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bakerstreet bakerstreet 7 février 2016 00:17

Les anciennes générations ne maîtrisaient pas parfaitement toujours la langue, mais néanmoins ils cherchaient à donner le meilleur d’eux mêmes, la belle langue étant appréciée, mise en vitrine déjà par les pleins et les déliés, qui donnaient du goût, de la substance, et une esthétique à la phrase, incitant par là à d’autres recherches de beautés. Ce qui n’est plus vraiment le cas aujourd’hui....Nous exigeons que la langue se mette à notre portée, un versant à mon avis assez dangereux. Une sorte de « déchéance d’orthographe » 

Je fais collection de veilles cartes postales. La plupart des collectionneurs focalisent sur l’âge de la carte, son timbre, la photo, le sujet. Intéressant bien sûr, mais le texte l’est au moins tout autant. 
Il reste parfois une émotion latente de ces petits mots d’amoureux qui sont morts depuis longtemps. Ne parlons pas des échanges des poilus à leur famille, à leur aimée. 
On sent parfois la classe sociale à travers les expressions. Mais même pour les cartes les plus difficilement écrites, avec des fautes de français, on sent une envie de transcendance, de se hisser au dessus de sa condition, de fournir de belles images, de donner une image la plus positive et élaborée de soi. 
Nous sommes encore à une époque où l’accession à la lecture et l’écriture, fantasmées pendant longtemps, car étant alors le monopole des clercs, des moines et de l’élite, devient accessible, et contient une promesse sociale de compréhension d’un langage qui vous excluait jadis....
Les photos de soviets brandissant d’une main une fusil, et de l’autre un livre, alors qu’ils ne savent pas lire, ne nous disent pas autre chose. Au Vietnam, ou en Afrique, on trouve des classes de 80 gamins par classe, qui ne mouftent pas un mot, et sont totalement à l’écoute de leur instit. 
Il n’est pas question de faire le procès de l’école, les gamins arrivant formatés avec des valeurs qui n’ont plus rien à voir avec ceux de la génération de l’avant 68, époque où la dictée était encore une messe, et où l’apprentissage de l’écriture et de la grammaire, des rites presque ecclésiastiques auxquels il fallait se soumettre, faire acte d’humilité.
 Dernièrement, je me suis remis un porte plume à la main, à écrire, et j’ai retrouvé des sensations enfouies. On apprenait bien d’autre chose avec un porte plume : Le soin, l’économie et la précision du geste, toute un discipline harmonieuse qui était celle presque d’un gymnase. L’école, c’était cela, un apprentissage de pas savants à connaitre par cœur, le mieux étant dans ses poésies qu’on débitait d’un ton monotone, mais qui nous faisait rêver bien plus qu’on voulait l’admettre. Pour une raison étrange, certaines même très naïves, ( mais peut être pour cette raison précise) m’aident toujours à vivre. 

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