Je n’étais pas revenu sur le site depuis la publication de l’article.Je lis des réponses « libertariennes ».Une petite remarque à ces propos : il est vrai que le bon fonctionnement du marché grâce à l’action de la main invisible (celle de Dieu ?) permettrait d’éviter toute intervention de l’Etat dont certains contributeurs mettent en lumière l’inefficacité.Le problème est que l’efficacité du marché, impliquant la concurrence pure et parfaite (CPP de Walras), est condtionnée par le respect d’un certain nombre de conditions qui ne sont jamais simultanément remplies (voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Concurrence_pure_et_parfaite ).
- Atomicité : Caractéristique envisageable dans un capitalisme de petites unités. Aujourd’hui, l’activité économique s’opère dans le cadre de branches et de filières techno-économiques où une poignée d’acteurs joue un rôle prédominant : de ce fait un nombre réduit de producteurs ou d’acheteurs peut être en mesure d’imposer sa vision. Les études sur la concentration des marchés (exemple : ententes, cartel, oligopole…) ne manquent pas pour démentir cette première condition. Cette hypothèse exclut également la possibilité de rendements croissants à la production, dans la mesure où l’existence de ceux-ci peuvent conduire à la formation de monopoles naturels, alors que de telles situations sont en pratique constatées (par ex : effets recherchés par le biais d’économies d’échelle).
- Homogénéité des produits : l’offre présente sur le marché est fortement segmentée et différenciée. Par exemple, deux voitures de marques différentes ne sont équivalentes ni objectivement, ni subjectivement. Le renouvellement continuel des produits, le développement des techniques marketing et publicitaires ne sont pas des facteurs d’homogénéisation.
- Transparence de l’information : l’information produit est délivrée le plus souvent par celui qui fabrique ou distribue, qui d’une certaine manière se trouve être juge et partie. L’information n’est pas forcément accessible, ni gratuite : l’existence du métier de courtier le prouve. La comparaison coûte en temps et en argent : qui — sous prétexte de déguster le meilleur café — ira jusqu’à mettre en concurrence tous les bars d’un même quartier ?
- Libre entrée et sortie sur le marché : protectionnisme, permis d’exploitation, coût de recherche et développement, brevets sont autant d’entraves à l’entrée de nouveaux producteurs, sans parler des coûts de transport.
- Libre circulation des facteurs de production : les travailleurs sont difficilement déplaçables, cela prend du temps et a un coût significatif.
Bien sûr, je suis toujours surpris qu’un « homme qui se dit libre » ignore cela. Mais, il est vrai que Walras a écrit plus tard que Bastiat...