vœux de réussite à l’auteur de cet article !




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