Peut-être faudrait-il nuancer les propos de certains commentaires et voir les limites du livre... .Voici l’avis d’un lecteur , fourni par Amazone :
« Excellente analyse qui montre comment la société française est figée dans l’immobilisme par son système de protection sociale, que Timothy Smith définit comme corporatiste, et qui certes profite à la majorité des gens (essentiellement les salariés hommes de plus de 40 ans), mais au détriment des exclus du système, jeunes, femmes, immigrés, chômeurs. Il montre comment presque tout le monde reçoit quelque chose de l’Etat Providence, mais certains beaucoup plus que d’autres. Selon l’auteur, la tromperie est que les »privilégiés" du système présentent leurs acquis sociaux comme étant un avantage potentiel pour tous, alors que certains en sont totalement exclus, et que l’ajustement se fait à leurs dépens. L’auteur maîtrise parfaitement l’histoire sociale de la France ce qui apporte un éclairage intéressant à la situation actuelle.
Entre le système « corporatiste continental » à la française et le libéralisme anglo-saxon, l’auteur recommande un système « à la scandinave », mais malheureusement sans décrire très précisément comment il pourrait s’appliquer à la France. La liste de recommandations donnée à la fin de l’ouvrage est d’ailleurs peu développée. On comprend cependant que M. Smith applaudit aux réformes inabouties de 1995 (Alain Juppé) alors qu’il accable Lionel Jospin (1997-2002).
Cependant l’auteur a tendance à noircir le tableau. Il oublie que selon le dernier rapport de l’OCDE (Croissance 2006), quand on ajuste le PIB par habitant pour tenir compte des inégalités, la France ressort comme le pays le plus riche du monde. Il considère par ailleurs le chômage comme le fléau absolu - il aurait pu se demander dans quelle mesure le traitement enviable des chômeurs en France (par rapport aux autres pays) peut engendrer des chômeurs volontaires, et s’il ne vaut pas mieux, comme certains le disent, être au chômage que salarié pauvre. Plusieurs films et livres ont paru récemment en France sur ce thème du désintérêt des gens pour le travail, ce que Timothy Smith ne semble pas pouvoir imaginer."
Au total, l’analyse est brillante et argumentée. L’auteur prend résolument parti, mais avec honnêteté intellectuelle, en échappant aux jugements hâtifs et passionnels et qui caractérisent souvent ce genre de débat en France.